Deep Dark ! Jamais je n'aurais pensé écrire un tel titre pour définir un album d'Europe.
Rien à voir avec l'album intitulé ''Start from the dark'. Ici il s'agit bien d'une orientation musicale assez sombre et mélancolique, proposant encore davantage de profondeur, tendance continue à chaque nouvel album. Non pas qu'on aille dans le doom ou le black métal, ne vous affolez pas, mais Black Sabbath et Pink Floyd, sont très présents sur cette galette, aux côtés de l'influence majeure des suédois : Deep Purple.
Et les anciens permanentés maquillés ont de sacrées cojones !! Voilà ce que je me suis dit à l'écoute de ce nouveau vinyle :), tant ils osent s'affranchir du format qui a fait leur succès. Un comble pour un groupe qui a été critiqué pour son attitude trop commerciale.
Dans les années 80, le groupe a saupoudré ses influences pour être à la mode MTV, du moins pour ceux qui ne s'arrêtent qu'aux apparences. Mais depuis leur retour en 2004, on le sait, le groupe a jeté tout artifice pour laisser apparaître aux grands jours leur fantitude sans complexe envers les grands des 70'.
Et puis rappelons que les millions du méga-hit ont mis à l'abri du besoin son auteur, et qui du coup semble totalement se faire plaisir, tout en laissant s'exprimer totalement dans l'écriture, ses collègues : ce n'est peut être pas anodin si le groupe, (le seul ?), est encore constitué des 5 membres d''origine' plus de 30 ans plus tard. Respect !
Bref, après 4 albums, depuis Secret Society, tous aussi bons que variés, le groupe pousse ici le bouchon de l'excellence encore plus loin, comme s'il était encore en recherche d'une quelconque crédibilité artistique... pourtant totalement inutile désormais. Alors ceux qui espèrent retrouver le son des 80' vont être être déçus. On baigne en plein seventies – attention toutefois au son, car à vouloir être plus seventies que seventies, on frôle le stoner gras, voire le formulaire de demande de remix à 2Mhz près. Mais au fur et à mesure des écoutes, on s'y fait et on finit par comprendre où le groupe veut aller.
Et le groupe y va à fond. Car à la première écoute, on se prend une grosse claque, tant le groupe surprend (encore ? … hé oui !) : A cause du son donc, mais pas que … à cause de l'originalité des compos, du moins dans l'univers Européen : les très doom Wolves, sorte de mix réussi entre Black Sabbath, Led Zep et Pink Floyd, et le troublant et excellent Haze qui perturberait un Ozzy avec ses ''hey'' très Accept-Floydien, son break batterie délire, et ses nappes de claviers dérangeantes sorties tout droit de la tête d'Alex Delarge (Orange mécanique) alias ici Mic Mickaeli, encore éclairé sur cet album, … ou encore le somptueux et très purplien (version Bob Ezrin) Turn to dust qu'aurait applaudi le regretté Jon Lord. Il manque juste les arpèges Blackmorienne sur ce titre : ben alors John !?
C'est dingue comme ces mecs se sont accaparés l'héritage des 70' pour en faire un truc 'neuf', ou tout du moins quelque chose d'actuel d'aussi intense qu'à l époque.
… après ce côté sombre, malgré des paroles positives, dixit le boss, … surprenant aussi à cause de la présence de pas 1, pas 2 mais de 3 titres qui poutrent ; du jamais entendu sur un album du Europe connu. Ces mecs ne plaisantent plus. Et Gto va vite rejoindre ses frères classiques que sont Ready or not, The Beast et Hole in my pocket. Idem, le très direct avec ses moins de 3mn Whenever you're ready, ou encore un Election day sur lequel Ian Haughland aimerait bien mettre la cape de super Paice ; Ces 3 brûlots pourraient s'inviter sans gêne pour mettre la folie dans la salle. ( Chiche ! une set list avec ses 6 titres au Hellfest, et Europe est bon pour la Warzone !:) C'était la minute blague, mais quand même)
Et puis l'autre (demi) surprise, c'est un John Norum en feu. On le sait : l'homme avait fait un burn-out après le succès de The Final Countdown, et avait admis être revenu dans le groupe par amitié et confort alimentaire. Mais force est de constater qu'il s'est pris à son propre piège, et retrouve un plaisir de plus en plus net, au fur et à mesure des albums. Il délivre encore ici des solos pleins, long, souvent lumineux, puisant toujours dans ses influences (Gary Moore, Mickael Schenker, Ritchie Blackmore, parfois Hendrixiennes) : écoutez donc ses délires en mode 'je botte ton cul' sur GTO, Whenever you're ready, … ou en mode lyrisme ou insolent sur les Wolves, Haze, entre autres... Le pire, c'est que ce genre d'album devrait lui permettre de faire encore davantage, sans que cela surcharge, au contraire.
Idem pour Joey Tempest : certains le trouvent vieillissant !? Possible ! telle est la loi de la nature, mais il apporte toujours cette sincérité si particulière avec son côté bluesy … et question puissance, il ne laisse pas sa part sur GTO non plus.
Seul bémol, le très mais trop floydien Pictures. Non pas que le titre soit mauvais, bien au contraire, mais il me semble trop tôt placé dans un album très différent de ce qu'on peut attendre d'Europe, et surtout : attention à ne pas laver plus rose que rose ;) … Un titre indispensable dans un autre contexte, mais ici qui chatouille un peu.
Moins immédiat, mais encore dans l'excellence, cet album décontenancera les adeptes du rock fm pur, qui iront se réfugier sur TFC, Prisoners in Paradise, Last look for Eden ou War of kings, ou sur le trio d'ouverture qui est juste fabuleux d'intensité (Walk the earth, The Siege, Kingdom united). Ici point de Angels ou Days of rock'n roll accrocheurs, et ma foi, c'est plutôt courageux et même intéressant.
Pour ma part, même s'il reste dans la lignée de War of kings, je le comparerai davantage pour le côté sérieux et profond, aux Bag of the bones et Secret society, en encore plus réussi. Je reste persuadé qu'il faudra du temps pour apprécier à sa juste valeur ce disque, et qu'on se souviendra d'un grand disque des seventies ! … j'aurai même aimé qu'ils poussent le bouchon encore plus loin : aller jusqu'au bout du concept album, voire du double album .. la prochaine fois peut être ? Mais encore une fois : bravo pour cette prise de risque … très réussie ! Un de mes top 2017. Double respect ! Et dire qu'ils peuvent faire encore mieux ...
Ps : Dans ma chronique de War of kings, j'avais barbouillé : ''..Pour la prochaine étape, ne pourraient-ils pas s'orienter (enfin?) vers encore davantage de musicalité, d'instrumentalisation, bref peut être davantage vers un univers Deep Purplien, ou carrément vers un genre de concept album Pink floydien, tout en gardant la patte suédoise ? D'ailleurs, je trouve que cet album est très proche en intention, de l'album Now What ?! Du duo Bob Ezrin - DP, parfumé de Cream. ...''. vœux donc aujourd'hui comblé ! Alors ? Un vrai double concept album pour le prochain ? qui parie avec moi ? pizza bio en jeu :)
Label : | UDR |
Sortie : | 20/10/2017 |
Production : | Dave Cobb |
Discographie : |
Europe (1983) |
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Comments:
Commentaires
@Seb Michaeli n'étant pas un grand soliste, mon rêve serait justement que Marcello revienne dans le groupe avec Norum, et nous faire une évolution à 2 guitaristes, un peu à la Thin Lizzy, d'autant que j'adore aussi le jeu lyrique et mélodique de Kee
Avant Europe jouait du hard festif et émotionnel ; là je ne ressens rien à l'écoute de cet album ...et je suis sur que je dois pas être le seul ....ça plaira essentiellement à ceux qui ne supportaient pas le groupe avant ... Qu'ils sortent officiellement les excellentes démos de 1989/1990(LE BARON BOYS) putain ....plutot que ça!!! .
.Il n'y a bien plus que Frontiers qui pourrait les remettre sur le chemin de la raison, après un bon lavage de cerveau .... HELP Serafino ...ça a marché avec Kee Marcello qui a sorti un très bon album fidèle au genre avec KEE OF HEARTS, donc l'espoir est là ....
Très bonne chronique de FranckAndFurious ceci dit .
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