C'est rare que j'assiste à plusieurs dates de tournée d'un même groupe.
Quand c'est le cas, c'est quand je peux voir le groupe en salle et en festival, ou à plusieurs festivals différents, donc pas dans les mêmes configurations. Parce que même quand on est fan, à trop voir un groupe reproduire le même concert (et combien de groupes, à commencer par les plus grands, fonctionnent en pilotage automatique avec les mêmes playlists et les mêmes gimmicks scéniques d'une date à l'autre !), il y a des risques de saturation et de lassitude. Mais il y a aussi des exceptions, des groupes qu'on pourrait voir tous les mois sans jamais se lasser. C'est le cas de Ghost. Après la claque magistrale mise en décembre dernier à Toulouse au Bikini, on avait juste envie d'en reprendre une louche le plus vite possible. Et la possibilité nous en a été donnée avec une date bordelaise, à à peine deux heures de route de là. Même en semaine, ça se fait ! C'est donc parti pour Cenon et son Rocher de Palmer, dans la banlieue est de Bordeaux.
Après une route sans histoires mais très pluvieuse, nous arrivons tranquillement devant la salle et son parking assez particulier, tout en longueur. Et vu que nous avons un peu d'avance, nous allons à la découverte de la salle. Pour ma part, il s'agit de mon tout premier concert bordelais. Après huit ans de vie dans le sud-ouest, il était grand temps ! Il faut dire aussi que les dernières années, Toulouse était privilégiée par les tourneurs sur la route entre l'Allemagne et l'Espagne et je n'étais en général pas fan au point de faire un déplacement des groupes programmés sur Bordeaux (mais j'aurais été ravi de les voir à côté de chez moi !). Mais cette année, c'est plutôt Bordeaux qui se taille la part du lion, notamment depuis l'ouverture de ce Rocher de Palmer. Très belle salle, d'ailleurs, avec une très bonne acoustique, une architecture moderne et une excellente visibilité. D'une capacité de 1300 places, c'est un peu plus petit que le Bikini et c'est suffisant pour la plupart des concerts de metal. La salle n'affiche pas complet ce soir (peut-être parce que le samedi qui précédait, ça avait affiché complet à la Rochelle, pas très loin de là ?) mais elle est quand même bien remplie pour la venue de Ghost dans la capitale de l'Aquitaine.
La première partie commence à 20h30 pétantes et est assurée, comme deux mois auparavant, par DEAD SOUL. J'avais bien aimé à Toulouse, sans avoir été non plus emballé. Je n'ai d'ailleurs pas creusé ce groupe depuis les deux mois que je les ai découverts. Mais je les trouve toujours plaisants à voir. Le chanteur a un look dandy sympa, un certain charisme et une bonne voix. Par contre, même pour un trio de cold wave à tendance electro, l'absence de batteur fait toujours bizarre sur scène. En tout cas ils ont un accueil plus chaleureux qu'à Toulouse, où ça oscillait entre accueil poli et indifférence pure et simple. Ce n'est pas qu'ils aient déchaîné les foules, mais ils avaient une dizaine de fans qui participaient et qui ont un peu fait monter l'ambiance. Du coup, on rentre aussi plus facilement dedans. Je maintiens en tout cas mon avis sur Dead Soul par rapport à il y a deux mois : c'est sympa, on passe un bon moment mais je ne sais pas s'ils sont vraiment à leur place en première partie d'un groupe de metal même assez soft.
Après l'amuse-gueule, il est temps de se recueillir et d'invoquer Satan. Pour préparer la messe noire, comme au Bikini, une atmosphère rituelle est instaurée à la pause. C'est toutefois légèrement différent, et ça fait un peu moins d'effet. A Toulouse, c'était des chants liturgiques tout de long, avec des vitraux maléfiques projetés sur le rideau de la scène dans une salle parfumée à l'encens. A Bordeaux, les chants liturgiques s'alternent avec des arpèges de piano maléfiques du plus bel effet mais il n'y a par contre pas grand chose côté visuel. Les vitraux apportaient quand même un plus. De ce côté-là, les préliminaires étaient donc meilleurs en décembre ! Mais ça n'empêche que le concert sera tout aussi bon sinon meilleur !
L'intro en bande son avec "Miserere mei, Deus" et “Masked Ball” de Jocelyn Pook concluront cette messe noire et et chaufferont complètement la salle avant l’arrivée des Nameless Ghouls et de Papa Emeritus III sur "Spirit". La greffe avec le public va prendre d'entrée. J'avais entendu dire que le public bordelais était un peu froid, ce ne sera vraiment pas le cas ce soir car l'ambiance était excellente. En plus GHOST a procédé à quelques modifications intéressantes sur sa playlist, ce qui fait qu'on n'a pas assisté exactement au même show que deux mois auparavant. Déjà, ils ont remis "Stand by him" (comment avaient-ils pu faire l'impasse sur une chanson pareille ?! ) ! "Ritual", jouée en troisième position sur la première partie de la tournée, a été décalée vers les rappels. Ils n'ont pas réintégré les pourtant indispensables "Prime mover", "Secular haze" et "Elizabeth", ce qui reste regrettable, mais la setlist est en tout cas meilleure. Le déroulement du concert reste similaire, avec des nonnes choisies sur concours qui viennent distribuer vins et hosties aux fans des premiers rangs sur "Body and blood" et Papa Emeritus qui troque sa robe d'église et sa tiare contre une redingote classieuse. Ce mec est un frontman ultime, à l'humour décapant et à l'aisance scénique incroyable. Il va multiplier les plaisanteries avec le public. Par contre il devient de plus en plus bavard et ses speeches sont de plus en plus longs, notamment pendant les présentations des Nameless Ghouls (qui ne sont donc pas sans nom puisqu'elles s'appellent Earth, Fire, Water, Alpha et Omega). Attention à ne pas tomber un jour dans le syndrome Tobias Sammet... A la différence que les blagues du pape émérite sont vraiment drôles ! Les goules ont également une présence scénique énorme, en plus d'être de super musiciens. Tous ont une gestuelle remarquable, ce qui contribue beaucoup à l'efficacité du show. On aura droit aussi à un morceau en version acoustique, qui ne sera plus "Jigolo Ar Meggido" (enlevée de la setlist pour cette deuxième partie de tournée) mais la reprise de Rory Erickson "If you have ghosts", qui rend tout aussi bien en unplugged. Avant de partir, le groupe annoncera "Monstrance Clock" avec un discours assez long (mais néanmoins hilarant) sur la signification de ce morceau rendant hommage à l’orgasme féminin, et c'est sur des "Come together, together as one ! Come together for Lucifer's son" repris en choeur que les Suédois mettront le point final à la messe noire.
Setlist de GHOST :
Spirit
From the Pinnacle to the Pit
Stand by Him
Con Clavi Con Dio
Per Aspera ad Inferi
Body and Blood
Devil Church
Cirice
Year Zero
Spöksonat
He Is
Absolution
Mummy Dust
If You Have Ghosts (Acoustic)
Ghuleh/Zombie Queen
Ritual
Monstrance Clock
Avec un concert pareil, au moins aussi bon que celui donné deux mois auparavant, Ghost transforme l'essai, montrant qu'ils font partie des groupes qu'on pourrait voir tous les mois sans se lasser. Suite à cette tournée d'un total de douze dates chez nous (en comptant décembre 2015 et février 2016), l'évangélisation de la France est en route avec le Download et le Hellfest au programme ! Je ne regrette en tout cas absolument pas d'avoir fait ce déplacement, de surcroît en bonne compagnie, qui m'a en plus permis de découvrir une excellente salle.
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