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heart line interview concert a montpellier le 17 decembre 2022 annulé report 2023

Le groupe français HEART LINE propose, avec son 1er album « Back In The Game », un hard mélodique de qualité qui fleure bon les années 80. Entretien avec Yvan Guillevic (guitare) pour évoquer ce projet et cette décennie. C’est parti pour un voyage dans le temps…avec ou sans DeLorean. -
Mise à jour du 12/12/2022 : le concert  du 17/12 à Montpellier mentionné dans l'affiche ci-dessus est annulé et reporté en 2023.

Pour commencer, peux-tu nous raconter la genèse du groupe ?

Le groupe est né en 2020 d’un concours de circonstances. Le projet que j’avais à ce moment-là avec la chanteuse Anne Sorgues s’est retrouvé en stand-by et le confinement est arrivé. J’ai alors commencé à revenir vers des influences que j’avais mis de côté depuis longtemps. Je suis né en 1967 et j’ai commencé à écouter de la musique dans les années 80. Je pense que je suis devenu musicien grâce à « Back In Black » d’AC/DC qui m’a mis la plus grosse claque de ma vie. Presque en même temps, j’ai découvert TRUST puis la vague anglaise, IRON MAIDEN, SAXON, JUDAS PRIEST. Ensuite j’ai été séduit par les groupes américains, DOKKEN et tous ces groupes mélodiques comme FOREIGNER etc… J’ai eu envie de revenir là-dessus en composant un morceau qui était vraiment dans cet esprit.
Il fallait que je trouve un bon chanteur et je connaissais Emmanuel Creis du groupe SHADYON. Sa voix m’était tombé dans l’oreille et je m’étais dit que je l’appellerais un jour si j’avais besoin d’un chanteur. Je l’ai finalement contacté pour lui envoyer le morceau qu’il a adoré. Il me l’a retourné rapidement avec pratiquement toutes les lignes de chant avec les chœurs. Le résultat correspondait exactement à l’idée que j’avais en tête ! Du coup, j’ai commencé à composer des morceaux et on a finalement écrit l’album en 3-4 semaines.

Le titre dont tu parles est « In The City » qui est sur l’album ?

Exactement, c’est le 1er titre qui est né avec ce côté années 80 hard FM même si je n’aime pas trop ce mot car ça ne veut rien dire surtout de nos jours puisque ça ne passe jamais en radio (rires). Le titre est sorti pratiquement d’un bloc. On a voulu garder à l’esprit ce côté années 80 mais sans cliché, sans caricature et sans perruque (rires). J’ai fait comme si j’étais retourné en 87 et que j’écrivais l’album à cette époque. La musique est sortie très naturellement, très spontanément sans aucun calcul. En fait, je ne pensais pas que ça allait aboutir à quelque chose. Je n’avais pas l’objectif de faire un album et de signer sur un label. Après avoir écrit l’album, on a cherché des musiciens autour de nous. Ça a commencé avec Jorris Guilbaud qui est le clavier de SHADYON et DEVOID que j’estime énormément et qui est un super arrangeur. Ensuite, Dominique Braud nous a rejoint et il est le bassiste du groupe que j’ai avec Anne Sorgues. J’adore son jeu, il a un super groove. Pour la batterie, Emmanuel m’a soumis le nom de Walter Français qui est le batteur de SHADYON et qui a accepté de nous rejoindre. 

Tu as beaucoup d’activités aussi comment vois-tu HEART LINE ? Un projet parallèle et éphémère ou est-ce que tu te projettes sur le long terme ?

Je me focalise totalement sur HEART LINE. C’est devenu mon projet prioritaire d’autant plus que nous venons de signer avec Antoine Bocquier qui est un booker avec une grande expérience. Il va travailler sur la possibilité des faire des concerts en France et en Europe. C’est un vrai plaisir de revenir sur ce genre de musique. Je m’éclate totalement et c’est vraiment devenu un projet essentiel.

heart line interview concert a montpellier le 17 decembre 2022 01

Tu évoques la notion de plaisir et j’allais te demander ce qui te motive à jouer ce style musical. L’envie de te replonger dans une période où tout était plus simple ?

Il doit y avoir un peu de ça, un peu de nostalgie. Il y a aussi le fait que je suis allé aux Etats-Unis en 2019 et j’entendais du Hard Rock du matin au soir. L’idée a dû commencer à germer à ce moment-là sans que je ne m’en rende compte. En tant que musicien, on se nourrit beaucoup de ce qu’on vit et c’est ressorti spontanément.

Pour composer l’album « Back In The Game », est-ce que tu as eu besoin de te replonger dans les 80’s en écoutant les grands classiques en boucle ?

Non, je n’ai pas eu ce besoin car j’ai tellement bossé sur cette musique en apprenant à jouer de la guitare que j’ai ça en moi et je l’ai toujours eu même lorsque j’ai fait du Blues ou d’autres choses.
Où je te rejoins c’est que j’ai réécouté attentivement des albums des années 80 pour voir comment ils étaient mixés. Ce qui m’a surpris c’est l’absence de règles. Sur certains disques, les guitares sont fortes sur d’autres non comme EUROPE avec « The Final Countdown ». Prends THIN LIZZY avec « Renegade » puis « Thunder and Lightning » et tu as deux choses très différentes.

Justement, je trouve que le son de votre album est excellent. Le son est cristallin et le mix permet à chaque instrument d’être mis en valeur sans que ce soit au détriment des autres. Est-ce que tu avais ça en tête dès le départ ?

Tu sais, les gens se sont tellement habitués depuis les années 2000 et 2010 à écouter des groupes avec des mastering hyper compressés qu’ils ont oublié ce qu’est un vrai disque avec un son normal. Je voulais des sons qui soient « naturels », un mix qui rende justice à tout le monde et te permette d’entendre chaque musicien car je trouve qu’actuellement les guitares sont trop fortes et tu n’entends pas le reste. Le mastering a été confié à Brett Caldas-Lima (MEGADETH, AYERON…) et il a réalisé un super boulot. La plupart du temps, quand tu vois des groupes en concert, tu t’aperçois qu’ils n’ont pas le même son que sur disque car c’est impossible. Je veux que les gens qui viennent voir un concert d’HEART LINE ne soient pas perdus.
En fait, il y a ceux qui trouvent que c’est très bien produit car ça respecte tous les codes des années 80-90 et ceux qui pensent qu’il manque quelque chose car il n’y a pas cet espèce de son artificiellement boosté que l’on trouve partout actuellement. La plupart des groupes ont le même son de caisse claire, de guitares, le même mix. Alors que dans les années 80, quand tu écoutais DOKKEN, BAD ENGLISH ou WINGER tu pouvais les reconnaître par le son des guitares, des productions. Je trouve qu’il est important de pouvoir reconnaître l’humain à travers une production. 

Heart Line cover

Dans les années 80, les pochettes de disques étaient très importantes car elles pouvaient suffire à entraîner l’achat d’un album. Quelles sont les directives que vous avez donné à Stan W Decker qui a réalisé l’artwork de l’album ?

J’ai acheté « Killers » de MAIDEN juste parce que j’avais vu le patch sur la veste d’un gars. Je ne savais même pas ce que c’était mais j’ai acheté le disque car le visuel m’a marqué. Je voulais retrouver cet aspect et c’est pour cette raison que j’ai contacté Stan qui est très connu pour ses travaux (Primal Fear, Blue Öyster Cult, Megadeth). On avait en tête cette idée de bagnole dans une ville, la nuit, avec un côté années 80. Quelques semaines plus tard, j’ai reçu un 1er essai qui était pratiquement le bon car il a tout de suite capté ce que je souhaitais. Il a fait un travail absolument génial car je voulais que les gens comprennent ce qu’il y a dans le disque juste en voyant la pochette.

Votre musique, la cover de l’album sont très typés années 80. Mais quid de votre look ? Où sont passés les spandex, les rouges à lèvres et les coiffures permanentées (rires) ?

Alors non justement, je ne veux surtout ne pas tomber dans la caricature. HEART LINE est un groupe sincère, je ne veux pas faire semblant en me mettant des perruques ou je ne sais quoi d’autre. Et quand tu regardes les groupes actuels tout le monde a une apparence « normale » hormis certaines vieilles stars qui ont gardé leur look des années 80. Je t’avoue que ça me gêne un peu les groupes où leur look ressemble à un déguisement car je trouve que ça impacte la musique. Je me sentirais absolument ridicule de me déguiser pour faire semblant. Au tout début, on a lu des commentaires sur des forums qui disaient « oh, ils n’ont pas du tout le look ». On n’est plus à l’époque de MÖTLEY CRÜE ! On serait ridicules et même pathétiques.

Le disque est sorti chez Pride & Joy Music qui est un label allemand. Qu’est-ce que vous apporte cette signature ?

Une exposition assez incroyable car le disque est distribué en Europe dans une quinzaine de pays je crois. Quand je vois le nombre de presse qu’on a eu c’est délirant. Hier encore, on a reçu deux chroniques d’Allemagne qui sont très bonnes. On a pratiquement eu que de très bonnes chroniques. On a reçu un accueil incroyable que ce soit d’Italie, d’Espagne, de Suède, de Norvège même de Solvénie etc… C’est un truc de fou ! Tu ne peux pas avoir tout ça si tu n’es pas sur un label qui est implanté à l’international.

Tu sais que nul n’est prophète en son pays et que le style Mélodique/AOR a plus de succès à l’étranger et notamment en Scandinavie. Est-ce que l’idée de t’expatrier t’a déjà effleuré ?

Pas vraiment. En tout cas, pas en Suède car il fait trop froid et nuit trop longtemps (rires). Ce n’est pas grave de ne pas être dans le pays où ça marche car il suffit d’y aller de temps en temps. Il faudrait qu’on monte une tournée et c’est en train de se faire. En tout cas je l’espère car avec ce covid… Il y a des choses en route et puis, ce n’est que notre premier album et l’accueil est déjà extraordinaire. En France, je pense qu’il existe un créneau pour ce style de musique. Il y a une niche et il faut juste allez chercher les gens. On y travaille avec notre booker et on verra bien.

Le groupe s’est formé seulement en 2020. Depuis, vous avez décroché un deal avec une maison de disques internationale, votre album est déjà sorti et récolte de bonnes critiques un partout dans le monde. Est-ce que tu pensais que ce serait aussi « simple » lorsque tu as monté le groupe ?

Comme je te disais, j’ai monté ce projet sans avoir de plan et comme ça je ne peux pas être déçu. En revanche, c’est vrai que tout s’ouvre très facilement et c’est très surprenant. J’ai envoyé l’album à une dizaine de labels dans le monde et j’ai eu 3 réponses dont Pride & Joy que nous avions ciblé et qui nous a envoyé un contrat au bout de 6 jours. Avec la presse, tu as toujours un peu peur de voir comment un projet est accueilli, et les premiers retours que nous avons eu d’Espagne et de Grèce étaient mêmes dithyrambiques. Et ça continue encore deux mois après la sortie de l’album. Je n’avais rien imaginé car en musique ça ne se passe jamais comme tu l’avais prévu. Il faut juste bien faire les choses et dans l’ordre. Pour l’instant ça fonctionne mais il faut qu’on arrive à traduire ça en faisant des concerts pour vendre plus d’albums.

Quand tu te projettes, comment vois-tu le groupe évoluer musicalement ? Est-ce que tu penses qu’il y a un risque de te sentir « prisonnier » d’une formule musicale ?

Non parce que je fais la musique que j’ai envie de faire. Le 2ème album devrait être proche du 1er car c’est une continuité de celui-ci. Le 3ème album sera sûrement dans le même genre. On fait du hard rock mélodique donc on ne va pas se mettre à faire du Blues Prog. Je fais de la musique de manière sincère et ce qui m’intéresse c’est que le groupe soit heureux et prenne toujours du plaisir. 
On n’a pas fait de calcul pour composer l’album, tout est venu de manière spontanée, sans se poser la question de savoir si ça ressemble à untel ou untel. De toute façon, tout se ressemble. Prends WHITESNAKE, la moitié des morceaux s’inspirait de LED ZEPPELIN ou DEEP PURPLE. Le Blues, le Rock ou le Hard Rock sont des musiques d’influence. Tout ce qu’on écoute nous influence directement. David Lee Roth disait : « Pour faire un morceau c’est facile, tu piques l’intro, tu piques le couplet, tu piques le refrain et puis tu changes l’intro, le couplet et le refrain ». Tout le monde recycle. Il faut faire de la musique comme on a envie de la faire sans se poser de question. Essayer de plaire à tout le monde c’est plaire à personne.

Heart Line 3

Votre musique joue la carte de la nostalgie. Es-tu du genre à penser que c’était mieux avant ?

C’était mieux avant car on était jeune (rires). La décennie des années 80 est celle où les gens de ma génération ont tout découvert. Donc c’est normal d’être nostalgique de cette époque. Une chose est sûre, musicalement c’était des années extraordinaires. Il suffit de regarder les albums qui sont sortis ces années-là, c’était du high level. Et puis la façon d’écouter la musique n’était pas la même. Pas d’internet, pas de streaming, on achetait un album et on l’écoutait vraiment et ça, ça me manque. Moi-même, je me suis fait happer par le système, j’ai Spotify parce que c’est la facilité. Mais c’est dommage parce que je pense qu’on ne donne plus vraiment leur chance à des albums. A l’époque on écoutait plusieurs fois avant d’émettre un avis. Maintenant certains écoutent à peine un album et font des chroniques négatives sans avoir écouter. Il y en a qui viennent t’expliquer ce qu’est du son alors qu’ils écoutent la musique en mono sur leur téléphone. On a perdu cette culture du son. Rappelle-toi, on avait tous des chaînes hi-fi, il fallait du gros son, pas une enceinte Bluetooth mono. Tout ça a faussé la perception qu’on a de la musique. Les réseaux sociaux ont aussi enlevé une part de mystère. Il y avait des légendes autour des groupes maintenant il n’y a plus que des rumeurs. Internet et les réseaux sociaux ont fait beaucoup pour nous mais on a perdu la fraicheur et la naïveté.

Le côté rafraîchissant, léger et groove de votre disque est un rayon de soleil dans cette période morose. Penses-tu que ta musique peut apporter du bien-être et une forme d’évasion face à ce quotidien très pesant ?

Totalement, je pense que les musiciens sont là pour ça. Certains véhiculent des messages politiques et ils le font très bien mais ce que j’aime c’est écouter et partager de la musique qui fait du bien, qui te donne envie de bouger. Je n’ai pas d’autre prétention que d’apporter du plaisir à ceux qui écoutent ma musique.

Quels sont tes 5 albums de hard rock préférés des années 80 ?

Ouh là là, c’est compliqué. Ça va peut-être te surprendre mais mon 1er choix se porte sur Gary Moore avec « Run For Cover ». J’adore ce mec et cet album m’a vraiment secoué. Ensuite, Yngwie Malmsteen avec « Trilogy » que j’ai écouté en boucle. Une grosse claque avec des morceaux extraordinaires. En 3, WHITESNAKE avec « 1987 » car il est juste monstrueux. Puis, « Under Lock and Key » de DOKKEN que j’ai vu sur cette tournée. Pour l’anecdote, je participe au projet United Guitars dont le 3ème album est sorti en décembre. Et George Lynch joue un solo sur un de mes titres, c’est juste incroyable. En dernier, je pourrai en citer tellement… Allez, « Pyromania » de DEF LEPPARD car je les ai vus aussi sur cette tournée. Mais je pourrai t’en citer plein car il manque WINGER, BAD ENGLISH etc…

Pour terminer, quels sont tes projets pour 2023 ?

Premièrement l'enregistrement des 12 titres qu'on a écrits cette année. On a lancé la production début décembre, et on espère finir l'album vers fin janvier. On a aussi concocté une petite surprise en bonus, mais je n'en dirai pas plus. Ce qui veut dire que si on ne perd pas trop de temps on pourrait espérer une sortie du deuxième album cet été. 
On a aussi commencé à travailler avec Antoine Bocquier de Cahuenga Productions, qui est le tour manager / booker de Ian Paice - Perpendicular (entres autres artistes), et on travaille d'arrache-pied avec lui pour faire un maximum de scènes en 2023. Quelques dates sont d’ores et déjà validées. Nous communiquerons là-dessus très bientôt. A ce propos nous serons le 17 décembre au Secret Place (avec Nym Rhosilir en première partie) à côté de Montpellier (Saint-Jean-De-Vedas). Tu vois on n’a pas chômé cette année, 2022 aura été une année de préparation, que ce soit pour la scène avec les concerts à Paris, en Bretagne, et dans le Nord, et le studio à venir. En tout cas on a hâte de présenter les nouveaux titres et de les jouer sur scène, si possible à travers l'Europe !
Bonne fêtes à toutes et tous et rdv en 2023 !

Merci Yvan, nous serons là en 2023 pour suivre tout cela de près. D’ici là, nous patienterons avec l’écoute du très bon « Back In The Game ». 

 Line Up :

Emmanuel Creis : chant
Yvan Guillevic : guitare
Dominique Braud : basse
Walter français : batterie
Jorris Guilbaud : claviers

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HEART LINE - Interview - Concert à Montpellier du 17 décembre 2022 reporté à 2023 - 3.6 out of 5 based on 5 votes

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