Ô Brasil mon amour ! Comme la belle Carmen, comment oublier ce chef d'œuvre qu'a été Holy Land ?
J'avoue qu'après le très bon Temple of Shadows (2004), j'ai été infidèle à Angra - et non pas à Carmen, impossible ça, love … je m'égare, je reprends, non pas que j'eusse trouvé la suite inintéressante, je n'en sais rien, mais parce que mes goûts musicaux ont eu une certaine lassitude envers ces groupes à chanteurs Soprano que mes oreilles adolescentes ont écouté jusqu'à la lie. Les Queensryche, Dream Theater, Helloween, … dont les influences sur ce disque sont marquantes.
Aussi, quand notre druide me proposa la chronique des brésiliens, j'étais à la fois perplexe, mais aussi emballé par un brin de nostalgie de ce groupe qui m'a chaviré - Carmen aussi - et puis aussi par le fait que le nouveau chanteur Fabio Lione a une voix moins haut perchée que ses 2 successeurs, sans parler de mon côté chauvin de fils d'italien, à défendre un voisin de nouilles.
C'est donc sans espérance particulière, mais avec une certaine émotion que je jetai mon dévolu sur cette nouvelle offrande brésilienne, 10 ans après avoir eu mon album Temple dédicacé de mon nom et de celui de Carmen, par nos 5 voyageurs à un mini-show acoustique à Bordeaux.
Autant le dire de suite, ce disque musicalement est très bon, surclasse le sous-estimé Temple, et se rapproche même, sans l'égaler car c'est mission impossible du conceptuel Holy Land.
Y est présent tout ce qui fait la force des brésiliens : mélodies, refrains épiques ou lyriques, rythmique et break en veux-tu en voilà, soli inspirés et techniques, et le petit côté brésilien qui les différencie des groupes du même genre, même si cette identité ne sera pas aussi fortement marquée que sur Holy Land.
Dès la première écoute, on se laisse emporter par des vagues de mélodies, notamment sur les splendides planches de surfs que sont Newborn me avec son coté lyrique à la Waiting Silence de Temple, ses percus, et ce double solo acoustico flamenco-electrique, tout ça qui en font un titre trésor ; un Final light plaisant sans plus ; le doom sabbathien et perfide Violet sky avec un final de chœur prenant ; le super prog wahou à la Dream Theater, mais aux couleurs épiques brésiliennes Upper Levels ; le joyau, Crushing room, boosté par la maîtresse Doro, en duo avec Rafael Bittencourt.
On retrouve aussi les titres à la Helloween qui speedent, Perfect Simmetry, Black Hearted Soul dont la plus-value se situent dans les breaks, les soli et les passages prog, mais pas vraiment dans les refrains, certes entraînants, mais assez habituels dans le genre - dur après + de 40 ans de hard rock d'être original.
Les ballades à émouvoir tout pirate s'invitent comme de coutume : Storm of Emotions, chanté avec Rafael Bittencourt, la déjà entendue, mais pas moins belle valse anglaise - enfin pour ceux qui apprécient les valses comme moi, sinon vous risquez vite de la jeter à la mer - Secret Garden chantée par Simone Simons, et l'émotionnelle Silent call qui clôt en acoustique le voyage.
Là où cet album a pu gripper votre serviteur, mais pas autant que la dengue, c'est sur le chant de l'italien.
Ho pas de panique ! Fabio, bien que sobre, chante bien, très bien même (Storm of Emotions, Silent call) - c'est un italien, faut pas déconner non plus - mais j'avoue que le côté soprano m'a manqué parfois (Newborn Me, Violet Sky, Final light), et qu'il m'a fallu beaucoup d'écoutes pour m'habituer à ce manque.
Car tout de même, Angra, c'est le Brésil, le voyage, l'océan, l'aventure, le lyrisme, un certain romantisme, autant de paramètres qui nous amènent au rêve, à nous donner envie de nous tenir debout seul devant le Christ de Rio, d'y tendre les bras devant lui en regardant le ciel et l'océan, tout en ressentant la brise nous embrasser, et à penser à la femme qu'on aime.
Aussi, il est clair qu'à chose exceptionnelle, il faut aussi des arguments exceptionnels, et la voix de soprano en est un.
Ce n'est donc peut-être pas anodin si le groupe a apporté d'autres couleurs vocales pour compléter le chanteur, par de lumineux chœurs d'hommes qui sont le gros plus de cet album sur Black Hearted Soul, Storm of Emotions, Upper Levels, Violet sky et le presque Gospel, Silent call ; mais aussi en faisant appel à la chanteuse d'Epica pour Secret Garden qui apporte là, la touche soprano, et l'ex chanteuse de Warlock pour un des joyaux du disque, Crushing room. C'est donc très bien vu de la part du groupe.
Le groupe frôle donc la note de 4,5, d'un chouïa, pour cette petite gêne vocale, et aussi parce qu'ils s'y sont mis à plusieurs pour réussir cette bien bel œuvre, là où un André Matos, l'avait assumé seul, malgré son côté nasillard qui me faisait lui préférer Edu Falashi sur disque.
S'il avait été conceptuel, et s'ils avaient amélioré les 2-3 titres un peu trop standards bien que bons, cet album aurait pu se rapprocher de la suprématie d'Holy Land.
Très bon retour des Brésiliens qui devrait leur faire retrouver la place qu'Holy Land leur avait permis d'atteindre, et tel un Queensryche, qu'ils n'auraient jamais dû perdre, à condition que la greffe avec Lione s'opère bien, et qu'ils retrouvent au prochain album davantage de samba dans leur musique.
Label : | Spv |
Sortie : | 16/01/2015 |
Production : | n/a |
Discographie : |
Angels Cry (1993) |
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