Depuis cinq ans, l'association Phenix Rising propose des affiches de qualité et assez pointues, mélangeant des groupes étrangers connus avec de plus petits groupes, français ou non, qui méritent le détour. Par exemple l'année dernière, Existance et Architekt avaient été de belles découvertes. Ce type d'affiche axée sur le heavy metal de tradition est assez courant de l'autre côté du Rhin mais rare en France, et mérite donc un soutien inconditionnel. Mon avis n'est peut-être pas des plus objectifs car je connais très bien la plupart des membres de l'association mais tous ceux qui sont venus ces dernières années étaient d'accord pour dire que c'est très bien organisé et que l'ambiance est excellente. C'est comme une grande fête de famille avec plein d'amis, potes et connaissances, tous réunis sous le signe du metal pour une fiesta de deux jours . Ca fait plaisir de retrouver des gens que j'adore venus de Paris, d'Orléans, d'Alsace, de Lorraine, de Perpignan, de Lyon et, en fait, d'un peu partout en France... sauf de Bourgogne ! Car malheureusement, j'ai vraiment eu l'impression qu'il y avait plus de Dijonnais présents dans l'organisation que dans le public.
Certains avaient apparemment trouvé les prix trop chers. 45€ sur deux jours pour douze groupes de heavy, c'est vrai que c'est le même prix qu'un concert d'un seul groupe de variétoche dans un Zénith... Accessoirement, c'est 150€ de moins que le Hellfest qui fera à tous les coups la sortie annuelle de certains sans même qu'ils se posent la question du prix ou de l'affiche. Je précise que ceci n'est pas une pique contre le Hellfest en lui-même, mais contre la tendance de nombreux "metalleux" à sacraliser ce festival alors que le reste de l'année ils ne se bougent pas pour des concerts qui ont lieu à côté de chez eux. Cette tendance m'insupporte au plus haut point. Apparemment, ils faut tout leur servir sur un plateau et gratuitement. Pourquoi pas leur offrir le taxi et la buvette, pendant qu'on y est ?
Même pour un groupe bourguignon qui a joué à ce Rising comme Depths Of Madness, il n'y avait même pas leurs potes pour venir les soutenir le samedi : à peine une dizaine de personnes étaient au premier rang exprès pour eux.
Ou alors ce sont des asociaux qui n'ont pas d'amis ? Ils n'en ont pas donné l'impression en tout cas... Venant de Toulouse où c'est l'excès inverse, à savoir qu'il est préférable pour une association qui organise un concert d'un groupe connu d'incruster un groupe local sur l'affiche histoire d'avoir une vingtaine de personnes supplémentaires, ce manque de soutien et/ou d'intérêt me choque un peu. Donc malgré une bonne promo et une affiche attractive avec plus de groupes connus, il y a moins de monde que l'an dernier, surtout parce que les gens du coin sont archi-minoritaires alors même qu'il y a plus de personnes qui se sont déplacées de loin. Entre cette désaffection des metalleux locaux plus des tuiles diverses et variées (baisses de subventions, partenaires qui se désistent au dernier moment, la presse locale qui ignore complètement l'événement, la mairie et la salle qui font des histoires...), l'association Phenix Rising a eu bien du mérite cette année. La foi metallique, des fois, il faut l'avoir... Mais ils l'ont ! Et le festival s'est donc parfaitement bien passé. Outre la belle ambiance familiale et festive, les concerts et l'organisation ont été impeccables.
Pour la deuxième année de suite, le Rising Fest a lieu sur deux jours. La journée du vendredi est une sorte de warm up dans la petite salle de la Vapeur, la salle qui accueille l'événement. La capacité est d'environ 200 personnes et la scène est un peu basse mais autrement la configuration est plutôt sympa. C'est dans une ambiance chaude et intimiste, qui n'a pas fait le plein contrairement à l'an passé, que vont se succéder cinq groupes peu connus (sauf la tête d'affiche ADX) mais à découvrir. D'ailleurs pour moi, à part Stormhunter et ADX, ça va être de la découverte totale. Les portes s'ouvrent à 17h30 et le premier groupe commence vingt minutes après.
| Ce sont les Grenoblois de RISING STEEL qui ouvrent le bal. Un groupe dont le nom colle on ne peut mieux au festival, donc ! Ce jeune groupe français s'est fait une petite réputation dans sa région. Je n'en connais aucun titre mais j'en avais entendu parler par des gens de leur région qui m'en avaient dit du bien. Déjà, leur nom très true me plait bien ! Et musicalement, c'est très bien. Leur patronyme est éloquent et il n'y a pas tromperie sur la marchandise, c'est du pur heavy metal de tradition. Avec des titres de chansons comme "Grave digger" et "Warlord", la couleur est également annoncée. Par contre, ces deux chansons ne sonnent pas du tout comme des hommages aux deux groupes éponymes. Les influences de Rising Steel sont plutôt anglaises, en premier lieu Judas Priest et Iron Maiden. Le chanteur a la voix assez grave. Il est doué et sait tenir une scène. Il faut dire qu'il est actif depuis longtemps puisqu'il officie aussi dans deux autres groupes grenoblois aux styles complètement différents : Whisky Of Blood et Ellipsis. Je connaissais d'ailleurs ces derniers, dont j'avais eu un album il y a quelques années que j'avais trouvé très bien fait. En tout cas, il est éclectique ! Le reste du groupe affiche également une bonne maîtrise. C'est carré et accrocheur. La musique de Rising Steel n'est certes pas originale, mais le groupe n'a jamais eu cette prétention non plus. C'est juste du bon heavy metal de tradition, qui a le mérite d'être très bien fait et efficace. Les Grenoblois sont une bonne entrée en matière. Ce sont les Lorrains de DEAFENING SILENCE qui prennent la suite. C'est un groupe que je connaissais de nom. Ils existent quand même depuis 1997 et ont sorti trois albums. Mais je ne pourrai malheureusement pas en dire grand chose car j'étais trop occupé à discuter dehors. C'est le problème des petits festivals quand on connaît trop de monde ! Surtout dans la configuration indoor, car cela aurait été en open air, j'aurais pu au moins voir ça de loin. Je n'en ai vu en fait qu'une chanson, ça avait l'air d'être du bon heavy speed à l'allemande (après tout la Moselle c'est presque l'Allemagne) comme j'aime. J'espère avoir une occasion de me rattraper une prochaine fois en regardant une prestation entière du groupe... C'est un autre groupe français que je connais pas plus qui enchaîne, avec BARRAKUDA. Ils sont de la région parisienne et pratiquent un hard rock bluesy très énergique chanté en français. Ils comptent à leur actif à ce jour un EP 4 titres plus disponible en format CD mais téléchargeable sur leur site (http://www.barrakuda.fr) et ont déjà fait près d'une quarantaine de concerts (quasiment tous dans les environs de Paris, d'ailleurs), le tout en à peine deux ans d'existence. Le groupe compte deux Blacks dans ses rangs, à la batterie et à la basse, qui ne ressemblent pas trop à Mister T, pour le cas où le nom du groupe serait un clin d'oeil à l'Agence Tous Risques ! On sent en tout cas que la scène est leur rayon. Ils jouent bien, sont charismatiques, ils se donnent à fond et dégagent une énergie collective qui me fait oublier le fait que je sois réfractaire au chant en français à la base. Mention particulière au chanteur qui est bien déchaîné, en plus d'être doué vocalement. Leur musique est simple et sans fioriture, influencée essentiellement par AC/DC, Trust et Rose Tatoo. Elle est surtout faite pour la scène, jouée avec énergie comme c'est le cas ici. Barrakuda est en tout cas un groupe à suivre et j'espère qu'à l'instar des Sticky Boys, ils pourront bientôt s'établir une bonne petite renommée et jouer partout en France. On passe ensuite au seul groupe étranger de la journée avec STORMHUNTER qui vient bien évidemment d'Allemagne. Pourquoi est-ce une évidence ? Parce qu'on pas si éloigné que ça de la frontière allemande qui est à à peine trois heures de route, et que le festival n'a pas forcément les moyens de faire venir des groupes du bout du monde. Et puis on est à un vrai festival de heavy metal, ici ! En plus, ils sont orignaire d'une ville du sud de l'Allemagne bien connue des amateurs du genre : Balingen ! Niveau style, c'est du pure heavy metal forgé dans l'acier selon la tradition allemande. Leur origine géographique s'entend dès les premières notes. Mais c'est bien ! Leurs influences sont à chercher du côté des débuts de Helloween et de Running Wild. C'est donc du heavy / speed pas très fin mais brut de décoffrage et épique. J'ai écouté leur dernier album peu avant le festival, "An eye for an I", et c'est de la bonne came ! Les Allemands arrivent sur une reprise de "Prisoners of our time" de Running Wild qui va bien poser les choses. Excellente reprise, bien exécutée et jouée avec conviction. De ce côté-là, ça change de l'original (qui ne la joue de toute façon même plus...). Après, ça déroule bien du câble. Ca riffe avec enthousiasme. Par contre, ils ont des problèmes de son et le chant n'est pas au top, ce qui fait que c'est assez brouillon. Ces approximations sont cependant compensées par l'énergie que le groupe déploie. Vers la fin du set, Stefan, le guitariste qui est à moitié français, prend le micro et s'adresse donc au public dans la langue de Molière. Et là, le groupe se met à reprendre "Comme un ouragan" de Stéphanie de Monaco !!! Et ils enchaînent sur "Antisocial" de vous savez qui, avant que le guitariste ne rende le micro au titulaire du poste pour les deux derniers morceaux. L'interlude franchouillard était bien fun mais ça aurait été mieux de faire ça en rappel, parce que du coup l'attention pour les deux derniers titres était bien retombée. En tout cas, c'est ce qui aura le plus marqué le public, même si le reste était bien aussi. Prestation tout à fait honorable des Allemands en tout cas, malgré les problèmes techniques ! On passe maintenant à la tête d'affiche du soir avec les vétérans français d'ADX. Je n'en ai jamais été fan et je ne l'ai jamais caché, mais j'avais quand même beaucoup aimé leur prestation à Toulouse fin mai. Contre toute attente (et surtout contre mes préjugés), j'avais trouvé un groupe en grande forme, heureux de jouer et dont le plaisir d'être sur scène était communicatif. Je n'aime toujours que moyennement sur album, mais je suis content de les revoir. Et ça va être comme il y a quatre mois : ça va être bon ! Le groupe est toujours aussi en forme et ça envoie donc bien, même si le son n'est pas forcément au top. Par contre le chanteur est en voix et toujours très communicatif. La playlist est toujours basée sur "Exécution", dont c'est le trentième anniversaire cette année. Et qu'on aime le metal francophone ou non, il faut reconnaître qu'en live les "Déesse du crime", "Caligula" ou "Le fléau de Dieu" sont des hymnes imparables. La salle n'est remplie qu'aux trois quarts pour la tête d'affiche (alors que l'année dernière elle était pleine à craquer pour Vulcain) mais le public est réactif et dévoué donc l'ambiance est excellente. Bien plus chaude en tout cas qu'à Toulouse, où le public était alors assez passif... Cerise sur le gâteau, on a droit en rappel à un duo du plus bel effet sur "Division blindée" entre le chanteur d'ADX et Alexis de Hürlement et de Blasphème, et ça le fait bien ! Et pour finir en beauté, nous avons droit à une reprise de "Kill the King" de Rainbow (présente originalement sur « Weird Visions », l'album anglophone des Picards). Au final, ADX a bien tenu son rôle de tête d'affiche et conclut de jolie manière cette première journée du Rising Fest. |
Playlist d'ADX :
Tourmente et Passion
Notre Dame de Paris
Commando Suicide
Déesse du Crime
Prisonnier de la Nuit
L’étranger
Vampire
Exécution
Le fléau de Dieu
Prière de Satan
Caligula
Red Cap
Suprématie
Division Blindée
Kill the King
Voilà donc pour cette première journée. Pas d'énormes baffes mais quelques bonnes découvertes made in France, un Stormhunter sympa et une tête d'affiche qui a bien assuré, et surtout une super ambiance dans la famille !
Pierre
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