Il faut parfois attendre 40 ans pour prendre la pleine mesure d’un chef d’oeuvre, surtout quand l’oeuvre originelle en question a été sacrifiée au gré des circonstances du moment.
Les musicologues du Hard-Rock que nous sommes savent pertinemment que la naissance au monde d’HANOI ROCKS a été une explosion d’une magnitude comparable à celles d’un Cheap Trick ou d’un Van Halen. Un jaillissement créatif foutraque mais surpuissant qui doit tout aux touches à tout de génie que sont Andy Mc Coy et Michael Monroe. Ces Muddy Twins autoproclamés dont l’influence s’étend jusqu’à L.A et Tokyo ont réussit avec HANOI ROCKS la synthèse des New York Dolls, Dead Boys et Alice Cooper ( rien que ça ! ) dans une relecture foncièrement juvénile à la maturité musicale impressionnante, encore aujourd’hui. Après une mini tournée anglaise en ouverture de Wishbone Ash ( sic ! ) HANOI ROCKS entre en Novembre 1981 aux Advision Studios ( non loin d’Oxford Circus ) pour des sessions d’enregistrement de 15 jours sous la direction du producteur anglais Peter Wooliscroft.
Ils ont d’abord prévu d’intituler leur album Second Attempt for Suicide et effectivement, on peut dire qu’au final le son de cet album est un véritable suicide ! Le problème avec le mix original d’Oriental Beat a été que Wooliscroft n’a rien compris au groupe. Pire, il a alors dans l’idée de vouloir faire sonner HANOI comme Spandau Ballet en gommant sciemment la part ROCKS inhérente au groupe. Voix pop et batterie clinique devant et le reste derrière… Un vrai sacrilège, 80’s style !
Or HANOI ROCKS est une attaque frontale qui ne doit tolérer aucun traitement de faveur d’un instrument vis à vis de l’autre ( voix comprise ). En l’espèce la minuscule bande passante réservée aux guitares était un crime, jusqu’à présent. Mais avec la découverte récente des bandes originales qu’on croyait disparues à tout jamais des archives d’Universal Finlande, réparation est faite aujourd’hui. Et croyez-moi c’est un choc de redécouvrir ces chansons intemporelles avec la vrai griffe HANOI ROCKS ! Armé de son ingénieur du son depuis 20 ans ( Petri Majuri ) Michael Monroe avec l’aide d’Andy Mc Coy a entrepris un grand nettoyage du son d’Oriental Beat à partir des masters originaux, et remit la présentation des morceaux dans l’ordre requis. Le Re(al ) Mix s’ouvre ainsi sur ses 2 chansons les plus connues et toujours dans les setlists de Monroe aujourd’hui : Oriental Beat et Motorvatin’.
Trois autres chef d’œuvres s’imposent rapidement à la faveur de ce lifting sonique : Visitors ( un miracle de chanson ! ), Don’t Follow Me ( condensé parfait du style HANOI, sax compris ) et Devil Woman ( clin d’oeil irrésistible à Moon Martin ). Les titres secondaires de l’époque ( disons ceux que l’histoire n’avait pas retenu jusqu’à maintenant ) bénéficient de trouvailles sonores qu’on n’avait jamais entendu comme ça auparavant, Mc Baby et Teenangels Outsiders en tête. Sweet Home Suburbia résume à elle seule le style versatile de Mc Coy et No Law or Order inaudible dans sa version originale dévoile une sorte de reggae blanc de Candem ( à la manière du Clash ) assez savoureux. Pour vous donner une idée le niveau d’interaction entre Andy Mc Coy et Nasty Suicide tient ici la comparaison avec celui de Keith Richards et Ron Wood période Some Girls, rien de plus ni de moins ! HANOI ROCKS s’est donc offert un lifting de son album clé façon Raw Power par Iggy Pop en 1997. Et c’est d’autant plus important aujourd’hui qu’à l’époque en raison de zones de distributions multi-locales la version originale d’Oriental Beat était parue après Self Destruction Blues et que le 1er album Bangkok Shock Saigon Shakes restait introuvable en Europe jusqu’en 1983 !
Les 3 premiers albums ( ceux avec Gyp Casino dessus, avant Razzle ) couvrent la période 1980-82, rétrospectivement la plus représentative de la puissance magnétique d’HANOI ROCKS. Aujourd’hui Oriental Beat The Re(al) Mix ( 2ème dans l’ordre chronologique des L.P ) sonne enfin comme il se doit et ce n’est que justice compte tenu de l’attentat sonique dont il fut l’objet en 1982. Alors je ne sais pas vous, mais en ce qui me concerne je ne pourrais plus vivre sans maintenant !
Emmanuel Ascher Plus d'infos à propos de l'auteur ici |
Tracklist :
1 Motorvatin'
2 Don't Follow Me
3 Visitor
4 Teenangels Outsiders
5 Sweet Home Suburbia
6 M.C. Baby
7 No Law Or Order
8 Oriental Beat
9 Devil Woman
10 Lightnin' Bar Blues
11 Fallen Star
Line Up :
Michael Monroe – chant, saxophone, harmonica
Andy McCoy - guitare, choeurs
Nasty Suicide - guitares, chœurs
Sam Yaffa – basse
Gyp Casino – batterie
Personnel supplémentaire
Katrina Leskanich - chœurs sur "Don't Follow Me"
Label : Johanna Kustannus / SVART RECORDS
Sortie : 01/1982 - 17/03/2023
Production : Pete Wooliscroft
Discographie :
Bangkok Shocks, Saigon Shakes, Hanoi Rocks (1981)
Oriental Beat (1982)
Self Destruction Blues (1982)
Back to Mystery City (1983)
Two Steps from the Move (1984)
Twelve Shots on the Rocks (2002)
Another Hostile Takeover (2005)
Street Poetry (2007)
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