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Barabbas interview

BARABBAS a frappé fort avec l’album « La mort appelle tous les vivants ». Le guitariste Saint Stéphane nous a accordé un entretien pour découvrir l’univers de ce groupe unique. Laissez-vous conquérir par le Saint Riff Rédempteur.

Peux-tu revenir sur la genèse du groupe ?
Les prémices du groupe remontent à 2007 avec JC (Saint Jean Christophe) à la batterie et moi à la guitare. Le but était de nous amuser en jouant des titres de groupe de Doom qu’on appréciait particulièrement. En 2009, nous sommes rejoints par Saint Jérôme à la basse, remplacé depuis par Saint Alexandre, et Saint Rodolphe au chant. La formation se stabilise vers 2015 avec l’arrivée de Saint Thomas comme deuxième guitariste.

Notre premier EP, « Libérez Barabbas ! », est sorti en 2011 et le bon accueil qu’il a reçu nous a permis de nous faire connaître. En 2014, l’album « Messe pour un chien » nous a permis d’élargir notre audience grâce à des participations à des festivals et des concerts plus importants en France et à l’étranger. Puis fin 2022, on a fini par sortir « La mort appelle tous les vivants ».  L’album reçoit de bonnes critiques et nous sommes très heureux de constater que les gens ne nous ont pas oubliés après tout ce temps (rires).

Quelles sont vos influences ?
Nous avons pour habitude de dire que notre Sainte Trinité est constituée de BLACK SABBATH, SAINT VITUS et CATHEDRAL. Sans oublier PENTAGRAM qui serait notre évangéliste (rires). Notre objectif est de faire des morceaux qui soient dans l’esprit de ces groupes.

Il y a parfois un esprit gothique voire punk dans la froideur de votre musique. Etes-vous des adeptes de ces courants musicaux ?
La base, l’esprit, repose sur les groupes que je viens de citer mais nous écoutons des choses très différentes. Du Metal, des groupes français, un peu de Gothic des années 80 pour certains, du Hardcore pour d’autres. Tout ça se mélange même si la dominante reste le Metal et notamment le Heavy Metal des années 80 avec JUDAS PRIEST et IRON MAIDEN qui sont aussi des influences.

Le nom du groupe, vos pseudonymes et vos paroles ont des consonances religieuses. La religion est-elle une source d’inspiration ou un simple ‘gimmick’ ?
C’est une volonté de s’inscrire dans le prolongement de ce qui a été initié par les précurseurs du Doom. Le sabbat noir, la cathédrale, le Saint Guy, il y a toujours un contexte religieux.

Le nom de BARABBAS nous a été inspiré par le film du même nom sorti en 1961 et réalisé par Richard Fleischer. Le film retrace le destin du brigand Barabbas, incarné par Anthony Quinn, qui, après avoir été libéré par Ponce Pilate à la place de Jésus, va se demander pourquoi il a été gracié. Ce questionnement va l’amener dans un parcours de rédemption mais avec beaucoup de maladresse. Cette histoire est proche du destin de chaque être humain qui tend à vouloir s’améliorer en permanence. Parfois, tu échoues mais tu essaies toujours de progresser et de faire mieux. Au-delà du thème religieux, il y a une dimension existentielle et presque métaphysique qui nous a touché et qui correspond à l’esprit du Doom.
Comme nous étions dans le domaine du religieux, nous avons adopté des pseudonymes à consonance religieuse et poussé le concept jusqu’à s’intituler l’Eglise du Saint Riff Rédempteur de BARABBAS. Ça n’a rien à voir avec une église sectarisme. Notre musique s’adresse à tout le monde et il n’y a rien de tel qu’un bon morceau de rock pour te remettre d’aplomb quand tu ne vas pas bien. C’est un peu notre concept et l’esprit du titre « Le Saint Riff Rédempteur » qui est une prière au Saint Riff (rires). Il y a toujours une petite touche de second degré dans ce que l’on fait. Nous ne sommes pas MANOWAR (rires).

Votre album précédent « Messe pour un chien » est sorti en 2014. Pourquoi autant de temps entre vos deux albums ? Vous faisiez une retraite spirituelle ?
Oui, nous sommes tous partis dans un monastère (rires). En réalité, nous nous sommes consacrés aux concerts de 2014 à 2016. Au moment de penser à l'album suivant et de se remettre à composer, on s’est aperçu que nous n’étions plus sur la même longueur d’ondes et que nous avions du mal à nous remettre en mode création. Nous étions devenus un groupe Live, une sorte de Juke Box qui jouait sans cesse les mêmes morceaux. Il nous a fallu du temps pour retrouver un état d’esprit propre à la créativité. Nous avons aussi été confrontés à des épreuves personnelles durant cette période. Malgré cela, nous avons fini par composer des titres et il était prévu d’entrer en studio en 2018. Mais nous avons décidé de tout annuler une semaine avant d’enregistrer car nous n'étions pas satisfaits du résultat. On est retourné plancher sur les morceaux, les arrangements et puis la pandémie est arrivée et a retardé la sortie de l’album.

Est-ce qu’il y a des titres de cette période sur votre album « La mort appelle tous les vivants » ?
Oui, quelques-uns. Il y a même des idées qui sont antérieures à notre premier Ep et qui étaient restées en jachère. « Mon crâne est une crypte » est un très vieux morceau alors que « Le cimetière des rêves brisés » est assez récent. La composition de cet album s’étale sur une longue période.

Barabbas-la-mort-appelle-tous-les-vivants

L’attente en valait la peine puisque votre album est vraiment impressionnant et suscite un fort engouement depuis sa sortie en décembre 2022. Avez-vous été surpris par cet accueil ?
Totalement. On ne s’attendait pas à cela. Quand tu es partie prenante, tu n’entends que les défauts. C’est un peu comme lorsque tu te regardes dans une glace le matin (rires). Pour faire une analogie avec la cuisine, le plus intéressant est de préparer, mélanger et créer. Tu n’as plus envie de déguster une fois le plat terminé. Idem avec la musique, le plus passionnant sont les maquettes car tout est encore ouvert et possible. Une fois que c’est enregistré, c’est fini.

Et puis la réalisation de l’album a pris énormément de temps. Heureusement que JC, qui a fait énormément d’arrangements, et Rodolphe ont fait preuve de pugnacité pour porter le projet et l’amener à son terme.

Il s’agit de votre 1er album à sortir sur un label, Sleeping Church Records. Quelles sont vos attentes avec cette signature ?
En toute franchise, ce sont les seuls à nous avoir contactés et les deux fondateurs du label, Moomoot et Aymerick, sont des potes (rires). Moomoot est chanteur bassiste dans PRESUMPTION et Aymerick est le chanteur de FATHER MERRIN. C’est un label qui partage notre façon de voir et de concevoir la musique et ils sont vraiment très investis dans le groupe.

Il ne faut pas se voiler la face, le Doom est une niche qui plus est lorsqu’il est chanté en français. Il y a une réelle distorsion entre l’accueil enthousiaste qui a été réservé à l’album et les propositions de concerts. Mais c’est normal de ne pas se retrouver programmer sur les plus grands festivals car c’est à nous de faire nos preuves sur scène.

D’où vient cette idée de titre « La mort appelle tous les vivants » qui a le mérite d’annoncer la couleur ?
C’est un extrait du titre « La valse funèbre ». Ça sonne bien et ça fait aussi écho aux épreuves personnelles que nous avons connus pendant une période avec la perte de personnes proches. Le titre nous semblait résumer ce qui se passait, une sorte de pessimisme ambiant qui nous a accompagné pendant quelques années. Sans le vouloir on s’est retrouvé avec une idée directrice et tout s’est emboîté naturellement comme les pièces d’un puzzle. Tout faisait sens, sans pour autant être un concept album. La pochette que Rodolphe a trouvée s’imbrique avec la thématique de l’album car on a l’impression que les gens vont à leur propre enterrement. Bon, avec le recul, on s’est aperçu que certains textes ne sont pas très gais (rires).

Le chant est en français. Certains pensent que le français ne sonne pas bien. Pourtant vous êtes la preuve du contraire. Est-ce un choix qui s’est imposé naturellement ou est-ce le fruit d’une discussion ?
C’est naturel pour nous. J’ai passé la cinquantaine et dans les années 80, j’écoutais des groupes qui chantaient en français, SATAN JOKERS, TRUST, SORTILEGE, OCEAN, OBERKAMPF etc... En France, on est parfois ignorant de notre patrimoine musical. On cite toujours Serge Gainsbourg ou NOIR DESIR mais il y a des milliers de groupes qui sonnent bien. L’important est de ressentir une émotion peu importe la langue. Mais il est possible que, lorsque tu écoutes un groupe qui chante en français, tu prêtes attention aux paroles et cela peut faire écran avec la musique. Je peux comprendre que certains ne parviennent pas à s’immerger dans la musique comme tu peux le faire avec un groupe qui chante en anglais.

Barabbas-interview-groupe

D’où vient l’inspiration pour l’écriture des textes souvent empreints d’humour macabre ?
Il y a effectivement une touche d’humour noir. On s’inspire de ce que l’on vit et de ce que l’on ressent. « Je suis mort depuis bien longtemps » par exemple. Chacun a déjà ressenti cette sensation de traverser la vie comme un zombie. Ça peut être parfois théâtral comme « Le Saint Riff Rédempteur » qui est une célébration du pouvoir de la musique, de l’effet cathartique qu’elle peut avoir sur une personne. Les textes sont une sorte de journal intime mis en musique.

Comment s’est déroulé le travail de composition de l’album ?
Nous ne sommes pas le genre de groupe qui jamme sur des idées. On part davantage sur une esquisse de morceaux, une ébauche et tout le monde apporte son grain de sel. Le résultat final est toujours différent de ce que tu avais imaginé au départ (rires) mais ça fonctionne très bien comme cela.

Le Doom, comme tout courant musical, a ses propres codes. Est-ce qu’il vous est arrivé de mettre de côté des titres car trop éloignés des codes du Doom ou est-ce que vous vous sentez libre d’expérimenter sans contrainte de style ?
Je pense qu’il faut essayer de trouver ton identité en restant dans les codes du genre. Tu dois rester dans un cadre tout en essayant de voir jusqu’où tu peux repousser les limites de celui-ci sans tomber dans quelques chose qui n’a plus à voir avec le genre. Il y a clairement des morceaux qui ne sont pas pour nous, on ne peut pas faire un titre à la BEACH BOYS par exemple (rires). En revanche, on peut s’inspirer de leurs harmonies vocales mais dans le cadre d’un climat sombre. 

On a essayé, sur le nouvel album, d’apporter une touche plus mélodique et ‘pop’ avec le titre « Le cimetière des rêves brisés ». Certains adhèrent totalement mais d’autres y sont moins sensibles probablement en raison de la façon de chanter de Rodolphe qui est différente.
Je trouve que c’est plus amusant de trouver ta voie dans un cadre défini et d’essayer de te renouveler avec des limites imposées sans dénaturer ton propos. N’oublions pas la règle des 3 L, Lourd, Lent et Lugubre (rires).

Un des atouts de votre album est ce son massif et puissant qui colle au mur. Comment êtes-vous parvenus à ce résultat ?
L’album a été enregistré par Andrew Guillotin aux Hybreed Studios. L’endroit est vraiment agréable, un peu roots, et nous a beaucoup plu. On a sympathisé avec l’équipe au point où Nico qui travaille avec Andrew fait des chœurs sur l’album. L’enregistrement a été une partie de plaisir par rapport à la préparation de l’album qui a été compliquée comme je l’ai expliqué. Je pense que nous avons franchi un palier car Andrew a changé notre façon de faire en apportant un regard extérieur sur notre travail. Il a su nous fixer des limites et il s’est montré très patient avec nous. Son travail sur l’album est vraiment excellent.

Avez-vous prévu une vidéo pour accompagner un titre ? Si oui, lequel ?
On va bientôt sortir une version vinyle de l’album et ce serait bien de faire une vidéo pour accompagner cette sortie. L’idée que nous avons évoquée n’est pas réalisable par faute de moyens alors il nous faut réfléchir sur ce que nous voulons et sur ce que nous pouvons faire en termes de logistique. Ça va se faire mais il faut du temps.

Barabbas-interview-live

Sur scène, vous formez un bloc puissant et compact à l’image de Saint Rodolphe qui se charge de répandre la bonne parole parmi les disciples. On le sent totalement investi et il n’hésite pas à aller au contact du public. Est-ce naturel pour lui ou est-ce qu’il endosse un rôle au moment de monter sur scène ? 
C’est lui qui fait tout (rires). On se repose sur lui et il assure le spectacle. Il n’avait jamais chanté avant de nous rejoindre et on ne savait pas comment il serait sur scène. Mais dès le premier concert, il était déjà comme il est aujourd’hui, une vraie bête de scène (rires). Il a une énergie et un charisme incroyable. Tu es obligé de te sentir en forme avec un front man comme lui à tes côtés. C’est un atout considérable d’avoir un performer exceptionnel comme lui.   

Quels sont vos prochains concerts pour prêcher la bonne parole auprès des membres de votre église et de tous les païens ?  
Le prochain gros évènement est le festival Grand Paris Sludge qui aura lieu les samedi 22 et dimanche 23 avril à l’Empreinte (77). Nous sommes programmés le samedi avant CONAN, la tête d’affiche. C’est une date importante pour nous car nous n’avons pas souvent l’opportunité de jouer dans ce type d’endroit même si nous avons déjà été à l’affiche de festivals importants comme le Fall of Summer ou le Motocultor. Mais cette fois, c’est un festival en salle et l’endroit est particulier pour nous car c’est là que nous avons débuté, dans cette salle située à Savigny-le-Temple, tiens, encore une connotation religieuse (rires).

Ensuite, il devrait y avoir une date en festival vers Auch (32) au mois de juin puis, à la rentrée, quelques dates en France et en Europe en compagnie de DOOMOCRACY. En octobre, nous serons à l’affiche du New Blood Fest (01) et on travaille aussi sur d’autres projets de concerts d’ici la fin de l’année.

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Line Up :
Saint Rodolphe (chant)
Saint Stéphane (guitare)
Saint Thomas (guitare)
Saint Alexandre (basse)
Saint Jean-Christophe (batterie)

Discographie :
Libérez Barabbas ! (2011)
Messe pour un chien (2014)
La mort appelle tous les vivants (2022)

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Site SLEEPING CHURCH RECORDS



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