Une fois n’est pas coutume je vais faire mentir mon idole de toujours… Car il est vrai que Michael Monroe n’a eu de cesse de discréditer avec une constance rare son association avec Steve Stevens de 1992, allant même jusqu’à prétendre que JERUSALEM SLIM l’aurait grillé durablement aux USA.
J’ai vu de mes yeux son acolyte Sami Yaffa dédicacer cet album d’une grosse bite poilue ( sans demander l’avis préalable d’un pauvre fan éberlué par ce gris-gris bien dégueu de l’oncle Sam ) témoignant ainsi de l’immense respect qu’il a encore pour cette oeuvre maudite et pourtant…
Une écoute attentive du projet mort né est rétrospectivement fascinante. Alors oui MM et Yaffa ont eu de quoi ruminer: JERUSALEM SLIM était censé imposer Monroe sur le marché US tel un Billy Idol futuriste des années 1990. L’approche de la guitare extra-terrestre de Steve Stevens devait permettre de le mettre définitivement sur orbite et de récupérer son dû après le carton mondial de Guns’n’Roses.
Et évidemment rien ne s’est passé comme prévu. JERUSALEM SLIM est d’abord l’histoire d’une confrontation entre d’un côté Steve Stevens et Michael Wagener ( le producteur allemand du projet ), Michael Monroe et Sami Yaffa de l’autre. Finalement tout est question de style, d’appréciation voir de bon goût en musique. La vérité de MM réside dans une forme d’intransigeance aux principes établis par Hanoi Rocks en 1980, à savoir la résurgence de la période glorieuse d’un Glam teinté de Punk et de Roll ( de 1969 à 85 ). Une férocité aussi à vouloir défendre bec et ongles son parcours commencé 12 ans plus tôt dans les rues ( littéralement ! ) de Stockholm. Mais pour l’heure l’option choisie par Steve Stevens est de projeter la vision d’un Glam Metal moderniste, une entreprise largement encouragée par la maison de disque via Wagener.
Pour autant d’un strict point de vue technique et musical JERSUSALEM SLIM apparait comme une réussite incontestable aujourd’hui. L’exigence d’un songwriting de haut niveau est bien là. La touche multi-instrumentiste de Monroe aussi ( Harmonica, Sax, Vocaux aux taquets ). Les chansons regorgent d’arrangements soyeux à tomber pour qui n’est pas totalement allergique au son clinique des années MTV. Et Steve Stevens est un festival à lui tout seul étant entendu qu’il devait se tirer la part du lion avec ses saillies typiquement Metal 80’s qu’il faisait gicler à foison ( dans tous les sens du terme). De plus tout le monde avait encore de très beaux cheveux juste avant l’offensive crasse du grunge. Je compte parmi mes amis nombre de fans qui ne se sont jamais vraiment remis de Ratt, Poison, Mr. Big, Danger Danger et autre Slaughter… Et bien JERUSALEM SLIM c’est tout ça en mieux !
Mais ce que gagne cet album en modernité sonique du moment lui fait perdre assurément en saleté et en rock’n’roll de rue… A ce titre, le projet d’Andy Mc Coy sorti au même moment ( Shooting Gallery ) sonne bien plus Hanoi que Jérusalem. Mais qu’importe puisque tout est affaire d’appréciation au final. Si tout ce que le rock’n’roll a produit de sensationnel depuis Little Richard ne vous empêche pas de dormir la nuit, vous pourrez vous délecter sans crainte de ce bonbon Hair Metal immaculé ! Exaspéré par la tournure des événements ( et par le fait que Wagener ait tenter d’évincer Sami Yaffa en cours de sessions ) Michael Monroe a voulu réenregistrer l’album entier à New York avant que Steve Stevens ne parte rejoindre Vince Neil sans crier gare et du jour au lendemain ( le comble de la trahison pour qui connait un peu l’histoire de Michael et d’Hanoi Rocks ) dans son projet solo Exposed, en lui volant au passage l’un de ses morceaux ( Downwardly Mobile devenu Piece Of Your Cake sur Exposed ). La classe du bonhomme… Et 2 ans plus tard au côté de Little Steven, Michael Monroe enregistrera en 15 jours tout compris Demolition 23. Soit l’exact opposé stylistique et philosophique de JERUSALEM SLIM.
On est pas obligé de manger du poulet tous les jours, n’est-ce pas ? C’est pourquoi il est grand temps de réhabiliter ce très bon disque de Glam Métal méconnu qui s’écoute encore très bien aujourd’hui. En tout cas toujours mieux que Steel Panther en ce qui me concerne !
![]() Emmanuel Ascher Plus d'infos à propos de l'auteur ici |
Tracklist :
01. Rock’N’Roll Degeneration
02. Dead Man
03. Attitude Adjustment
04. Hundred Proof Love
05. Criminal Instict
06. Lethal Underground
07. Teenage Nervous Breakdown
08. Gotta Get A Hold
09. The World Is Watching
10. Rock’N’Roll Degeneration [Demo]
11. Teenage Nervous Breakdown [Demo]
12. Scum Lives On
Line Up :
Michael Monroe – Chant, Saxophone, Harmonica, Guitare Rythmique, Piano
Sami Yaffa – Basse
Steve Stevens – Guitare, Basse
Greg Ellis – Batterie
Ian McLagen – Piano
Label : Mercury
Sortie : 1992
Production : Michael Wagener
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Un one shot devenu culte !
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