A l'image de la pochette du nouvel album d'HEART LINE, "Falling Heaven", nous étions tout feu tout flamme à l'idée de pouvoir échanger avec le guitariste Yvan Guillevic. Open fire !
Vous êtes de retour avec un 3ème album, "Falling Heaven". Comment s’est déroulée la composition de ce nouveau disque ?
Le procédé a évolué légèrement par rapport aux albums précédents. Fin 2023, nous avons été contraints de nous réorganiser à la suite de plusieurs évènements dont un changement de management. Ce contexte fait que je n’avais pas la tête à composer. Mais quelques mois après, nous avons été contactés par Drouot Productions pour jouer un set acoustique en 1ère partie de The Effect qui se produisait au Petit Bain à Paris. Ce concert a insuflé une énergie nouvelle et j’ai proposé à Emmanuel (Chant) de consacrer un week-end dédié à la composition. Nous avons été très prolifique puisqu’une douzaine idées de titres a germé de cette session qui fut très intense mais aussi très facile. Toute la phase de composition s’est déroulée au cours de l’été 2024.
Les deux premiers extraits, « Liar » et « Fire In The Sky », sont très incisifs avec un côté hard plus prononcé tout en conservant cette coloration années 80. Est-ce que ces titres reflètent la tendance de ce nouvel album ?
En partie. Je pense que c’est le fruit des concerts que nous avons donné depuis la sortie de l’album précédent et aussi le fait que nous avons envie de jouer des morceaux plus énergiques. Nous avons écrit exactement ce que nous voulions faire sans recherche d’un but précis. J’ai simplement pris ma guitare, cherché des idées de riffs, des suites d’accords. Manu y a ajouté des lignes de chant et, si cela nous convenait, on conservait le résultat final.
Il est vrai que le label a été surpris par le résultat lors de l’écoute de l’album mais ils ont adoré au final. Il ne faut pas oublier que si nous jouons de l’AOR, c’est avant tout du hard rock donc une musique énergique.
Le fait de laisser libre cours à ses envies sans essayer de reproduire un schéma est un gage sur la qualité du résultat final.
Absolument. Ça ne fonctionne pas si tu composes pour essayer de plaire. Je compose pour me faire plaisir et jouer avec des amis. Bien sûr, nous espérons que notre musique va trouver son public mais nous n’essayons pas de composer dans l’idée de plaire au plus grand nombre car cela ne fonctionnerait pas.
Quels sont les thèmes abordés dans les paroles ?
Il y a plusieurs sources d’inspiration que ce soit des lectures ou des films car je suis amateur des deux. Parfois, des moments de vie vécus ou dont nous avons été témoins. Par exemple, le titre « We Rule The Night » est un hommage au chanteur Ronnie James Dio et aussi aux grandes messes qu’un concert de hard rock pouvait représenter pour un ado des années 80. C’était un moment exceptionnel car il y en avait beaucoup moins que maintenant. Aujourd’hui, tu vas au concert comme si tu allais au supermarché. Avec ce titre, nous avons voulu évoquer toute la ferveur qu’il y avait autour de ces évènements.
Le 3ème album est souvent considéré comme celui de la maturité. Est-ce votre album de la maturité et en quoi se distingue "Falling Heaven" par rapport aux albums précédents ?
Cet album est important pour moi car j’ai eu de multiples projets dans ma carrière mais aucun n’a atteint le stade du 3ème album. J’ai franchi un cap et j’en suis heureux (rires).
Ce qui est certain c’est qu’il y a une évolution du fait que nous nous connaissons depuis plusieurs années, nous avons passé beaucoup de temps ensemble et tout cela s’entend sur l’album. C’est le disque d’un groupe composé des mêmes gars depuis le début du projet.
Ensuite, ce n’est pas à nous mais à notre public de convenir s’il s’agit de l’album de la maturité. En tout cas, les retours des personnes qui ont écouté l’album sont très positifs et la plupart des critiques ont apprécié le côté plus nerveux de nos compositions.
Plus de DeLorean et de Rock’n’Roll Queen sur la pochette réalisée, une nouvelle fois, par Stan W Decker. A la place, une escadrille de Top Gun détruisant le panneau Hollywood. Pourquoi cette pochette et ce titre d’album ("Falling Heaven") ? Le rêve est fini ?
C’est exactement ça. Je voulais un artwork plus agressif en lien avec l’orientation musicale de l’album et j’avais à l’esprit les films Top Gun et l’Aube Rouge. J’ai proposé le concept de la pochette à Stan qui a mis mes idées en forme et, une fois de plus, le résultat est magnifique. Le titre « Falling Heaven » est lié à la disparition du rêve américain et c’est une allégorie par rapport à ce paradis perdu. Prends l’exemple du Sunset Boulevard, le côté frivole, naïf a disparu et il y a moins de magie.
Certes, le titre peut faire écho au retour de Trump au pouvoir et la pochette faire référence aux incendies qui ont ravagé la Californie récemment mais ce ne sont que des coïncidences. Tout était finalisé avant ces évènements et il n’y a eu aucune prémonition de notre part (rires).
La release party de l’album aura lieu le 17 mai au Backstage By The Mill à Paris. Avez-vous prévu d’autres concerts dans les prochains mois ?
On commence à travailler sur le sujet mais il faut reconnaitre que nous avons des difficultés à nous faire programmer en France. Il existe un blocage de la part des tourneurs et des festivals à l’idée de programmer un groupe d’AOR. Ils se font une idée préconçue selon laquelle un groupe de ce style serait trop mou sur scène ce qui reflète un manque de connaissance de cette musique. Sur scène, nous envoyons autant que les autres groupes mais les programmateurs de « Metal » en France n’ont pas cette image d’un groupe de rock mélodique. La solution serait peut-être de ne pas être français car nous aurions moins de difficultés si nous étions suédois. Je dis cela car le magazine allemand Hard Line a conclu la chronique de notre album en écrivant que nous sommes la preuve qu’il n’est pas nécessaire de venir de Scandinavie pour jouer du rock mélodique. Les allemands ont tout compris.
HEART LINE suscite effectivement de l’intérêt au-delà de nos frontières. Vos albums sont régulièrement chroniqués un peu partout en Europe et notamment en Allemagne, Espagne et Italie où vous semblez avoir de vrais fans. Est-ce que cela te surprend ?
Je suis surpris depuis le début. Tout s’est fait rapidement, la réalisation du 1er album, la signature sur un label, une distribution mondiale… Je reste toujours surpris que les gens apprécient ma musique et je suis flatté par les échos qui nous parviennent. Là encore, il y a un décalage entre notre situation en France et de voir, par exemple, qu’au Japon nous avons été classés parmi les meilleures ventes du genre sur un site pendant plusieurs mois. Donc oui, nous sommes agréablement surpris par les retours que nous recevons d'un peu partout dans le monde par le biais de notre label.
Il y a quelques semaines, vous avez donné un concert dont la set-list était composée, presque exclusivement, de reprises de hits des années 80. Ce projet, intitulé Big Rock Show, a rencontré un vrai succès et vous avez fait salle comble (1000 Places). Comment as-tu vécu cette soirée ?
Cette idée du « Big Rock Show by HEART LINE » m’est venue fin 2023 en réaction au fait que n’arrivions pas à tourner en France. Les gens veulent des tributes band et des groupes de reprises ? Ok, on va leur donner satisfaction. J’ai demandé aux gars du groupe de faire une liste de leurs titres préférés des années 80 et nous y avons ajouté quelques titres de HEART LINE dans la set-list. Nous jouons du FOREIGNER, EUROPE, BON JOVI et même du Michael Jackson. C’est extrêmement plaisant à jouer car c’est un répertoire que nous adorons.
Vois-tu ce projet comme une occasion supplémentaire d’attirer l’attention sur HEART LINE et contribuer ainsi à développer votre notoriété ?
Oui, car les gens ont kiffé le concert et ils ont acheté notre disque à la sortie. C’est donc un moyen supplémentaire de faire connaître le groupe et surtout de jouer. Je suis un musicien et j’ai besoin de jouer. C’est bien d’enregistrer un album et de donner des interviews mais mon boulot est d’être sur scène.
Allez-vous renouvelé l’expérience du Big Rock Show ?
Oui et nous avons déjà reçu des offres alors que le projet est tout récent. Une date est calée le 8 juin à Locminé (56) et d’autres sont dans les tuyaux. Le public a besoin de cette musique surtout en ce moment. Il faut voir la réaction du public qui explose lorsque nous jouons du EUROPE.
Est-ce frustrant de constater que vous attirez un public plus nombreux avec ce projet que lorsque vous jouez vos propres compositions ?
Comme je l’évoquais plus tôt, c’est très compliqué de donner des concerts pour un groupe de notre style musical. Les programmateurs veulent remplir les salles et misent uniquement sur des groupes de reprises. Quand tu as intégré ce paramètre, soit tu restes dans ton coin à chouiner soit tu te retrousses les manches et tu décides de faire les choses par toi-même en produisant tes propres concerts tout en essayant de saisir des opportunités. Est-ce que cela me frustre ? Un peu mais le plus important est de jouer sur scène la musique que l’on aime quel que soit le projet. Je pense que la situation finira par se décanter à force de se bouger.
Ce n’est pas la première fois où vous faites de reprises. Il y a eu le EP « Original Seeds » en 2024, puis récemment des vidéos de standards de FOREIGNER ou EUROPE. Est-ce que vous allez continuer dans cette voie, en alternant compositions originales et reprises ?
Mon intention avec le EP était de dissiper un malentendu et que les gens comprennent que jouer cette musique est naturel pour moi car j’en écoute depuis mes 13 ans. Je voulais aussi mettre en avant des groupes qui n’avait pas connu de succès plutôt que jouer la facilité en reprenant des classiques.
J’ignore s’il y aura une suite à « Original Seeds » mais nous continuerons à faire des covers car c’est un exercice très plaisant et un vrai challenge de se confronter à des standards. Ce n’est que du plaisir.
En 2020, ta rencontre avec Emmanuel (Chant) est le point de départ du projet HEART LINE. Cinq ans plus tard, quel regard as-tu sur le parcours du groupe ?
Nous avons accompli beaucoup de choses à commencer par ces trois albums et un EP. Certains sont surpris de nous voir si prolifiques mais je trouve cela normal. Il faut se rappeler que la norme était de sortir un album tous les 1 ou 2 ans dans les années 80.
Un groupe est aussi une aventure humaine. Votre line up, composé de Dominique (Basse), Jorris (claviers) et Walter (Batterie) n’a pas changé depuis vos débuts. Comment votre collaboration et vos relations ont-elles évolué au fil du temps ?
De manière naturelle. Nous nous connaissons beaucoup mieux et nous sommes toujours ravis de nous revoir. Le groupe est composé de cinq personnalités très différentes mais il n’y a jamais d’accrochage. Bien au contraire, nous passons notre temps à se marrer. Bref, du plaisir et toujours du plaisir.
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