0
0
0
s2sdefault

Vote utilisateur: 4 / 5

Etoiles activesEtoiles activesEtoiles activesEtoiles activesEtoiles inactives
 

leprous paris salle pleyel 17 01 2025

Quarante-deux. Le hasard des calendriers a abouti à me faire patienter 42 jours avant assister à un concert (mis à part celui des miaulements quotidiens de mon chat) ! Mettons cela sur le compte du délai requis pour redescendre de la planète Gong (…).

Pourtant, les tickets pour ce soir sont acquis depuis le 6 septembre dernier, et je ne cache pas que cette abstinence commençait à peser sur mon moral, en ces sombres jours d'hiver à l'actualité toujours aussi anxiogène … Un froid sec, mais somme toute de saison, aurait pu démotiver les moins passionnés. Mais avec le recul je mesure combien ce concert fut immanquable (désolé pour les absents, mais pour le coup cela me semble une réalité indiscutable).

Nous abordons la soirée sans avoir dissipé la confusion sur la programmation ; l'affiche annonce "an exclusive evening with Leprous" et pourtant le ticket indique "LEPROUS + GUETS". A l'aune du programme du précédent concert, hier à Madrid, il était toutefois permis d'imaginer que la soirée serait bel et bien exclusive…

BREF RAPPEL DE PRESENTATION A DESTINATION DES MALHEUREUX NON-INITIES. Ce groupe norvégien, originaire de Notodden, a été fondé en 2001 par Einar Solberg (chant, claviers depuis 2001) et Tor Oddmund Suhrke (guitares, chœurs depuis 2001).

Après deux enregistrements de démonstration ("Silent Waters" en 2004 et "Aeolia" en 2006), la composition du groupe s'est consolidée courant 2008 alors qu'ils enregistraient leur album officiel, "Tall Poppy Syndrome", qui est paru le 5 mai 2009. Ils ont d'abord assuré les premières parties de concert d'Ihsahn (le beau-frère d'Einar) qui, à son tour, a participé à plusieurs albums de LEPROUS en tant que chanteur invité ou producteur.

C'est d'ailleurs à cette époque que j'entends parler d'eux avec insistance, sur les réseaux sociaux. Dès les premières écoutes, l'originalité et la complexité de leur musique, la virtuosité des musiciens et leur audace m'ont irrémédiablement séduit !!! LEPROUS était invité par THERION, (ici) le mercredi 3 novembre 2010 à l'Elysée Montmartre ; cette prestation phénoménale fut en fait le réel début de mon admiration sans cesse croissante pour ces Vikings ! Détail esthétique, à l'époque ou Einar était encore chevelu de dreadlocks et vêtu en style baroque, la clâââsse quoi ! Au fil des concerts suivants, cette admiration a continué croitre ; je ne manquerai plus une occasion de sillonner l'Europe pour les voir, de Valkenburg à Barcelone, en passant par Raismes, Paris ou Savigny ! J'attends l'occasion d'assister à leur prestation sur leurs terres en Norvège ! J'ai ainsi l'impatience de revoir LEPROUS une treizième fois, de surcroit une deuxième fois dans ce prestigieux auditorium.

Les deux fondateurs demeurent à ce jour entourés de Baard Kolstad (batterie depuis 2014), Simen Børven (basse, chœurs depuis 2015), et Robin Ognedal (guitares, chœurs depuis 2017). Le violoncelliste canadien Raphael Weinroth-Browne, qui était encore là, à Pleyel le 12 février 2023, ne semble plus en mesure de participer aux tournées, c'est dommage mais nous devrons nous en passer... Le 16 juillet 2023 au NOTP de Loreley, LEPROUS étaient ainsi revenu au statut de quintuor, sans altérer la qualité des interprétations. Néanmoins, sans doute pour permettre à Einar de se concentrer sur son chant, le claviériste Harrison White est désormais ponctuellement le sixième membre du groupe.

Leur huitième album "Melodies Of Atonement" est paru le 30 août 2024. Cet opus est encore une fois un pur régal, surprenant, déconcertant et intrépide. Les mélodies pénètrent le crâne pour s'y incruster définitivement. Il donne l'occasion au groupe de se lancer sur une petite tournée européenne de sept dates entre le 16 janvier (à Madrid) et le 15 février 2025 (à Oslo). A partir du 4 mars, ils seront aux Amériques jusqu'au 13 mai. Puis, ce sera leur passage au Hellfest le 21 juin.

LE CONCERT [20h10/21h10-21h30/22h50] https://www.leprous.net/

Avec ma p'tite Fée et mon fils, nous parvenons sans difficulté à nous placer au troisième rang en fosse, face au pupitre d'Einar. C'est bien la première fois que j'assisterai à un concert en fosse dans cet écrin. Et je ne le regretterai pas ; l'acoustique s'avèrera évidemment parfaite, et la sonorisation immédiatement excellente. Audible, puissante mais sans excès, tous les pupitres furent perceptibles. Je n'aurai même pas ressenti le besoin de protéger mes oreilles.

Dans ces conditions idéales, nous ne tardons pas à être emporté par le maelström scandinave. L'excellence de l'interprétation nous sidère de chansons en chansons. Le choix des titres est savamment dosé, impossible de reposer le corps et l'esprit. Entouré d'un public bienveillant et en extase, nous baignons dans un bonheur absolument jouissif et sans faille. Il faut souligner que le dispositif d'éclairage accentue les sensations. De surcroit, pour la première fois des effets pyrotechniques enflamment la scène pour accroitre encore l'exaltation. Je ne réalise qu'a posteriori qu'aucun écran n'a usurpé le spectacle. La batterie est posée au fond à droite. Sur la gauche une structure pour les claviers surplombe un autre clavier, disposé plus proche de la fosse, qui permettra aux multi-instrumentistes d'étoffer les ambiances.

film de Hervé "Not Only Prog

Aucun titre de leur répertoire ne pourrait me décevoir, mais l'absence de certains m'aurait déçu assurément. Je ne cache pas mon bonheur d'avoir assisté à nouveau à l'interprétation de titres tels que "Illuminate", "Nighttime Disguise", "Castaway Angels", "On Hold", avec une mention toute particulière pour l'étourdissant "Distant Bells" qui a le don de me rendre incontrôlable sur son crescendo final ! Les titres de "Melodies Of Atonement", déjà superbes, sont encore magnifiés en concert, notamment "Like a Sunken Ship" qui me fait chavirer de plaisir !

Bref, je pourrai relater, sur des lignes entières, ce feu d'artifice émotionnel et incandescent, sans pouvoir faire imaginer à autrui l'intensité du vécu…

Charismatiques et impliqués, les musiciens sont au sommet de leur art. D'une énergie folle, leur présence turbulente sur scène est presque chorégraphique ; les gestes ardents et désarticulés d'Einar, les déplacements fougueux des guitaristes, et la puissance des frappes du batteur, toute cette agitation contribue à l'atmosphère délicieusement étourdissante ! En regardant ce soir ces gaillards Vikings s'agiter sur cette vaste scène où ils peuvent exprimer tout leur talent, je me rappelle les avoir vus jouer sur un petit kiosque en marge du festival BeProg à Barcelone en 2015 ; j'imagine leur frustration à l'époque !!

Ce concert magistral a démontré une fois de plus toute la maîtrise de ces Norvégiens qui ont su développer leur identité atypique. Du metal progressif certes, mais avec une originalité flagrante. Les rythmes sont délicieusement syncopés, les ruptures harmoniques déstabilisent constamment l'auditeur. Le batteur Baard Kolstad n'est pas innocent, coupable d'irrépressibles rythmes nuancés. Tous les instruments sont exploités avec finesse et sensibilité ; un exemple évident me revient en mémoire, avec le souvenir du magnifique "Unfree My Soul" dont l'introduction à la guitare exprime un son similaire à celui d'une harpe dont les cordes sont retenues, presque étouffées. En arpèges ou en accords ébouriffés et ciselés, les harmonies sont entêtantes. Pièce maitresse du Groupe, le chant aigu, alternativement rageur, désespéré, en falsetto plaintif et/ou émouvant d'Einar, captive le public avant de l'ensorceler puissamment. A 39 ans, ce chanteur absolument exceptionnel est doté d'un timbre identifiable, d'une tessiture impressionnante, il alterne sans difficulté sa voix claire avec quelques grognements. Ses cordes vocales expriment avec émotion toutes les nuances de sa sensibilité que l'on devine aisément authentique. Comme beaucoup d'entre nous sans doute, je me suis souvent vainement hasardé à suivre la ligne de chant… Difficile de qualifier ou même de comparer cette voix atypique ; ce n'est pas celle d'une femme, ni celle d'un enfant. Celle d'un homme assurément, mais plus proche de celle d'un contre-ténor ou un haute-contre d'opéra, que d'un ténor. Ajoutons à cela une totale cohésion de groupe ; les guitaristes et Einar préfèrent l'usage des claviers, plutôt que celui des sons préenregistrées (un son fugace de violoncelle a pu être perçu). Des premiers rangs, pendant les morceaux on peut lire sur les visages une complicité, une application de chaque instant, une rigueur tout scandinave. Ce qui tranche avec les faciès réjouis une fois leur mission accomplie. Bref, ces talentueux Vikings disposent d'un répertoire d'une richesse musicale inouïe, qu'ils n'ont eu aucune difficulté à nous démontrer !

Comme pour ajouter de l'émotion à une soirée qui n'en manquait pas. Les parents de Baard sont présents dans la salle pour assister à la gloire de leur fils. On devine leur fierté, peu avant la fin de l'acte 1, juste avant de débuter "Foe", lorsque celui-ci les remercie publiquement pour lui avoir offert le creuset de son aventure. On apprend ainsi que sa maman déteste l'avion (tiens, une aviophobie qui me rappelle celle d'Agnetha Fältskog), ce qui rend sa présence d'autant plus remarquable.

L'autre moment d'émotion collective fut "Faceless", titre durant lequel un chœur de dix admirateurs très émus a été sélectionné pour le refrain final ; " Never go alone, never go alone, Never the unknown, never the unknown ". Chacun peut imaginer aisément que ce moment d'anthologie aura marqué l'esprit des élus.

Pour ma part d'émotion, je tenais tout particulièrement à réentendre "Distant Bells", dont nous avions été privés il y a deux ans ici. Je crois bien pouvoir affirmer que je ne fus pas le seul à m'émouvoir de ce titre, à l'aune de l'acclamation particulièrement intense qui a suivi ! J'ose imaginer/espérer, en voyant les mines réjouies des musiciens, que cette chanson devra être inscrite au programme des prochains concerts.

Cette sensation de bien-être est partagée dans le public comme sur scène. Quelques moment d'ambiance choisis : Einar feint des scrupules à se montrer bavard (ce qui ne me semble pas le cas du tout !), et invite le public français à lui hurler un "Ta gueule" ce qui provoque l'hilarité générale ; Tor reconnait ses limites dans la langue française mais se met à chanter "Sur le pont d'Avignon" ; Simen est tout content de montrer sa guitare miniature avec laquelle il introduit à la basse le titre suivant.

Les huit albums ont été évoqués, avec vingt-et-un titres, dont six issus de leur récent "Melodies Of Atonement", quatre de "Aphelion", quatre de "Pitfalls", deux de "Malina", deux de "The Congregation", un de "Bilateral", un de "Coal", un de "Tall Poppy Syndrome".

 

PROGRAMME

ACTE 1:

  1. Silently Walking Alone (Melodies Of Atonement, 2024)
  2. The Price (The Congregation, 2015)
  3. Illuminate (Malina, 2017)
  4. I Hear the Sirens (Melodies Of Atonement, 2024)
  5. Like a Sunken Ship (Melodies Of Atonement, 2024)
  6. Forced Entry (Bilateral, 2011)
  7. Out of Here (Aphelion, 2021)
  8. Alleviate (Pitfalls, 2019)
  9. Distant Bells (Pitfalls, 2019)
  10. Foe (Coal, 2013)
  11. Nighttime Disguise (Aphelion, 2021).

ACTE 2 : environ 20 minutes d'entracte

  1. Unfree My Soul (Melodies Of Atonement, 2024)
  2. On Hold (Aphelion, 2021)
  3. Below (Pitfalls, 2019)
  4. Passing (Tall Poppy Syndrome, 2009)
  5. Faceless (Melodies Of Atonement, 2024)
  6. Castaway Angels (Aphelion, 2021)
  7. From the Flame (Malina, 2017).

RAPPEL 1 :

  1. Slave (The Congregation, 2015).

RAPPEL 2 :

  1. Atonement (Melodies Of Atonement, 2024)
  2. The Sky Is Red (2ème partie uniquement) (Pitfalls, 2019).

 En ce début d'année, j'avais pourtant formulé le pieux engagement de ne plus acheter de nouveaux t-shirt, car je ne dispose pas d'un espace insondable. D'autant moins que les prix s'envolent ; 40 € cette fois encore ! Néanmoins, au prétexte d'un concert absolument mémorable mentionné sur son dos, une fois encore je cède à la tentation d'un nouveau t-shirt de concert ; le troisième de LEPROUS (sans compter leur mention sur ceux des festivals).

Dans le public, novices comme admirateurs de longue date, ne tarissent pas d'éloges dithyrambiques. Pas un seul avis discordant parmi les commentaires entendu au sortir de l'auditorium.

Le lendemain, les muscles sont quelque peu endoloris (…) mais les airs envoûtants hantent inlassablement mon esprit encore émerveillé. Le lecteur l'aura (peut-être) compris, la Salle Pleyel était assurément l'endroit où tout mélomane se devait d'être ce soir-là…

walt
PATRICE DU HOUBLON

Plus d'infos à propos de l'auteur ici

Notes des visiteurs :

Comments:

You have no rights to post comments

LEPROUS - Paris - Salle Pleyel - 17/01/2025 - 4.0 out of 5 based on 1 vote

Connexion

On Line :

Nous avons 1522 invités et aucun membre en ligne

Dernières Chroniques

Dernières chroniques (suite)

FB RockMeeting

Commentaires

  • BONFIRE - Higher Ground - Chronique

    aorgod
    J'avais délaissé les derniers albums ...

    Lire la suite...

     
  • LANDFALL - Wide Open Sky : - Chronique

    aorgod
    J'avais bien aimé les précédents.

    Lire la suite...

     
  • ART NATION - The Ascendance : nouvel album - Julia : vidéo

    Laigre
    Magnifique, vivement l'album ...

    Lire la suite...

     
  • LANDFALL - Elevate : nouvel album - Two Strangers : vidéo

    aorgod
    J'avais bien aimé les précédents.

    Lire la suite...

     
  • Anniversaires ce 8 février : Vince Neil (MÖTLEY CRÜE), SPOCK'S BEARD, POISON, RICHARD MARX, STRATOVARIUS, EDGUY, PETER HAMMILL, BLOODBATH, CROWBAR

    Stef B.
    Et cet immense monsieur qu'est ...

    Lire la suite...

Articles Les Plus Lus

17 Aoû 2024 11:00 - Marin Rockmachine & Patrice Du Houblon
⚡ AC/DC ⚡ - Paris - Hippodrome  Longchamp - 13/08/2024 + THE PRETTY RECKLESS
Live report
Articles les plus lus sur les 12 derniers mois(suite)