Métallique. Un son froid et dénué d'affect se fait entendre et commence à placer les différents éléments du décor.
Manifestement il s'agit d'une usine où les machines sont à l'ouvrage. Mad Max? Terminator? Ou peut-être sommes-nous au sein d'un vaisseau spatial à la dérive. Alien? -Vous pourriez laisser aller votre imagination, mais si vous jetez un œil (ou les 2) sur le site bandcamp de ce trio allemand, vous y apprendriez que cet album relate l'histoire du vaisseau Mother Engine dans son 3e chapitre. Sur l'album précédent "Absturz" [2015, Fuzzmatazz Records] l'objet volant piloté par nos lascars s'était abimé sur la planète X-Alpha Wolf...
Le premier titre de ce nouvel effort studio "Prototyp" a été conçu pour vous dévoiler le processus de reconstruction de leur nouvel engin interstellaire. C'est pourquoi, dans la cosmogonie de leur trip germanique, Mother Engine ouvre ce "Hangar" à la façon d'un film de SF alliant un suspens angoissant à une impression crispante de course contre la montre anxiogène. Tout sera ensuite balayé par l'arrivée du premier véritable instrument, à savoir la basse. Ces lignes de basse ronflante vont simplement, lentement autour de quelques accords exécutés en boucles, envelopper votre cerveau d'une foultitude de géniales envolées de guitare en fuzz-tu en voilà, délivrant méthodiquement sa mélodie comme une seringue vous administrerait voluptueusement votre dose de morphine en vous laissant totalement stoned.
Après 15 minutes de ce déluge de psyché-rock progressif il vous faudra vous abreuver un peu. De l'eau? Non, plutôt un alcool fort et frelaté matérialisé par une dégoulinante traînée de notes délivrées par un piano placé en fin de titre. Première petite incartade en zone free-jazz. Vous ne
vous en étiez pas rendus compte mais cette première piste, purement instrumentale vous a fait planer pendant près de 18 minutes 30...
"Biosprit". Impossible de ne pas penser aux Portes Californiennes sur l'ambiance de l'intro très 'Celebration of the Lizard' de ce deuxième titre. Sur ce morceau qui au final affichera lui aussi plus de 18 minutes au compteur, les 3 musiciens [Cornelius Grünert -batterie; Christian Dressel -basse; Chris Trautenbach -guitare] vont s'attacher à chercher le meilleur combustible pour leur néo-spaceship.
Encore une totale et absolue immersion dans un prog-rock à forts relents de psychédélisme vintage. La redondance est l'écueil majeur de ce type de morceau et reste la hantise de l'auditeur, mais ici elle est absente. Un pur instrumental dont on peine à croire qu'il ait pu être conçu par des humanoïdes sans apports chimiques multiples...
Débutant sur des samples évocateurs de contrées extra-terrestres fantastiques "Tokamak" va voir nos Mother Engine nous dévoiler leur plasma fusion reactor qui devrait leur permettre de quitter la planète inhospitalière sur laquelle ils se sont échoués.
Effluves orientales, senteurs et volutes de fumées hallucinogènes s'invitent sur ce 3e morceau
ce qui vous fera passer plus de 21 minutes cette fois-ci dans un confort auditif exquis et en plein fuzz maîtrisé à la perfection par nos trois teutons. Et toujours pas de chanteur à l'horizon! Mais l'apport de cuivres dans un style très jazz-rock en milieu de titre saura vous faire oublier ce menu détail, cuivres dont l'unique objectif sera de lancer sur orbite la 6-cordes flamboyante et rutilante, soulevant par là-même notre vaisseau pour l'envoyer dans un espace-temps musical dont on pourra douter qu'il se situe dans une dimension humaine connue...
Arrive donc le quatrième et dernier titre de la galette "Weihe/Leerlauf" dont on apprend qu'il n'est là que pour célébrer la (re)naissance du vaisseau de nos 3 spationautes. Intro très orientalisante du meilleur effet, entraînant à souhaits, jubilatoire par ses breaks rythmés et son tempo bien cadencé qui va là aussi permettre au fuzz stonerissime de Mother Engine de virevolter en totale apesanteur en vous entraînant avec lui, avec eux, vers d'improbables sites intersidéraux remplis de délicieuses mélodies.
En 75 minutes, Mother Engine réinvente le style stoner dans un genre totalement instrumental (j'ai oublié de vous préciser que le chanteur s'est fait la malle avant leur premier album studio en 2012 et que les 3 loustics ont donc décidé de rester seuls maîtres à bord de leur vaisseau amiral musical ce que personnellement je ne leur reprocherai pas le moins du monde tant le résultat est époustouflant).
Pour qui est fan du genre, un des meilleurs albums de l'année, sans contestation possible.
Tracklist : | Line Up : | |
1 Prototyp | Cornelius Grünert -batterie Christian Dressel -basse Chris Trautenbach -guitare |
Label : | Heavy Psych |
Sortie : | 2017 |
Production : | n/a |
Liens multimédia - videos | SITE OFFICIEL |
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