Depuis plusieurs années, le vignoble nantais peut s’enorgueillir d’une nouvelle appellation : le WESTILL. Ce festival, qui n’a rien à voir avec le muscadet, la spécialité locale, est devenu un moment incontournable pour les amateurs de Stoner. Rencontre avec Gauthier, co-organisateur, au moment du bilan de la VIIIème édition, un millésime exceptionnel.
Le festival s’est terminé il y a quelques jours, quel est le bilan de cette édition ?
Que du positif. En termes d’organisation, nous avons pris en compte les remarques formulées l’année dernière notamment par rapport à la qualité du son et au système de cashless qui prenait trop de temps. Les retours positifs confirment que nous avons réussi à régler ces problèmes.
Le bilan financier est bon même si je n’ai pas encore tous les chiffres officiels. La journée du samedi a été sold-out, le bar a bien tourné avec près de 5000 litres de bière écoulés, plus de 1800 parts de tartiflette et de carbonade faites maison ont été vendues sans compter les food-trucks qui ont eu beaucoup de succès. Le stand de merchandising a aussi très bien marché. Les exposants sont ravis de la nouvelle configuration sous une tente extérieure car elle leur offre une meilleure proximité avec le public. Nous sommes satisfaits à 99% car il reste toujours quelques améliorations à apporter.
Le record d’affluence a été battu cette année. Comment avez-vous anticipé cet afflux de spectateurs supplémentaires par rapport aux années précédentes ?
Nous avons totalisé 3400 entrées sur les 2 jours de festival. Nous avons la chance de faire énormément de préventes ce qui nous permet de constituer de la trésorerie mais aussi d’avoir une bonne estimation du nombre de personnes présentes. Nous pouvons ainsi prévoir au mieux la quantité de nourriture et de fûts de bière pour éviter tout risque de rupture des stocks.
Deux semaines avant l’évènement, nous regardons quel est le niveau des préventes et nous nous appuyons aussi sur les chiffres de l’édition précédente pour adapter l’organisation des différents stands et éviter ainsi les files d’attente.
Vous allez devoir pousser les murs de l’enceinte du Champilambart à Vallet, le site qui accueille le festival, pour la prochaine édition ou bien prévoir une 3ème journée ?
Nous tenons à rester dans cette salle pour des raisons financières et affectives, nous sommes de Vallet. L’année prochaine, le Westill se déroulera le vendredi 31 octobre et samedi 1er novembre. Nous allons donc rester sur un format de 2 jours car nous avons trouvé notre rythme de fonctionnement. Nous verrons à l’avenir si nous passerons à 3 jours mais cela implique beaucoup de changements notamment pour mobiliser des bénévoles. Ce serait compliqué de pouvoir compter sur 80 personnes un jour supplémentaire même si je sais que le noyau dur des bénévoles nous suivrait.
Et est-ce que le public répondra présent sur 3 jours ? Je ne sais pas. C’est une piste qui soulève beaucoup de questions et je n’ai pas forcément de réponse.
A propos des bénévoles, j’ai été très impressionné par leur implication et leur efficacité tout au long du festival.
Il y a un vrai travail d’organisation. Le bar, par exemple, est sous la responsabilité de mon frère qui était barman dans l’un des plus grands bars de Nantes. Il fait preuve d’une grande rigueur dans l’organisation car il connaît le rythme de dingue que cela impose et il sait prendre soin de ses équipes.
C’est indispensable d’être organisé et de savoir manager une équipe pour gérer la pression sur deux jours de festival.
Tu soulignais les évolutions notables apportées à l’édition de cette année. Avez-vous identifié des pistes d’amélioration pour 2025 ?
C’est très bien de recevoir des compliments comme ce fut le cas cette année mais j’aime bien aussi avoir des critiques constructives. Or, à ce stade, aucun besoin important ne nous a été signalé. Nous avons déjà acté la création d’un endroit réservé aux médias en 2025 avec un responsable dédié à la gestion de cet espace. Hormis cela, nous ferons quelques ajustements, nous étudierons peut-être l’installation d’urinoirs à l’extérieur, essayer d’améliorer la déco, un peu plus de communication mais c’est à peu près tout.
Pour revenir sur la décoration, j’ai été surpris que les groupes jouent sans backdrop à l’exception d’APHASIS en ouverture du festival et SLOMOSA en fermeture. Pour quelle raison ? Pour éviter de perdre trop de temps à les installer car il n’y a que 15 minutes entre chaque groupe ?
Pas du tout. Tu n’es pas le premier à me faire la remarque mais nous demandons à chaque groupe s’ils en ont un. La plupart préfèrent s’en passer car c’est trop encombrant et coûteux lorsqu’ils voyagent en avion. Tant mieux si les groupes viennent avec car cela décore la scène. Parfois un peu trop comme celui de SLOMOSA qui est immense et pourtant nous avons une grande scène (rires). Nous avions un backdrop avec le logo Westill mais nous l’avons placé au-dessus du bar car, ainsi, le nom du festival est visible sur la photo finale qu’un groupe prend après le concert. Nous réfléchirons peut-être, mais rien n’est sûr, à louer un rétroprojecteur et demander aux groupes de nous fournir leurs logos pour les projeter en fond de scène.
Cette année, le Westill a eu lieu le même week-end que le festival In Your Face situé assez proche géographiquement. C’est une fâcheuse coïncidence indépendante de votre volonté. Avez-vous des garanties pour éviter que cela ne se reproduise ?
Aujourd’hui rien n’est sûr. C’est dommage de mettre en opposition ces deux festivals mais ce sont les municipalités qui gèrent les plannings de leurs salles. Heureusement que nous nous entendons bien avec les organisateurs du In Your Face et que nous nous entraidons.
L’ordre de passage l’affiche a été modifié par rapport à ce qui était annoncé puisque SLOMOSA a clôturé le festival alors qu’ORANGE GOBLIN était annoncé comme tête d’affiche du samedi. J’imagine que c’était un ajustement justifié par l’engouement autour de SLOMOSA.
Oui et non. ORANGE GOBLIN n’a pas souhaité jouer en dernier donc, en accord avec le groupe, nous avons proposé à SLOMOSA de clôturer le festival. Le feu qu’ils ont mis a confirmé que nous avons fait le bon choix.
L’année dernière, KADAVAR était notre tête d’affiche mais le dernier concert fut THE VINTAGE CARAVAN. D’autres festivals ont la même pratique et font jouer la tête d’affiche en avant dernier.
Le Westill est devenu un évènement incontournable et la programmation de cette année a comblé les amateurs de Stoner. Comment avez-vous élaboré cette affiche ?
Mon frère et moi, nous nous chargeons de la programmation en fonction de l’actualité des groupes, des sorties d’albums à venir. A partir de là, on essaie de construire une affiche cohérente et équilibrée pour essayer de plaire au plus grand nombre, on ne va pas mettre que du Stoner ou du Doom. On tente aussi de faire quelques ouvertures, parfois en programmant un groupe de post rock ou un groupe vintage comme ce fut le cas cette année avec SIENA ROOT.
Ensuite, il faut inciter les groupes à venir et pour cela on prie énormément (rires). C’est plus facile maintenant car, au fil des années, nous avons tissé des contacts et acquis davantage de notoriété. Tu envoies des signaux positifs quand tu es capable d’attirer des groupes comme KADAVAR ou DOZER. Cela signifie que les conditions d’accueil et techniques sont bonnes. Petit à petit, tu arrives à attirer des groupes de plus en plus importants.
Vous sollicitez directement les groupes ou vous contactez des tourneurs ?
Nous passons par des tourneurs dans 90% des cas. Les seules exceptions sont les groupes d’ouverture comme QILIN, APHASIS et BIRDS OF MAZCA cette année. Je soumets ma petite liste de Noël aux tourneurs et eux me proposent aussi des groupes auxquels je n’avais pas pensé.
Il existe un grand nombre de festivals européens autour du Stoner. Comment réussissez-vous à faire votre place au milieu de cette concurrence ? Avez-vous des échanges avec les autres festivals ?
Non, il n’y a jamais eu de contacts même si je connais un peu les organisateurs du Desert Fest car ils font partie de Sound Of Liberation qui est un gros tourneur.
Pour ce qui est de faire notre place, on essaie de se démarquer par notre organisation, la qualité de la nourriture et de notre bière, tout en circuit court, et bien sûr par l’affiche que nous proposons. Le public n’y trouverait pas son intérêt si quatre festivals proposeraient les mêmes noms. C’est pourquoi nous attirons chaque année un public qui vient de toute la France mais aussi de l’étranger.
Le Westill ne s’est pas fait en un jour puisque la 1ère édition a eu lieu en 2016 devant une centaine de spectateurs. Peux-tu revenir sur la genèse du festival ?
87 exactement. C’est autant que le nombre de bénévoles qui nous ont aidé cette année (rires). Tout est parti d’une soirée, disons légèrement alcoolisée, au cours de laquelle mon ami Emilien et moi, nous nous sommes dit qu’il fallait concrétiser cette idée de monter un festival qui germait depuis la 6ème.
Nous avons pensé au nom Westill qui est une contraction de West (Ouest) et de Till (jusqu’à) pour former « jusqu’à l’ouest » sauf qu’il y a eu une faute de frappe et avec le ‘t’ manquant cela signifie « les malades de l’ouest » mais nous préférons la 1ère signification. Ensuite, nous avons créé une asso pour organiser la première édition en s’imaginant faire sold-out et nous nous sommes bien plantés. Nous avions 18 ans à l’époque, et certains dans l’asso étaient mineurs, donc on ne maîtrisait pas grand-chose. La 2ème année, nous avons fait attention de limiter les pertes financières et nous avons réussi à attirer 124 spectateurs soit une augmentation de 50% !
Un cap est franchi en 2018 avec 200 entrées, une programmation dédiée exclusivement au Stoner Doom et une première vraie tête d’affiche, STONED JESUS. Après la « pause covid », nous avons poursuivi sur cette lancée en enchaînant les têtes d’affiche 1000 MODS, MONKEY3, WITCHCRAFT, KADAVAR… et réussir à faire sold-out l’année dernière.
Combien de personnes sont impliquées dans l’organisation et comment fonctionnez-vous ?
L’équipe est composée de 85 bénévoles, 1 responsable par pôle (entrée/cashless, merchandising, restauration…) soit 8 au total plus mon frère et moi. En ce moment, nous concentrons nos efforts sur la programmation de la prochaine édition. En début d’année, vers février, nous organisons une réunion pour faire le bilan de l’édition précédente et commencer à préparer l’édition suivante. Cette journée se termine par une soirée de remerciements pour tous les bénévoles.
L’équipe de bénévoles est constituée d’amis, de parents ou de personnes qui se connaissent et la taille de notre festival nous permet de conserver cet esprit ‘familial’ important dans l’efficacité de notre organisation. A ce stade, nous n’avons pas besoin d’étoffer l’équipe mais nous allons réfléchir à une meilleure répartition des effectifs pour la prochaine édition. Je te donne un exemple, ma copine est responsable de la restauration et une professionnelle nous accompagne. La veille du festival, le jeudi, les 2 seuls membres de l’équipe présents ont mis 7 heures pour couper les 290 reblochons nécessaires à la préparation de nos tartiflettes maison. On a essayé de les aider mais ils m’ont détesté (rires).
Tu évoquais la liste de Noël que tu soumets aux tourneurs pour préparer la programmation de la prochaine édition. Sans dévoiler le contenu de celle-ci, quel(s) groupe(s) aimeriez-vous faire venir ?
ALL THEM WITCHES sans hésitation. Beaucoup de membres de l’asso, dont moi, sont fans du groupe. Nous les sollicitons chaque année depuis la 1ère édition et nous allons essayer à nouveau même si j’ai peu d’espoir. Le groupe est en studio alors je me dis qu’une tournée européenne peut être envisagée en fin d’année prochaine. On croise les doigts !
Est-ce qu’il y aura encore des groupes français à l’affiche de la prochaine édition ?
Affirmatif. J’ai quelques idées mais rien d’officiel pour le moment. Il y en aura forcément à l’affiche car nous avons beaucoup de groupes de qualité en France.
Il nous reste à vous souhaiter un avenir radieux et rendez-vous en 2025 pour un nouveau millésime qui n’en doutons pas sera du meilleur cru.
En attendant la prochaine édition, il est possible de voir ou revoir les concerts de cette édition sur la chaîne YouTube Concerts Music Live (//www.youtube.com/@ronanconcertsmusiclive).
Crédits photos : Gaël Hervé
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