Health. Prototype du groupe futuriste alliant une musique à fortes connotations métalliques, un chant sybilin et des mélodies vous plongeant dans un univers fantastique et étrange.
Il y a 10 ans l’écoute de leur premier enregistrement « Get color » [2009] a marqué mon esprit et mes oreilles d’une signature musicale absolument indélébile et profonde. A l’époque ce quatuor californien (Los Angeles) avait réussi le tour de force de proposer une musique rock hybride moderne à forts relents indus provoquant une excitante exaltation de mon système limbique vieillissant.
Dix ans plus tard, donc, mon cerveau a encore perdu quelques milliers (millions?) de neurones, et Health reste toujours cantonné à son réseau d'aficionados underground. Les californiens auraient dû s'allier à un bon groupe de presse capitaliste à la solde d'un bel oligarque occidental qui moyennant retour sur investissement lui aurait permis de sortir de l'anonymat, à l'instar de tel homme politique inconnu et promu à la tête d'un pays après quelques mois d'intenses manoeuvres médiatiques savamment orchestrées (ceux qui veulent plus d'explications liront avec intérêt le pamphlet anti-macronien de Juan Branco, "Crépuscule" disponible en lecture libre -version pdf- sur internet).
Mais faut croire que les musicos, contrairement aux politiques ne vendent pas si facilement leur âme au diable! Le résultat est là. Même après avoir sorti un 2ème LP studio plutôt correct il y a 4 ans (« Death magic » [2015]) ayant fait suite à un travail de composition pour jeu vidéo (« Max Payne »), Health cire toujours les bancs d'une division musicale underground, absolument pas en rapport avec leurs qualités intrinsèques d'auteurs-compositeurs-interprètes. Sic transit gloria mundi, comme dirait l'autre...
Pour « Vol 4 :: Slaves of Fear » le label reste toujours très confidentiel (Loma Vista/Caroline International) et ne devrait pas concourir à une explosion de reconnaissance internationale. Eh bien tant pis! Croyez-moi sur parole, cet album en forme de clin d’œil vers Black Sabbath est très certainement leur plus abouti et mérite qu’on s’y attarde vraiment. Album de la maturité, après avoir assimilé bon nombre d’influences venant d’horizons variés et parfois opposés le groupe (qui reste dorénavant en trio depuis le départ du guitariste Jupiter en duo avec sa compagne Alice Glass, elle aussi musicos, dont il produit les albums) sait parfaitement manier ses enchevêtrements mélodiques faits de boucles répétitives aux synthés, instrument phare chez eux.
Le premier titre "Psychonaut" démarre calmement, sur quelques secondes, avant de plonger l'auditeur au coeur de la nébuleuse Health, vous assimilant à un proto-élément atomique bombardé de neutrinos ou autres particules radioactives incandescentes au beau milieu d'une chambre magmatique volcanique. Puissant est l'adjectif qui vient immédiatement à l'esprit, rappelant irrémédiablement les grands moments d'un combo comme Ministry à ses débuts ou d'un Nine Inch Nails dans une moindre mesure. L'enchaînement bien martelé sur "Feel nothing" est d'une fluidité remarquable alors même que les intonations sont plutôt heavy. Et toujours ce contraste avec des vocaux au calme et à la sérénité remarquables.
En 12 titres tantôt rapides et rugissants ("God botherer", "Loss deluxe", "The Message") tantôt plus lents et lorgnant vers un doom indus intrigant ("Black static", "NC-17", "Rat wars", "Strange days (1999)") Health vous emmène dans son univers musical fantasmagorique et puissamment fédérateur; une sorte de zike pour film fantastique. Se terminant sur un titre éponyme proprement hallucinant par sa ligne de basse (Geezer n'est pas loin...) et ses multiples incartades électro saccadées telles une marche militaire extra-temporelle originaire d'une autre galaxie, cet album ravira les auditeurs avides d'expériences musicales expérimentales inhabituelles. Enjoy motherf*ckers!
Tracklist :
1. "Psychonaut" 2:24
2. "Feel Nothing" 2:59
3. "God Botherer" 2:23
4. "Black Static" 3:05
5. "Loss Deluxe" 3:18
6. "NC-17" 3:08
7. "The Message" 2:32
8. "Rat Wars" 2:32
9. "Strange Days" 3:24
10. "Wrong Bag" 2:46
11. "Slaves of Fear" 4:53
12. "Decimation"
Line Up :
Benjamin Jared Miller - batterie
Jake Duzsik - chant, guitare
John Famiglietti - basse
Label : Loma Vista Recordings
Sortie : 08/02/2019
Production : Lars Stalfors
Discographie :
2007 : Health (Lovepump United)
2008 : Get Color (Lovepump United Records, City Slang)
2015 : Death Magic (Loma Vista Recordings)
2019 : Vol.4::Slaves Of Fear (Loma Vista Recordings)
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