C'est l'un des groupes que j'ai vus le plus souvent sur scène, aussi bien en salle qu'en festival. Je les ai vus sur chacune de leurs tournées depuis 2002, d'abord par curiosité (j'ai découvert sur scène au Wacken 2002, avec un son pas terrible et une météo capricieuse qui ne m'avaient pas permis d'apprécier pleinement), puis par fanitude à force d'écouter leurs albums et de voir de grosses prestations de leur part. Et plus que les Vikings, c'était tout le plateau que je trouvais bien alléchant, avec Savage Messiah et Huntress en premières parties. Mais quand même, quand on habite à Toulouse, Strasbourg n'est pas la porte à côté pour un groupe que j'ai vu aussi souvent (ça revient presque à monter pour un concert de Saxon !) et deux groupes d'ouverture que j'ai vus assez récemment. Et puis la tournée faisait des haltes à Nîmes, Clermont-Ferrand, Bilbao ou Barcelone. Mais je ne les avais pas encore vus sur la tournée "Deceiver of the Gods" et j'étais de toute manière parti pour un week-end touristique dans l'Est, donc pourquoi se priver ? Et puis Amon Amarth pour la St-Valentin, c'est du romantisme à l'état pur.
Le départ a lieu de Dijon en début d'après-midi et, après trois heures de route tranquille dans le brouillard de l'est de la France, on pose les bagages à l'hôtel, on boit quelques bières et direction la Laiterie, assez en avance pour ne pas rater les premiers groupes. Vu la tendance actuelle des salles (sous la pression des tourneurs / managers... ou pas), très énervante et complètement irrespectueuse pour les fans comme pour les groupes, à faire débuter les hostilités avant l'ouverture officielle ou pile à l'heure d'ouverture des portes, on n'allait pas tenter le diable ! En fait, arriver en avance à la Laiterie n'est pas forcément une bonne idée, surtout en hiver. La salle strasbourgeoise est située dans une petite rue avec un trottoir très étroit, avec nulle part où se garer et surtout, les portes ne s'ouvrent pas avant l'heure officielle. En gros, ça signifie poireautage et queue sans fin (d'autant que la date est sold out) dans le froid. Et dans ce pays, il fait bien froid ! En fait, la salle m'a un peu déçu. J'avais beaucoup entendu parler de la Laiterie, qui a accueilli un nombre de groupes de metal important depuis plus de vingt ans. Pour moi, c'était une salle de province assez mythique, au même titre que le Bikini de Toulouse ou le Transbordeur de Lyon. Mais je n'ai pas adoré. La déco est sympa mais la configuration n'est vraiment pas top. Déjà la salle est bien moins grande que ce que je pensais, avec une capacité de 900 personnes à peine. Pas étonnant que ce concert affiche complet, donc. Et dans cette salle relativement petite, la moitié de l'espace est composé de gradins ! De plus, on ne peut entrer que par un seul côté, ce qui engendre une circulation assez pénible. Je ne suis pas sûr que ça ne craigne pas question sécurité. Niveau consos, c'est assez cher, avec un système de jetons non remboursables, et ils n'ont que de la Heineken en bières (à être en Alsace, on pourrait au moins avoir droit à de la Kro ou de la Meteor, c'est à peine meilleur mais au moins c'est local !). Par contre ils servent du crémant alsacien, et ça c'est plutôt cool. Mais si c'est le parcours du combattant pour bien se placer à la Laiterie, ce n'est quand même pas au point qu'un concert soit gâché par la configuration comme ça peut être le cas au Trabendo à Paris ou au Connexion à Toulouse. Cette salle a quand même de bons côtés car les groupes y jouent dans de très bonnes conditions techniques. La scène est assez grande (ce qui est particulièrement appréciable pour les premières parties, qui ont ainsi l'espace nécessaire sans être bloqués par le matos groupe principal pré-installé) et le son est très bon. Donc malgré quelques désagréments, les concerts à la Laiterie s'apprécient pleinement une fois qu'on a réussi à bien se placer. La soirée sera à la hauteur des attentes, d'autant que c'est la dernière date de la tournée et que tous les groupes auront à cœur de tout donner une dernière fois, dans un esprit très festif.
A 19h30 pétante, SAVAGE MESSIAH ouvre les hostilités. J'avais vu les Anglais quelques mois auparavant à Dijon au Rising Fest et ils m'avaient fait une forte impression. Ce soir ils vont confirmer. Ils jouent moins longtemps qu'à Dijon en septembre : à peine plus d'une demi-heure pour seulement six chansons, toutes extraites du dernier album en date, "The fateful dark" (que je connaissais à peine à l'automne et que j'aime beaucoup maintenant). Ils ont le rôle du premier opener, quoi : le groupe qui joue un temps de jeu ridicule, ne touche probablement aucun cachet et se paie sur les ventes de merchandising en étant bien content d'être défrayé et de faire de la figuration sur une tournée à succès. Mais les Londoniens vont tout donner. Leur temps de jeu digne d'un début de journée au Hellfest, ils vont l'optimiser. Ils sont jeunes (le plus âgé du groupe ne doit pas dépasser les 25 ans), ils ont les crocs et surtout c'est une véritable machine de guerre scénique. Très carrés, soudés, Savage Messiah est une véritable machine à riffs. Ils se distinguent vraiment de toute la vague retro thrash et de ces groupes qui se contentent de jouer comme dans les années 80 avec le look et le son de l'époque sans rien y apporter de personnel. Savage Messiah a sa propre touche. Les années 80 sont certes une source d'inspiration importante pour eux, mais d'une manière différente. En mélangeant thrash metal tendance Bay Area et heavy metal traditionnel, ils allient la puissance des riffs à de très bonnes mélodies. Ca plus une grosse envie, un bon son et des conditions techniques au top, ça marque bien les esprits. Le groupe ne manquera pas de remercier le public et Amon Amarth et Huntress pour les bons moments passés sur cette tournée qui s'achève. Ce fut court mais top pour une entrée en matière. Je veux les revoir avec un vrai temps de jeu digne de ce nom !
Playlist de SAVAGE MESSIAH :
Iconocaust
Cross of Babylon
Hellblazer
Scavengers of Mercy
The Fateful Dark
Minority of One
Après une demi-heure de pause, on enchaîne sur l'autre première partie, à savoir les Américains de HUNTRESS. Eux, je les avais vus à Toulouse il y a deux ans, au Saint des Seins. Tournant à l'époque avec Dragonforce, ils avaient profité d'une journée off de la tournée pour faire une date en tête d'affiche dans la ville rose avec deux groupes locaux. J'avais bien aimé, même si ça manquait un peu de spontanéité. En fait ce groupe est basé exclusivement sur Jill Janus, sa chanteuse sorcière top model (bien que trop maigre, paraissant limite anorexique). Je trouve d'ailleurs que celle-ci a fait des progrès. La dernière fois à Toulouse, elle faisait le show mais il manquait une certaine interaction avec le public. Là, elle continue de faire le show mais en prime elle communique bien plus et plaisante beaucoup avec la salle. Mais sa voix est quand même très particulière. Son chant est éraillé, pas toujours très mélodique. Elle ne chante pas faux mais sonne souvent décalée par rapport à la musique du groupe. Elle fait même limite hystérique ! Musicalement, c'est du heavy assez sombre, un peu torturé et fortement influencé par Mercyful Fate, avec quelques accélérations thrashisantes de temps à autre. C'est bien fait mais parfois trop décousu pour être vraiment accrocheur. Une chanson se retient quand même sans problème : la très romantique "I want to fuck you to death", composée spécialement pour le groupe par Lemmy Kilmister himself, au titre évocateur et romantique comme il faut pour un week-end de St-Valentin ! Le refrain est immédiatement mémorisable et les riffs font bien bouger la tête. Les autres chansons jouées sont moins basiques, moins immédiates, mais moins marquantes aussi.
J'apprécie le concert quand même, mais j'ai l'impression d'être le seul... Le charisme de la chanteuse, ses poses, quelques riffs bien sentis font que pour moi, c'est un concert sympa. J'en attendais quand même un peu mieux.Playlist de HUNTRESS :
Senicide
Destroy Your Life
Harsh Times On Planet Stoked
Spell Eater
Starbound Beast
Zenith
Flesh
I Want to Fuck You to Death
Eight of Swords
Une demi-heure de pause s'ensuit. On en passe la moitié au bar, puis on retourne dans la salle pour être correctement placés là où il y a un minimum d'espace. Arriver un quart d'heure avant le début annoncé de la tête d'affiche n'est pas du luxe vu la densité de population dans la fosse, qui est loin d'être grande et dans laquelle on circule aussi bien que dans la vallée du Rhône un week-end de grands départs en vacances d'été. Finalement on se retrouve sur le côté droit, à l'opposé de l'entrée, où l'on n'est pas trop compressé. Les lumières s'éteignent et un cor de brume se met alors à sonner, puis "Run to the hills" de vous savez qui retentit. Après cette intro qui met tout le monde en jambes, AMON AMARTH déboule sur scène pour un gros concert ! Avec "Father of the wolf" pour lancer les hostilités, on est lancé sur de bons rails. Le public allemand... euh alsacien (en dehors des débats sur la francité ou la germanité de l'Alsace, beaucoup de frontaliers ont traversé le Rhin pour l'occasion) répond de suite présent, chantant à l'unisson les riffs et le refrain de "Deceiver of the gods". J'ai rarement été déçu par un concert d'Amon Amarth, mais le groupe est particulièrement en forme ce soir pour cette dernière date de la tournée. Johan Hegg a perdu du poids par rapport à la dernière fois que je l'ai vu, mais il a quand même toujours une carrure de gros guerrier viking que personne ne viendrait emmerder. Il a surtout le sourire en permanence, plaisantant avec le public, faisant des efforts pour parler français le plus possible. Ca a toujours été un super frontman, mais je crois que je l'ai rarement vu aussi communicatif. Le groupe est bien soudé, bénéficie d'un bon light show et surtout d'un joli visuel avec un backdrop assez impressionnant. Niveau playlist, ça balaie toute la discographie, avec quand même les trois derniers albums privilégiés. En tout cas le titres de "Deceiver of the gods" passent très bien l'épreuve du live, confirmant la bonne opinion que j'ai de cet album après un "Surtur rising" que je trouvais en demi-teinte. Le groupe n'a cependant pas oublié les classiques, avec les inévitables "Death in fire", "Guardians of Asgard", "Victorious march" et "Twilight of the thundergod" et "Pursuit of Vikings" joués en rappel. On y trouve aussi quelques morceaux bien rentre dedans comme "War of the gods", "Bleed for ancient gods" (que je groupe n'avait pas jouée depuis quelques temps) et surtout "Asator" qui a mis le Ragnarök dans la fosse. "The last stand of Frej" était un moment particulier : sur ce morceau doom, il y a eu un joli circle pit, suivi d'un mouvement de rameur dans la fosse en mode fêtes de Bayonne. Le groupe a en tout cas apprécié. Bref, tout le monde l'aura compris, il y a eu une belle ambiance à la Laiterie ce soir-là. Avec un groupe en grande forme qui joue une heure quarante, le public le rend bien. Amon Amarth ne se fout clairement pas de la gueule de son public, et leur plaisir de jouer est visible ce soir. On peut leur reprocher de ne plus vraiment être un groupe de death (ce dont je me tape complètement), d'être trop mélodique (ce qui est loin de me déranger), de tourner en rond... Mais sur scène, Amon Amarth est une véritable machine de guerre au sens de l'efficacité imparable. C'était la dixième fois que je les voyais, et je ne m'en lasse toujours pas !
Playlist d'AMON AMARTH :
Father of the Wolf
Deceiver of the Gods
Live for the Kill
Varyags of Myklagaard
Asator
For Victory or Death
As Loke Falls
Bleed for Ancient Gods
Death in Fire
The Last Stand of Frej
Guardians of Asgaard
Shape Shifter
Cry of the Black Birds
War of the Gods
Victorious March
Twilight of the Thunder God
The Pursuit of Vikings
Voilà donc une belle soirée, qui a tenu toutes ses promesses et qui valait bien que je traverse la France (même si je ne l'ai pas fait que pour voir ce concert). J'ai été déçu par la salle, mais ça n'a pas gâché la soirée. Trois groupes en grande forme (y compris Huntress, eux il faut juste accrocher à leur musique), plein de potes, un bon road trip... What else ?
Pierre
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