Quand j'ai vu les intempéries se déverser sur la capitale, je me suis dit que c'était cuit de chez cuit et donc que je ne verrai jamais le Heep, groupe londonien (que j'écoute depuis presque 40 ans et ce, grâce à l'achat en 81 du mythique double live de 1973) un groupe que certains se sont plus à vilipender à une certaine époque, les qualifiant stupidement de "Deep Purple du pauvre".
A mon avis, hier soir, ils se trouvaient certainement dans l'enceinte de la Cigale, ovationnant à chaudes mains nos cinq compères pendant le formidable show qu'ils ont délivré.
Forts d'un nouvel album, intitulé Living The Dream, album très bien accueilli par les critiques, nos amis entament le deuxième leg de leur tournée à Paris, concert précédé d'une dédicace chez Gibert l'après-midi. Donc, rude journée pour nos seniors. 10 ans donc qu'ils n'étaient pas venus fouler notre sol, le Heep. La dernière fois, cela devait être en 2008 en compagnie de Blue Öyster Cult à l'Olympia. Certains s'en souviendront sans doute puisque le concert du Heep avait commencé très très très en avance.
Un duo composé de deux jeunes tourtereaux (dont tout le monde a oublié le nom) investit la scène de la Cigale, deux jeunots apeurés tels deux fourmis se demandant ce qu'elles font là, proposent au public attentif un folk parfois bluesy, le guitariste faisant, ceci dit, preuve d'une remarquable dextérité. C'est sympa mais on se dit quand même que les premières parties sont de plus en plus pauvres que ça en devient lassant.
Intro épique puis le single du dernier opus Grazed By Heaven qui fait office d'opener, nous est proposé dans une version puissante surtout que le son du concert est particulièrement excellent. Return To Fantasy, morceau-titre de l'album du même nom, ô combien rapide, renverrait bien certains seconds couteaux à leurs chères études tant nos Londoniens préférés sont affûtés tels des "Laguioles" aveyronnais.
Living The Dream, le dernier album en date semble avoir renoué avec une créativité des plus fructueuses puisque le groupe va s'acquitter de pas moins de 6 morceaux ce qui est rare pour un combo de la trempe d'Uriah Heep, plutôt habitué à puiser dans son répertoire classique... Ce qui tend à prouver que nos compères se plaisent à l'interpréter sur scène. Les standards viendront plus tard.
Au fait qu'en est-il de nos protagonistes ? Bernie Shaw, très volubile, est très en voix et ne cesse de solliciter le public tandis que Mick Box, sourire aux lèvres, le seul membre originel du groupe, salue de façon mystique l'assistance. Phil Lanzon, le claviériste, présent depuis 1986, nous gratifie d'interventions purpleiennes savamment dosées. Davey Rimmer qui a remplacé le regretté Trevor Bolder (vous savez celui qui a notamment joué avec les Spiders From Mars de David Bowie ?), s'est parfaitement intégré à l'équipée Mick Box & Co depuis 2013. Et puis, le dernier larron n'est autre que Russell Gilbrook, ci-devant batteur à la fois puissant et efficace sur la plupart des titres de cette setlist ô combien très appuyée.
Etonnant, ce retour à Abominog (1982), un album décrié à sortie, qui cependant contient son lot de pépites telles que ce Too Scared To Run expédié en pleine face tel un puissant uppercut asséné par un Creed râgeur à l'encontre d'un Drago Jr. un peu décontenancé.
Nos amis au demeurant souriants pendant toute la durée du show, semblent être fiers de ce dernier album puisque ce sont Take Away My Soul et Knockin' At My Door particulièrement décapants qui sont revisités avec panache, deux superbes morceaux qui, avouons-le, suscitent une franche ovation de la part du public venu en masse à la Cigale.
Deuxième classique à être proposé, Rainbow Demon, extrait du non-moins célèbre Demons And Wizards paru en 1972, connaît une véritablement cure de rajeunissement. La complicité semble être manifestement de mise entre les anciens et les p'tits jeunes du groupe qui s'offrent deux versions très maîtrisées de deux nouveaux titres (donc 6 en tout ainsi que je l'ai mentionné précédemment) de Waters Flowing et Rocks In The Road.
Lorsque résonnent les célébrissimes accords de Gypsy, on franchit un cap et ce, dans la tonalité du concert qui devient presque prévisible mais tellement jouissif. En effet, ce sont un Look At Yourself et un July Morning absolument magnifiés par un Bernie 'Show' vocalement irréprochable et un Mick Box qui s'engage dans un long mais superbe solo de guitare. L'impasse sur Lady In Black s'avère être quasiment inenvisageable puisque réclamé à cor et à cri par un public très 'Shaw'. L'occasion est rêvée pour le faire participer activement et ce, pendant de longues minutes. Un grand moment. Sunrise aux accents très hippy (le premier morceau du Heep que j'ai entendu), en tout point comparable à celle qui figure sur le live Electrically Driven, autrement dit une excellente version pour faire court, accompagné ensuite de l'incontournable Easy Livin' viennent parachever un concert en tout point parfait. Il est rare d'utiliser un tel qualificatif pour évoquer un show mais là, nous pouvons nous abandonner à l'employer sans détour. Tellement ravis que certains fans se sont d'ailleurs laissés aller à scander des "Heep Heep Hourra !!!!!!" fort bienvenus. En termes de concerts, l'année 2019 a sacrément bien commencé.
Phil93
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