Le Palais des Sports de la Porte de Versailles, situé 34 Boulevard Victor à Paris (75015) est présenté comme ayant été conçu en 1960 par l'architecte Pierre Dufau sur un procédé inventé par Buckminster Fuller et pouvant accueillir jusqu'à 4 600 spectateurs, selon sa configuration.
Un nouveau très grand esprit, sans doute très éclairé, a décidé de débaptiser ce lieu emblématique ; le Palais des Sports est devenu "Dôme de Paris". Mais pour ma part, j'assume mon statut "vieux-con" : de la même manière que je revendique avoir vu Scorpions au Palais Omnisport de Bercy à son inauguration le 29 février 1984 (et non pas à l'Accord-Arena, pour ceux qui n'aurait pas suivi); je revendique avoir vu Téléphone au Palais des Sports le 17 février 1981. Je ne participerai pas à l'effacement de la mémoire ; énormément de concerts de Légende (je ne citerais que Genesis ce 11 juin 1977) se sont déroulés au PALAIS DES SPORTS, et non pas dans un simple dôme parisien. Leur nouveau blaze ne m'évoque rien du tout.
Ce n'est cependant que la huitième fois que je me rends au PALAIS DES SPORTS où j'ai assisté aux concerts de TELEPHONE mais aussi de SAGA (13/2/86), BLUE OYSTER CULT (13/2/89), WHITE LION (28/5/91), RINGO STARR (26/6/11), LYNYRD SKYNYRD (25/4/15) et plus récemment de VERONIQUE SANSON (24/4/19).
Les tickets étaient en prévente chez Gérard Drouot Productions dès le mercredi 1er septembre (à 10h) mais dans le contexte pandémique des reports et annulations, nous avons estimé plus sage d'attendre ce 10 mars pour nous procurer le précieux sésame.
Nous avons opté pour la fosse, donc nous tâchons d'anticiper l'ouverture des portes prévue à 19h, en arrivant vers 17h15. Ça tombe bien ; le site est à moins de dix minutes de mon lieu de travail ! Et puis c'est toujours sympa d'échanger des informations entre progueux dans la file d'attente…
Entrés dans les premiers, nous n'aurons aucun mal à nous placer devant, avec ma fée et mon fils, face aux pupitres de John Myung et de Jordan Rudess. Même la tempête Townsend n'aura pas eu raison de notre emplacement !
DEVIN TOWNSEND [19h40-20h40].
Ce canadien a chanté et joué de la guitare avec quelques artistes depuis 1993, avant de fonder, dès 1995, son premier groupe STRAPPING YOUNG LAD. Un disque échantillon promotionnel m'avait permis d'évaluer la bête. Aujourd'hui encore, je ne me suis toujours pas remis de ces vociférations d'une brutalité inouïe. Il a cependant perduré. Le monsieur étant un hyperactif, il s'est constitué une discographie conséquente emportant un auditoire croissant au fil des années. Il fonde DEVIN TOWNSEND PROJECT en 2009 avec lequel il semble séduire une frange metal-prog, puisqu'il se fait programmer à deux reprises au BeProg Festival à Barcelone. C'est à ces occasions que j'ai assisté à deux concerts, le 11 juillet 2015, puis le 1er juillet 2017. En dépit de cette expérience, en dépit des propos dithyrambiques exprimés par de nombreux amis et articles de presse, je n'arrive toujours pas à trouver la Porte. Je compte bien la trouver ce soir… Ne fût-ce que pour comprendre ce qui a pu séduire mon propre fils, qui m'accompagne ce soir !
Toujours en évolution, il semble désormais se produire sous son seul patronyme, si bien que j'ignore qui sont les musiciens que le soutiennent ce soir ...
Sa tournée aurait pu promouvoir deux opus, parus étonnamment à des dates rapprochées ; "The Puzzle" paru le 22 octobre 2021, et "Snuggles", paru le 3 décembre 2021. Mais cette musique expérimentale aussi planante que surprenante de sa part, qui ne m'a pas convaincu, a été d'ailleurs judicieusement écartée ce soir.
La sonorisation m'a semblé aussi agressive que la musique qu'elle était censée mettre en valeur. Puissante et pas toujours perceptible pour une âme en mode "découverte".
Leur statut d'invité leur laisse un éclairage modeste et une scène dépouillée de décor, mais suffisante en espace pour lui et ses trois complices anonymes (batterie, basse, et guitare rythmique).
Sa prestation est exécutée avec énergie, conviction et une sincérité évidente. Son attitude est volontaire et expressive. C'est carré et puissant, certains titres ne sont pas sans rappeler les premiers Metallica. Je comprends l'enthousiasme de pour ceux qui aiment sa musique. Mais décidément je n'y arrive pas. Ca crie, ça hurle, ça vocifère franchement trop pour me séduire. Je ne comprends même pas pourquoi je m'émeus particulièrement de cette violence vocale, alors que je sais en apprécier d'autres par ailleurs (je pense notamment à Pogo Car Crash Control ; oui mais eux c'est en français !). Mais bon c'est comme ça, je fais un blocage sur lui, épicétou. Je n'étais pas ouvert à Barcelone, je ne le suis pas davantage ce soir.
Manifestement soutenu par une bonne partie d'un public dévoué, il recueille cependant un beau succès.
Il aura disposé d'une heure pour interpréter neuf titres issus de neuf albums parus entre 1997 et 2016.
PROGRAMME
Failure (titre de Devin Townsend Project – Transcendence, 2016)
Kingdom (Physicist, 2000)
By Your Command (Ziltoid the Omniscient, 2007)
Aftermath (titre de Strapping Young Lad – SYL, 2003)
Regulator (Ocean Machine : Biomech, 1997)
Deadhead (titre de The Devin Townsend Band - Accelerated Evolution, 2003)
Deep Peace (Terria, 2001)
March of the Poozers (titre de Devin Townsend Project - Dark Matters, 2014)
More! (titre de Devin Townsend Project – Epicloud, 2012).
DREAM THEATER [21h00-22h10]
La tournée intitulée “Top of the World Tour”, a vocation à promouvoir le quinzième album "A View From The Top Of The World" paru le 22 octobre 2021. Ce concert me permettra d'assister à un onzième concert de DREAM THEATER, depuis le 7 avril 2000. Pour l'anecdote, la dernière fois date du 26 janvier 2020 quelques semaines avant le confinement lié à la Pandémie.
Je retrouve le quintet dans la même composition. John Petrucci (guitares, chœurs), John Myung (basse), demeurent les deux membres fondateurs de ce groupe américain créé à Long Island dans l'état de New York en 1985, qui est aujourd'hui composé de James LaBrie (chant, depuis 1991), Jordan Rudess (claviers, depuis 1999) et Mike Mangini (batterie, depuis 2011).
Un concert de Dream Theater requiert, plus que tout autre, une sonorisation à la hauteur du talent de ces interprètes virtuoses. L'enchevêtrement des partitions est d'une telle densité qu'il serait insensé de confier la console du son à un incompétent. Les craintes sont infondées et se dissipent très vite ; le son se dévoile limpide, puissant et fidèle aux harmonies. Un pur régal auditif nous transportera toute la soirée !
De surcroit, l'éclairage est particulièrement lumineux et coloré. Impressions sans doute accentuées par la sobriété de la scène. La batterie surplombe un podium à trois niveaux, sur sa droite est posé le clavier et à sa gauche un espace sera occupé de temps à autres par John Petrucci pour quelques-uns de ses soli. Aucune fioriture, rien d'autre que les instruments et leur support. En revanche, en fond de scène sont alignées de très hautes bandes d'écrans qui ne cesseront de diffuser les images d'illustration.
DREAM THEATER fait partie de ces groupes en quête perpétuelle de perfection. Ce qui agace ses détracteurs. Ce qui entretient en revanche mon admiration. La perfection absolue n'est point de ce monde, chacun le sait, tout auditeur objectif aura perçu telle ou telle défaillance. Mais ces artistes sont consciencieux, appliqués et soucieux de reproduire les harmonies qu'attendent leurs admirateurs. Ils ne me semblent pas abuser des astuces que je trouve toujours dispensables telles que des bandes sons ou autres supports. Notons juste l'introduction préenregistrée de "Bridges in the Sky", qui laisse entendre une voix gutturale tribale suivie d'un chœur.
Quel bonheur, quelle ineffable expérience auditive ! Un concert dont les cent-trente minutes sont passées à une allure imperceptible, tant les observations et les écoutes se succèdent sans répit. La technicité des cinq musiciens, sans jamais nuire à l'émotion, est simplement hallucinante. Positionné aux pieds de l'imperturbable John Myung, je me suis régalé de voir courir ses doigts inlassablement sur ses basses. Loin de s'aligner simplement sur la guitare ou sur le chant, il s'évertue à exécuter sa partition avec une virtuosité étourdissante. Il m'a semblé davantage mobile que d'habitude, en se rendant parfois aux côté de John, au centre de la scène, ou en posant aux côtés de John et Jordan pour accentuer encore leur complicité sur des segments les mettant en valeur. D'un naturel très fermé, on le sent particulièrement investi dans son univers. Ce n'est qu'au salut final que j'ai cru surprendre sur son austère visage l'esquisse d'un sourire.
Bien évidemment, je n'avais pas trop à me forcer pour admirer les fabuleux arpèges de John Petrucci toujours exceptionnels de grâce, de technicité et de sensibilité. Il serait dérisoire voire vain de vouloir distinguer des interventions particulières tant il est omniprésent. Ces soli sont toujours inspirés par les mélodies à la fois techniques et émouvantes. Allons, je me laisse aller à souligner ce segment central particulièrement délicat durant "The Count of Tuscany" où il fait pleurer sa guitare avec une finesse extraordinaire. Que ce soit pour des morceaux plus brutaux (Endless Sacrifice) ou plus subtils et chaloupés (The Ministry of Lost Souls, About to Crash), son talent éblouit l'âme et l'esprit de l'auditeur.
En face de moi, mais en retrait au fond de la scène, Jordan Rudess est également omniprésent, tantôt pour des nappes d'accompagnement tantôt, plus souvent, pour des galopades doublant de larges segments du pupitre de John Petrucci, soli compris. Il reste démonstratif avec son clavier amovible, même s'il me semble qu'il se montre plus discret qu'auparavant. Toutefois, il prend toujours un plaisir évident à enfiler son clavier portatif. Parmi ses envolées flamboyantes, notons ce passage de "" durant lequel je demandais en préalable comment il allait rendre le son d'un violoncelle. Et bien l'imitation fut parfaite avec la délicatesse de ses doigts caressant un clavier tactile. Sublime.
Nous sommes nombreux dans le public fidèle à nous rappeler que James Labrie a bien failli perdre l'usage de ses cordes vocales à l'issue d'une intoxication alimentaire en 1994. S'en était suivi une longue période délicate, jusqu'en 2002, visant à recouvrer ses capacités. Sans le soutien du groupe, il avait avoué songer à abandonner. C'eût été une grande perte à l'écoute de sa prestation de ce soir. Il sait rester dans sa tessiture de confort évitant de forcer inutilement son amplitude, et son timbre est parfaitement adapté aux tonalités des chansons, qu'elles soient mélodiques ou plus énergiques. Il sait moduler sa voix selon les émotions requises, manifestant la compassion, la rage, ou l'allégresse. Un vrai bonheur. Allons, pour atténuer mon enthousiasme, il m'a semblé entendre un passage plus faible sur un court segment de "The Count of Tuscany" ; mettons cela sur le compte de la fatigue au bout de deux heures. Et puis cela prouve l'authenticité de leur travail sur scène !
Quant à Mike Mangini, j'étais plutôt bien placé pour distinguer son jeu, ses grimaces et son plaisir évident de continuer l'aventure avec le groupe, dans lequel il officie avec brio maintenant depuis un peu plus d'une décennie. Remplacer le très légitime, talentueux et facétieux Mike Portnoy, cofondateur du groupe, n'était pas une mince affaire, et cependant il faut lui reconnaitre une belle efficacité. Sa frappe alternant délicatesse, et sauvagerie rythme sans jamais faillir les partitions tantôt chaloupées, tantôt apaisées, tantôt furieuses.
Bien évidement la réaction du public est perceptible en tous points de la salle. L'ambiance est chaude, le public exprime bruyamment sa reconnaissance envers ces américains venus nous faire chavirer de bonheur après trois années d'absence.
Le groupe salue chaleureusement et longuement le public en effervescence. John Petrucci lance des médiators, et l'un d'entre eux termine opportunément sa course dans la paume de ma p'tite Fée, surexcitée !
Lorsque le concert se termine, on se regarde, ébahis abasourdis par tant d'émotions ; "another perfect day" comme aurait dit Lemmy. Je me surprends alors à repenser aux pauvres âmes égarées de certains amis qui semblent demeurer insensibles à cet univers fantastique.
Depuis la genèse à l'université de musique de Berklee en septembre 1985, ils n'ont eu de cesse de s'améliorer techniquement. J'entends bien les arguments clivants, voire manichéens mais je les trouve parfaitement injustes. Bien sûr, à chacun sa perception des plaisirs auditifs, à chacun sa conception surprenante de la masturbation (si, si hélas propos déjà entendu à cet égard !) ; pour ma part je ne cacherai pas ma dévotion pour ces artistes que je considère comme virtuoses. Ils maitrisent leur art avec beaucoup de talent ; réduire leur musique à de la démonstration est réducteur et inexacte. Ils n'ont plus rien à prouver, leur talent est désormais évident. Ils nous divertissent avec des harmonies, certes d'une grande technicité, mais toujours au service de leurs mélodies. Ce qui correspond à ma définition de la Musique ; "une suite de sons produisant une impression harmonieuse". A mes oreilles, ils assument légitimement leur rôle, à l'instar de leurs lointains ancêtres, les ménestrels, troubadours et autres artistes remontant l'Antiquité. Je les paie pour cela, comme l'ont fait les mécènes de tous temps. En tout état de cause, je me réjouis qu'ils viennent d'être auréolés à leur tour du Grammy, dans la catégorie "Best Metal Performance".
Dix titres interprétés ; c'est à la fois peu et beaucoup. Soulignons que le concert aura duré pas moins de deux heures dix ! Je m'en réjouis car je préfère écouter peu de titres, mais entièrement interprétés ; en effet, je n'apprécie guère les frustrants et hasardeux mélanges d'extraits de partitions. Je sais bien que de grands artistes l'ont fait et que certains mélomanes peuvent l'apprécier, mais pas moi.
Seulement quatre chansons issues du dernier opus, oui mais comprenant le titre éponyme, pièce maitresse d'une vingtaine de minutes. Pour le reste, il fallait bien choisir parmi leur vaste répertoire de qualité. Une chanson tirée de six autres albums, s'étalant de 1994 à 2011, délaissant de fait les trois opus des années 2010, notamment… Mais un rappel étourdissant avec "The Count of Tuscany" qui est assurément un de leurs chefs d'œuvre, qui alterne les atmosphères recueillies, lyriques ou plus énergiques durant une vingtaine de minutes également.
PROGRAMME
The Alien (A View From The Top Of The World, 2021)
6:00 (Awake, 1994)
Awaken the Master (A View From The Top Of The World, 2021)
Endless Sacrifice (Train of Thought, 2003)
Bridges in the Sky (A Dramatic Turn of Events, 2011)
Invisible Monster (A View From The Top Of The World, 2021)
About to Crash (Six Degrees of Inner Turbulence, 2002)
The Ministry of Lost Souls (Systematic Chaos, 2007)
A View From the Top of the World (A View From The Top Of The World, 2021).
RAPPEL :
The Count of Tuscany (Black Clouds & Silver Linings, 2009).
Je m'étais pourtant promis de résister aux pulsions d'achat de t-shirt de concert, au regard de ma déjà belle collection. Mais comment ne pas garder un souvenir palpable d'une si belle soirée ? Pour trente-cinq euros, je me paie un bel exemplaire de la tournée. Aucune date ne ponctue les villes prévues, la pandémie n'est pas terminée et justifie cette précaution…
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