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Le 12 septembre était une date que j'avais cochée sur mon calendrier depuis les neuf mois que le Pyrenean Warriors Open Air avait été annoncé.

Un petit festival à moins de deux heures de Toulouse avec une programmation heavy assez pointue et très rare en France, plus le fait que des potes étaient dans l'association, c'était inenvisageable de ne pas y aller. En faisant abstraction des critères d'amitié et de géographie, l'affiche avait de quoi plaire à tous les amateurs de heavy metal traditionnel. Entre les vétérans de la NWOBHM que sont Tokyo Blade, la reformation d'Iron Angel, la toute première date française d'Atlantean Kodex, un concert de Lonewolf dans le sud, deux bons petits groupes espagnols (la frontière n'est après tout qu'à une trentaine de kilomètres) et les Tarbais d'Iron Slaught en tapas, le tout avec de très bons temps de jeu (une heure minimum sauf les deux premiers groupes), l'association Pyrenean Metal nous proposait un programme alléchant aux allures de Keep It True à la catalane.


Départ de Toulouse vers 11h pour une route sans histoire avec "The Book of Souls" d'Iron Maiden en fond sonore en boucle, ce qui nous fait arriver sur Torreilles vers 13h. Le temps à Toulouse est à la grisaille mais sitôt les Corbières passées, il fait beau et chaud. Ce n'était pas gagné vu la météo qui annonçait des orages sur tout le sud mais finalement nous aurons eu été épargnés. Le soir quand même, on verra de nombreux éclairs au loin, mais les orages étaient localisés plus au nord, vers l'Hérault, et les Pyrénées Orientales ont donc été épargnées. Tant mieux ! Un festival méditerranéen, ça change quand même avantageusement par rapport à ce qu'on a l'habitude de faire dans le nord de l'Europe question climat.

Le site est plutôt bien indiqué à l'arrivée dans le village. Le camping est arboré, ombragé et à l'abri du vent dans une pinède très agréable. Nous bénéficions en prime d'un banc, ce qui est top pour s'installer autour d'une table, manger et boire avant le début des hostilités.

En entendant les premières notes, nous nous dirigeons vers l'entrée. Le site est tout petit. J'avais déjà apprécié la taille du Sylak Open Air un mois auparavant : ça avait été très agréable de faire un petit festival familial (même si je ne me sentais absolument aucun lien avec une bonne partie du public...) une semaine après Wacken ! Mais le Pyrenean Warriors Open Air est encore plus petit et encore plus mieux ! Il y a un peu moins de 500 personnes et une scène unique qui n'est pas grande mais bien haute (donc une visibilité au top) et très bien sonorisée (le son était globalement un peu trop fort mais bien clair, seuls Lonewolf ayant eu de la saturation sur les sept groupes). Sur les côtés, des food trucks proposent des plats de qualité (les pizzas étaient top) et assez variés, un stand de merchandising qui a été bien pris d'assaut avec des tee-shirts en rupture de stock, et à la buvette, la bière était bonne. C'est suffisamment rare en festival pour être signalé. C'était une bière blonde locale, la Blonde d'Ovalie, pas coupée à l'eau et vraiment pas chère. Ca change des Beck's, Kronenbourg, Heineken, San Miguel et quelques pils allemandes dégueulasses et ça fait du bien ! Et en plus, c'est servi par des bénévoles en tee-shirt rouge super sympas.
La qualité de l'accueil est à souligner : les membres du staff sont super serviables, toujours souriants et conviviaux. Bref, tout est fait pour qu'on se sente bien à Torreilles.
Et puis le public est cool aussi ! Alors qu'une partie du public du Sylak (et du Hellfest avant) m'avait coupé l'envie de refaire des festivals français (ou du moins plus dans le camping du festival), ici l'atmosphère est complètement différente. A Torreilles, c'est vraiment la famille. On se connaît tous, on a la même culture, la musique n'est pas accessoire et on s'aime tous ! Il n'y a as de libérateurs d'apéro de merde, pas de mecs qui jouent à celui qui gueule le plus de conneries au volume le plus élevé, que des gens cools, respectueux et pas prise de tête.


Le groupe chargé d'ouvrir les hostilités est français et s'appelle IRON SLAUGHT. Ils ne viennent pas de très loin puisqu'ils sont originaires de Tarbes. J'en avais entendu parler parce qu'ils ont fait pas mal de concerts dans la région, en particulier dans les Hautes-Pyrénées, mais je n'avais jamais eu l'occasion de les voir ni même d'écouter. Ils sont sur le point de sortir une démo au titre très évocateur de "Crusading metal mercenaries". En live en tout cas, ça envoie. C'est du heavy bien rapide, limite thrash, exécuté avec force et conviction. Pas spécialement original mais bien fait, accrocheur. Les Bigourdans en veulent et leur envie est communicative. Ils ne sont que trois et ils envoient du bois ! Ils n'ont pas joué longtemps, à peine 40 minutes, mais c'est normal pour un groupe d'ouverture. Et ce qu'on en a vu donne en tout cas envie de les découvrir sur disque et de les revoir en live.


C'est un groupe fort peu connu venu d'Espagne qui leur succède sur la scène. Il s'agit de WITCHTOWER, venus de Jaén dans la lointaine Andalousie. Contrairement à la plupart de leurs compatriotes, ils sont une particularité : ils chantent en anglais ! C'est assez rare pour être souligné dans un pays où le metal, et plus particulièrement le heavy, marche très fort (il y a même un magazine, Rock Duro, consacré exclusivement à la scène metal ibérique), mais où la plupart des groupes ne chantent que dans leur langue maternelle. Ce n'est donc pas le cas de Witchtower, dont tout dans la musique est d'inspiration anglaise. Le chant, donc, mais surtout les influences. Chez eux, il y a une source d'inspiration : la New Wave Of British Heavy Metal ! On sent très clairement dans leur musique des influences de Diamond Head, Angel Witch et Iron Maiden. Ils comptent à leur actif un album éponyme et un EP, qu'ils vont défendre sur scène avec brio. Ce sont de bons musiciens, bien carrés et très motivés. Leur manque d'originalité est compensé par une passion sincère et communicative. Le chanteur est de plus vraiment doué. En plus, ils bénéficient d'un excellent son. Et pour conclure, ils achèvent leur set avec une reprise de "Prowler", la chanson d'Iron Maiden depuis laquelle le groupe n'est plus ce qu'il était ! Ca fait bien plaisir de l'entendre, celle-là, surtout que je doute que Maiden la refera un jour et que j'aime autant l'entendre jouée par des petits jeunes en forme que par un Paul Di'Anno à moitié grabataire ! Excellent moment offert par Witchtower, en tout cas, avec quarante-cinq minutes qui en paraissent durer cinq.


Et on enchaîne avec un autre groupe espagnol, HITTEN. Eux viennent de Murcie, ce qui n'est pas tout près non plus. Torreilles est en terre catalane à deux pas de la frontière espagnole, mais on notera que les deux groupes espagnols présents à l'affiche ne sont pas précisément des frontaliers. En plus, eux ont un certain mérite à être là en milieu d'après-midi car ils jouaient la veille à Malaga ! Hitten aussi chantent en anglais et comme leurs prédécesseurs, ils sont très inspirés par le metal anglais. Mais les influences sont différentes. Du Maiden, bien sûr, mais on sent surtout beaucoup les influences priestiennes dans leur musique. Je les connais depuis le début de l'année. Le fait qu'ils aient été annoncés au Pyrenean parmi les premiers groupes m'a incité à y jeter une oreille et leur album "First strike with the Devil" m'a beaucoup plu. En fait, ce groupe se situe clairement dans la vague retro NWOBHM qui cartonne en ce moment en Suède et en Allemagne avec des groupes comme Enforcer, Steelwing, Blizzen, Ambush, Air Raid, Asgard et autres Stallion... Des jeunes qui font dans le traditionnel jusqu'au bout des clous, en somme. Je n'aime pas tous ces groupes, mais quand c'est bien fait et inspiré, je ne boude pas mon plaisir à les écouter et je pense que Hitten sont vraiment dans le haut du panier de cette scène. En live, ça passe bien en tout cas. Du reste, je pense que leur musique est bien faite pour cet exercice. Ils ont également conclu sur une reprise de Maiden première période, avec "Iron Maiden" (la chanson). Mais en terme de prestation proprement dite, j'ai préféré celle de Witchtower, que j'ai trouvé plus en place et qui dégageaient plus d'énergie. Mais on ne va pas faire la fine bouche, les Hitten ont bien assuré aussi. Les Espagnols sont d'ailleurs sur le point de signer chez High Roller, label qui monte qui monte dans le créneau du heavy metal old school. Ils y ont tout à fait leur place et cette promotion est méritée.


Playlist de HITTEN :

Demons
Burn This City
Punished by Speed
Midnight Riders
Warrior
Running Over Fire
Ladykiller
Looking for Action
Night of the Hunter
Iron Maiden



On va ensuite passer à du velu avec LONEWOLF. ça fait bien plaisir de revoir les Grenoblois, qui m'avaient mis une belle claque en mars dernier à Colmar. Là je vais un peu moins loin pour les voir ! Le style est bien différent des deux groupes espagnols qui viennent de précéder : alors que les influences de ces derniers sont clairement anglaises, Lonewolf sonne 100% made in Germany ! C'est du bon metal bien basique et ultra-accrocheur, aux refrains qui tuent et aux riffs qui déclenchent des séances de headbanging sauvage. Ils revendiquent haut et fort les influences des premiers Helloween et surtout de Running Wild. En fait, ils jouent du Running Wild mieux que Rock'n'Rolf lui-même, puisqu'ils ont quelque chose que lui n'a plus depuis longtemps : la passion et l'amour du metal ! Ils entament leur set avec la chanson "Lonewolf", dont le refrain se retient immédiatement et résume à lui-seul l'esprit du groupe : "and we will defend true metal till the end" ! Ca n'est pas très recherché mais c'est très bien fait et il n'y a pas une seule fausse note. Par contre, un bémol quand même : le concert n'a pas été parfait à cause du son. C'était beaucoup trop brouillon par moment. C'est difficilement explicable, car Lonewolf est le seul des sept groupes de la journée à avoir souffert de problèmes à ce niveau-là. Mais ça a gâché quelques chansons quand même. Je connais bien le groupe donc j'ai pu faire abstraction mais j'en connais quelques uns qui ont décroché à cause de ça. C'est bien dommage parce que Lonewolf est un excellent groupe live. En dehors de ces problèmes techniques, il n'y a rien à redire sur la prestation. Jens Börner n'en fait pas des tonnes, mais il en impose par son gabarit et par sa voix sans fausses notes. Musicalement c'est carré, efficace, et le groupe dégage une passion et un plaisir de jouer bien communicatifs. Sans ces problèmes de son, c'était parfait. Vivement la prochaine fois !

Playlist de LONEWOLF :

Lonewolf
Werewolf Rebellion
Dragonriders
Warrior Priest
Hordes Of The Night
Army Of The Damned
The Greywolves
Hellenic Warriors
Viktoria
Made In Hell


Le soleil commence à être bas quand les meilleures choses vont commencer. ATLANTEAN KODEX est l'une des grosses sensations du Pyrenean Warriors Open Air. Le groupe allemand a un statut culte dans l'underground, grâce à des démos qui ont fait le buzz d'abord, puis surtout grâce à deux albums de très haute volée, "The Golden Bough" et "The white goddess". Ca leur a valu de faire quelques festivals true comme le KIT, le Metal Assault ou le Up The Hammers. Et j'aurais dû les voir au Bang Your Head l'année dernière, malheureusement les organisateurs avaient eu la "bonne" idée de les faire jouer dans la salle en même temps que Europe ! Certes ça n'est pas du tout le même style mais ça faisait chier quand même. On va donc y remédier ce soir ! En plus, c'est leur toute première date française (même si catalane !). Les Bavarois vont se montrer largement à la hauteur des attentes. Sur album, c'est déjà génial. Leur heavy / doom épique à mi-chemin entre Manowar, Candlemass et Bathory est de grande qualité et leur son est immédiatement identifiable. Mais alors en live, à la tombée de la nuit, ça va prendre une toute autre dimension. Leur musique va être sublimée. C'est difficile à décrire en fait, ça se vit avant tout : la musique d'Atlantean Kodex est belle, épique et onirique. On est littéralement transporté pendant une heure et quart de voyage dans leur univers. Tour à tour lentes, lourdes ou planantes, avec de temps à autres des accélérations bien senties et un chant aérien, les chansons des Allemands font mouche à tous les coups. C'est beau, tout simplement. En plus le son est parfait. En tout cas c'est pour moi LE concert du festival !


Playlist de ATLANTEAN KODEX :

From Shores Forsaken
Sol Invictus
Heresiarch
Kodex Battalions
Pilgrim
A Prophet In The Forest
Twelve Stars and an Azure Gown
Enthroned In Clouds And Fire
The Atlantean Kodex



 




Un autre groupe allemand dont c'est également la première date française dans un style complètement différent investit ensuite la scène. Il s'agit d'IRON ANGEL, groupe culte des années 80 qui s'est reformé il y a peu. Je ne suis pas vraiment un expert du groupe. Je connais un peu leur deuxième album, "Winds of war". Il contient quelques morceaux bien efficaces mais la production sonne vraiment trop datée à mon goût pour que je puisse l'écouter régulièrement. Mais en live, ça le fait bien. Ca n'est pas très recherché mais c'est d'une grande efficacité. Avec le niveau actuel des musiciens et un bon gros son, ça n'a plus rien à voir avec l'album et ça prend une toute autre dimension. En plus le chanteur, que je trouve limite sur album, s'est bien amélioré vocalement depuis 1986. Tout ça nous donne du bon speed metal thrashisant, rentre-dedans à souhait. Des morceaux comme "Son of a bitch" (rien à voir avec la chanson d'Accept du même nom et de la même époque !), "The metallian", "Fight for your life" ou "Stronger than steel" dans leur version live en 2015 s'avèrent être de sacrés brûlots !
Par contre l'alcool commence légèrement à m'attaquer : le rhum arrangé du début d'après-midi plus de la bière pas mauvaise du tout et non coupée à l'eau, ça finit par bien monter à la tête. Je me suis d'ailleurs pris une jolie gamelle dans un début de pogo où je n'aurais en principe jamais dû tomber ! Mais c'était bien quand même.






Et on arrive à la fin de la journée avec la tête d'affiche de ce Pyrenean Warriors Open Air : les cultissimes Anglais de TOKYO BLADE ! Eux ont dû influencer une bonne partie des groupes présents à l'affiche (en particulier les deux groupes espagnols). C'est la deuxième fois que je les vois, deux ans après une prestation très convaincante à la warm up du Bang Your Head 2013. Je n'en avais jamais écouté une seule note auparavant et j'avais vraiment bien aimé. De toute façon, de manière générale, les vieux groupes comme ça savent tenir une scène. D'autant plus ceux qui comme Tokyo Blade n'ont jamais eu un succès phénoménal et on continué à écumer les petites salles et à jouer assez bas à l'affiche des festivals où ils étaient programmés. Mûs uniquement par la foi metallique, généralement ces groupes assurent toujours. Là, Tokyo Blade se voit offrir la position de headliner, chose complètement impensable à un gros festival. Les Anglais vont donc s'en donner à coeur joie avec une heure et demie de heavy metal classieux. Par contre ils ont malheureusement changé de chanteur depuis 2013. Il y a deux ans, c'était l'Allemand Nikolaj Runhow qui était au micro. Il était très bon vocalement et très charismatique comme frontman. Le fait qu'il ait quitté le navire est donc une perte assez lourde. Il est remplacé par un Américain du nom de Chris Gillen, qui avait déjà officié dans Tokyo Blade entre 2008 et 2010 à l'occasion de la reformation du groupe. Il est bon, sans aucun doute. Vocalement, il est irréprochable. Par contre, sa présence scénique laisse à désirer alors que son prédécesseur était un super frontman. Le groupe a donc un atout en moins, mais ça ne va pas les empêcher de livrer une belle prestation digne de leur rang. En bonne tête d'affiche d'un festival de heavy metal traditionnel, ils vont donc faire une playlist old school à souhait puisque seule une chanson, "Forged in Hell's fire", était extraite d'un album qui ne soit pas sorti dans les années 80. C'est donc une sorte de best of de leur période dorée avec les hymnes qui vont bien tels que "Sunrise in Tokyo", "Night of the blade", "Love struck" ou l'inévitable "If Heaven is Hell" (qui conclura le show et donc le festival). Le tout est agrémenté d'une reprise de "The trooper" (troisième reprise de Maiden de la journée !) et de "Long live rock'n'roll" de Rainbow, histoire de bien fédérer le public ! Malgré le manque de présence scénique du chanteur, c'est bien joué, bien chanté et avec un bon son et un bon light show. Et au final, c'est une bonne prestation de Tokyo Blade qui achève ce festival. Les Anglais ont bien tenu leur rang de tête d'affiche.

Playlist de TOKYO BLADE :

Someone to Love
Death On Main Street
Break the Chains
Dead Of The Night
Forged in Hell's Fire
Always
Lightning Strikes
Mean Streak
Love Struck
Andy solo / The trooper 1st verse and chorus
Sunrise in Tokyo
Night of the Blade
Midnight Rendezvous
Long Live Rock 'n' Roll
If Heaven Is Hell


Etant déjà assez entamé, je ne ferai pas une longue after !
Le lendemain, on prendra notre temps pour rentrer sur Toulouse sous un ciel voilé, après avoir pris le temps de dire au revoir à tous les potes qui venaient de loin. Le bilan de cette première édition du Pyrenean Warriors Open Air est en tout cas plus que largement positif. Un site très agréable, une organisation très carrée, des bonnes boissons, de la bonne restauration, un super accueil et surtout une belle ambiance familiale et une bonne programmation avec des groupes qu'on voit ne voit qu'exceptionnellement en France, qui ont joué avec de très bons temps de jeu avec de bonnes conditions techniques. J'ai soutenu l'événement dès qu'il a été annoncé et je ne le regrette pas une seconde. Vivement la deuxième édition !

 

Pierre
Videos de Citrouille et Jean-Yves D

 

 

 

 

 

 

 

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