Le rabibochage recent des 2 frères ennemis des Black Crowes fin 2019 et la tournée mondiale mise en place pour les 30 ans de cet album (une date est prévue à l'Olympia le 27 octobre 2020) m'obligent à me replonger dans les tréfonds du XXème siècle.
Acte de naissance du groupe, le premier LP studio "Shake your money maker" rapportait sur sa pochette intérieure les musiciens comme suit: Chris ROBINSON (the singer), Johnny COLT (the bass), Young Rich ROBINSON (the guitars), Jeff CEASE (the guitars), Steve GORMAN (the drums & cymbals).
Produit par George DRAKOULIAS avec Brendan O'BRIAN en ingé/son la galette fut sortie chez American Recordings en 1990.
Hommage à Elmore James (son titre-single phare "Shake your money maker" fut initialement enregistré par le bluesman en 1961), ce premier opus des frères Robinson (Rich à la 6 cordes et Chris au chant) qui en signaient toutes les pistes fut un véritable coup de tonnerre dans la sphère Rock internationale. Moribond à l'époque, malmené à la fin des années 80 par un hair/glam metal californien répétitif et sans imagination, le rock avant de se tourner vers le grunge qui balbutiait ses gammes allait opérer un retour aux sources blues, rythm n'blues et gospel par l'arrivée sur le devant de la scène des Black Crowes.
Originaires d'Atlanta en Georgie côté sud-est des States, les musiciens ont été biberonnés au rock sudiste et aux racines (roots) de la musique américaine. Les deux emblématiques morceaux qui ouvrent le bal "Twice as hard" et "Jealous again" sont des megahits en puissance avec leurs refrains imparables, leur groove nonchalant et leur mélodie parfaite.
Dans un autre registre "Sister luck" est une lamentation bluesy, relayée par un "Could I've been so blind" sur un tempo plus rapide et enlevé. "Seeing things" tout comme le "She talk to angels" plus avant dans l'album sont des titres assez lents et mélancoliques, dégoulinants de sensualité. "Hard to Handle" est une excellente reprise bien rythmée du standard d'Otis Redding enchaîné avec justesse sur un "Thick n' thin" qui n'a rien a lui envier question tempo, les corbeaux sachant jouer vite quand il le faut.
L'album se conclut sur "Struttin' blues" peut-être la moins bonne chanson de la galette, qui laisse la place à un final fantastique avec "Stare it cold" qui comporte un solo de guitare virevoltant !
Certaines ré-éditions plus récentes comportent des bonus tracks dispensables ("Dont wake me" ou "She talks to angels" en acoustique par exemple).
Certifié double album de platine au bout d'une année (200 000 copies) "Shake your money maker" a été vendu depuis sa sortie à plus de 6 millions d’exemplaires worldwide, et permit à ses géniteurs de partir en tournée avec les plus grands à l'époque. Les plus anciens comme moi auront pu les voir à l'hippodrome de Vincennes en septembre 1991 au cours d'une tournée européenne pompeusement appelée "Monsters of Rock" sur la même scène que Metallica (qui tournait pour son splendide "Black album"), Queensrÿche (du temps d’un glorieux "Empire") et AC/DC (tournée régénérante pour leur fracassant "The Razors edge") – notez que Motley Crüe (tournée « Dr. Feelgood ») avait été écarté de la date parisienne alors qu’ils étaient présents sur l’affiche partout ailleurs. A Vincennes les Black Crowes ne furent cependant pas accueillis dignement (je vois encore Chris renvoyant dans la foule grâce au pied de son micro les cannettes très certainement remplies d'urine en provenance de l'assemblée -coutume britannique peu glorieuse de l'époque).
Tracklist :
Twice As Hard - 4:09
Jealous again - 4:35
Sister Luck - 5:13
Could I've Been So Blind - 3:44
Seeing Things - 5:18
Hard to Handle (Otis Redding / Allen Jones / Alvertis Isbell) - 3:08
Thick N' Thin - 2:44
She Talks to Angels - 5:29
Struttin' Blues - 4:09
Stare It Gold - 5:13
Bonus tracks (Réédition)
Don't Wake Me - 3:33
She Talks to Angels (version acoustique) - 6:19
Mercy, Sweet Moan - 1:18
Line Up :
Chris Robinson : chant.
Rich Robinson : guitares.
Steve Gorman : batterie, percussions.
Johnny Colt : basse.
John Cease : guitares.
Musiciens additionnels
Chuck Leavell : claviers.
Brendan O'Brien : un pot-pourri d'instruments. (Note de la pochette)
Laura Creamer : chœurs.
Label : Def American Recordings
Sortie : janv 1990
En 1992, toujours produit par Drakoulias et O'Brien en ingé/son paraît "The Southern Harmony and Musical Companion" (Def American Recordings). Jeff Cease a cédé la place à Marc Ford à la guitare et Edward Hawrysch intègre le groupe aux claviers (notez qu'ultérieurement son patronyme sera changé en Eddie ou Ed Harsch).
Ce deuxième album est indissociable du premier avec lequel il est en parfaite osmose, les frères Robinson enfonçant le clou jusqu'à la garde: ceux qui n'avaient pas bien saisis leur forte propension à insérer des connotations roots à leurs compositions auront du mal à encaisser la déflagration sonore. Si sur "Shake your money maker" les effluves blues mettaient en valeur les titres, ici c'est une indubitable orientation gospel qui frappe d'emblée en raison de l'omniprésence de choeurs féminins bien sentis. Que ce soit sur les quelques imparables nouveaux hits ("Sting me", "Remedy" ou le formidable "My morning song") ou sur des compositions plus introspectives ("Thorn in my pride", "Sometimes salvation") les Black Crowes assument un sorte de catharsis rock, mode revival en plongeant l'auditeur dans des sonorités inhabituelles à l'époque (n'en déplaise aux détracteurs adeptes de modernisme outrancier).
Outre ces voix féminines, quelques morceaux sont rythmés par l'harmonica de Chris à l'instar du cadencé "Hotel illness" distillant un rock n’roll dansant et lumineux. A noter une reprise d'un titre de Bob Marley en dernière piste en version là aussi blues/roots ("Time will tell"). Sur les versions japonaises initiales était également présent un titre live "Shake 'em on down" sur laquelle la slide de Rich est monumentale.
En 2 albums, les Black Crowes venaient ainsi de se faire une place au Panthéon du Rock, sans fioriture ni artifice superflu. Leur manque de souplesse mentale allait d'ailleurs leur causer quelques déboires comme leur exclusion de la tournée de ZZ Top à cause d'un sponsor avec lequel les barbus texans avaient trop de liens, sans parler des turpitudes et frasques en tous genres qui pourriraient de façons récurrentes les rapports des musiciens à l'intérieur même du combo. Mais ainsi va le Rock...
Tracklist :
Sting Me – 4:39
Remedy – 5:22
Thorn In My Pride – 6:03
Bad Luck Blue Eyes Goodbye – 6:29
Sometimes Salvation – 4:47
Hotel Illness – 3:59
Black Moon Creeping – 4:59
No Speak No Slave – 4:01
My Morning Song – 6:14
Time Will Tell (Bob Marley) – 4:06
Titres bonus itunes
Sting Me (Slow) – 5:48
99 Lbs. (Don Bryant) – 4:18
Line Up :
Chris Robinson: chant, harmonica, percussions
Rich Robinson: guitares
Johnny Colt: basse
Steve Gorman: batterie, percussions
Marc Ford: guitares, guitare solo
Ed Hawrysch: claviers, piano, piano électrique Wurlitzer
avec
Barbara et Joy: chœurs
Chris Trujillo: congas
Label : Def American
Sortie : 13/05/1992
Production : George Drakoulias & The Black Crowes
Discographie :
Albums studio
1990 : Shake Your Money Maker
1992 : The Southern Harmony and Musical Companion
1994 : Amorica
1996 : Three Snakes and One Charm
1999 : By Your Side
2001 : Lions
2008 : Warpaint
2009 : Before the Frost...Until the Freeze
2010 : Croweology
Albums live
2000 : Live at the Greek (avec Jimmy Page)
2002 : Live
2005 : Freak 'n' Roll...Into the Fog
2009 : Warpaint Live
2013 : Wiser for the Time
2014 : Live at the Greek
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