Quand j'avais appris il y a quelques mois que Machine Head viendrait à Toulouse au Bikini, j'avais trouvé ça énorme.
Par contre la salle, qui organisait directement la date sans coproduction avec une association locale, était assez réticente au départ, craignant un four. Les préjugés sur le metal et son attractivité supposée faible ont décidément la vie dure. Sauf que le metal se porte bien, et particulièrement dans la ville rose, où il y a de plus en plus de concerts qui ne désemplissent pas. Et la tendance continue de se confirmer puisque la date est sold out ! Je crois qu'après ça la salle ne devrait plus avoir de réticences à faire venir d'autres groupes de metal. En six ans que j'habite à Toulouse, j'ai vu énormément de concerts dans cette salle mais ça n'est que la deuxième fois que j'en vois un qui soit complet. Quand j'arrive à la salle vers 20h30, le parking est archi-bondé comme rarement et à cette heure-là, tout le monde n'était pas encore arrivé. De plus, connaissant Machine Head et son sens de l'efficacité hors du commun, on n'allait pas avoir froid au cours de cette belle soirée de novembre !
Je retrouve rapidement mes potes et connaissances. Tous les membres de SPM sont là incognito, habillés en noir et donc sans leurs tee-shirts rouges habituels. En tout cas, l'accès au bar n'est pas des plus faciles. Les Américains de Devil you Know étaient chargés d'ouvrir les hostilités, avant d'annuler leur tournée européenne une semaine avant. On se demandait s'il y aurait des remplaçants, il n'y en a finalement pas eu. Ce sont donc d'autres Américains de toute façon déjà prévus à la base, DARKEST HOUR, qui vont faire office d'opener unique. Je n'avais jamais écouté sur album mais ça fait une bonne dizaine d'années que j'en entends régulièrement parler, à force qu'ils apparaissent (assez bas) à des affiches de festivals ou qu'ils multiplient les premières parties de ce type. Mais je n'avais jamais eu l'occasion de les voir. C'est donc une première pour moi ce soir... et sûrement aussi la dernière ! On ne peut pas dire qu'ils m'aient convaincu. Au début ça allait. Les trois premiers morceaux étaient plutôt agréables. Le son est bon, c'est carré et même si la voix du chanteur aux faux airs de Barney de Napalm Death (physiquement parlant, pas vocalement) est en mode metalcore linéaire, il y a des riffs accrocheurs et de bonnes mélodies, grâce à un guitariste soliste vraiment excellent qui déroule bien. Mais au bout d'un moment, ça devient pénible. La voix du chanteur est vraiment trop linéaire, d'où le sentiment de lassitude très rapide. Et puis même si c'est bien joué, il manque clairement quelque chose pour que ça accroche et au final, on s'ennuie ferme. Leur musique n'a strictement aucune personnalité. C'est finalement un groupe de metalcore parmi tant d'autres, fade, incolore, inodore et sans saveur. Je sais bien que ce n'est pas mon style de prédilection à la base, mais j'ai toujours su apprécier des groupes qui assurent même quand je ne suis pas fan du style. Chez eux, il n'y a rien et au bout d'un moment, Darkest Hour devient plutôt Longuest Hour... que l'on abrège en allant dehors ! Ce groupe n'a jamais joué très haut dans un festival, ils n'ont jamais fait autre chose que des premières parties, malgré de nombreuses apparitions scéniques. Et après les avoir vus là, en plus dans des conditions au top, je comprends pourquoi. Ils n'ont jamais réellement percé et n'y parviendront à mon avis jamais. Ils savent bien jouer, mais pas composer !
S'ensuit alors une pause bien longue. Bien trop longue, d'ailleurs. Plus de cinquante minutes s'écoulent avant l'arrivée de MACHINE HEAD. Rob Flynn se prend donc pour Axl Rose ? Ca ne me gène pas quand une pause dure plus d'un quart d'heure, histoire de bien profiter des potes et de boire tranquillement sans trop se presser. Mais là, c'est un peu trop, d'autant que la pause avait commencé de manière anticipée pour cause de première partie pénible. Malgré le monde, on arrive assez facilement dans les premiers rangs en longeant le mur. Par contre, sous le ventilateur alors que le groupe n'est pas arrivé, c'est assez désagréable. C'est donc un peu avant 22h30 que les lumières s'éteignent Machine Head investit la scène. C'est sûr qu'après une telle attente, le public est chaud bouillant, mais ça n'était pas indispensable de faire poireauter aussi longtemps pour obtenir la même ambiance, à mon avis. En tout cas, ça va le faire ! Machine Head, c'est une incroyable machine de guerre scénique. Curieusement, ce n'est que la première fois que je les vois en salle. Auparavant, je ne les avais vus qu'aux Wacken 2009 et 2012 pour deux prestations monumentales. La première fois, alors que je n'en attendais pas grand chose vu que je n'étais fan que de "Burn my eyes" et "The blackening", c'est l'une des plus grosses mandales jamais prises sur scène, et ça demeure à ce jour l'un des meilleurs concerts de ma vie. C'était moins bien en 2012 à cause des intempéries, mais le groupe n'y est pour rien et c'était énorme aussi. Pas de raison, donc, que ça ne le soit pas en salle, et ça va l'être !
Rob Flynn et ses acolytes arrivent sur "Now we die", extrait de "Diamonds and bloodstones" qui ne sera finalement pas plus représenté que ça (juste deux autres titres, l'excellent "Night of the long knives" et l'un peu plus conventionnel mais sympa "Killers and kings"). Le groupe a une discographie longue, donc c'est tant mieux. Après, ce dernier album, je le trouve plutôt pas mal personnellement même si pas au niveau de ses deux fabuleux prédécesseurs que sont "The blackening" et "Unto the locust". Par contre, vu que c'est l'année des vingt ans de "Burn my eyes", ils auraient pu faire un petit effort pour commémorer cet album, pièce essentielle du metal des années 90 et qui a énormément tourné chez moi à l'époque. Les indispensables "Davidian" et "Old" sont le minimum réglementaire, mais un petit "A thousand lies" ou "Block" auraient été les bienvenus... En fait, le groupe a joué longtemps (1h40) mais assez peu de titres. A peine treize. Ca ne fait pas beaucoup, mais en même temps ils ne font pas beaucoup de chansons courtes. Dès le deuxième titre, avec "Imperium", c'est la folie dans la fosse avec pogos généralisés, walls of death et circle pits à gogo. Et ça va être comme ça tout au long du concert, avec quelques variantes comme du jumping de sa race de oufs sur "Locust" et un moment de grand n'importe nawak sur "Darkness within" joué en acoustique et sur lequel Rob Flynn nous fait un discours qui part dans tous les sens. Sans compter trois potes qui se sont amusés à faire une pyramide humaine au beau milieu d'un pogo !: Rob Flynn avait l'air estomaqué par ce délire, dont la photo s'est d'ailleurs retrouvée le lendemain sur la page Facebook officielle du groupe. Et l'ambiance la plus chaude a été sur "Davidian", le classique des classiques, pour un pogo de folie avant les rappels, et sur "Aesthetics of hate" pour le plus gros circle pit de la soirée. Avec un groupe en forme, un Rob Flynn charismatique et souriant, toujours un peu démago, des musiciens très carrés, un gros lightshow et un beau décor de scène, plus un son toujours au top, la prestation a été tout simplement impeccable. Encore une fois, Machine Head est venu, Machine Head a vaincu !
Playlist de MACHINE HEAD :
Now We Die
Imperium
Beautiful Mourning
Locust
Ten Ton Hammer
Night of Long Knives
Darkness Within
Bulldozer
Killers & Kings
Davidian
Aesthetics of Hate
Old
Halo
On peut penser tout ce qu'on veut de Machine Head. Qu'ils ne sont pas true, que ce sont des vendus, que Flynn est un gros con (en tout cas c'est un super frontman très charismatique), que ça n'est pas du vrai thrash... Mais des machines de guerre scéniques pareilles, il n'y en a pas beaucoup. Et les groupes récents qui jouent à l'économie en faisant des prestations d'une heure et quart quand ils sont en tête d'affiche ont un long parcours à faire avant d'espérer être à la moitié de leur niveau. Superbe concert, donc, grosse ambiance, et on en ressort en sueur après avoir pris une bonne dose d'adrénaline... Et encore une fois, le public toulousain a répondu présent en masse.
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