VENDREDI 2 AOÛT Le vendredi est traditionnellement la grosse journée à Wacken. Les concerts commencent à 11h et se terminent à 3h du matin. EQUILIBRIUM commence dans l’Infield sur la Faster à 11h mais ça fait un peu short (et il faut quand même se lever, prendre le petit déjeuner, se préparer, trouver l’énergie et la motivation… bref c’est pas évident !).
On n’arrivera que pour la fin de QUEENSRYCHE. Ca avait l’air très bon avec un Todd La Torre toujours en forme et un super son. Ca donne des regrets de ne pas en avoir vu plus.
Autre concert que je ne verrai pas en entier pour d’autres raisons : ELUVEITIE ! J’étais content de revoir les Suisses, surtout que Chrigel Glanzmann est entouré d’un line-up complètement renouvelé que j’étais curieux de découvrir en live. En plus, une terre de folk comme Wacken est l’endroit idéal pour ce groupe. Et ça commence bien ! Un groupe en forme, motivé et prêt à tout donner, et une belle ambiance en retour. Sauf que le ciel fait plus que se couvrir au point d’en devenir noir… Et au bout d’une demi-heure, le concert est stoppé pour raisons de sécurité. L’orage qui s’annonçait entraînait beaucoup trop de risques et le festival est interrompu pendant une heure et demie.
Au final, une pluie diluvienne sera tombée sur une grande partie du Schleswig-Holstein, mais pas une goutte d’eau ne sera tombée sur Wacken. Mieux vaut prévenir que guérir…
En tout cas ça nous aura fait une bonne pause assis bien à l’abri en VIP… où ils nous était impossible de boire car toutes les installations électriques étaient coupées ! Il y aura ensuite des raccourcissements et des déplacements de concerts mais au final, tous pourront se tenir. Et rien que pour ça, chapeau bas aux organisateurs pour leur réactivité et leur capacité à faire face !
On reprend en douceur et en rythme avec BLACK STONE CHERRY. Les Américains vont jouer un set un peu raccourci mais comme de toute manière leurs concerts sont assez courts en général, je ne sais pas si ça changera beaucoup de choses. Après, je n’en suis pas fan à la base. Mais en live, leur hard rock mélangeant sonorités modernes et notes bluesy s’avère très agréable et efficace, avec des musiciens qui affichent un beau sourire. C’est au final très bien pour se remettre dans le rythme !
Après, c’est LIFE OF AGONY sur la Louder. C’est la première fois que je les vois. J’avais vu Keith Caputo à Toulouse en 2008, en solo, alors que le groupe était en pause prolongée. Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts et Keith est devenu (ou devenue ?) Mina Caputo. Le groupe a d’ailleurs atteint la parité puisque la batterie est également assurée par une fille Veronica Bellino. En tout cas, Mina est une frontwoman particulièrement charismatique, qui a un peu trop tendance à jouer avec son fil de micro mais qui bouge énormément et harangue le public en permanence. Si elle a changé de sexe, elle n’a en tout cas pas changé de voix car son chant est le même que sur les albums des années 90 (et rien que le fait de chanter aussi bien vingt ans après, c’est loin d’être donné à tout le monde !). Life Of Agony a en tout cas montré que c’était un excellent groupe de scène et a produit un excellent concert.
Par contre un mauvais concert, il va y en avoir un juste après sur la Faster avec BODY COUNT. C’est un groupe que j’écoutais beaucoup quand j’étais ado et que je n’aurais jamais cru voir sur scène. Vu qu’Ice T et son gang avaient fait des apparitions à des Hellfest (auxquels je n’avais pas pu me rendre) , j’avais un espoir ces dernières années, et leur annonce à ce Wacken où je savais que je pourrais me rendre m’a rempli de joie. Problème : ce n’était pas à la hauteur de mes attentes. Ice T parlait autant qu’un Joey de Maio et je n’ai pas franchement accroché aux versions live. Même “Necessary evil” que j’attendais depuis longtemps m’a plus ennuyé qu’autre chose. Bref, une petite déception.
Par contre après, ça va être bon puisque ça enchaîne sur ANTHRAX qui va donner une belle leçon de thrash avec une setlist best-of ! Et ça démarre fort avec les classiques ”Caught in a Mosh”, “Got The Time” et “Efilnikufesin (N.F.L.)” avec un public chauffé à blanc. Comme à son habitude Frank Bello à la basse se donne à fond et bouge et remue un peu partout sur scène, accompagné par un Scott Ian en forme et qui n’arrête de headbanguer entre deux solos. Joey Belladonna prends quelques secondes pour remercier les fans et c’est reparti pour « I Am the Law”... Une vraie bonne playlist best-of, en somme. Mais pas que : le combo reprend ensuite un titre de 1988, “Now It’s Dark”, peut-être un peu moins connu mais qui ne ralenti pas l’intensité du show. Et Anthrax enchaîne avec un de ses meilleurs titres récents, à savoir “In The End”, du très bon album « Worship Music » sorti en 2011. Le public frappe dans les mains au rythme du break, c’est un champ de mains cornues qui s’élève vers le ciel. Scott Ian prend la parole pour indiquer qu’il s’agit du meilleur festival dans le monde. Joey Belladonna va également se saisir d’un appareil photo d’un photographe pour filmer la foule depuis la scène et immortaliser l’instant. Puis vient la reprise dont tous les Français connaissent l’original, à savoir « Antisocial » ! Le concert se termine ensuite avec “Indians” et sa magnifique war dance, donc un gros circle pit ! Anthrax a assuré un très bon show, sans temps mort. De toute façon, je n’ai jamais vu un mauvais concert de ce groupe.
S’ensuit une bonne petite pause en VIP avant la soirée, dont le programme est dense. Ca commence avec la première tête d’affiche, en l’occurrence DEMONS AND WIZARDS. Le projet de Hansi Kürsch de Blind Guardian et de Jon Schaffer d’Iced Earth a refait surface en cette année 2009 après de nombreuses années d’absence. Après un premier album éponyme fabuleux sorti en 2000 qui avait fait l'objet d’une tournée, un deuxième disque est sorti en 2005 sans être défendu en live derrière, pour cause d’incompatibilité avec les plannings des deux groupes principaux des deux têtes pensantes. Et pendant quatorze ans, on n’en a plus entendu parler. Tel un phénix, Demons and Wizards renaît de ses cendres avec une grosse tournée des festivals et un troisième album en préparation en 2020. La date de Wacken en tête d’affiche est la dernière date européenne. En apothéose ! Cette place aussi haut au plus grand festival du monde peut surprendre (ils étaient beaucoup plus bas au Hellfest, par exemple) mais le groupe est un peu chez lui ici. Le public allemand soutient toujours ses groupes, et particulièrement Blind Guardian qui est énorme là-bas. Hansi Kürsch se trouve donc en terrain conquis avec son autre projet. Et il y a bien du monde qui se masse devant la Faster, avec une ambiance de folie. Demons and Wizards va faire une prestation magique, avec une majorité d’extraits de leur premier album (que j’adore et que je m’écoute toujours régulièrement vingt ans après), quelques uns de leur deuxième (sympa mais un ton en-dessous), et surtout deux reprises de Blind Guardian (“Welcome to dying” et “Valhalla”) et deux d’Iced Earth (“Burning times” et “I died for you”) que Hansi a divinement bien chantées. Et le final sera grandiose avec la très guardianesque “Blood on my hands” (qui est ma chanson préférée de D&W) et la très belle “Fiddler on the green” qui termine de manière acoustique et planante ce magnifique concert, tel un “Stairway to heaven” dans tous les sens du terme. Le groupe avait un son parfait et un magnifique light show, utilisant à la perfection tous les moyens que Wacken peut mettre à leur disposition. En conséquence, ils ont parfaitement tenu leur rang de tête d’affiche. C’était beau, tout simplement.
Avec l’autre tête d’affiche, ça ne va pas rigoler : c’est le concert final de SLAYER ! Les vétérans du thrash tirent en effet leur révérence avec cette tournée. C’est donc un moment historique, très fort. Fan de Slayer depuis mes 17 ans, “Seasons in the Abyss” est l’un des albums qui ont le plus tourné chez moi. Et “Reign in blood”, “South of Heaven” et le live d’anthologie “Decade of aggression” ne sont pas en reste parmi les disques qui ont façonné mon éducation metallique. Après, il faut reconnaître que ces dernières années, le groupe avait perdu de sa hargne. Les albums devenaient convenus au possible, et ça le faisait moins sur scène. On sentait vraiment que Tom Araya en particulier n’y prenait plus vraiment de plaisir. Dans ces conditions, autant tout arrêter. C’est ce que Slayer va faire, en faisant ses adieux plus que dignement. A presque chaque édition de Wacken, il y a un concert marquant, exceptionnel, dont on se souviendra toute sa vie. Ce concert d’adieu de Slayer en fait clairement partie. Dès les premières notes, on sent qu’il va se passer quelque chose. Surtout qu’on est particulièrement bien placés (malgré le gigantisme du festival, on circule toujours bien à Wacken, c’est toujours à signaler). Quand retentit l’intro suivie de “Repentless”, les gros mouvements de foule commencent. D’autant plus que juste après, “Evil has no boundaries" est exhumée pour le plaisir… et ensuite, “Postmortem” et son riff démoniaque mettent complètement le feu à Wacken. C’est vraiment incroyable et difficile à décrire avec des mots tellement c’était intense. Un son énorme, un lightshow énorme, un groupe qui n’est jamais apparu autant soudé (et je les ai vus un bon paquet de fois dans ma longue carrière !), des morceaux récents qui passent crème, des classiques inévitables tels que “Raining blood”, “Black magic”, “War ensemble”, “Hell awaits”, “Chemical warfare”... ou des vieux titres plus rares dont je n’osais plus rêver comme “Temptation” et “Born of fire”, sur lequel je me suis cassé la voix (et non, ce n’était pas du Patrick Bruel !). C’était bon, c’était puissant, c’était grandiose… C’est magnifique de voir un groupe comme Slayer quitter la scène de cette manière. Même Tom Araya (qui était en voix et bien plus communicatif que les dernières fois) semblait ému. A la fin, le public a scandé “thank you Slayer” pendant de longues minutes. Ca fait bizarre de se dire que c’est fini et qu’on ne les reverra plus. Mais rien n’est éternel… quoique le souvenir de ce concert d’anthologie le sera probablement !
Après cette boucherie, une pause s’impose. Et manger pour reprendre des forces n’est pas inutile. C’est donc d’assez loin et en mangeant une part de pizza que j’assiste à la prestation d’OPETH. J’aime bien le groupe et Mikael Akerfeldt est très charismatique mais j’avoue avoir lâché l’affaire depuis pas mal d’années. Mais de loin, sans être à fond dans le concert, je trouve ça agréable. Les Suédois ont en plus un light show rouge du meilleur aloi et un son parfait. A revoir une autre fois, et pas après un concert d’anthologie de Slayer !
Il est 2h du matin et beaucoup de gens sont partis se coucher. C’est dommage pour eux car une dernière tuerie se prépare en clôture de la journée avec les Bavarois de HÄMATOM ! Je ne crois pas que beaucoup de Français ont assisté à ce concert car ce groupe est très teuton. Ils chantent en allemand, ils ont un nom rigolo, ils ont de gros riffs et des mélodies tantôt violentes, tantôt festives. Leur musique peut être décrite comme un savant mélange de groove metal, de thrash et de Neue Deutsche Härte à la Rammstein, avec d’autres influences heavy, pop, ska, et même de hip-hop (il y aura d’ailleurs un groupe de rap allemand qui montera sur scène pour une collab sur une chanson !) ! C’est un genre de fusion purement germanique qui a le mérite d’être originale et surtout très efficace. Et ils marchent très bien en Allemagne. Ils ont joué plusieurs fois à Wacken sur des petites scènes, plusieurs de leurs albums ont déjà été classés dans les charts des pays germanophones, et maintenant le groupe se retrouve à conclure une journée de Wacken sur l’une des main stages (la Harder en l’occurrence). Les conditions météo sont assez particulières puisqu’il a du brouillard cette nuit-là. C’est la première fois que je vois un concert dans la brume, et l’effet est pas mal du tout avec en plus le light show et les moyens proposés par Wacken. Le rendu serait probablement encore plus impressionnant sur du true black, bien sûr ! Le jeu de scène du groupe est top. Ils sont des corpsepaints, des tenues SF et un excellent contact avec le public. Un public qui est à fond, bien entendu, comme tout groupe teuton jouant en Germanie. Ils font en prime une excellente reprise de “I want it all” de Queen. Sur album Hansi Kürsch pousse la chansonnette dessus. J’aurais espéré qu’il se joigne à la fête vu qu’il est présent et qu’il se produisait sur la même scène quelques heures plus tôt, mais ça ne s’est pas fait. C’était bon quand-même, à l’image de l’ensemble du concert qui est pour moi l’un des tout meilleurs du festival (sachant que celui de Slayer est hors compétition).
C’est sur ces notes festives et germaniques que se clôture cette excellente journée à 3h du matin. Le programme était bien chargé, celui du lendemain le sera tout autant alors une courte nuit de repos s’impose !
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