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Cette série d’interviews met en lumière des personnes exerçant une activité en rapport avec le milieu musical. Cet épisode est consacré à l'illustre illustrateur Stan W Decker (PRIMAL FEAR, BLUE ÖYSTER CULT, ADX, le label FRONTIERS, le magazine Rock Hard...).

Nom : Decker
Prénom : Stan-W

Quelle est ta profession ?
Illustrateur, graphiste, artisan plus qu’artiste.

Depuis quand ?
Je pratique l’activité de graphiste indépendant depuis 11 ans et sinon j’ai fait une longue carrière dans la communication. J’ai été en agence de communication chez Publicis pendant 13 ans où j’étais Directeur artistique. Ça fait donc 24 ans d’activité en tant que graphiste.

Comment es-tu devenu illustrateur pour la scène Metal ?
A la base je suis musicien et j’ai commencé en réalisant les covers pour mes propres groupes et ensuite pour les groupes des copains. De fil en aiguille, j’en suis venu à travailler pour des groupes français d’envergure nationale voire internationale. En parallèle, j’étais sur DeviantArt qui est une communauté artistique internationale en ligne où les gens postent leurs artworks et je faisais partie d’un groupe qui faisaient des fans arts d’Eddie (IRON MAIDEN). J’ai été repéré par un magazine italien qui m’a demandé de faire la couverture pour un numéro spécial bootlegs IRON MAIDEN. Ne pouvant être rémunéré, je leur ai demandé de me mettre en contact avec le label FRONTIERS qui m’a par la suite demandé de travailler sur un album de Timo Tolkki (Avalon) et tout a démarré à ce moment-là.

Quelle formation as-tu suivi ?
J’ai toujours dessiné. Déjà à la maternelle, les copains me demandaient de leur faire des dessins, ça remonte donc à très, très loin. Quelques années plus tard, j’ai passé 3 ans aux Beaux-Arts à perdre un peu mon temps car je n’ai pas assez dessiné à mon goût, étant probablement trop jeune pour me conformer au moule imposé par ce genre d’école où l’on demande de tout conceptualiser. Ont suivi un diplôme en communication et une formation professionnelle en PAO avant de rejoindre la vie active révée. Tout s’est construit au fur et à mesure.

Qui sont tes modèles ?
Énormément d’artistes des années 70 ! Roger Dean, qui travaillait pour YES mais qui a aussi œuvré dans le domaine du jeu vidéo ; bien entendu, Derek Riggs pour ses travaux avec IRON MAIDEN et qui est l’artiste qui m’a fait venir à ce style musical car j’ai découvert cette musique par le biais des illustrations ; Mark Wilkinson aussi pour ses travaux avec MARILLION ou JUDAS PRIEST.

Quels sont les groupes pour lesquels tu as réalisé des visuels ?
Difficile de tous les citer car j’ai dû réaliser environ 350 artworks. Parmi les plus connus ou récents, il y a PRIMAL FEAR, BLUE ÖYSTER CULT, RAGE, DRAGON FORCE. Pas mal de groupes français aussi, ADX, VULCAIN, MANIGANCE, SORTILEGE... Je travaille beaucoup avec le label FRONTIERS.

Stan-Decker-réalisations

Où trouves-tu l’inspiration pour réaliser une illustration ?
C’est très variable. Je m’intéresse à énormément de choses donc l’inspiration peut venir de n’importe où. De l’histoire de l’art, des comics dont je suis fan ou bien de ma collection de vinyles, de cds et de livres d’art. Ça peut venir aussi de briefs assez précis provenant d’un label ou d’un artiste. Tout cela nourrit mes influences.

Lorsque tu dois réaliser la pochette d’un album, est-ce que tu demandes à écouter la musique ou du moins des extraits pour trouver l’inspiration ?
C’est très rare. Pour SORTILEGE, par exemple, j’ai eu uniquement une version démo du titre ‘Apocalypso’. Pour certains groupes, je n’ai même aucune info si ce n’est le style musical. Mais généralement je connais les groupes avec qui je vais travailler sauf lorsqu’il s’agit d’un nouveau groupe. Dans ce cas, j’ai besoin de son pour être sûr que je ne me trompe pas dans la direction artistique. L’aspect graphique d’une couverture d’album doit coller un minimum à la musique qui est jouée. Par contre, lorsque je réalise une illustration, je n’écoute pas forcément de la musique qui est liée à ce que je suis en train de dessiner. Récemment, j’ai travaillé sur un projet à vocation progressive et j’écoutais la discographie de NAPALM DEATH en même temps.

Quelle illustration t’a demandé le plus de difficultés ?
Les trois illustrations que j’ai faites pour le groupe allemand PYOGENESIS ! . Elles étaient ultra détaillées car c’était la volonté du groupe et forcément, cela demande plus de temps que ce soit dans la construction du dessin ou dans le rendu. Il faut que le résultat soit cohérent en termes d’ambiance mais aussi de scénario parce que, quand je crée un dessin, il y a un scénario derrière, une scène où il se passe quelque chose. C’est beaucoup plus facile quand on te demande de faire un chevalier en train de tuer un dragon qu’un zeppelin survolant la Ruhr au-dessus d’une foule dans laquelle tu dois voir les visages des musiciens. Il m’est arrivé d’avoir des sueurs froides en découvrant un brief de trois pages (rires).

Parmi toutes tes réalisations, laquelle a été la plus enrichissante au sens propre et figuré ?
Mon travail pour BLUE ÖYSTER CULT avec les cinq illustrations que j’ai réalisées en l’espace de 6 à 8 mois. D’un point de vue stylistique, ce sont cinq covers complètement différentes qui m’ont permis de travailler de nouvelles techniques. J’aimais déjà beaucoup leur musique mais je n’avais qu’une vision partielle de leur univers. Je me suis replongé dans leur discographie à ce moment-là ce qui m’a enrichi énormément et, depuis, je suis devenu un véritable fan. En plus, j’ai été en contact direct avec les musiciens. Cette expérience a donc été un enrichissement personnel et intellectuel.

L’illustration dont tu es le plus fier ?
Quand tu en as réalisé plus de 350 c’est difficile d’en retenir une en particulier. J’aime beaucoup le triptyque que j’ai conçu pour le groupe progressif français JPL (ndr : la trilogie d’albums ‘Sapiens’). Les 3 illustrations se suivent et racontent une histoire avec une plongée dans le temps. J’aime leur aspect graphique mais aussi le principe de plonger dans ces illustrations. Le 1er volume représente la préhistoire et plus tu t’approches du centre de l’image, plus tu avances dans le temps. Le principe est répété pour les trois pochettes.

Stan-Decker-JPL

Comment vois-tu l’avenir de ton métier avec l’apparition de l’IA qui permet de réaliser des illustrations ?
C’est une question que je me pose presque au quotidien. C’est certain que cela va impacter mon métier mais est-ce que ce sera positif ou négatif ? Je n’utilise pas l’IA mais si je devais l’utiliser un jour ce serait uniquement pour dégrossir une idée, pour faire l’équivalent d’un croquis que je fais normalement au crayon et gagner ainsi un peu de temps.

Le côté négatif, ce sont les personnes qui vont s’improviser illustrateurs alors qu’elles n’ont jamais touché un crayon de leur vie ou construit l’architecture d’une image. Ces personnes vont se faire passer pour des artistes en vendant des artworks qu’ils auront générés en 5 secondes mais ce sont des imposteurs. Je ne pense pas que ces gens survivent longtemps car ils seront perdus et incapables de répondre aux attentes lorsqu’on leur demandera des modifications ou de répondre à des questions techniques exigeantes. A terme, ces images deviendront probablement has been, comme tout phénomène de mode, et les albums qui auront des pochettes avec ce type de visuel deviendront aussi has been. Au bout du compte, l’utilisation de l’IA desservira aussi certainement les groupes.
A l’heure actuelle, les IA grand-public ne sont que des génies idiots ; « sachant » tout mais incapables d’appliquer leurs connaissances à l’intelligence et émotions humaines. Il faudra encore du temps et beaucoup de progrès avant que l’IA ne réponde de manière réellement contextualisée… Mais le sujet est tellement vaste que, si ça se trouve, je n’aurai pas le même ressenti dans quelques temps.

Pour continuer, je te propose de répondre à un questionnaire de Proust revisité afin d’apprendre à te connaître.
Quand et comment es-tu tombé dans la marmite du Rock/Hard Rock ?
1984 ou 1985. Mon voisin a un t-shirt de Killers (IRON MAIDEN). Je suis fasciné par la gueule d’Eddie et je me dis que c’est le plus beau t-shirt que j’ai jamais vu (rires). Ça c’est pour l’impact visuel. L’impact musical commence à la fin des années 70. Mon père est musicien et il joue ‘Black Night’ de DEEP PURPLE, ou ‘Smoke On The Water’ je ne sais plus trop, et je suis tout simplement exalté en écoutant cette musique qui me procure beaucoup de sensations.

Ensuite, fin des années 80, un de mes cousins me fait écouter ‘The Clairvoyant’ d’IRON MAIDEN et là, je sens qu’il y a quelque chose qui se passe. Je retrouve un peu des sensations que j’ai éprouvées quand mon père jouait du DEEP PURPLE. Au même moment, j’ai découvert toute la scène heavy en commençant à jouer de la musique avec des copains du lycée. Ma conversion a donc été la conjugaison de plusieurs évènements.

Quel a été ton 1er concert ?
Le tout premier concert était Hugues Aufray (rires). Mon premier concert rock, ce devait être à l’époque du lycée, quand SQUEALER et FOOLS sont passés dans ma ville.

Les groupes que tu préfères ?
Plein ! FAITH NO MORE, DEPRESSIVE AGE, PARADISE LOST, VOIVOD, DEATH, DREAM THEATER et MEGADETH entre autres.

Les albums que tu préfères ?
‘Images and Words’ (DREAM THEATER) et ‘Angel Dust’ (FAITH NO MORE). Il y en a beaucoup d’autres mais je vais rester sur ces deux-là.

Ta pochette d’album préférée ?
Houlala, tu as de ces questions ! Je dirais ‘Somewhere In Time’ (IRON MAIDEN) pour le nombre de détails hallucinants. Et aussi les singles qui étaient des déclinaisons de cette pochette, l’intérieur du bar avec ‘Stranger In A Strange Land’, la machine à remonter le temps pour ‘Wasted Years’. C’est incroyable d’avoir réalisé quelque chose d’aussi monumental et majestueux en si peu de temps. J’ai eu l’occasion d’échanger rapidement avec Derek Riggs et il me disait qu’il n’avait eu que quelques jours pour réaliser ‘Somewhere In Time’. C’est encore plus impressionnant quand tu sais ça !

Stan-Decker-acteur de l'ombre 2

Dans la rubrique Meet and Greet, cites une rencontre qui t’a marqué et pourquoi ?
J’ai eu la chance de rencontrer MOTÖRHEAD en 2010. Je jouais avec un de mes groupes glam/punk dans un festival où MOTÖRHEAD jouait aussi. On a pu rencontrer les musiciens lors du catering mais Lemmy n’était pas là. En revanche, le soir, j’ai eu la chance d’être de l’autre côté des crash barrières et de passer tout le set devant Lemmy. Il y avait plein de photographes mais un seul clampin (moi) looké à mort avec chapeau et lunettes noires en pleine nuit en train de headbanguer comme un dingue. Forcément, Lemmy m’a repéré et il m’a pointé du doigt plusieurs fois et hoché la tête en ma directoin. Ça n’a pas été plus loin mais c’est un moment qui m’a énormément marqué.

Je suis d’une nature plutôt timide et pas du genre à aller déranger des musiciens. Je vais te raconter une anecdote plutôt marrante. Un jour, à Rocamadour, j’étais au restaurant avec ma femme quand je vois un espèce de clochard et sa femme passer à côté de nous et s’installer à la table derrière. Soudain, ma femme me dit «je crois qu’il y a Robert Plant derrière toi. » Au début je ne la crois pas mais j’ai un doute car elle s’y connaît en musique. Je n’osais pas me retourner alors ma femme prend une photo et c’est bien Robert Plant qui est juste derrière moi ! Je me retourne finalement et il me capte instantanément, il faut dire qu’à l’époque je ne passais pas inaperçu et j’avais les cheveux très longs. Au moment de quitter le restaurant, on passe à côté de leur table, il me regarde, et j’hésite à lui parler mais finalement je n’ai pas osé. On leur a juste souhaiter ‘good evening Sir’ et il nous a fait un signe de tête avec un sourire en coin. Je pense qu’il a dû apprécier de ne pas être dérangé.
Ce ne sont pas de vraies rencontres, juste des échanges de regards, mais ce sont deux moments qui m’ont beaucoup marqué.

Une rencontre que tu aimerais faire et pourquoi ?
J’aurais aimé discuter longuement avec Derek Riggs pour savoir comment il a vécu les années MAIDEN depuis les touts débuts.

Au rayon souvenirs, cite un grand moment de satisfaction ?
Il y en a beaucoup, environ 350 (rires). Le moment où l’artwork est validé est toujours une grande satisfaction ou lorsqu’on m’envoie des messages de remerciements ou pour me dire que j’ai fait du bon boulot. 

Cite un grand moment de solitude ?
Les rares fois où j’ai eu affaire avec des gens de très mauvaise foi ! Ça m’est arrivé à mes débuts de ne pas être payé après avoir fourni un travail de qualité, qui correspondait au brief, et on me dit que ce n’est pas du tout ce qu’on a demandé alors qu’il y a eu des étapes intermédiaires pour valider le boulot. Un grand moment de solitude et de perte de moral.

Rubrique ménagerie. Le milieu Metal aime bien les dragons, les phénix et les bestioles couvertes d’écailles mais comme animal de compagnie, es-tu plutôt chat ou chien ?
Chat !, j’en ai trois adorables spécimens. Ce n’est pas que je n’aime pas les chiens mais les chiens ne m’aiment pas. J’ai des cicatrices pour le prouver, c’est véridique ! (rires)

Stan-Decker-acteur de l'ombre 3

Le Metal c’est vital mais as-tu d’autres passions ?
Je suis un gamer depuis mon plus jeune âge et je suis attiré par le retrogaming, les collections de consoles et les bornes d’arcade. Je fais aussi, et j’ai toujours fait, beaucoup de musique.

Tu es plutôt du genre à avoir des remords ou des regrets ?
J’ai des regrets parce que je suis quelqu’un de nostalgique.

Ce que tu détestes par-dessus tout ?
Le mensonge et l’hypocrisie.

Le mot ou la phrase que tu utilises souvent ?
« Tais-toi et rame » que j’applique aux autres et à moi-même (rires). Pour les autres, c’est dans le genre « rame et barre toi loin de moi » quand j’ai affaire à des personnes négatives… Et pour moi, c’est « fais le galérien » c’est-à-dire « serre les dents et avance, même quand ça ne va pas ». Deux manières différentes d’interpréter la même phrase.

Es-tu plutôt « c’était mieux avant » ou « le meilleur est à venir » ?
Comme je te l’ai dit, je suis une personne nostalgique donc « c’était mieux avant » et ça va de pair avec ma passion du retrogaming ou les illustrateurs qui m’ont influencés.

Quels sont tes espoirs ou tes attentes pour 2023 ?
Que cette année ne soit pas aussi catastrophique que ce qu’elle laisse paraître pour l’instant sur le plan national et international. Il y a des gros soucis générationnels et civilisationnels et je trouve ça relativement effrayant pour l’avenir. Je vois toujours le verre à moitié plein mais là c’est difficile. Espérons que la situation s’arrange. 

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