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Pour ce mois de février 2016, le Rocher de Palmer devient mon refuge !

Alors que je n'avais jamais fait un seul concert à Bordeaux jusque-là, j'en suis à mon troisième concert en trois semaines dans cette salle toute neuve située à Cenon, dans la banlieue est de la ville du vin, des cannelés et d'Alain Juppé ! Après Ghost et Machine Head, c'est au tour de Sabaton de me faire remonter l'autoroute A62. J'avais un peu hésité à aller à celui-là quand même car je n'avais pas aimé les prestations de Sabaton en festival l'été dernier. Ils ont beau être devenus énormes, le statut de tête d'affiche (au Bang your Head) ou de sous tête d'affiche (à Wacken) ne semble pas encore être fait pour eux. Mais je me souvenais aussi du concert d'anthologie qu'ils avaient donné à Toulouse en décembre 2014 dans un Bikini en ébullition. Comme d'autres toulousains en gardaient également un souvenir ému, un convoi s'est formé dans lequel j'ai finalement décidé de m'incruster ! D'autant que la première partie était assurée par Bloodbound, groupe que j'aime bien et que je n'avais jamais vu, et Alestorm, que j'aime moins mais qui est toujours marrant à voir.
Après une route pluvieuse mais sans encombres, on arrive dans la salle pour l'ouverture des portes. Il n'y a pas encore trop de monde et je retrouve facilement Oso et Sonia, puis Mag... Et j'ai aussi la surprise de revoir un revenant, Tiamat, qui habite désormais à Bordeaux et qui arbore une jolie barbe de hipster assortie d'une mèche hitlérienne.  En tout cas ça fait plaisir de faire un concert avec des gens que je connais depuis aussi longtemps, comme un retour aux années parisiennes.

Dix minutes avant l'heure annoncée (mais la salle avait eu la correction de prévenir dans la journée que ce serait un peu avancé, on ne peut pas en dire autant de toutes, donc c'est vraiment à signaler, BLOODBOUND investit la salle. J'aime bien ce groupe suédois, que je connais depuis son premier album, "Nosferatu", sorti il y a maintenant dix ans. Sans écouter ça en boucle tous les jours, je connais tous leurs albums, que j'écoute toujours avec plaisir sauf le troisième, "Tabula rasa", qui est raté (ce que les membres du groupe eux-mêmes reconnaissent, d'ailleurs). Je m'étais intéressé à eux au départ, car leur chanteur était Urban Breed de Tad Morose (à l'époque...) et j'ai accroché de suite à leur heavy metal traditionnel très second degré, kitsch à souhait avec un côté à la fois hommage aux grands anciens (Manowar et Helloween en tête) et sans prise de tête. Depuis, d'autres vocalistes se sont succédé au micro (dont Michael Bormann et l'ex-Wuthering Heights Kristian Andrén) et cinq autres albums sont sortis, et ça tient toujours la route. Dans l'esprit, je trouve ce groupe très proche des premiers Hammerfall ou des débuts de Dream Evil. Ça reste accrocheur, ça reste kitsch et ça reste fun. C'est donc maintenant l'occasion de voir ce que ça vaut en live. Je pensais qu'ils allaient jouer devant un public poli et une audience clairsemée, d'autant qu'au Rocher de Palmer les bars sont à l'extérieur de la salle, dans les couloirs. En fait, ce sera tout le contraire. La salle est très très bien remplie pour les Suédois, et le public est à fond derrière la première note. Je pensais naïvement que peu de monde connaîtrait ce groupe, dont les sorties depuis dix ans étaient régulières mais n'avaient jamais défrayé la chronique. D'autant qu'ils n'ont jamais beaucoup tourné. Cette tournée était leur première à passer par la France et, du reste, je n'ai pas vu beaucoup d'affiches de festivals où ils étaient présents au cours des dernières années. Il faut croire que tous leurs fans sont massés en Gironde. Des migrants peut-être ? Sérieusement, j'ai très rarement vu un accueil aussi chaud pour un groupe d'ouverture, que ce soit à Paris, à Toulouse, en Allemagne ou en Espagne ! Quand c'est du co-headlining, c'est autre chose mais là, Bloodbound jouait en quarante minutes en troisième position. En général, quelle que soit l'affiche, les groupes qui occupent cette place ont un accueil qui va entre l'indifférence polie et un soutien un peu appuyé pour les premiers rangs. Là, toute la salle est à fond, chantant en chœur, brandissant le poing et headbanguant en rythme de la première note à la dernière sans le moindre temps mort. Et tout le monde a l'air de connaître les paroles par cœur ! Il est vrai que les morceaux joués peuvent être qualifiés de tubes. Aucune originalité, mais c'est jouissif quand même. Les "In the name of metal", "Metalheads unite", "Stormborn" et surtout "Moria" sont des hymnes qui rentrent très facilement dans la tête pour ne plus en sortir. Je regrette quand même l'absence de "Book of the Dead", qui est pour moi leur meilleur titre. En tout cas, le groupe est aux anges ! Ils enchaînent sans trop de pauses. Le chanteur, Patrik Johansson (à ne pas confondre avec son homonyme d'Astral Doors et Civil War), que je ne connaissais pas, a une bonne voix et assure bien son rôle de frontman. Par contre, les deux piercings en forme de cornes de diablotin qu'il arbore sur le front ont du style mais c'est quand même bien ridicule. Mais le comble du kitsch est pour "Nosferatu", le morceau final, quand le diable horriblement moche qui leur sert de mascotte sur leurs pochettes vient sur la scène faire une zombie walk. En tout cas, excellente prestation des Suédois, un peu trop courte (à peine sept morceaux et quarante minutes de temps de jeu) mais dans une ambiance de folie, comme s'ils étaient en tête d'affiche !

Vingt minutes de pause s'ensuivent avant que les Ecossais d'ALESTORM viennent prendre le relai. Ce groupe est loin d'être mon préféré. Leur premier album était quand même intéressant et assez original. C'était déjà festif en mode Soldat Louis du metal, c'était kitsch mais sympa dans le côté metal pirate. Je les avais découverts en première partie de Grave Digger en 2009 et j'avais bien aimé. Après, la suite de leur discographie ne m'a pas du tout emballé. L'aspect pirate passe au second plan et c'est devenu un groupe de chansons à boire en version metal kitschissime, à peine mieux qu'un Korpiklaani sur album. Sur scène par contre, je les avais revus en 2013 à Toulouse dans un Saint des Seins plein à craquer avec une ambiance de folie. Le concert était vraiment terrible. Donc là, je m'attendais à ce qu'il y ait aussi une belle ambiance, d'autant plus après avoir vu le public bordelais aussi à fond pour le groupe d'avant. Et ce sera effectivement bien terrible, surtout pour l'ambiance. Musicalement, je n'aime toujours pas hormis les chansons du premier album, même s'il faut reconnaître que le reste passe quand même bien le live. En fait, Alestorm est passé du pirate heavy folk metal au n'importe nawak metal ! Ils ont bien compris que leur musique était kitsch et ridicule, et ils le poussent au maximum. Afficher le second degré et assumer et revendiquer le kitsch est peut-être finalement le meilleur moyen de faire adhérer le public ? En tout cas ça marche ! La salle est remplie et le public répond comme un seul homme aux chansons à boire des Ecossais. Ils ont quand même fait fort dans le ridicule, avec deux énormes canards gonflables qui ornent la scène et des oies géantes qui ornent leur backdrop. On se croirait à un concert d'Ultra Vomit ! Sans compter Christopher Bowes en kilt et les claviers tut tut portatifs du plus bel effet. Et puis Bowes l'a dit lui-même: "we're not here to play fucking heavy metal, we are here to drink your beers "! Ils vont jouer une petite heure bien festive. Perso, j'ai préféré les extraits du premier album, justement parce qu'ils sont moins purement festifs et un peu plus épiques et consistants. Mais après, en live, leurs chansons à boire à la con passent bien, surtout quand le public suit comme c'est le cas ce soir. On a eu droit à la séance des rameurs pendant "Nancy the tavern wench", comme aux fêtes de Bayonne (du reste, j'imagine très bien des chansons d'Alestorm en version bandas. Ça avait été inauguré lors du concert de Toulouse en 2013, et depuis repris partout, du moins en France. Le Rocher de Palmer étant quatre fois plus grand que le Saint des Seins, toute une salle qui s'assoit et fait le rameur est assez impressionnant. En dehors de cette chanson, c'est pogos, jumping, slams et farandoles à gogo. Des gens avaient introduit des requins gonflables géants qu'ils ont fait slammer pendant tout le concert. Un mec du public (je ne sais pas si c'était le propriétaire de la bouée squale ou non) l'a même chevauché pour slammer, comme le fait Flake de Rammstein sur son bateau pneumatique à la fin des concerts. Et comme pour Bloodbound, tout le public connaissait les paroles, et tous les morceaux ont donc été repris d'un bout à l'autre du concert. Après, leurs refrains ne sont pas bien compliqués à retenir non plus et ils contiennent souvent un nom d'alcool répété à de nombreuses reprises...
Alestorm n'est pas et ne sera jamais mon groupe préféré mais dans une ambiance pareille, c'était un vrai plaisir. Les Ecossais sont maintenant mûrs pour faire des concerts en tête d'affiche dans des salles de grande capacité.

Vu l'ambiance qu'il y a eu pour les deux premiers groupes, on se dit que ça va être de la folie furieuse pour SABATON ! Le temps d'aller chercher une bière et "The final countdown" de Europe retentit, annonçant l'arrivée des Suédois sur la scène. Et en fait, on arrive très facilement vers le premier rang. On se dit que les gens mettent du temps à se faire servir ou font la queue aux toilettes. Mais en fait, il y aura moins de monde dans la salle pour Sabaton que pour Alestorm. Pourtant on est loin d'être dans une configuration de co-headlining et le public des deux groupes est similaire (même si Alestorm vise aussi les fans de folk) mais il y a pas loin d'une centaine de personnes en moins. Je ne comprendrai jamais cette mentalité de se barrer d'un concert après le groupe de première partie, même quand on est là d'abord pour eux. L'ambiance ne baissera pas en tout cas, le public bordelais se montrant exceptionnel ce soir d'un bout à l'autre de la soirée, malgré les absents qui ont quitté la salle après Alestorm !
Après le tube de Europe, les lumières s'éteignent, l'intro "The march to war" résonne et le groupe arrive sur "Ghost Division", dévoilant au passage leur tank sur lequel est installée la batterie, qui prenait la moitié de la scène aux deux premiers groupes. Et ils sont en forme ! Déjà, ils enchaînent. Parce que ça, c'était vraiment leur gros point noir l'été dernier en festival. Ils balançaient un tube, et ils coupaient en blablatant, cassant toute l'intensité du show. J'aime beaucoup Joakim Brodén, mais quand il fait des discours qui s'éternisent à la Tobias Sammet, on a juste envie de lui dire "ferme-la et joue" ! En plus, aux festivals allemands où ils étaient têtes d'affiche (Wacken et Bang Your Head pour ma part), le public scandait systématiquement des "noch ein Bier" que le groupe se sentait obligé de reprendre, alourdissant encore plus le show. Dans le sud-ouest de la France, heureusement, on est suffisamment loin de l'Allemagne pour ne pas avoir à subir ce genre de délires presque aussi drôles que les "apéro" des festivals français (je les foutrais tous dans la même chambre à gaz, et c'est tant mieux ! Là, tout en étant très communicatif, le groupe va à l'essentiel : la musique ! Et de toute façon, même quand Joakim se met à parler, le public chaud patate scande le nom du groupe jusqu'à couvrir son blabla . Mais il arrive quand même à être drôle : quand un mec du public lui demande une chanson, il répond qu'on n'est pas en démocratie, que la loi c'est la setlist.  A propos de chansons, justement, sur cette deuxième partie de la tournée "Heroes", Sabaton a revu le choix des titres. Ça valait donc d'autant plus le coup de retourner les voir un an après leur passage à Toulouse pour la première partie de cette tournée. Car la setlist est améliorée, tout simplement ! Elle n'est plus axée sur le dernier album, ou du moins les extraits de "Heroes" sont mieux disséminés. Par contre la place de "To Hell and back" en deuxième morceau, comme c'était le cas sur la première partie de la saison (alors que là elle était jouée juste avant les rappels), allait très bien pour lancer un show, en tout cas bien mieux que la dispensable "Far from the fame", qui manque quelque peu de dynamisme. Mais les Suédois ont surtout eu le bon goût de remettre au goût du jour des tubes indispensable qu'ils avaient supprimés de leurs setlists. "Uprising", "Midway" et "Wolfpack" étaient tout simplement jouissives. A signaler que "Gott mit uns" a été chantée en suédois par le guitariste Thorbjörn Englund, pendant que Joakim Brodén s'est éclipsé dans les coulisses pendant tout le morceau. Le groupe s'est également amusé à reprendre "Always look on the bright side of life" en acoustique, repris comme il se devait par le public.  Le groupe a enfilé les tubes comme des perles, faisant mouche à chaque fois. Et lorsque, après le final sur "Metal Crüe", l'outro sur "Masters of the world" résonne, le groupe quitte la salle en laissant un public heureux et conquis. Et je suis bien réconcilié avec eux ! Ils auraient fait la même prestation cet été en enchaînant sans temps morts comme ils l'ont fait ce soir, ils auraient justifié leur statut de tête d'affiche. En salle en tout cas, le groupe est impérial. Des concerts comme ça, j'en veux chaque semaine !

Gott mit uns

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