De cette tournée des stades débutée en 2019, leur seule date française en 2022 était le 8 juillet, à Décines-Charpieu (Lyon) ; nous y sommes allés, avec ma P'tite Fée et mon fils. Cette année, la seule date française est à St-Denis (Paris) ; j'y vais avec mon fils, ma p'tite Fée étant dégoutée des stades.
Ce début d'été musical est décidément bien agité. J'avoue que cette date figurait à mon calendrier depuis longtemps, mais l'évènement fut réputé complet dès l'ouverture des ventes de tickets. J'étais donc prêt à renoncer, surtout au regard du dispositif de revente mis en place par le Stade de France. Les tickets à prix coutant sont augmentés de frais de réservation … de +26 € ! J'ai tout de même cédé à la tentation, l'après-midi même, en me procurant le Sésame pour la pelouse, malgré tout. Mais c'est un ticket virtuel non imprimable, dispositif mis en place par le Stade de France pour lutter contre les fraudes ; frustrant pour mon recueil de tickets. Mes deux fils, eux seront en "Feuerzone".
Et puis honnêtement, mon esprit insolent et rebelle attisait l'envie de soutenir le groupe. J'évite d'aborder les sujets qui fâchent ou divisent (religion, politique, faits de société) dans mes récits. Mais là, j'estime que c'est différent ; RAMMSTEIN est confronté à ce que je considère comme un procès d'inquisition médiatique contre l'attitude de Till, qui aurait manqué de respect à une admiratrice sans doute un peu trop naïve. Il faut bien méconnaitre le personnage pour ne pas se méfier de ses invitations ! Et quand bien même il aurait effectivement "tenté sa chance" ; franchement, depuis les années 70, qui n'a pas entendu parler des excès réputés rock'n'roll après les concerts ? On pourrait citer moult rockers qui en ont profité. Ce "wokisme" puritain tous azimuts me gonfle, car il piétine et rogne petit à petit toutes les libertés acquises qui ne doivent s'arrêter qu'à la nuisance d'autrui. Et j'ajoute que je préfère accorder à Till la présomption d'innocence, dans un contexte pourri par les avocats plus motivés par l'appât du gain que par la morale. S'il s'avère qu'il a effectivement usé de stratagèmes peu recommandables et objectivement condamnables, il sera toujours temps de réagir. Ou pas. Y'en a marre !
Et du reste, j'observe que cette agitation médiatique est loin d'avoir effrayé la gent féminine dont la proportion est, ce soir encore, proche des 50% du public.
J'arrive en pelouse vers 18h et parviens à me placer au centre, un peu avant l'axe des deux premiers derricks latéraux ; mon point de vue et d'écoute est relativement acceptable, pour un stade. Je suis entouré d'une part non négligeable de spectateurs étrangers, surtout allemands.
DUO ABELARD [20h-20h30]
https://www.francetvinfo.fr/culture/musique/rock/duo-abelard-les-pianistes-francaises-qui-enchantent-les-premieres-parties-de-rammstein_5267980.html
C'est à nouveau le duo de lyonnaises ABELARD, Héloïse Hervouët et Katherine Nikitine, qui assure les premières parties de soirée des allemands sur cette nouvelle tournée des stades.
Elles sont appréciées d'une bonne partie du public, et de moi en particulier. Leur interprétation démontre que la musique de Rammstein est certes puissante et flamboyante, mais est aussi mélodieuse. Un peu de poésie dans un monde de brutes, en somme. Peu de changement par rapport à leur prestation de Lyon. Leur honorable courage est récompensé par une écoute respectueuse d'un public a priori peu enclin à cette approche musicale.
PROGRAMME
- Rammlied
- Mein Herz brennt
- Mutter
- Engel
- Du riechst so gut
- Zeit
- Frühling in Paris
- Sonne
- Deutschland
- Du hast.
Le public des gradins lance une belle Ola qui fait quelques tours avant de s'évanouir dans l'impatience.
RAMMSTEIN [21h10+-23h25]
Formé en 1994 à Berlin, le groupe demeure composé de ses six membres originaires d'Allemagne de l'Est ; Till Lindemann (chant), Richard Zven Kruspe (guitare, chœurs), Paul H. Landers (guitare, chœurs), Oliver Riedel (basse), Doktor Christian "Flake" Lorenz, claviers, Christoph "Doom" Schneider (batterie).
La scénographie est identique à celle de l'an dernier ; une structure monumentale, un décor industriel, grandiose et massif. Nous retrouvons la large tour centrale sur laquelle apparaitra un dispositif ascensionnel ; elle est elle-même surmontée d'une sorte de vasque olympique qui s'enflammera durant le concert. Le reste de cette colossale construction est constellé de projecteurs et d'enceintes prêts à déverser feux et décibels. A chaque extrémité latérale sont dressés des grands écrans pour les spectateurs sur les côtés et un écran plus petit est posé sur l'ascenseur central de la structure, pour le public de face. Mais ce dispositif n'est pas réellement de nature à satisfaire les spectateurs installés en fond du stade. Dans la fosse, une scène secondaire a été installée sur notre côté gauche. La pelouse du stade est encadrée de quatre derricks métalliques prêts à cracher les énormes jets de flammes !
Le sigle de RAMMSTEIN s'élève sur l'écran central, signe que les hostilités ont commencé ! Till descend sur scène depuis un ascenseur, coiffé d'une crête iroquoise blonde (qui ne résistera pas longtemps !). Sa voix caverneuse de baryton résonne dans le stade et se distingue des instruments.
Je suis ainsi très vite rassuré sur l'acoustique. On est loin de l'idéale, mais elle s'avèrera bien meilleure que celle ressentie dans les gradins du stade de Lyon, l'an dernier. Ses réverbérations sont inhérentes au site, il faut l'accepter et franchement, j'ai connu bien pire. Les chansons sont reconnaissables, les pupitres sont audibles ; guitares, clavier, chant. Pour davantage de subtilités, je dispose de mon salon, épicétou. N'oublions pas que nous sommes là surtout pour la teuf, pas pour boire le thé avec le petit doigt levé.
Sur le plan musical, j'ai peu apprécié la séquence électro, devenue semble-t-il rituelle, avant "Deutschland" sur laquelle les musiciens vêtus de diodes électroluminescentes produisent une chorégraphie, rythmée par Richard Z. Kruspe qui officie en "DJ" sur son balcon surplombant la scène. Mouai… Heureusement que la version plus académique de "Deutschland" s'enchaine derrière, remettant ainsi les pendules à l'heure. En revanche, j'ai beaucoup apprécié la séquence plus calme durant laquelle le clavier, un guitariste et le batteur nous ont bercés d'une mélodie apaisante. D'une façon générale, j'ai apprécié la présence et la maitrise de chacun, ainsi que l'usage très limité de bandes-sons ; en effet Christian "Flake" Lorenz assume parfaitement ses accords, mais aussi les moments de transitions. Son statut de souffre-douleur (Mein Teil) aurait tendance à stimuler notre compassion, mais en fait c'est la tête pensante du groupe, et son pupitre tient une place qui me semble prépondérante.
Sur le plan visuel, comme d'habitude c'est la maitrise totale. La mise en scène est imposante et mise en valeur par un éclairage soigné. Bien entendu des effets pyrotechniques ne cèdent aucune place à l’improvisation, tout est prévu avec une rigueur germanique. Il s'agit d'éviter les erreurs, quand on joue avec le feu, elles peuvent être fatales ! Il faut vivre ces moments incandescent pour comprendre la puissance de feu dégagée par ce spectacle de fous.
D'abord sur scène, avec "Puppe" durant laquelle le landau brûle avant d'expulser des milliers de confettis noirs sur tout le stade. Mais aussi avec "Mein Teil", le martyre traditionnel de Flake qui amuse toujours autant ; le pauvre doit se cacher dans sa marmite et subir le feu craché depuis des lance-flammes de toutes tailles, parfaitement maîtrisés par Till, à l'acmé de son art pyrotechnique.
Puis, dans l'enceinte, avec le diptyque infernal "Du hast"/"Sonne", durant lequel le feu se déchaine. Till actionne l'arbalète provoquant un aller-retour d'effets pyrotechniques entre la scène et le milieu du stade. Le feu passe de la scène aux derricks avant d'enflammer le stade d'une luminosité incandescente ! Je l'avais vécu auparavant depuis les gradins, c'était déjà très chaud. Mais en fosse, j'ai eu l'impression d'être dans une rôtissoire !
Après les fortes émotions ressenties durant "Sonne", les cinq membres groupe reviennent pour un rappel sur la scène annexe dont ils occupent le périmètre, entourant ainsi les deux pianistes. "Engel" est interprété en acoustique accompagné du duo ABELARD. Magnifiques instants de grâce, et de communion puisque les paroles s'affichent sur l'écran central, invitant ainsi le public à participer à un gigantesque karaoké ! Puis ils quittent cette mini-scène à bord de trois bateaux gonflables qu'ils font porter par une foule bienveillante vers la scène principale, sur l'air de "Engel". Ce relativement court moment de répit est balayé par les très festifs "Ausländer" et "Du riechst so gut".
L'humour des cadreurs d'images de la soirée n'est pas en reste. Comme d'habitude les caméras chassent les personnages atypiques dans la foule, susceptibles de recueillir une ovation particulière. Cette fois, le public choisi un couple d'hommes déguisés en nonne pour redoubler d'acclamation à chaque fois que l'objectif se pose sur les deux mecs, à la mine évidemment réjouie !
Je n'ai pas vu le temps passer, on approche déjà de la fin alors que le second rappel mettra un terme à ce concert torride !
La chanson "Adieu" clôt avec émotion un concert chaud, trèès très chaud ! Des milliers de confettis, blancs cette fois, inondent de nouveau tout le stade, alors que les derricks continuaient à cracher des flammes ; j'imagine que quelques confettis n'y aurons pas survécu !
Le programme s'est déroulé avec peu de modification par rapport à l'an dernier. L'admirateur astucieux aura juste noté que, sans doute à cause du contexte que traverse Till, la chanson "Pussy" est pudiquement remplacée au profit de "Ohne dich". Le titre intro de 2022, "Armee der Tristen" est remplacé par "Rammlied", qui n'avait pas été joué depuis longtemps. Les titres "Zick Zack", "Zeig dich", "Heirate mich" sont également passés à la trappe, au profit de "Angst" "Bestrafe mich" et "Giftig". Les deux rappels sont identiques, hormis Pussy donc.
Près de deux heures et quart pour 21 titres dont quatre titres issus de "Rammstein" (2019), quatre de "Mutter" (2001), quatre de "Zeit" (2022), deux de "Herzeleid" (1995), quatre de "Sehnsucht" (1997), deux de "Reise, Reise" (2004) et un de "Liebe ist für alle da" (2009).
PROGRAMME
- Rammlied (Liebe ist für alle da, 2009)
- Links 2-3-4 (Mutter, 2001)
- Bestrafe mich (Sehnsucht, 1997)
- Giftig (Zeit, 2022)
- Sehnsucht (Sehnsucht, 1997)
- Mein Herz brennt (Mutter, 2001)
- Puppe (Rammstein, 2019)
- Angst (Zeit, 2022)
- Zeit (Zeit, 2022)
Intro électro : Deutschland (Remix by Richard Z. Kruspe)
- Deutschland (Rammstein, 2019)
- Radio (Rammstein, 2019)
- Mein Teil (Reise, Reise, 2004)
- Du hast (Sehnsucht, 1997)
- Sonne (Mutter, 2001)
RAPPEL :
- Engel (en acoustique avec le Duo Abélard a piano, sur la scène annexe) (Sehnsucht, 1997)
- Ausländer (Rammstein, 2019)
- Du riechst so gut (Herzeleid, 1995)
- Ohne dich (Reise, Reise, 2004)
RAPPEL : 2:
- Rammstein (Herzeleid, 1995)
- Ich will (Mutter, 2001)
- Adieu (Zeit, 2022).
Bande-sons : Sonne (Piano-Version), Haifisch, (Haiswing Remix by Olsen Involtini), Lügen.
Les cinq membres du groupe saluent longuement le public, avant de rejoindre l'élévateur central qui les mène vers le sommet où ils disparaissent dans une dernière explosion de feux d'artifices. Grandiose !
Voilà c'est fini. Je suis ravi de mettre fin à une série de deux concerts décevant à Nanterre et à Lyon ; celui-ci rejoint (sans toutefois le dépasser) mon souvenir de Bercy (qui a fait l'objet du DVD). Après tant d'efficacité, on pourrait pourtant déplorer un manque d'imagination pour faire évoluer leur spectacle ; on retrouve depuis un bout de temps les mêmes recettes, la marmite, le landau, les canots, les derricks (…) qui certes sont légitimement attendues mais pourraient être modifiées, voire remplacées (argh !). Mais bon, je chipote et je ne regrette en fait qu'une chose, c'est le prix prohibitif des tickets.
Quelque peu fourbu par près de six heures debout, je me rue sur une bière. Je me fixe un objectif de sagesse, pas de t-shirt aujourd'hui ; il faut dire qu'à 40€ pièce, je peux me contenter de celui de l'an dernier, qui lui est semblable. Mes fils me rejoignent, les mines ravies. Nous sommes heureux, mais nous devons traverser tout Paris pour retrouver nos foyers, mais c'est une autre histoire (…)
PATRICE DU HOUBLON Plus d'infos à propos de l'auteur ici |
Notes des visiteurs : |
Communiqué de presse d'avant concert - Dans le cadre de sa prochaine tournée des stades, RAMMSTEIN passera par le Stade De France le 22 juillet 2023. Les places seront disponibles à partir du jeudi 8 septembre à 10h.
Le groupe en profitera pour présenter Zeit, détails et album en écoute ici.
Line Up :
Till Lindemann - chant
Richard Zven Kruspe - guitare, chœurs
Paul Landers - guitare, chœurs
Oliver Riedel - basse
Christian Lorenz - clavier, synthétiseur, sampleur
Christoph Schneider - batterie
Discographie :
Herzeleid (1995)
Sehnsucht (1997)
Mutter (2001)
Reise, Reise (2004)
Rosenrot (2005)
Liebe ist für alle da (2009)
Rammstein s/t (2019)
Zeit (2022)
Notes des visiteurs : |
Comments:
Lire la suite...