France 2 – Uruguay 0 ! Pause Guitare Fest 3 – Morosité 0 !
Du vert de Pau, en traversant le rose de Toulouse y récupérer le boss Metalden, vivre un après-midi bleu-blanc-rouge en guise d'apéritif, pour chercher en soirée le mauve tel le Graal, le tout sous un jaune-soleil des plus intense, cette journée du vendredi à Albi sera donc des plus colorée, oserai-je dire des plus arc-en-ciel.
Après donc la bonne nouvelle foot, nous découvrîmes pour ma part ce festival dans cette jolie petite ville d'Albi, qui me rappelle quelque part, ma cité d'or-et-gin's d'Agen où le pruneau est souvent pourpre aussi.
Partis tôt suite aux avis assez virulents sur les réseaux sociaux sur l'organisation, et bien que minoritaires - c'est bien connu, ce sont ceux qui râlent qu'on entend le plus - c'est donc impatients, mais inquiets qu'il nous tarde de découvrir l'enceinte.
Malgré le monde en ville pour ce ¼ de finale et le fest, à notre bonne surprise, c'est sans encombres que nous pûmes garer la DeLorean et apprécier une fort belle plaine de loisirs, contredisant les mécontents des soirs précédents. A leur décharge, une des deux entrées sur le site donne sur le devant de la scène, ce qui peut effectivement générer un bouchon par effet d'entonnoir, surtout que s'y trouvent quelques magnifiques arbres, vite envahis pour s'y abriter du soleil. Vu comment est configurée la place, il paraît difficile de remédier à l'emplacement de cette entrée : ce sera le challenge de l'organisation pour la prochaine édition. Désormais avertis pour la 23e édition, le mieux sera donc d'arriver par le seconde entrée qui se situe au fond du site à l'opposée de la scène, et donc offrant une totale vue sur le site.
Cette tracasserie réglée, on découvrira la belle diversité des stands nutritifs. A la vue des diverses barquettes, choix et qualité semblent bien présents ; l'inverse serait un comble pour la réputation culinaire du sud-ouest. Pour notre part, ce sera salade bio, même si quelques barquettes de frites fraîches nous font les yeux doux, probablement l'effet de la victoire à venir de nos voisins belges.
Une fois revitalisés, et à la veille du départ du Tour de France, nous irons assister au show des CARAVANE (on m'applaudit très fort pour ce clin d'oeil merci). Et ma foi, tout là est l'intérêt d'un festival que de permettre de découvrir ce très recommandé groupe canadien de rock énergique, et aussi très inspiré dans les mélodies et autres ambiances, alternant chant anglais et français. Si j'ose faire une comparaison facile et en mode raccourci, par rapport à des artistes français, on pourrait retrouver le sens mélodique et harmonieux d'un Calogero et le côté rock d'un Téléphone, le tout amené par un chanteur à la voix modulable, parfois douce, parfois guerrière, et un guitariste rock limite Hendrixien. N'étant pas un expert de la scène rock française, à tort, on pourrait aussi chercher du côté de chez Muse. Séduit, j'irai donc faire un tour sur leur biographie et leur chaîne musicale pendant la rédaction de cet écrit pour confirmation de ma sensation. Apparemment, le groupe travaille à retranscrire davantage son énergie live pour son troisième album. Quoiqu'il en soit, ne passez pas à côté, car cette Caravane a croisé beaucoup de bons chiens, tant elle a assimilé les ambiances poétiques et dansantes, et a su dégager une personnalité à suivre : un jeune groupe qui s'imbrique très bien dans le cadre d'un festival en plein air.
En plein air : voilà un critère qui est important dans le choix d'une set-list. Est-ce que le show assez intimiste de l'exquise Catherine RINGER, qui passait très bien au Zénith de Pau, il y a quelques mois (report ICI), va coller à l'air albigeois ?
Oui et non ! Non, si on s'obstine à rester sur ces deux titres acoustiques et java de milieu de show, qui ont eu tendance à endormir les festivaliers ; Non, si on aimerait davantage de musicalités et de folie de la part des musiciens, comme ceux d'un Polnareff par exemple ; et Oui, si on tient compte de qui on parle et de tous les hits qui ornent cette carrière. Quasiment tout est résumé là : une set-list moins adaptée au plein air, mais une interprétation vocale meilleure qu'au Zénith.
Car la diva rappelle qu'elle a un organe vocal qui aurait mérité un duo avec un certain Ian Gillan, tant la dame a poussé quelques octaves et aiguës transperçant la nuit dans ce milieu de soirée. Et quitte à parler du chanteur de Deep Purple, pourquoi ne pas la comparer à un autre ex-chanteur du Pourpre Profond ? En effet la dame est espiègle : tour à tour, charmeuse, sexy, attendrissante, adepte de l'autodérision, et de l' « auto-déodorisant » (les présents et fans comprendront avec SINGING IN THE SHOWER), ou encore provocante tel un David Coverdale. Celle-ci sait séduire, même quand un début de contestation s'échappe d'une petite partie d'une foule pudique, pour aussitôt le transformer en rire. Quel talent !
Comédienne, expérimentée, et sachant retourner tout moment désavantageux (une provocation ou un foulard qui s'emmêle autour d'un micro) en une totale adhésion par son humour, sa voix et son naturel touchant, on se demande qui, à la fin, ne tombe pas amoureux de Catherine ?
Peut-être ceux qu'elle va pourtant annoncer avec classe !? A la fin de la présentation de ses musiciens, elle rappellera son bassiste qui s'apprêtait à quitter le plateau, à l'instar du groupe. Et nous présenta sa chemise trempée : ''Vous ne le voyez plus, mais cette chemise avant le concert était mauve, profondément mauve, … elle était … Deep Purple ! ''
Moi-même fan du groupe anglais, tellement pris par le show de la Dame, je n'avais pas compris où elle voulait en venir, et aux rires s'échappant encore une fois de l'assemblée, je n'ai pas été le seul. Bien jouée, Madame !
Alors, devant une telle artiste, comment lui en vouloir, d'après une rumeur très fiable (merci à cette personne sûre), d'avoir empiété sur le show des anglais mécontents, au point de devoir l'amputer de deux titres. Décalage assez surprenant à ce niveau de professionnalisme des artistes et de l'organisation d'un tel festival. Ce n'est pas très respectueux envers les artistes suivants et leurs fans. J'en connais qui auraient coupé le courant sans sommation, ou on connaît un Ritchie Blackmore qui aurait mis le feu au festival pour moins que ça. On n'est pas loin de la faute professionnelle. A l'époque Blackmorienne, on n'aurait pu subir soit l'annulation du show, soit une explosion d'amplis et/ou de caméra : cela parlera à ceux qui connaisse l'histoire du groupe. Bref, deux titres, pas moins que ça, elle exagère, mais les femmes sont reines ! Et si certaines font davantage honneur à leur titre de noblesse que d'autres, Catherine Ringer fait partie de celles à qui on ne dit pas non !
Probablement un peu agacés, les DEEP PURPLE vont donc ôter certains solo et toutes ballades comme les théoriquement prévues Bird Of Preys et The Surprising, et balancer une set-list de classiques de leur Hard boogie jazz et funky en rapport à leur tournée « Le Long Au Revoir » ; classiques qui auront illuminé une carrière de cinquante ans cette année.
Mais on sait les anglais être gentlemen. Aussi, ils interpréteront la power ballade SOMETIMES I FEEL LIKE SCREAMING, démontrant qu'ils ont le sens de l'humour. En effet, Gillan approchera son micro de Glover et Morse pour que ces derniers y assurent les choeurs. Mais étonnamment, ceux-ci trop éloignés du micro, on n'entendra que la voix du chanteur : c'est l'intention qui compte. Le titre étant amputé de choeurs, et de sa partie finale, la question de son intérêt dans la set-list se pose. Auparavant, sur l'entame, je serais surpris par la voix de Gillan qui ne laisse passer aucun grave de celle-ci. Un souci de mixage-micro !? Cela s'arrangera rapidement. On sait que le chanteur est en mode diesel. Et si ce dernier, par son âge et le difficile répertoire, nous inquiète toujours un peu au début, il vient vite nous rassurer par d'excellents cris aigus, encore bluffants, et ce même s'il ne monte plus dans les parties hautes de BLOODSUCKER et d'un SPACE TRUCKIN' depuis quelques années ; un SPACE TRUCKIN' qui devient de plus en plus « funky », j'exagère, et que le groupe ferait bien de remplacer par un autre classique : ce n'est pas ce qui manque dans la cave pourpre.
Le public généraliste de Pause Guitare Fest semble apprécier le show, tout en restant toutefois réservé dans sa participation pendant les morceaux, sauf évidemment sur SMOKE ON THE WATER où la foule s'embrase comme après un but de l'Equipe de France. Clairement, on n'est pas dans un vrai concert du groupe où pullulent les tee-shirts à leur effigies. Ce soir, on verra d'ailleurs presque davantage de maillots bleu blanc rouge. Peu importe, celui qui fût le plus grand groupe du monde en 1973 et davantage, assurera le show par son habituelle dextérité qui d'ailleurs réconciliera le chef de Rockmeeting, déçu par la prestation du groupe au Hellfest 2014 et 2017.
Un Gillan digne, un Ian Paice, sans solo, mais qui n'en a point besoin pour nous faire apprécier ses fulgurances, un Roger Glover toujours enjoué, malgré un pain, un Steve Morse, moins démonstratif pour cause d'arthrite, mais qui y gagne en originalité et en flamboyance, et un Don Airey en feu, notamment sur le toujours solo final de SMOKE, mais ce soir de façon différente, ces anciens là nous rappelleront tout du long ce que le mot dextérité veut dire. A l'inverse de Miss Mitsouko, le groupe diffusera une set-list 100% festival avec des titres qui envoient la sauce, contrairement au Hellfest 2017. Point donc ici de CONTACT LOST non plus, et si on peut regretter l'absence du somptueux solo final de BIRD OF PREYS, ce choix imposé de set-list est peut-être préférable devant ce public généraliste, dont un voisin réclamera CHILD IN TIME (y en a qui sont impayables 23 ans après sa dernière interprétation) !? Pour le fan, on peut toutefois trouver que TIME FOR BEDLAN fait double emploi avec le toujours épique PICTURE OF HOME, et qu'on lui aurait préféré un autre titre de l'excellent vingtième album INfINITE, comme un ALL I GOT IS YOU, dont les paroles fraternelles auraient été encore plus de circonstances pendant cette période de Coupe du Monde. Assurément encore un bon show de la part de ces musiciens exceptionnels, et si vous ne l'avez toujours pas compris, n'attendez pas trop pour aller voir une des dernières légendes du rock.
L'autre petite note sympathique du fest, en sus du cadre et de la qualité culinaire, sera l'interview flash d'après-concert des artistes, qui appuie sur l'aspect convivial et festif. Toutefois, raccourcir ce gimmick permettrait de reposer les oreilles entre deux shows, et d'échanger entre amis dans un certain calme. Mais je pinaille, tant le côté positif de l'idée prend le pas sur la petite gêne.
Une soirée donc totalement réussie qui nous rappelle un certain : et Un, et deux, et trois zéro …
Pas quatre, car nous ne resterons pas pour le set électro (sans guitares) de PAROV STELLAR, dont on ne voit pas trop l'objet de la présence dans un fest qui s'appelle Pause Guitare, et ce malgré notre ouverture d'esprit ... disons qu'on aime bien le respect d'un concept. On imagine que leur musique fera une bonne fin de soirée pour une ambiance festive en cet été en mode "I Will Survive''.
Ayant donné rendez-vous à un fan purplien rodézien, rencontré sur un forum musical, et accompagné de deux autres méga-fans du Pourpre Profond et qui se partagent pas moins d'une centaine de leur concerts – respect - nous irons à cinq, fêter cette soirée dans ce joli centre ville albigeois. Autour d'une bière fraîche, ce sera prolixes que Denis, Arnaud, Alain, Metalden et moi-même, échangerons sur l'histoire de ce groupe mythique, et aussi unanimes, sur ce festival au cadre agréable et vivement recommandable.
Amis un jour, Albi toujours ! … (ok vanne naze mais je suis en mode footix !)
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