Une nouvelle fois, j'avais rendez-vous avec Mr. Paul enfin plus exactement "on" car ma charmante épouse avait exprimé le désir de m'accompagner, les Beatles ayant comme pour beaucoup de monde, jalonné ses vertes années.
En tournée depuis 2022, Paulo s'était arrêté pour deux dates à Paris dans cette salle à la réputation discutable qu'elle véhicule déjà depuis son ouverture. Un mauvais son, c'était la réputation qu'elle trainait depuis son ouverture avec les Rolling Stones et ce, pour la plupart des concerts donnés jusqu'alors. A 'Bad Reputation' également criée sur les toits pour une vision pour le moins digne d'une "nuit des étoiles" par temps de brouillard chapeautée par un Hubert Reeves revenu pour l'occasion d'entre les morts et en guise de bouquet final, un acheminement sur le site plus que tortueux et complexe d'accès. Raison pour laquelle, je ne perdrai pas mon temps à évoquer au terme de cette review, la sortie de ce concert que nous attendions tous, animés d'une hâte sans partage, ceci dit.
Ce fut encore le cas hier soir pour ce qui concerne le flux du public. En effet, une immense file débutant presque au niveau du RER de la Défense avec en prime un marché de Noël qui, placé en plein milieu du parvis de la Défense, obstrue sensiblement le flot des spectateurs, une file qui piétine dans un vent glacial qui la lumineuse idée de se lever (en même temps, quelle que soit la saison, il y a toujours eu du vent à cet endroit-là). Nos charmants voisins font preuve de bienveillance (on tape la discute sur bon de groupes que nous avons vus en live) alors qu'à l'approche des contrôles, c'est un bor*** sans nom.
Après une bonne heure de marche "au ralenti", nous parvenons enfin, bonnet enfoncé jusqu'aux yeux, au checkpoint. Mme Phil, talentueuse, elle l'est, et ce, pour dénicher de bonnes places, nous a obtenus un carré or. On ne se l'était jamais permis mais bon voilà, pour une fois, on a fait l'effort (c'est Mr. Paul tout de même, artiste incontournable qu'elle voulait voir depuis si longtemps).
Légèrement placés à droite à la scène, c'est une relative déception qui, dans un premier temps, nous saisit d'inquiétude pour la suite mais une fois le concert entamé sur un A Hard Day's Night endiablé, celle-ci se dissipera subitement, nous permettant ainsi de faire table rase de ce petit bémol. On oubliera donc tout ça pour se laisse bercer par ce répertoire pour le moins intemporel, éternel, oserais-je dire, répertoire qui va caresser nos douces et vieilles esgourdes jusqu'à son terme.
S'ensuit alors un Junior's Farm des Wings qui, à la base, est sorti en 1974 en single entre Band On The Run et Venus And Mars avec ce superbe morceau intitulé Sally G en face B. Toujours les Wings avec le bienvenu Letting Go délivré ici dans une très bonne version. D'entrée de jeu, l'on sent bien que le Paulo n'a plus tout à fait la même verve vocale que celle dont il était doté neuf ans auparavant mais bon, étant âgé de 82 ans depuis le 18 juin dernier, il est quand même bel et bien présent, sa tessiture étant solide en dépit de ses légères faiblesses mentionnées plus haut. Bien évidemment lorsqu'il entonne en compagnie de son groupe qui le soutient depuis 22 ans, les tubes des Beatles à commencer par Drive My Car et Got To Get You Into My Life, le public, celui-ci, connaissant les paroles par coeur (notamment un jeune âgé d'une bonne vingtaine), devient véritablement hystérique. "Déjà", j'ai envie de dire.
On revient ensuite sur l'avant-dernier album Egypt Station via le pétillant Come On To Me, un single très "beatlesien" qui m'a immédiatement séduit à la 1ère écoute. Simple à la fois rafraichissant et guilleret dans sa structure, ce morceau vous met du baume du coeur et se révèle être idéal pour tenir le public en haleine. Idéal aussi avant de partir au travail le matin lorsque vous vous sentez un peu "ramollo de la cabeza" avec cette non-envie que chacun a connue à un moment donné. L'effet est immédiat, je l'ai testé. :lol: Paulo en délivre une interprétation pour le moins fidèle et enjouée, interprétation suivie sans temps mort d'un Let Me Roll It entêtant des Wings du plus bel effet.
Nous avons ensuite droit à un Getting Better bien enlevé (que j'entonnais étant jeune, il y a de cela fort longtemps, eh oui, j'aimais bien chanter à l'époque lol), extrait de cet album fondateur qu'est Sgt Pepper. Ca joue bien derrière, notamment le batteur Abe Laboriel Jr. qui en fait des tonnes sur son kit, poussant même le délire quelques chansons plus tard, jusqu'à se fendre d'une parodie très personnelle de la Macarena. Il se fera servir un bon verre de vin en guise de récompense. N'est pas en reste non plus, le guitariste Brian Ray (au physique très Duff McKagan) qui assure avec brio la majorité des solos mais aussi le rôle de bassiste lorsque Mr. Paul abandonne sa légendaire Hofner. Le deuxième six-cordiste, Rusty Anderson, se contentant pour sa part d'assurer les parties rythmiques.
Alternant les titres des Wings et ceux de sa carrière solo, Macca et ce, depuis toujours, est conscient du fait que ce sont les classiques des Fab Four qui remportent tous les suffrages et de loin. Passant rapidement sur Let 'Em In, My Valentine (dédié à son épouse Nancy Shevell), Nineteen Hundred and Eighty-Five et le sempiternel Maybe I'm Amazed (que les Faces avaient repris live en 1971 sur Long Player), immanquablement, il ne peut que revenir sur cette chanson attachante intitulée I've Just Seen A Face de la BO de Help. Ceci dit, il est toujours appréciable de réentendre ces titres un peu tombés dans l'oubli surtout quand ils bénéficient d'une interprétation rafraichissante.
Puis, non sans émotion à propos de In Spite Of All the Danger, Paul évoque le fait qu'elle fut la toute première chanson que les Beatles, en fait les Quarrymen, ont enregistrée en 1958. Et surtout, elle ne fut interprétée seulement pour la 1ère fois en live que le 25 mai 2004 à Gijon en Espagne. Mieux vaut tard que jamais, nous dirons-nous.
L'ambiance remonte d'un cran avec un Love Me Do des plus efficaces, suivi de cet hommage à la France via Michelle, un titre que j'ai toujours trouvé "bateau" en ce qui me concerne, repris de concert par toute un auditoire déjà conquis En toile de fond défile ainsi une animation fort réussie des monuments de Paris, animation qui met à l'honneur Notre Dame de Paris surtout qu'une rumeur avait prétendu qu'il y interprèterait ce samedi 7 décembre une ou deux chansons lors de la cérémonie de réouverture de la cathédrale. Il n'en fut rien sachant que lundi, il devait impérativement se trouver à Madrid pour assurer deux concerts.
Alors oui, je ne l'ai pas encore évoqué. Le son qu'en était-il ? Le paramètre qui agace un peu tout le monde lorsqu'on l'assimile à cette salle. Je l'ai trouvé correct voire plutôt bon pour une fois.
Le rafraichissant Dance Tonight, extrait de ce très bon album de 2007, Memory Almost Full vient raviver à la fois l'enthousiasme des fans et remettre le groupe sur les rails d'une certaine énergie particulièrement communicative Et puis, voici venir Blackbird, une de mes chansons préférées des Fab Four. Une jolie mélodie comme on n'en fait plus aujourd'hui, vient doucettement vous bercer Pas si douce que ça cette chanson (ici accompagnée d'magnifique animation), chanson dont le thème central se veut être axé autour d'une question particulièrement grave, celle de la ségrégation raciale qui sévissait de façon très vive dans les années 60 aux Etats-Unis, le merle à l'aile cassée étant défini quant à lui comme étant le symbole même de la lutte pour l'égalité raciale initiée avec conviction et détermination parfois violente par les mouvements des droits civiques.
Paul ne pouvait pas ne pas rendre hommage à son alter ego, à savoir son ami (c'est ainsi qu'il le qualifiera au moment de la présentation du morceau) John Lennon et c'est donc le vibrant Here Today qui nous est proposé. Extrait de l'album Tug Of War paru en 1982 soit deux ans après son assassinat à sa sortie du Dakota Building à New York par l'autre tâche de Mark Chapman, cette chanson ô combien mélancolique retrace l'état de désarroi chronique dans lequel se trouvait Macca à l'époque, malgré un soutien indéfectible de sa regrettée épouse Linda. Le Paulo nous en propose une belle version teintée de toute évidence d'émotion voire de tristesse. La séquence nostalgie se poursuit avec le très beau Now And Then pour lequel certains n'ont pas manqué de souligner avec force l'aspect discutable de la sortie de ce single dans un premier temps en digital puis en physique dans un second temps. Pour ma part, je l'espérais (Mme Phil aussi), être interprété en live et nous l'avons eu avec en toile de fond ce superbe clip réalisé par Peter Jackson, ce dernier ayant utilisé la toute dernière technologie disponible pour associer des images d'archives à des séquences nouvellement tournées. J'avais trouvé ça bien fait en ce qui me concerne. Je ne préfère pas à cet instant précis faire part de l'état d'émotion dans lequel je me suis retrouvé. "Bon Paulo, remets nous quelque chose de percutant steuplé car on va tous chialer !!!!!!!" Lady Madonna remplit ce rôle admirablement bien via une version joyeuse et endiablée.
Il s'avère évident que les dix ans d'activité des Wings ont représenté pour Paul un nouveau défi et peut-être aussi une sorte de thérapie Pas évident de reprendre un nouveau départ après la folie incarnée par les Beatles.
Ce groupe, détenteur d'albums importants comme Band On The Run avec en son sein des titres phare comme le morceau-titre et Jet, continue de constituer pour lui une référence incontournable (même si celui-ci au bout de 10 ans, fut las de porter le groupe à bout de bras). C'est donc en toute logique qu'il nous offre une version de Jet pour le moins tonitruante.
Je passe vite fait sur Being For The Benefit Of Mr. Kite! de Sgt Pepper que je n'ai jamais trop aimé et que je trouve long dans sa version live. En lieu et place, et ce, dans le but de nous rappeler le contenu de cet album à notre bon souvenir, j'eusse préféré un Lovely Rita ou bien encore un p'tit Fixin' A Hole de derrière les fagots. On ne peut pas tout avoir...
George Harrison que Macca qualifie affectueusement de "frérot", est également à l'honneur avec ce Something qu'il interprète depuis plusieurs tournées en acoustique dans sa toute première partie, usant pour l'occasion d'une superbe mandoline pour s'engager ensuite dans une trame qui nous est plus familière. Les portraits successifs du défunt guitariste qui défilent sur les écrans suscitent, bien évidemment, une vive émotion chez certain(e)s. Compréhensible en même temps quand on connaît le talent du Monsieur qui fut capable après le split en 70 des Beatles de faire preuve d'une créativité débordante et pondre ce chef d'oeuvre connu sous le titre All Things Must Pass avec en son sein ce tube intemporel My Sweet Lord. Ob-La-Di, Ob-La-Da qui suit, nous est dans la foulée offert avec une vivacité communicative puisque sous les ordres du Grand Maître de Cérémonie, La Défense Arena reprend en choeur le célèbre refrain. Super moment !!!!!!
Un avant-dernier crochet par le répertoire "ailé" s'impose de nouveau via un Band On The Run fédérateur avant la dernière ligne droite amorcée par un Get Back suivant le rythme d'un rouleau compresseur suivi sans détour d'une phase de recueillement impulsée par un mémorable Let It Be (celle-là aussi, je la chantais à tue-tête en des temps immémoriaux). A ce moment précis, les torches des portables sont de sortie et ont remplacé depuis fort longtemps. Au contraire de ce que l'on a pu lire, Let It Be n'est pas et n'a jamais été une invocation à la Vierge Marie mais plutôt comme un titre ayant été composé à la suite d'un rêve que McCartney aurait fait avec comme attrait principal, la présence de sa mère ('Mother Mary') décédée d'un cancer alors qu'il était adolescent. Moults versions ont ensuite été avancées à ce propos. On pourrait en débattre encore longtemps.
Après ce temps de recueillement, la scène vire au rouge incandescent et s'enflamme dans la minute sur un Live And Let Die tellurique, dans un esprit très "Rammstein", on va dire, avec de superbes effets pyrotechniques qui font impression auprès du public. Ce que tout le monde attend de toute évidence voire espère, c'est Hey Jude. Et comme en 2015 et à de nombreuses occasions, la communion s'opère instantanément avec la foule qui fait "corps avec l'artiste" :lol: ('tin, Phil, tu déconnes........ :lol:) sur les "na na na". Un immense moment....."d'émotion" (p*****, Phil, t'aurais pas un synonyme car ras l'bol de ton "émotion" à la mords-moi-le-nœud......).
Après Hey Jude, le Paulo, en profite pour s'éclipser, content qu'il est pour aussi vite revenir entamer la dernière ligne droite avec entre autres un de mes titres préférés des Quatre de Liverpool à savoir I've Got a Feeling interprété simultanément avec la vidéo du concert sur le toit d'Apple. Excellente version, il ne pourrait pas en être autrement en même temps et le duo final Lennon/McCartney fait immanquablement mouche. Grave bien, cette interprétation !!!!!!!!!!!!!!!! Il en est de même pour la reprise de Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band (le titre final de cet album mythique), Helter Skelter (dont on pourrait dire que c'est l'un des premiers morceaux punk voire le premier mais bon chacun ici se prononcera pour tel ou tel morceau selon ses sensibilités), Golden Slumbers, le génial Carry That Weight d'Abbey Road et The End en guise de conclusion (que j'ai toujours trouvée longue et pompeuse).
Ce fut donc un concert d'une intensité émotionnelle rare, vous devez vous en douter, doté (superbe allitération, non ? lol) d'un très bon son, si si.....(pour une fois dans cette salle.......). Si cela devait s'avérer être le tout dernier passage français de notre homme, eh bien, laissez-moi vous dire, et ce, en dépit d'une petite baisse dans sa qualité vocale, qu'il s'est acquitté d'une prestation "royale", pleine de magie et d'enthousiasme ne laissant pas indemnes ceux qui sont venus le voir. Merci Monsieur Paul, pour tous les bienfaits que vous et vos compagnons d'armes ont apportés à la Musique que nos aimons tous.
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