INTERVIEWS

Cette série d’interviews met en lumière des personnes exerçant une activité en rapport avec le milieu musical. Episode 1 : Marc Prada responsable du merchandising de SORTILEGE et riche de nombreuses expériences.

Nom : PRADA

Prénom : Marc dit Marco

Quelle est ta formation ?
J’ai une formation comptable et comme j’ai toujours été passionné de musique, je me suis efforcé d’exercer des métiers en rapport avec la musique et où ma formation pouvait me servir. J’ai commencé à travailler chez Bobby Bruno (ndr : ancien manager de TRUST et dirigeant de BBO, société spécialisée dans la production, le management, l’édition et le merchandising) vers 1982 pour s’occuper de la gestion.

Quelle est ta profession ?
Je suis à la retraite (rires) mais sinon je m’occupe du merchandising de SORTILEGE depuis plus d’un an. Christian (Augustin - chant) et Olivier (Spitzer - guitares) cherchaient une personne pour gérer cet aspect. Ça demande du temps entre la fabrication des t-shirts et du merchandising en général, le site internet, la gestion des ventes et la tenue du stand de merchandising lors des concerts. C’est une activité que j’exerçais déjà dans les années 90 pour le compte du journal Hard Rock Magazine où je m’occupais de toute la vente par correspondance. 

Comment s’est présentée cette opportunité ?
Je suis un ami de longue date d’Olivier avec qui j’ai pas mal travaillé dans le passé. Il avait confiance en moi car il connaît ma rigueur. Il m’a présenté Christian avec qui je me suis tout de suite bien entendu. Je ne le connaissais pas même si je l’avais déjà croisé dans les années 80 lorsque j’étais tour manager du groupe H-BOMB.

Il y a un engouement croissant autour de SORTILEGE depuis son retour en 2019. Est-ce que cela se confirme aussi par le biais du merchandising ?
Oui, on a réussi à fidéliser les gens autour du groupe notamment grâce à la création du fan-club qui est une idée de Laurent Bartolo. Il y a d’ailleurs des remises pour les membres sur la boutique du site internet qui est maintenant assez étoffée. Le succès du groupe Facebook avec plus de 500 membres témoigne aussi de l’attachement des gens pour ce groupe. Il y a une vraie fan base qui est assez exceptionnelle et ça se ressent en concert. C’est une vrai fête, le public chante tous les morceaux ce qui ne se voit pas à tous les concerts.  

Concrètement, comment ça se passe une soirée derrière le stand de merchandising lors d’un concert ? 
C’est une succession de rushs ! On a davantage de temps pour se préparer lorsqu’il s’agit d’un concert en tête d’affiche qu’en festival. Là, on a à peine le temps de déballer la marchandise qu’il faut répondre aux sollicitations des personnes (rires). Ensuite, on souffle un peu pendant que le groupe joue et à la fin du concert c’est de nouveau le rush. Au Forum où le groupe a joué fin janvier, on était quand même 3 personnes derrière le stand pour servir les gens et éviter qu’ils attendent. On sent bien leur engouement et c’est très sympa.

Beaucoup de groupes ont tendance à faire flamber les prix des articles vendus lors des concerts avec, par exemple, des T-shirts au prix de 35€. Ne penses-tu pas que ces tarifs prohibitifs dissuadent les acheteurs potentiels ?
Oui, c’est fou, récemment j’en ai même vu en vente à 45€ et quand tu ajoutes le prix de la place, tu t’en tires pour 100€ ! Ok, la matière première et tous les coûts de fabrication ont augmenté mais c’est devenu beaucoup trop cher. Avec le groupe, on ne fait pas beaucoup de marge car on reste dans des prix raisonnables, le t-shirt recto on le vend à 20€ en concert et le recto-verso à 25€. Je pense que c’est aussi pour cela qu’on vend pas mal de t-shirts car on essaye de respecter les fans en se mettant à leur place. Christian tient beaucoup à cela.

Tu as fait partie de l’histoire du studio Davout, un endroit mythique qui a vu défiler des grands noms. Quel était ton rôle ?
Comme je te l’ai dit, à la fin des années 80, je m’occupais de la VPC pour Hard Rock Magazine qui appartenait au groupe de presse de Paul et Evelyne Putti. Ils ont acheté le studio pour diversifier leurs activités et ils m’ont proposé de m’occuper de la gestion administrative et comptable. J’ai ensuite occupé différents postes au fil des années. Le studio s’est retrouvé en redressement judiciaire en 1994 et un plan de reprise a été proposé par les employés. A partir de là, je suis devenu directeur financier puis gérant jusqu’au moment où la mairie de Paris a préempté l’endroit en 2017 pour le détruire et le remplacer par une école.

Quels souvenirs en gardes-tu ?
J’en ai énormément. A titre personnel, j’ai fait ma fête de mariage dans le studio A et Olivier a donné un concert pour l’occasion avec REBEL, son groupe de l’époque. Sinon, un de mes meilleurs souvenirs est ma rencontre avec Ray Charles. Les ROLLING STONES aussi, c’était assez sympa d’être au bar à discuter avec Mick Jagger (rires). J’aurais bien aimé être là quand Ozzy Osbourne est venu enregistrer les voix pour l’album « The Ultimate Sin » mais je suis arrivé après.

Pour continuer, je te propose de répondre à un questionnaire de Proust revisité afin d’apprendre à te connaître.
Parmi toutes tes expériences professionnelles laquelle a été la plus enrichissante, au sens propre et figuré ?
Les studios Davout. Je ne m’y suis jamais ennuyé et ça m’a permis de vivre dans un milieu que j’affectionnais tout particulièrement. Tout ce que j’ai fait avant était très bien aussi mais c’est l’expérience la plus aboutie.

Quand et comment es-tu tombé dans la marmite du Hard Rock ?
Au lycée. En seconde, j’ai rencontré un fan de Ted Nugent qui avait le même look que lui et qui m’a donné le virus. L’album « Ted Nugent » est un des premiers albums que j’ai dû acheter. J’aimais déjà bien le rock/glam rock de Gary Glitter et Suzi Quatro puis j’ai découvert le hard rock.

Quel a été ton premier concert ?
SANTANA au Pavillon de Paris le 5 décembre 1978 et ensuite Ted Nugent en avril 1979. C’est facile de te répondre car j’ai un cadre avec mes places de concerts juste devant moi (rires).

Les groupes que tu préfères ?
AC/DC dont je suis très fan. UFO et DEEP PURPLE ensuite.

Les albums que tu préfères ?
« Powerage » d’AC/DC que j’écoute toujours sans jamais être lassé. « Rising » de RAINBOW est aussi un grand classique pour moi et « Slide It In » de WHITESNAKE.

Ta pochette d’album préférée ?
Celle de « Piece Of Mind » d’IRON MAIDEN.

Dans la rubrique Meet and Greet, cite une rencontre qui t’a marqué et pourquoi ?
Damien Saez que j’ai pas mal côtoyé par le biais du studio Davout et Jean-Louis Murat aussi. Ce sont deux artistes à part dans le milieu et leurs personnalités m’ont marqué.

Une rencontre que tu aimerais faire et pourquoi ?
Brian Johnson d’AC/DC. Je suis en train de lire sa biographie et il apparaît comme quelqu’un de simple. Son parcours est vraiment exceptionnel, il sait d’où il vient et, tout comme AC/DC, il est resté fidèle à ses idées et ses valeurs sans jamais trahir son public.

Au rayon des souvenirs, cite un grand moment de satisfaction ?
En 1984, le festival de Poperinge en Hollande. J’y étais avec H-BOMB qui était à l’affiche. Il y avait aussi TWISTED SISTER, MOTÖRHEAD et METALLICA. En backstage c’était magique, on a fait des photos avec Lemmy, Kirk Hammett et tout le monde. Ça reste un très grand souvenir.

Un grand moment de solitude ?
Aux débuts des années 80, je débutais dans le milieu et je m’occupais d’un groupe qui s’appelait WITCHCRAFT. Ils ont fait quelques concerts et des démos. Le groupe était programmé dans une boîte de nuit qui s’appelait le grillon. Ils sont montés sur scène à 1h du matin à moitié bourrés. Rien n’était en place, le tempo du batteur montait et descendait. Je voyais le public tellement médusé devant ce spectacle que je ne savais pas où me mettre ni comment ça allait se terminer (rires). Une vraie catastrophe et un grand moment de solitude !  

Au rayon ménagerie. Le milieu Metal aime bien les dragons, les phénix et les bestioles couvertes d’écailles mais comme animal de compagnie, es-tu plutôt chat ou chien ?
Il y a 1 chat et 2 chiens à la maison dont un qui s’appelle Rock Star (rires).

Le Metal c’est vital mais as-tu d’autres passions ?  
Les voitures de sport italiennes.

Tu es plutôt du genre à avoir des remords ou des regrets ?
Plutôt des remords que des regrets.

Ce que tu détestes par-dessus tout ?
La bêtise et le manque d’ouverture d’esprit.

Quelle est ta devise ?
« Si c’est trop fort, c’est que vous êtes trop vieux » (rires). Je suis encore comme ça, mettre un disque et pousser le son à fond pour l’écouter. Tant que je serai comme ça, ça ira.

Es-tu plutôt « c’était mieux avant » ou « le meilleur est à venir » ?*
C’est difficile. Il y en a encore des choses qui me surprennent mais… ce n’est pas que c’était mieux avant mais tout a été fait avant.

Quels sont tes espoirs pour 2023 ?
J’espère que le nouvel album de SORTILEGE, « Apocalypso », (ndr : sortie le 3 mars) sera bien accueilli et ça devrait être le cas car il est vraiment très bon. Que cet album leur permette de pérenniser tout ce qu’ils ont fait depuis 2-3 ans et de passer un cap en drainant un public plus large car les nouveaux morceaux s’y prêtent. C’est ce que j’espère pour eux car le groupe est vraiment fantastique.

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