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angra-omni-nouvel-album-2018

Non seulement, ce groupe constitue une quinte flush royale, mais en plus, ces brésiliens d'Angra, ont inventé le Métal Sinatra !

Zut ! j'ai raté l'embarquement pour ce nouveau voyage d'Angra. C'est donc avec un retard impardonnable  que je m'en viens vous en conter l'histoire.
Lors de ma précédente chronique, j'étais assez inquiet sur le futur du groupe. Car Angra se macronise, avec notamment des changements de personnels et un Fabio Leone en contrat intérimaire longue durée. Contrat qu'il n'aurait toujours pas signé d'ailleurs, mais après tout, dans le monde du rock, on en a vu des séparations-démissions-split-réformation en tout genre, alors on ne va pas s'attarder sur son statut social. L'essentiel est qu'il soit bien là et que le groupe continue son périple. Car ce n'est pas avec Angra qu'on va parler politique.
Angra est plutôt un groupe qui sait nous faire rêver et voyager sans que l'on ne quitte son chez soi ; ça tombe bien, « mamie, j'ai raté l'avion ». Et ce ne pas avec cet Omni que cela va changer. Bien au contraire, malgré le vrai faux départ de Kiko Loureiro, chiu là chui pas là - sur cet album : chui un chouïa là - le groupe ne trahit pas son adn. Tous les ingrédients qui constituent le groupe brésilien sont bien là.


Que ce soit l'opener Light of Transcendence ornée de ses orchestrations d'intro masterpieces, ou un War Horns en mode speed mélodique standard à la Helloween, mais avec sa touche latine, moins lourde que celle des allemands, et qui fait tout le charme des brésiliens, ou encore le lyrique Travelers of Time, avec ses choeurs d'opéra, on commence sur des valeurs sûres et de très haute qualité.
Enchaîne son altesse royale Insania, dont le refrain est un des plus beaux que j'ai entendu dans le genre depuis bien longtemps. Magique ! Et que dire de ses lignes de basses ? Frissons assurés.
Comme sur l'album précédent, et comme pour s'éviter une dépendance vocale italienne, Rafael Bittencourt  ainsi que des invités de « mArch », viennent apporter d'autres couleurs au chant, à un groupe qui n'en manquent pourtant pas. Aussi, on aura droit à quelques grolls par-ci par-là, qui maintiennent le groupe dans l'air du temps. Ce genre d'exercice devient un peu trop prévisible et bien qu'agréable, le fan que je suis, aurais aimé que ce gimmick soit fait dans un esprit plus brésilien, pour se différencier justement de la mode, tout en l'intégrant, avec un Sepultura par exemple, plutôt qu'avec une convenue aussi talentueuse qu'Alissa White-Gluzq, qui sera accompagnée ici de la chanteuse pop brésilienne, Sandy sur Black Widow's Web.
Ceci dit, le dosage sur ce titre ne révulsera point tous réfractaires aux grolls. D'autant que l'équipe à Rafael Bittencourt, sait garder ses couleurs locales avec un Caveman qui rappellera un Carolina IV d'Holy Land. Original, tribal, magistral : Tout le brésil est là. J'en profite d'ailleurs là pour marquer mon étonnement sur quelques commentaires qui trouvent certains titres pas assez colorés jaune, vert et bleu : Mais, il me semble qu'Angra n'a jamais dit qu'il intégrerait du mambo sur chaque titre. Alors, retrouver des influences de Yes, comme sur Magic Mirror, n'est pas un scoop non plus. Ceci dit, les taquins me rétorqueront que Yes a écrit un chef d'oeuvre, Close to the Edge, à la pochette jaune, verte et bleue, mais ça n'a rien à voir musicalement avec la samba les gars !
 

La suite est peut-être un zest moins évidente à l'oreille, car la riche personnalité prog et symphonique du groupe nécessite une attention particulière. Mais au bout de plusieurs écoutes, on rentre bien dans des mélodies subtiles que la jolie voix de Leone met en valeur, tout comme celle de Bittencourt, qui apporte un petit côté vocal du plus bel effet entre Fish et Léonard Cohen, en moins grave sur l'intense The Bottom of my soul.
Les refrains des Magic Mirror, Always More et Silence Inside sont juste des pépites d'or d'Amazonie. Quoi qu'avec le carnage écologique qui se déroule là-bas pour un bout de caillou comme l'or (les gens sont fous de tuer et polluer pour ça, pitin ce n'est qu'un caillou, arrêtez d'acheter des cailloux), il va falloir changer cette expression superlative de « pépite d'or », tant la rareté va devenir verte. Donc, ces 3 derniers titres ont des refrains qui sont juste des pépites vertes.
Avec Silence Inside, on touche là la ''chanson douce que te chantait ta maman''. On est loin du métal direct. Ho ! Ça reste rock, ce n'est pas du Henri Salvador, mais un rock de plus de 8mn ; rock ici avec un 'R' minuscule, mais avec une grâce majuscule, par ce refrain qui coule comme une rivière qui ensemence la vie ; mais aussi par ses parties instrumentales ensorceleuses d'Amérique du Sud et ses envolées lyriques de toute beauté.


Angra, cela me paraît clair tout le long de ses œuvres,  a inventé le Métal Sinatra ! Le métal classe ! Deux termes qu'on imagine mal associer. Et pourtant, ils l'ont fait !
Alors, si les jeunes s'éclatent sur un Myrath qui vit un bel engouement mérité, comme l'avait vécu Angra, il y a quelques décennies, sans qu'on ne comprenne vraiment pourquoi cette aura s'est diluée dans des mémoires ingrates (dont je fis parti d'ailleurs, mais me revoilà), je les invite à entretenir l'héritage, en s'intéressant aux brésiliens autant qu'ils s'intéressent aujourd'hui aux tunisiens. Une tournée française  comme au bon vieux temps, et comme le fait actuellement Myrath, serait appréciée.


L'instrumental symphonique Infinite Nothing clôture ce magnifique voyage. Il me rappelle une conversation récente que j'ai eu avec quelques amis métalleux lors d'un repas italien, où on se remémorait nos cours d'éducations musicales au collège de notre génération des années 80. A l'époque, on ne nous parlait que de musiques classiques. Pas de jazz, pas de blues, pas de gospel, et encore moins de rock : 4 ans de cours  de … classique ! Pinaise, c'est bien le classique, mais des centaines d'heures à s'en manger à s'en écoeurer, ça bourre un peu les oreilles. Bonjour l'ouverture d'esprit et la pédagogie ! D'ailleurs, le faux rebelle que j'étais, n'en a retenu que le minimum hélas. Alors, si ce genre de dictature uni-culturelle perdure toujours, si tu veux ouvrir ton prof, pose lui cette galette sur le chiffre 11. Pendant qu'il prend sa craie pour une baguette de chef d'orchestre : il-elle sera content.e d'entendre cet instrumental symphonique contemporain, … et si jamais ton doigt dérape sur le chiffre 4, tu rendras service à tes potes de classe ;) … (si tu fais ça, fais nous le savoir, ça me fera plaisir).


Et au fait, question guitares, qui désormais tient la barre ? Pas d'inquiétudes non plus à ce niveau là. Malgré le départ de Kiko Loureiro pour Megadeth, avec Marcelo Barbosa, présenté par Loureiro lui-même au groupe, on a toujours ces solos prog à la fois techniques mais hyper construits, mélodieux et lyriques, impressionnants et captivants (War Horns). J'ai toujours apprécié le jeu du duo, notamment ce côté léger dans leur métal en comparaison toujours aux bulldozers allemands. C'est peut être parce que je suis italien aussi. Ecoutez donc ceux d'un Silence Inside, d'un Caveman, et autres ..., qui se démarquent de cette concurrence, avec aussi ses interludes brillantes de basse. Comme toujours la section rythmique délivre une prestation éblouissante, auréolée de parties claviers-symphonique, parfois sage, parfois euphorique, ... toujours à la disposition des titres et de l'ambiance générale. « Orchestralement », ce groupe est juste une quinte flush, … royale, bien sûr.


Il est clair qu'Angra reste inspiré et, malgré un ou deux albums plus complexes période Edu Falaschi, n'aurait jamais du perdre son statut de leader amplement mérité à l'époque d'André Matos. Il ne tient qu'à vous de les remettre à la place qu'ils devraient occuper, ne serait-ce parce qu'ils se démarquent musicalement de la concurrence.
J'avais sous-noté l'album précédent, faute à une non habitude du chant de Leone, mais force est de constater que ça fonctionne très bien. ''Définitivement le bon choix'' comme dit le boss de Rockmeeting.
Et puis au diable les notes, Angra, c'est super bien, il faut vous le dire en quelle langue ? Italien, brésilien, en groooooolll ? :) Même le groupe vous le traduit en plusieurs langues sur son site dont le français.
A l'heure où les dinosaures tirent leur révérence, il est temps de s'inventer de nouvelles têtes d'affiches. Et pour moi Angra en est une. Une tête d'affiche bien plus vivante, inspirée et gracieuse qu'un Maiden, malgré tout le respect que je dois à cette légende du métal.
En fait, ce ne sont pas leurs albums qui sont des chefs d'œuvre, à quelques exceptions près, c'est tout simplement ce groupe majestueux ! S'ils avaient vécu à l'époque des « grands » monarques, nul doute qu'ils auraient été conviés à la Cour de Versailles. Viva Angra !



Tracklist :
01. Light Of Transcendence
02. Travelers Of Time
03. Black Widow's Web
04. Insania
05. The Bottom Of My Soul
06. War Horns
07. Caveman
08. Magic Mirror
09. Always More
10. Ømni - Silence Inside
11. Ømni - Infinite Nothing


am
Line Up :
Fabio Lione (chant)
Marcelo Barbosa (guitare)
Rafaël Bittencourt(guitare)
Felipa Andreoli (basse)
Paul Valverde (batterie)

Label : EarMusic
Sortie : 16 février 2018
Production : Chris "The Wizard" Collier


Discographie :

Angels Cry (1993)
Holy Land (1996)
Freedom Call (1996)
Holy Live (1997)
Fireworks (1998)
Rebirth (2001)
Hunters And Prey (2002)
Live In Sao Paulo (2003)
Temple Of Shadows (2004)
Aurora Consurgens (2006)
Aqua  (2010)
Best Reached Horizons (2012)
Secret Gardens(2015)

ØMNI (2018)

Liens multimédia - videos -  SITE OFFICIEL

 

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Comments:

Commentaires   

#4 Terry 25-06-2021 21:27
Citation en provenance du commentaire précédent de John Markus :
Belle chronique qui donne envie de se procurer l'album. Merci Franck. Petite anecdote, il y a quelques années, avec mon fidèle écuyer, Terry RM, notre photographe maison, nous étions en reportage à Bordeaux, pour couvrir le concert d'ANGRA. Après un set énergique rondement mené et bien ficelé, nous eumes droit à un rappel qui vaut la peine d'etre relaté. En effet, comme au volley ball, les musiciens changent de positions et d'instruments. Ainsi, l'un des guitaristes devient chanteur, l'autre devient batteur, le batteur devient guitariste le chanteur devient bassiste, et, le bassiste devient guitariste. Une fois en place, sous les yeux ébahis des spectateurs, les Brésiliens nous offrent le Heaven And Hell de Black Sabbath, éxécuté avec une maestria de virtuoses hors pair, qui restera, longtemps, encore, dans nos mémoire. Enorme!


Oui John Markus quel concert et quel concert féérique. Lors du rappel j'étais comme un gamin qui vois le pére noël pour la première fois avec les cadeaux. Oui un concert !
Oui
+1 #3 MetalDen 06-05-2018 21:48
Un peu de promotion pour l'outil de recherche RM pour répondre a ta question sur Bordeaux, Franck, voici ce que j'ai trouvé ici.
Si non merci pour la chro, il aurait été dommage que ce superbe album n'ait pas eu sa chronique ! Fabio que je viens de voir live avec Rhapsody n'a vraiment rien perdu de sa superbe, en studio ou en live, il est au top. Et côté compos ça vole haut aussi ! Excellent opus.
+1 #2 FranckAndFurious 06-05-2018 08:18
Merci Markus, ça fait plaisir. Tu peux nous dire en quelle année c'était ? je les ai vu à Bordeaux en 97, époque où ils étaient on fire, et 99, où ça se sentait que ça sonnait le glas avec Matos, tant la complicité était opposée à celle de 97. Cet échange d'instrument me dit quelque chose, mais je ne me souviens plus, misère de moi. A croire que j'ai pris le ballon dans la tête ? :) ...D'où l'importance d'écrire des reports.
+2 #1 John Markus 05-05-2018 20:25
Belle chronique qui donne envie de se procurer l'album. Merci Franck. Petite anecdote, il y a quelques années, avec mon fidèle écuyer, Terry RM, notre photographe maison, nous étions en reportage à Bordeaux, pour couvrir le concert d'ANGRA. Après un set énergique rondement mené et bien ficelé, nous eumes droit à un rappel qui vaut la peine d'etre relaté. En effet, comme au volley ball, les musiciens changent de positions et d'instruments. Ainsi, l'un des guitaristes devient chanteur, l'autre devient batteur, le batteur devient guitariste le chanteur devient bassiste, et, le bassiste devient guitariste. Une fois en place, sous les yeux ébahis des spectateurs, les Brésiliens nous offrent le Heaven And Hell de Black Sabbath, éxécuté avec une maestria de virtuoses hors pair, qui restera, longtemps, encore, dans nos mémoire. Enorme!

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