Cela faisait un bon bout de temps que je n'avais pas vu Lordi. La dernière fois, c'était au Bang Your Head 2013, ce qui remonte à quasiment sept ans.
Mon intérêt pour ce groupe a aussi considérablement fléchi, leurs dernières sorties étant pour moi du pilotage automatique. Par contre en live, c'est toujours sympa. Leur dernier passage à Toulouse remonte quand même à onze ans (en février 2009 à feu le Havana Café) mais ça a bien marqué ceux qui y étaient. Donc c'est avec plaisir que je retourne les voir ce premier lundi du mois de mars 2020. Par contre, je me disais que le Bikini paraissait un peu gros vu que la renommée de Lordi s'est essoufflée depuis le temps lointain de leur victoire à l'Eurovision 2006, et qu'un Métronum aurait peut-être suffi. Au final, c'est un Bikini rempli à un peu plus de la moitié qui accueille la soirée, ce qui est loin d'être une contre-performance.
Le premier groupe s'appelle AETERNITAS mais je ne les verrai pas. C'est un groupe allemand qui joue du power metal symphonique à vocaux féminins signé chez Massacre Records. Une fois qu'on a dit ça, on a tout dit sur ce groupe ! C'est pas gentil alors que je ne les ai même pas vus mais j'ai écouté au préalable sur Spotify pour m'en faire une idée et je n'ai été convaincu ni par leur originalité, ni par la qualité intrinsèque de leurs chansons. En fait, je trouve ça ni bon ni mauvais. Et ceux qui les ont vus n'ont pas été spécialement convaincus par leurs prestations scéniques. Après, c'est un jeune groupe et ils ont une marge de progression aussi.
La suite est par contre bien sympa. Il s'agit de FLESH ROXON, un groupe finlandais qui définit son style comme de l'action rock ! En fait leur musique oscille entre hard rock et psychobilly avec en prime une contrebasse. Ils existent depuis une dizaine d'années et ont sorti deux albums à ce jour, même si je n'en avais jamais entendu parler avant qu'ils ne soient annoncés sur cette tournée. Je n'avais pas eu le temps d'y jeter une oreille et je découvre donc ça en direct. Et j'aime bien ! Ils jouent très bien et sont très carrés. Leur musique dégage une énergie limite punk et est très accrocheuse. Les mecs savent bien tenir une scène et on se surprend à taper du pied spontanément. Par contre, ça fait vraiment beaucoup penser à du Volbeat. En particulier la voix du chanteur Nicky Rothen (rien à voir avec l'ancien footballeur !) au grain assez proche de celui de Michael Poulsen. Ca ne gâche cependant pas le plaisir et Flesh Roxon n'est pas non plus un vulgaire clone des Danois. Je trouve par contre que si la contrebasse fait son petit effet visuel sur la scène, ça n'apporte pas grand chose musicalement, à part peut-être un son de basse plus fort.
Ils jouent trois quarts d'heure que l'on ne voit pas passer. A signaler une reprise sympa de "What is love" de Haddaway. C'est donc une bonne découverte, alors que je n'en attendais pas grand chose au départ.
Ensuite, c'est au tour de la tête d'affiche. Un concert de LORDI étant toujours du grand spectacle avec une belle mise en scène, il va falloir une bonne petite demi-heure aux techniciens de la salle et du groupe pour tout installer. Ca prend d'ailleurs plus de temps que prévu puisque Lordi terminera le concert après minuit, ce qui posera problème pour certains fans non motorisés venus en métro.
Ca laisse le temps de jeter un coup d'oeil au merchandising et de constater les prix scandaleusement élevés de leurs articles : 30 € le tee-shirt, avec offre spéciale à 120€ les cinq... Je trouve hallucinant que l'on pratique ce genre de prix et, surtout, qu'il y ait des gens pour acheter ça. J'espère qu'ils vont se retrouver avec un stock conséquents de tee-shirts sur les bras qu'ils vont être obligés de brader en fin de tournée ! Ce ne sera probablement pas le cas vu que ces tarifs prohibitifs ont tendance à se généraliser pour le merchandising, soi disant pour compenser le fait que plus personne n'achète de CD... Mais hormis ces tarifs de merch honteux, le groupe ne va pas arnaquer les fans ce soir.
Après une longue introduction les monstres finlandais débarquent sur scène avec un bel accueil. La mise en scène est très travaillée, avec une scénographie et des tenues de cosplay horrifiques au top, conçues par Mister Lordi himself. Tout le concert est agrémenté de saynètes aussi horrifiques que kitsch, telles que la mamie courbée et décrépie mais rapide sur “Granny’s Gone Crazy”, l’homme se faisant découper à la scie circulaire sur “Naked In My Cellar”, un fantôme qui fonce sur les premiers rangs sur “The Ghosts Of Heceta Head” ou encore le Skeletor prenant dans ses mains la tête de Musclor sur “Let’s Go Slaughter He-Man (I Wanna Be The Beast-Man In The Masters Of The Universe)”, bel hommage aux Maîtres de l'Univers (les plus jeunes ne connaissent probablement pas mais ce dessin animé a bien bercé mon enfance). Ces saynètes rendent sympas des solos qui sont en soi sans intérêt. L’enchaînement des morceaux est régulièrement agrémenté d’interventions humoristiques de Mr. Lordi du type “Je sais qu’on est lundi soir, mais vous direz demain "fuck you" à vos professeurs ou à vos patrons parce que vous faisiez la fête avec Lordi !” ou “On va interpréter ce soir des raretés peu ou jamais jouées auparavant. Bon OK, on les joue sur cette tournée. Mais vous avez compris. D’ailleurs hier, on a été nuls. Qui sait, on sera peut-être aussi nuls ce soir !”, ou encore des "à poil" en français dans le texte pour présenter "Naked in the cellar" C'est d'ailleurs ce qui fait que j'ai particulièrement apprécié la prestation de Lordi ce soir : le groupe a fait de gros progrès en matière de communication et d'interaction avec le public. Avant, c'était très bien interprété, le jeu de scène était bien huilé mais ça manquait d'échanges et parfois de spontanéité. Or, l'échange entre le groupe et son public est la base du live, et un concert est souvent meilleur quand l'interprétation n'est pas parfaite mais que la sauce prend. Ce soir, ça joue bien, longtemps (1h40 de temps de jeu et 17 morceaux joués, plus les interludes : le groupe ne se fout clairement pas de son public !) et avec une joie communicative.
Outre ce visuel au top, le groupe bénéficie aussi d'un son parfait, comme la plupart du temps au Bikini. La discographie du groupe, qui est maintenant assez conséquente, est plutôt bien représentée. Il manque toujours quelques morceaux dont je suis fan tels que "Rock the Hell outta you", "Missing Miss Charlene", "Babez for breakfast" ou "Sincerely with love" mais les nouveaux titres passent bien et les anciens font toujours leur petit effet. Mais c'est bien entendu sur les indispensables "Hard rock hallelujah" et "Woud you love a monsterman" que le public est le plus réactif. Et c'est d'ailleurs sur cette dernière, sur laquelle Mr Lordi va déployer ses immenses ailes de chauve-souris, que le groupe va quitter la scène, laissant tout le monde dans la salle avec un sourire aux lèvres.
Voilà une excellente soirée qui fait du bien pour le moral. Et il y en a bien besoin vu les circonstances actuelles. Parce qu'avec le confinement dû au coronavirus, c'est malheureusement le dernier concert au Bikini avant un bon bout de temps...
Comments:
Lire la suite...