SAMEDI 3 AOÛT - Les affiches et running orders de Wacken peuvent être criticables. En revanche, une chose qu’on ne peut pas leur reprocher, c’est de doser les efforts des festivaliers : le vendredi est la grosse journée, le samedi commence par contre plus tard, aux alentours de midi.
On peut donc se reposer, se doucher et prendre un bon petit déjeuner avant d’y retourner.
C’est sur la Faster que s’ouvre ce dernier jour avec un groupe de punk allemand bizarre qui mélange one man show et punk avec chant dégueulasse : DIE KASSIERER. J’aime bien le deutschrock à la base mais je ne les avais encore jamais écoutés… Et ça ça avait été le cas, je n’aurais même pas essayé de les voir :D Les Allemands autour étaient bidonnés. Même si je comprends l’essentiel, ça ne m’a pas vraiment fait rire. On regarde de loin dix minutes et cassos.
Un autre groupe allemand se produit sous le chapiteau avec SUIDAKRA. Ca me fait bien plaisir de les revoir, car c’est un groupe que je connais depuis ses débuts. Lorsqu’ils ont commencé à la fin des années 90, il n’y avait pas tant de groupes qui faisaient du pagan metal et qui mélangeaient metal extrême et folk. Ils ont une longue discographie (treize albums, dont le dernier en date “Echoes of Yore” , tout n’est pas forcément fabuleux mais il n’y a rien de mauvais dedans. Et en live ça fait son petit effet avec une setlist variée alternant bien les morceaux folk et acoustiques avec d’autres plus marqués death mélodique. Tout ça pour une belle ambiance avec les premiers pogos, circle pits et walls of death de la soirée.
On continue dans le teuton et encore plus folk sur la Harder avec SUBWAY TO SALLY ! Connu en France surtout pour les habitués des festivals allemands, ce groupe est le concurrent direct d’In Extremo dans le style folk metal germanophone. C’est aussi le groupe qui a joué le plus de fois à Wacken (plus d’une dizaine en tout) et c’est donc plus que logique qu’ils soient présents à cette édition anniversaire. Habituellement, ils clôturent le festival le samedi soir à 2h du matin. C’est toujours un beau spectacle, avec pyros à gogo, et j’aime bien leur musique. Mais il y a des fois, notamment quand on patauge dans 30cm de gadoue depuis trois jours, où ce n’est pas très motivant. Alors, même si la question de l’état du terrain ne se pose pas cette année, je suis content qu’ils jouent à 13h30. C’est de jour donc moins spectaculaire, mais la musique l’emporte sur le visuel et ce n’est pas plus mal.
Changement de style sur la Louder, car KVELERTAK n’est pas folk du tout ! Leur mélange de hard rock, de punk et de black à trois guitares et chant en norvégien est très original et taillé pour le live. Le chanteur est toujours aussi fou et le public apprécie grandement la prestation proposée. Et y a de quoi ! Kvelertak a une pêche de dingue, comme à son habitude et on a qu'une envie : chanter (même en yaourt norvégien) et sauter partout. Au vu du nombre de drapeaux norvégiens dans la foule, il semble que leurs compatriotes sont venus soutenir le groupe en nombre. Et quelle que soit la nationalité des fans présents, je crois que Kvelertak a su tous les convaincre, avec une conclusion sur “Utrydd Dei Svake", qui offre le prétexte à un bon circle pit poussiéreux à souhait !
Après une pause d’une heure, un choix cornélien s’offre ensuite : aller voir la fusion de Prophets Of Rage sur la Faster (mais la déception de Body Count la veille ne me donne pas envie de revoir un groupe de ce style), le hard rock 70’s classieux de Uriah Heep sur la Louder, ou le pagan metal épique de PRIMORDIAL au chapiteau. Ayant vu les Anglais à Toulouse en janvier, le choix se porte sur les Irlandais. Bien m’en a pris car les hommes d’Alan Averill vont tout péter ! Primordial, c’est beau, c’est épique et majestueux, avec un chanteur qui m’a toujours impressionné par la manière dont il est habité par ses chansons. Il transmet en tout cas au public son plaisir et son enthousiasme et les trois quarts d’heure passent à la vitesse de l’éclair.
On reste sous le chapiteau pour passer de la WET Stage à la Headbangers Stage pour l’une des grosses sensations du jour (enfin une parmi beaucoup d’autres finalement) : SEPTICFLESH vient enfin à Wacken ! Aussi bizarre cela puisse-t-il paraître, en vingt-cinq ans d’existence les Grecs n’ont jamais mis les pieds dans le plus gros festival de metal du monde. L’anomalie est donc réparée pour les 30 ans de Wacken. Ils vont répondre à toutes les attentes. Les Grecs proposent le meilleur de leur death symphonique avec une intensité gigantesque et cette grosse puissance épique qu’on leur connaît. Majestueux et portés par le charisme et la voix grave de Spiros, “Martyr” ou “Communion” ou “The vampire from Nazareth” sont d’immenses moments bien appréciés du public. Après, pour avoir l’habitude de les voir, je regrette que Septicflesh joue toujours les mêmes morceaux alors qu’ils ont une discographie aussi riche. Mais c’était bon quand même !
On profite de la proximité du chapiteau avec la Wackinger pour aller y manger une brochette et aller voir SAOR. J’aime beaucoup le black épique à tendance pagan des Ecossais, à force puissance invocatrice. Et j’apprécie beaucoup en live aussi. Après, c’est dans les conditions d’une petite scène (sachant que les groupes de la Wackinger ne disposent pas vraiment des gros moyens des grosses scènes), de jour et en mangeant une brochette… Mais j’attends de les revoir avec impatience.
Bien reposés et rassasiés, retour dans l’Infield pour aller voir POWERWOLF sur la Faster. Les ayant vus sur la même tournée en janvier à Toulouse, je n’attendais pas de bouleversement particulier de la playlist ni de la scénographie, d’autant qu’il fait encore jour quand ils investissent la scène. Je m’attendais surtout à un bon moment. Ce fut le cas. Powerwolf a un show bien huilé, exécuté à la perfection avec toute la rigueur germanique nécessaire. Mais sur une grosse scène de festival, en Allemagne avec un public à fond, ça dégage une puissance phénoménale. Avoir plusieurs milliers de personnes qui reprennent en choeur les refrains des “We drink your blood”, “Sanctified with dynamite” ou “Resurrection by erection”, c’est jouissif et ça a une véritable valeur ajoutée par rapport à un concert en salle.
Après ça, il y a une petite dispersion des potes, les uns et les autres n’ayant pas tout à fait les mêmes envies (quels groupes à voir ? faire une pause ?). En effet, PARKWAY DRIVE n’est à la base la tasse de thé d’aucun d’entre nous et ils assurent la tête d’affiche de la soirée. Je les regarde donc passivement en mangeant. Et je kiffe grave ma race ! Je n’en attendais rien, je dois dire d’ailleurs que je n’en avais écouté que quelques morceaux auparavant. Mais sur scène, c’est très bon. Les mecs se bougent, ils ont un son de malade, un light show rouge et des pyros de grande classe… Bref, tout ce qu’il faut pour une tête d’affiche, et ils l’utilisent bien. Et musicalement, j’accroche aussi. Ce sont des morceaux taillés pour la scène et ça fait bien headbanguer. Les fans sont nombreux et ça chante bien les morceaux. Je ne resterai pas jusqu’au bout parce qu’ils jouent presque deux heures et qu’il y a des groupes dont je suis fan que j’ai envie de voir sur d’autres scène. Mais s’il n’y avait rien eu d’autre à côté, j’aurais suivi tout le concert avec plaisir.
Je voulais voir CREMATORY, groupe dont je suis très fan. Ils se produisent à la History Stage. Problème : la capacité du mini-chapiteau où se trouve la scène est limitée à un millier de personnes… Je vous laisse imaginer l’accessibilité pour un concert d’un groupe allemand qui a pas mal de succès dans un festival de 80 000 personnes… Bref, mettre Crematory sur cette scène n’est pas franchement la meilleure idée qu’aient eue les organisateurs. Autant je ne reproche pas les clashs de running order (même si ça me fait souvent râler) car c’est inévitable pour un festival de cette taille, autant là ça n’a aucun sens. Ils ont quand même eu la prévenance de mettre des écrans et du son à l’extérieur de la scène, mais ça m’intéresse moyennement…
Fort heureusement, dans le vrai chapiteau, accessible celui-là, un autre groupe que je voulais voir joue : MONO INC ! Je trouve d’ailleurs dommage qu’ils aient fait un clash avec Crematory car pour le coup, ça touche prioritairement le même public… Ou du moins la partie la moins extrême et la plus goth des fans de Crematory. Peu connus de notre côté du Rhin, Mono Inc est un groupe originaire de Hambourg qui a un bon succès en Allemagne et qui pratique un gothic metal assez popisant, très accessible et très accrocheur. Il y a bien une fille dans le groupe mais pas au chant (ou juste pour quelques backing vocals) : elle est à la batterie et elle est très douée. Non seulement elle est carrée mais en plus elle arrive à faire preuve de présence scénique. Pour le reste, c’est un mix de synthpop avec du metal, comme si Depeche Mode se voyait adjoindre de grosses guitares. Et ça tombe bien puisque j’adore Depeche Mode ! En tout cas la tente est bien remplie pour eux, et il y a une belle ambiance. Je reverrais ce groupe avec plaisir.
Retour à l’Infield pour y voir SAXON sur la Faster ! Comment imaginer un jubilée de Wacken sans ce groupe ? Et ce sera avec les gros moyens, avec l’aigle et tout le toutim. J’ai pris le concert en cours, car c’est quand même le groupe que j’ai vu le plus de fois (la 18e, si je compte bien !) et je préférais donc rester pour le groupe précédent que je n’avais encore jamais vu. De toute façon, je n’ai aucun mal à rentrer dedans, avec un groupe à fond comme toujours. Malgré l’heure tardive et les trois jours de festival à parcourir de grosses distances à pied, la fatigue se fait oublier au son des “Dogs of war”, “Solid ball of rock” ou “Power and glory”. Et c’est en apothéose que se conclut le show avec “Princess of the Night” ! Malgré les 70 ans qui approchent pour Biff Byfford, les Anglais ont l’air immortels tant ils ont montré qu’ils étaient en forme.
Après un discours de Thomas Jensen et Holger Hübner, les deux organisateurs, le festival se termine avec RAGE, que je regarderai du cerf Jägermeister : cet immense bar dans une statue géante en forme de cerf sur deux étages offre une vue splendide sur le festival. Comme c’est toujours surpeuplé dans la journée, je n’avais jamais essayé d’y aller. Là, la plupart des gens sont rentrés se coucher ou assistent aux derniers concerts devant les scènes donc c’est l’occasion d’en profiter. D’autant que le partenariat entre Wacken et Jägermeister s’arrête et qu’il n’y aura pas d’autres occasions aux futures éditions. On a donc une vue parfaite pour voir ce dernier concert, où Rage se produira à nouveau avec le Lingua Mortis Orchestra (chose qui ne s’était plus reproduite depuis 2009). Et c’était un très beau spectacle. Le groupe jouait l’intégrale de leur album “XIII” et en version live avec orchestre, c’est magnifique. Des titres comme “From the cradle to the grave”, “Days of December” et “Turn the page” sont sublimes dans cette version. Et c’est naturellement l’habituel “Higher than the sky” qui conclura le concert, et donc ce trentième Wacken Open Air à 3h du matin.
Voilà pour cette édition anniversaire ! Si l’affiche ne faisait pas autant rêver au départ, par rapport à ce qu’on peut attendre d’une édition jubilée d’un tel festival, tous les concerts se sont avérés être au top (à part Body Count qui a été ma déception du festival). L’organisation a été sans faille, notamment dans la gestion des menaces d’intempéries. Et à quelques exceptions près, la quasi-totalité des groupes dont le concert a été interrompu ont pu jouer. L’ambiance était toujours au top, très conviviale malgré l’énorme taille du festival. Bref, une fois rentré et remis physiquement, on n’a plus qu’une seule envie : y retourner !
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