David Bowie est mort le 10 janvier 2016 soit 48 heures après la sortie de son dernier album studio, "Blackstar".
Quand un artiste de cette trempe disparaît, c'est tout naturellement que chacun se plaît à se rappeler des anecdotes à son sujet, ou tout simplement tente de se souvenir des faits les plus marquants s'y rapportant. Pour ma part je me souviens que mes premiers contacts musicaux avec Bowie remontent à la fin des années 80.
Ce fut d'abord le concert dit 'Band Aid' monté à l'époque par Bolb Geldof, au stade de Wembley à Londres, en juillet 85, puis le non moins fameux hommage à Freddy Mercury, dans ce même stade, en 1992, et je revois encore dans ma tête le dandy anglais arborant un costard vert classieux et chantant en duo avec Annie ('What a dress !') Lennox [Eurythmics], un "Under pressure" historique. Après çà, je me souviens m'être plongé dans la discographie pléthorique du musicien anglais...
Je fais bien sûr abstraction ici des singles que j'avais pu entendre jusque là sur des radios généralistes (comme le splendide "Ashes to ashes" [1980], sa participation au "Under pressure" [1981] de Queen, le contesté et tubesque "Let's dance" [1983], le suave "China girl" [1983], ou son duo avec Mick Jagger sur "Dancing in the street" [1985] et j'en passe..) en ne me référant qu'aux albums complets.
Mais comment l'aborder? -je choisis (comme souvent) le versant live et fis l'acquisition première du fameux "Santa Monica '72" enregistré sur la tournée Ziggy ("The rise and fall of Ziggy Stardust and the Spiders from Mars" paru en 1972) mais disponible dans les bacs qu'en 1994 (ré-édité ensuite en 2008). Live magistral sur lequel la gratte de Mick Ronson fait des merveilles...J'enchaînai sur un concert le 17 juin 1997, à Bordeaux (La Médoquine) sur la tournée
"Earthling"
[1997], billets obtenus de haute volée après plusieurs heures de queue dans les rues jouxtant le Virgin Mégastore de la cité girondine!
Dans la foulée je me plongeai dans
"Hunky Dory"
[1971], qui deviendrait au fil du temps mon album préféré du Maître, puis ma soif musicale me transporta d
"Aladdin Sane"
[1973], à
"Heroes"
[1977], ou encore
"Scary Monsters (and super creep)"
[1980] pour les albums qui me marquèrent le plus, sans oublier le splendide album de reprises paru en 1973 sous le titre "Pin ups".
Même si "Hours" [1999] m'avait légèrement déçu (il s'agit pourtant d'un très bon album de 'classic pop') le triple "Live at the Beeb" [2000], ainsi que le bootleg enregistré lors du concert donné pour ses 50 ans au Madison Square Garden de New York le 9 janvier 1997 (enregistrement qui vaut son pesant de cacahuètes salées par la présence de guests comme Frank Black, Sonic Youth ou [of course] Lou Reed parmi beaucoup d'autres) me réconfortèrent quant au potentiel toujours énorme du bonhomme en tous cas 'on stage'.
"Heathen"
sorti en 2002 fut un album en demi-teinte. J'en retiens surtout la reprise des Pixies ("Cactus") et le sensuel "Afraid", mais j'avoue que cette galette après la précédente tendait à me faire un peu perdre la foi. Et pourtant! Que dire de " Reality"? Superbe et magnifique sorti en 2003 soit peu de temps après "Heathen", comme si l'artiste voulait se faire pardonner, cette galette sera certainement celle que l'on retiendra parmi les derniers albums de Bowie. Dès lors, de nouveau hypnotisé par toutes ces effluves musicales addictives, je décidai de retourner le voir en live. Ce fut sur Paris, à Bercy (P.O.P.B.), le 20 octobre 2003 avec les Dandy Warhols en première partie. Bien m'en a pris puisque quelques semaines plus tard à Hambourg, la star faillit succomber à un premier malaise cardiaque en plein concert. Ses apparitions scéniques allaient alors nettement se raréfier.
C'est donc avec une surprise légitime qu'en 2013 nous accueillâmes sur ce site la livraison de "The next day" après 10 ans de silence et des rumeurs allant bon train sur l'état de santé précaire de la star. L'album n'était pas un chef d'oeuvre mais se voulait suffisamment travaillé pour contenter (rassurer?) les fans.
Revenons donc à "Blackstar", ce testamentaire album du britannique aux yeux vairons sortit le jour de son anniversaire...
-7 titres; 41 minutes-
Le titre éponyme "Blackstar" qui ouvre magistralement le LP est un morceau complexe de près de 10 minutes; la voix de Bowie évoque une complainte langoureuse dans sa première partie. L'orchestration associée mêle boucles de synthé et cuivres, ainsi que l'apparition d'un saxo (qui sera l'instrument clé du disque, comme une sorte de fil rouge tout au long des morceaux) saxo qui, à mi parcours va faire la transition avec une seconde partie débutant comme une sorte de délivrance après cette introduction plutôt sombre, la musique plus enlevée, 'éclairée', contrastant avec les paroles et les 'I'm a blackstar' qui résonnent en écho...Vous l'aurez compris, un premier titre kaléidoscopique, comme une sorte d'ultime biographie musicale pour le Maître.
"Tis a pity she was a whore": changement total d'ambiance avec une batterie à la manoeuvre, qui va assurer un beat permanant sur la totalité de ce deuxième titre. Se grefferont des trompettes et autres clarinettes, limite désaccordées, assurant une sorte de morceau jazzy, enlevé, Bowie plaçant ici des vocaux nous renvoyant vers des albums psychédéliques du milieu des années 80 ...
"Lazarus" vient ensuite et nous replonge dans une ambiance feutrée, langoureuse, évoquant un crépuscule automnal...Et que dire du clip montrant l'artiste dans un lit d'hôpital, comme s'il avait voulu mettre en scène ses derniers instants. Rappelons que Lazare pauvre et malade put après sa mort obtenir la resurrection par Jésus... Cela signifierait-il que Bowie envisageait de pouvoir revenir nous titiller les oreilles? -La question reste entière et pourra générer diverses hypothèses en guise de réponse.
"Sue (or in a season of crime)" est d'abord sorti en 2014 sous forme de single (avec d'ailleurs "Tis a pity she was a whore" en face B). A noter que cette version album est plus courte que la précédente et a été remaniée. L'ambiance du morceau est complexe, et nécessite de multiples écoutes afin de pouvoir l'apprécier à sa juste valeur. Curieux pour un single qui d'ordinaire se veut plutôt d'accés facile (passages radio...). Il n'y a pas de réel refrain...et le thème est plutôt glauque puisqu'il évoque la mort, la maladie et la séparation.
"Girl loves me" débute par une sorte de chant en écho, vite relayé par une rythmique pulsatile. Si on se penche sur les paroles, leur côté hermétique est un peu repoussant au départ. Néanmoins, les allusions à la maladie sont omniprésentes, et au final il semble assez évident que le côté répétitif, les même paroles répétées linéairement doivent faire penser à une douleur profonde, probablement celles que l'artiste a dû endurer pendant longtemps...
"Dollar days" est une fantastique mélodie mélancolique (ah ce saxo magnifique!) sur laquelle la voix de Bowie paraît si fragile, si frêle...Un pur instant d'intense magie musicale.
"I cant give everything away" reste dans cette même veine avec une langoureuse mélodie sur lequel de nouveau le saxo apporte une note de naturelle liberté dont malheureusement au final on comprend qu'elle n'est que fantasmagorique, le refrain répété inlassablement rappelant sa dure condition au chanteur: celle d'un homme condamné à rester sur Terre...et à mourir.
Au final ce "Blackstar" referme brillament presque 50 années de carrière pour un artiste hors du commun.
La parabole de l'étoile est facile: elle a su briller au firmament pendant de nombreuses années mais à la fin, comme toute étoile, elle s'est éteinte progressivement. Ainsi va la vie.
Long live Rock n'Roll!
Label: Columbia
Date de sortie: 8 janvier 2016
Discographie : |
1967 : David Bowie |
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