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Sortilege

La venue de SORTILEGE au Raismes Fest en septembre dernier a été l’occasion d’évoquer, avec les musiciens, les cendres du passé mais surtout la renaissance et les projets du groupe qui voit ‘toujours plus haut, toujours plus loin’.

Heureux de vous voir au Raismes Fest ce qui n’était pas prévu (le groupe a remplacé ELECTRIC MARY sur l’affiche). Comment vous sentez-vous quelques minutes après être sortis de scène ?  

Bien mais affamés (rires)

Sébastien : c’était bien. Mais on est arrivés un peu speed. C’est comme ça que ça se passe en festival, tu arrives, tu joues et tu règles en même temps les soucis techniques.

Christian : on a eu quelques petits soucis au départ notamment Olivier avec son ampli. C’est un peu déstabilisant de commencer un festival de cette manière. C’est difficile car je suis hyper concentré et dès qu’il y a un souci mon attention se porte dessus et après je peux oublier les paroles, ce genre de choses, il faut être hyper concentré.

L’album ‘Phoenix’ est sorti en 2021. Il s’est passé beaucoup de choses depuis. Quel bilan faites-vous du chemin parcouru depuis que vous avez commencé à travailler sur cet album ?

Christian : on a eu plusieurs chemins. Sur le plan technique, on a tous beaucoup progresser avec cet album. On aurait aimé qu’il soit mieux distribué car il l’a été uniquement en France et pas en Europe ce qui nous a un peu frustrés. Pour le prochain album, on espère, normalement, avoir une distribution à l’international. C’est un peu agaçant quand tu vas faire un concert dans un endroit où les gens qui viennent te voir ne connaissent pas l’album.

Mais cet album nous a fait beaucoup de bien. On a remis les pendules à l’heure et les concerts ont prouvé qu’on était capable d’assumer le nouveau SORTILEGE.

Justement, dans le titre « Toujours plus haut » (de ‘Phoenix’), tu chantes « A force de volonté, ils m’ont accepté ». Est-ce que tu as douté, à un moment, que la nouvelle formation ne soit pas acceptée par les fans après tout ce qui s’est passé ?

Oui, il y a eu une période où on s’est posé la question mais devant la réponse du public, on a vite compris qu’on était accepté. On était attendu, avec la kalachnikov, notamment à Paris et au Hellfest mais là, on a définitivement mis un terme à tout éventuel questionnement.

Aux musiciens. Vous êtes tous des musiciens expérimentés et, pour certains, vous avez eu des expériences avec Christian ou en rapport avec le répertoire de SORTILEGE, mais avez-vous ressenti une pression en intégrant le groupe au vu de ce qu’il représente sur la scène française ?

Bruno : chaque expérience que j’ai eue, que ce soit avec MANIGANCE et toutes les formations de tribute à SORTILEGE, a toujours été un nouveau challenge. A chaque fois, il faut se surpasser avec une nouvelle équipe pour tenir le cap. C’est passionnant car ce n’est jamais gagné.

Sébastien : j’étais fan de Sortilège quand j’étais gamin et c’est Olivier qui m’a appelé pour rejoindre le groupe. Je n’avais pas la pression sur un plan humain mais plutôt sur un plan technique, est-ce que j’allais trouver ma place ? Pour être franc, je me suis senti légitime dans le groupe lorsqu’on a fait le premier concert même si avant on avait bossé sur l’album. Jusque-là, je me disais ‘je joue avec Sortilège, je joue sur l’album de Sortilège’ et j’avais du mal à intégrer le fait que je fasse partie du groupe mais tout s’est réglé sur scène lors du premier concert à Amsterdam.

Olivier : j’avais travaillé avec Christian sur l’album Zouille & Hantson sorti en 2012 mais on se connaît depuis 2000. J’ai intégré le groupe à l’arrache une semaine avant un concert (note : le 7 février 2020 à Rennes) après…

Christian : …et là t’avais la pression

Olivier : et là j’ai eu la pression maximale (rires). Et ensuite, une pression double avec la réalisation de l’album dans l’expectative des réactions du public et des gens qui travaillent avec nous. L’idée était d’apporter une mini révolution sans que ce soit la révolution totale. Et après, d’arriver à faire monter le groupe sur scène avec les différentes périodes de covid qu’on a connu. Après le premier concert en février 2020, on savait que quatre mois plus tard on devait être sur la scène du Hellfest. Malheureusement, les échéances se sont décalées à cause du covid mais la pression restait là car on savait qu’il ne fallait pas se rater. On a eu deux ans de tergiversation avec différents membres avant d’intégrer Clément (batterie) en novembre 2020. Il y a eu une succession de pression mais, au final, on se sent bien car l’accueil de nos partenaires et du public ont été excellents.

Clément : c’est particulier en ce qui me concerne car ils m’ont appelé en plein confinement. Je connaissais SORTILEGE même si je suis né un an après la sortie du premier Ep. J’étais honoré qu’ils aient pensé à moi mais il fallait que je réussisse à mettre ma patte, qui est peut-être plus moderne, sur les anciens morceaux sans les dénaturer. J’avais peur de cela mais, comme j’ai été très bien accueilli et très bien entouré, j’ai l’impression d’avoir réussi au vu du retour du public et de mes collègues.

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Christian, quel regard as-tu sur le SORTILEGE des années 80 ? Quelles sont tes fiertés et tes déceptions ?

Je n’ai plus de regard (rires général). Pour moi ça n’existe plus. Je suis avec mes compagnons d’aujourd’hui et le reste…

Quand j’écoute les anciens titres, je leur trouve une élégance intemporelle. Ils ont conservé toute leur fraîcheur malgré une production datée. Comment l’expliquer ? Est-ce parce que les textes et les mélodies se distinguaient de ce que proposaient d’autres groupes français ?

Olivier : oui et la voix de Christian mais aussi le talent de Stéphane (Dumont, guitariste) en tant que compositeur. C’est un tout qui était largement au-dessus du niveau de l’époque en termes d’écriture. Je le dis d’autant plus que je faisais partie de cette scène aussi (note : olivier faisait partie du groupe STATORS). Leur écriture était beaucoup plus évoluée et les textes ainsi que la voix de Christian étaient envoûtants.

Christian, j’ai lu dans une interview que tu avais besoin d’être dans le noir pour trouver cette inspiration qui te donne la mélodie, le thème et les textes des chansons. Est-ce encore le cas ?

Christian : avant ça me venait le jour donc j’avais besoin de me mettre dans des conditions particulières. Mais plus maintenant car ça me vient la nuit. C’est un vrai accouchement quand j’écris une chanson, c’est très difficile parce que je ne dors pas de la nuit et je suis vidé le lendemain. Il y a d’abord le thème qui me vient puis le texte arrive, la mélodie et ensuite il faut faire rimer l’ensemble.

‘Phoenix’ était un album de transition qui a permis de faire un lien avec le passé avant de pouvoir vous tourner vers l’avenir. L’avenir, c’est l’album ‘Apocalypso’ qui sortira en 2023. Il était prévu cette année. Pourquoi ce report ?

Olivier : pour différentes raisons. Le fait que ‘Phoenix’ soit sorti il y a seulement un an, le temps nécessaire pour lancer un plan promo un peu plus travaillé, le covid etc... Il y a beaucoup de choses qui se décalent partout pour plein de raisons, il y a aussi les délais de fabrication qui ont été rallongés. Toutes ces raisons font qu’il y a un décalage de l’ordre de 4-5 mois maximum. Mais l’album est fini, mixé, masterisé, la pochette est faite et il sortira en février 2023.  

Vous avez déclaré que l’album allait beaucoup surprendre avec des titres un peu plus aventureux. Qu’est-ce que vous entendez par là ? A quoi faut-il s’attendre ?

Vous l’entendrez le moment venu (rires).

En attendant, on a déjà eu un aperçu avec « Valkyrie » et « Vampire » qui a été joué ce soir.  

Christian : « Vampire » est dans le style SORTILEGE. Mais il y a des morceaux complètement différents. On part dans des domaines inexplorés jusque-là.

Olivier : il y a 2-3 familles de titres sur l’album. Il y a de la continuité, dans la lignée de ce qui avait été initié avec ‘Phoenix’ et ‘Toujours Plus Haut’ sur une moitié de l’album et il y a l’autre moitié qui est très expérimentale avec deux titres qui ont des orchestrations symphoniques dont un avec MYRATH où il y a, en plus, des passages arabisants.

Christian : ce qui a amené cette évolution, c’est le fait d’avoir intégré le petit jeune, Clément, qui a amené sa patte nous obligeant à nous moderniser pour coller à son jeu qui est très particulier. Ce sang frais, qu’il nous a amené, nous a beaucoup apporté et nous a permis de nous dépasser en trouvant d’autres façons de jouer. C’est vraiment le premier album du groupe.

Clément : c’est très gentil et ça rejoint ce que je te disais, mon but premier était de ne pas dénaturer les morceaux et par la suite, quand ils m’ont donné carte blanche, je me suis lâché. Bon, j’avoue que j’avais fait un peu comme un album de solo de batterie (rires général) mais on a retravaillé pour que tout soit cohérent et je pense qu’on a réussi à faire un album varié comme a dit Olivier. Mais ça reste vraiment dans la continuité de SORTILEGE avec parfois des moments plus techniques, d’autres plus orchestrés. Je pense que les anciens fans vont s’y retrouver et de nouveaux fans peuvent accrocher au résultat.

Olivier : tu as raison pour la continuité. Il y a la voix, les textes et les mélodies de Christian et même si on expérimente des choses plus ou moins moderne, ça reste de toute façon du SORTILEGE. Christian est capable de faire des mélodies sur un seul accord comme cela s’est passé sur certains morceaux plus « Heavy Metal » entre guillemets mais c’est quand même toujours du SORTILEGE.    

En vous écoutant, je comprends que chaque musicien a marqué l’album de son empreinte. Mais est-ce que tout le monde a été impliqué dans la composition ?

Olivier : c’est par étapes. Il y a des parties composées en studio qui sont ensuite travaillées avec les différents musiciens qui apportent leur plus-value et cela contribue à l’écriture. C’est très interactif, par exemple un rythme de batterie peut être proposé sur une idée de riff et du coup, on se rend compte que le riff n’est pas assez cohérent donc on va retravailler le riff. C’est ce qui s’est passé pendant un an.

Je crois qu’il y a un autre guest que MYRATH sur l’album. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Christian : il y a Stéphane Buriez (LOUDBLAST) qui nous a fait l’honneur et le plaisir de venir chanter et faire les chœurs sur les morceaux ainsi qu’une intervention particulière. Tu comprendras quand tu entendras le morceau.

J’imagine qu’avec sa personnalité et son style, il doit apporter une couleur musicale particulière aux titres sur lesquels il participe tout comme MYRATH avec leur style arabisant.

Christian : oui, totalement.

Olivier : avec Stéphane, on avait deux morceaux vraiment bruts de pomme et on a pensé à lui. Il nous a rejoint sur scène pour le concert de l’Elysée Montmartre et on s’est dit que ce serait intéressant de l’inviter sur les deux morceaux un peu plus ‘dark’ de l’album.

Olivier, tu as dû faire un travail d’écoute et d’analyse en profondeur avant de réaliser l’album ‘Phoenix’ pour coller à l’esprit originel tout en insufflant un souffle nouveau. Maintenant que tu as la recette, est-ce que ton travail a été facilité pour l’enregistrement de ‘Apocalypso’ ?

Olivier : pas complètement. Si tu veux, comme l’a dit Clément, il y a eu un certain nombre d’inputs de batterie et il a fallu modifier plein de choses sur la façon de réaliser ‘Apocalypso’ par rapport à ‘Phoenix’. Comme je l’ai dit, j’ai dû retravailler les riffs avec Bruno et Christian et le mix est un peu différent, encore un petit peu plus moderne avec la grosse caisse qui est très présente. Il y avait de la double grosse caisse dans ‘Phoenix’ et sur quelques passages de ‘Messager’ et dans ‘D’ailleurs’ mais là, on a quelqu’un d’un peu plus bavard à la batterie alors on a mixé l’album pour être en adéquation avec la façon dont il parle.

Clément, tu ne peux pas dire que tu n’as pas été entendu.

Clément : c’est sympa mais, quand on entend ça, on a l’impression que ‘Apocalypso’ va être mon album (rires). C’est très gentil mais comme disait Olivier dans le fonctionnement, ils font les morceaux et après il y a une interaction. Mais je ne pense pas que ce soit un album basé sur la batterie.

Olivier : non (rires général) mais la batterie est traitée différemment par rapport à ‘Phoenix’.

Christian : on a quand même fait le choix de te mettre plus en avant. Ça ne sert à rien d’avoir un batteur comme lui si on n’entend pas la double grosse caisse. Il a donc été évident, quelque part, de privilégier la batterie

Olivier : et la rendre plus moderne par rapport à l’album ‘Phoenix’. On ne pouvait pas le faire avant car on devait être dans la continuité.

Sortilege Phoenix

La réalisation de la pochette d’Apocalypso a été confiée à Stan W Decker qui a aussi fait celle de ‘Phoenix’. Vous pouvez nous donner quelques indices sur le travail qu’il a réalisé ?

Christian : J’ai demandé à Stan de faire quelque chose à partir des paroles d’Apocalypso et d’une image de l’Archange Gabriel que je lui ai envoyé. Pour faire simple, ‘Apocalypso’ est un ange que j’ai inventé mais c’est d’actualité. Il vient sur Terre pour avertir les terriens et leur demander d’arrêter de faire la guerre, de ne penser qu’à l’argent, de tuer la planète sinon, lorsqu’il reviendra, il détruira tout. Sur la pochette, on voit un ange qui tient une grande épée, une éclipse, c’est très peinture renaissance. (Note : à ce moment-là, Olivier me montre la pochette et je peux vous affirmer que le visuel est vraiment magnifique et superbement réalisé !).

2023 sera aussi l’année des 40 ans du Ep SORTILEGE sorti en 1983. Est-ce que vous avez prévu de le rééditer ?

Christian : nooon

Et les deux premiers albums ?

Christian : nooon (rires des autres musiciens)

Tu disais, dans une interview, que ce serait une possibilité.

Ce n’est pas dans les tuyaux. On a vraiment un gros travail à faire avec ‘Apocalypso’. Peut-être qu’un jour, plus tard, s’il y a une demande.

Olivier : il y a une demande mais cela prendrait du temps pour le faire correctement et on a beaucoup de choses à gérer.

Christian : pour l’instant on veut vraiment que ce soit SORTILEGE 2.0. On peut les rééditer, ce n’est pas exclu, mais ce n’est pas d’actualité.

Les premières dates de la prochaine tournée sont connues. D’autres dates vont bientôt être annoncées ?  

Christian : pas pour l’instant surtout par les temps qui court.

Effectivement, il y a des groupes qui annulent les tournées prévues cet automne en raison de l’augmentation des coûts inhérents à une tournée.

Christian : oui, il suffit de voir l’augmentation du prix des tour bus.

Olivier : ça va devenir compliqué. On va voir comment tirer notre épingle du jeu.

 Sortilege Tour 2023

Line Up :
 

Christian « Zouille » Augustin : chant

Olivier Spitzer : guitare

Bruno Ramos : guitare

Sébastien Bonnet : basse

Clément Rouxel : batterie

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