Dedicated to chaos se décline en une version 12 titres, ainsi qu'en une version comprenant 4 titres bonus pour quelques modiques sesterces supplémentaires à laquelle bien sûr va notre préférence lors de l'achat, ce qui s'avère être une fatale erreur, mais nous y reviendrons.
Dire que Queensryche se cherche depuis le départ de son guitariste/compositeur Chris DeGarmo en 1997 est un euphémisme. Les fans les plus endurcis attendent chaque nouvel album avec la fébrilité et l'incertitude d'un apprenti alchimiste devant un tas de plomb au sortir du creuset.
Cette nouvelle mouture ne va pas être de nature à les rassurer. Après deux premiers morceaux enlevés, d'honnête facture mais loin d'être du niveau de ce que le groupe nous a proposé par le passé, on pénètre sans avertissement au beau milieu de ce qui pourrait être la séquelle de l'insipide album solo que Geoff Tate avait sorti en 2002 ! Un vide sidérant duquel s'échappent quelques notes de guitares, quelques autres de saxophone pour débutant ou de piano, noyées dans des nappes éthérées de clavier sur des rythmes curieux, entrecoupés de silence mortels....
Et la suite de l'album, si elle se veut parfois plus « rock », n'est qu'alternance de morceaux lents traversés par la voix de Tate, et d'autres sans substance ou bâtis sur des ébauches de riffs poussifs et gras, dans un son caractéristique de Seattle, sans rythme ni entrain. La guitare solo est quasiment absente de cet album, ou réduite à la portion congrue de 10 notes sur un créneau de 7 secondes de çi de là... Ca ne ressemble à rien, et surtout pas à Queensryche.
Cet album qui manque cruellement de rythme et de vie, ferait passer Hear in the now frontier (1997) pour un grand moment de musique progressive, et Q2K (2000) pour un sommet d'inventivité.
Seuls deux morceaux ont été écrits sans participation extérieure au groupe, l'un par Tate et Jackson, l'autre par Tate et Rockenfield. Le reste est l'oeuvre de Tate accoquiné à Jason Slater (principal compositeur du groupe depuis Mindcrime II), Kelly Gray (Guitariste sur Q2K et producteur), ou Randy Gane (le clavier).
Il est curieux de noter que Michael Wilton, l'unique guitariste du groupe, n'ait pas été de la fête, alors qu'on lui doit quantité de compositions qui ont contribué à la gloire de Queensryche (Empire, speak, needle lies, Walking in the shadow,.... pour n'en citer que quelques uns). Plus bizarre encore est qu'à la sortie de ce nouvel album, il ait déclaré à la presse qu'il n'avait rien écrit pour cet opus, et qu'il avait envoyé ses parties de guitares au groupe par fichiers. Au vu de la quasi absence de soli, on se dit qu'effectivement il aurait été bien bête de se déplacer. Il se fendra malgré tout quelques jours plus tard d'un communiqué de presse pour dire qu'il est quand même fier de cet album (!).
Cette quasi absence de guitare est assez incompréhensible alors qu'en outre deux guitaristes apparaissent en guests sur l'album. Sont ils venus palier l'absence de Wilton peu enclin à jouer des riffs si peu inspirés ?
Cette impression de gâchis est d'autant plus grande que les musiciens sont toujours aussi talentueux. Rockenfield et Jackson sont impressionnants à la batterie et la basse, Tate chante à la perfection (malgré quantité d'effets),... et l'on retrouve sur deux ou trois morceaux des sons de guitares rappelant les grandes heures du groupe. Mais il est manifeste que Queensryche est devenu la chose de Geoff Tate. L'album est produit par son ami d'enfance Kelly Gray, qui compose quelques titres, le management est assuré par sa femme, l'un des guitaristes guests est son gendre, ses filles viennent y pousser la chansonnette....
Le talent ne supplée cependant pas ce qui affecte QR depuis une dizaine d'années : le manque d'inspiration.
Et ce ne sont pas le beatlesien Around the world , au final l'un des meilleurs morceaux de l'album (mais combien de fois peut-on chanter all you need is love ?) et le rap eminemien Wot we do qui vont laisser entrevoir un renouveau. L'inspiration de Tate est insignifiante, proche du néant, et il est urgent que le groupe fasse appel à un producteur extérieur et trouve la perle rare qui comblera le vide laissé par DeGarmo et leur donnera le grand coup de pied qu'il mérite dans le séant !
Lorsqu'on retire de l'album les quatre bonus tracks que sont Broken, Hard times , I believe et Lovin U (tous co-écrits par Randy Gane), et que les titres sont replacés dans l'ordre de la version courte de l'album, à savoir :
1. "Get Started"
2. "Hot Spot Junkie"
3. "Got It Bad"
4. "Higher"
5. "Wot We Do"
6. "Around the World"
7. "Drive"
8. "At the Edge"
9. "I Take You"
10. "Retail Therapy"
11. "The Lie"
12. "Big Noize"
On obtient alors un album complètement différent, au rythme moins dilué, résolument plus rock. Un pas vers un début de solution, qui illustre bien le fait que la mainmise de Tate sur le groupe est l'un des « problèmes » que rencontre Queensryche aujourd'hui. Mais auront ils la force, la volonté et les moyens de le solutionner ?
Au vu de la tournure des événements depuis plusieurs années, on n'est pas près de voir sortir l'or du creuset.
Label : | Loud & Proud Records |
Sortie : | 28/06/2011 |
Production : | n/a |
Discographie : |
Queensrÿche EP (1983) |
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