C'est au groupe Bordelais, Général Store, que revient l'honneur d'assurer la première partie de cette affiche bien alléchante qui débute à 20h30, tapante. Le combo, composé de Will Lester au chant et à la guitare, Bob Franks au clavier et au chant, Phil Sun à la basse et Pascal Boy à la batterie, a livré, comme à son habitude, un set de qualité. Cette fois ci, pour la circonstance, plus bluesy que d'ordinaire avec un grand moment de couleur pourpre sur le morceau "My Father Said" chanté par la voix rauque, façon Ray Charles, de Bob, tout aussi à l'aise au clavier de son orgue Hammond. Will Lester nous gratifiera de chorus bien chauds et rendra hommage à Johnny Winter, qui lui a donné envie de jouer de la guitare, et d'acquérir la même Firebird Gibson que son maitre. Will l'enfilera avant d'entamer Deadly Star, un morceau très Southern où la rythmique, bien propre de Phil et Pascal, apparait très en osmose, comme d'ailleurs, sur tous les morceaux. Succès d'estime, donc, pour Général Store, qu'une bonne partie du public, découvrait pour la première fois. 21h30; extinction des feux, un cow boy Texan vient annoncer Johnny Winter. D'ores et déjà, les musiciens qui l'accompagnent, donnent le ton en démarrant par un titre du genre T. Bone Shuffle, pour se chauffer un peu. Vito Liuzzi est à la batterie, Scott Spray à la basse et Paul Nelson à la guitare. Quelques mesures avant la fin du morceau, la légende vivante fait son entrée en scène. Le stetson enfoncé sur sa chevelure blanche, le dos vouté, avançant à petits pas, portant en bandoulière une guitare Lazer de chez Erlewine ( Made In Texas), l'albinos s'installe sur une chaise et termine le morceau sous les acclamations de la salle. Avec sa voix rapée au papier de verre, Johnny salut le public, et, amorce l'intro de Johnny Be Good, le fameux standard de Chuck Berry. Applaudissements. Puis, c'est Good Morning Little School Girl, un classique de Sonny Boy Williamson, reconnaissable entre tous, avec sa fameuse intro à la batterie. Le groupe poursuit avec Got My Mojo Working, de Muddy Waters, bien en rythme, qui donne au public l'occasion de taper du pied. Un peu plus lent, on a droit, ensuite, à Blackjack, un titre de Ray Charles. Ensuite arrive Jumpin'Jack Flash, grand classique des Rolling Stones, où Johnny nous gratifie d'au moins quatre chorus. Belle ovation de la part des fans, mitigée par une autre partie de l'audience, en raison de ces longueurs. Les morceaux s'enchainent, toujours avec des reprises, pour s'achever avec It's All Over Now, un titre de Bobby Womack , où l'ami Johnny fera l'effort de se lever pour terminer en beauté. En rappel, superbe moment, avec l'excellent Dust My Broom d'Elmore James, où Johnny démontre tout son savoir faire en jouant en slide, qui est, à vrai dire, un peu sa marque de fabrique. Comme Jumpin' Jack Flash, le morceau a du mal à se terminer. Certaines personnes quittent la salle avant la fin, car les mêmes glissandos reviennent comme une rengaine après chaque couplet. Bref, si certains ont retrouvé leur jeunesse en applaudissant l'idole de leur adolescence, d'autres ont pris un coup de vieux, et, sont restés un peu sur leur faim par rapport au répertoire. En promotion pour la sortie de son album de reprises qui s'intitule Roots, Johnny Winter a laissé de coté une grande partie des morceaux (surtout ceux composés par Rick Derringer) qui ont contribué à sa réputation, pour ne jouer que des covers de Rock et de Blues. Johnny Winter n'est plus le guitariste inspiré qu'il était, au feeling si flamboyant, quand il faisait virevolter ses doigts sur le manche de sa Gibson Firebird, avec la verve insolente, chaude et mélodique qu'on lui connaissait. Jeannot Hiver, est, aujourd'hui, agé de 68 printemps, présente de réels problèmes de santé, mais il est toujours là pour ses fans encore nombreux, et, grâce auxquels, il continue de vivre. Alors, rien que pour cela, et, en souvenir du passé, je pense que Mr Johnny Winter mérite encore tout notre respect. Still Alive And Well!
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Commentaires
Bravo et merci John Markus pour cet excellent '' live report'' sur Johnny Winter à Bordeaux !
Je me permets de rajouter que Johnny Winter est un rescapé des abus en tous genres, que certains diront que ses concerts maintenant sont parfois pathétiques et que l'effet de surprise du passé avec ses fougueuses envolées sur son manche de gratte dans ''Mean Town Blues'' à Woodstock ou sur l'album "Johnny Winter And Live" ne sont plus que des souvenirs. Hélas, le temps passe et la nostalgie reste.
Aujourd'hui, son répertoire ne varie plus trop depuis quelques années et l'on comprend que cela peut, par moment, en dérouter plus d'un. Néanmoins, quand on est face à l'éternel Winter , on peut se poser la question : pourquoi ce mec fatigué continu à tourner ? Je pense que l'une des raisons essentielles, n'est pas avant tout pour le fric comme certains pourraient le penser, mais que c'est en grande partie son immense engagement de toujours pour le blues, coulant dans ses veines de ''Bluesman'' légendaire qui le maintient malheureusement assis mais encore en vie.
Espérons pour lui et ses fans, que cela dure encore longtemps avant de le voir allongé !...
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