Il est vrai que leur succès phénoménal à de quoi laisser pensif alors que leur musique n'a pourtant, objectivement, rien d'extraordinaire. Personnellement, j'adore ce qu'ils font donc je ne critique pas et je suis content pour eux. C'est simple mais parfaitement efficace. Mais leur musique ne révolutionne pourtant pas la face du heavy metal, loin de là. Donc je ne comprends pas que ce groupe arrive à faire la moitié de ses dates sold out et à faire la tête d'affiche de la plupart des festivals. Du reste, on peut se poser les mêmes questions pour quelques autres groupes qui sont montés très haut en peu de temps tels que Volbeat, Powerwolf ou Ghost. Ainsi va la scène metal des années 2010... Mais on peut se poser toutes les questions qu'on veut et philosopher à l'infini, les faits sont là. Et puis moi, j'aime Sabaton ! Je ne les avais vus qu'une fois jusqu'à présent, au Hellfest 2010 à midi pendant quarante petites minutes (pas vraiment les mêmes conditions qu'à l'édition 2014 où ils jouaient de nuit juste après Iron Maiden !). C'était très bon et j'ai attendu longtemps pour les revoir. Entre les festivals où ils étaient programmés et que je ne pouvais pas ou plus faire, les tournées qui passaient à Paris ou en Espagne à de mauvais moments, je n'ai pas eu d'occasions de revoir le groupe en salle ou dans un festival où ils jouaient dans des conditions top. Alors quand, en mai dernier, j'ai eu l'annonce de leur venue à Toulouse dans la meilleure salle de France, j'ai joui ! Bon par contre la présence de Korpiklaani en première partie a refroidi mes ardeurs (je n'aime pas ce groupe et ils passent tout le temps ici), mais au moins ça garantissait un minimum de monde vu qu'eux aussi marchent bien et qu'en plus le folk metal attire toujours pas mal de monde dans la ville rose (cf. le dernier concert d'Eluveitie au Metronum qui affichait complet un mois et demi à l'avance). Et Tyr pour faire l'ouverture, par contre, j'étais content car je les aime bien. Mais en fait, n'importe qui aurait pu jouer en première partie, j'aurais quand même pu y aller en rampant, parce que Sabaton, c'est bon ! Et ils vont en apporter une preuve éclatante ce soir.
L'ouverture des portes étant annoncée pour 19h30 avec le premier concert à 20h, j'arrive pile à l'heure du début... Et je reçois un SMS d'une amie qui me prévient que la première partie a commencé depuis dix minutes ! Cette tendance à avancer le début des concerts commence vraiment à m'énerver. La salle n'en est pas forcément responsable, c'est souvent à la demande des groupes ou des tourneurs, mais c'est lourdissime et ça devient un peu trop systématique. Certes, ce n'est que dix minutes et je me remettrai d'avoir vu une prestation de Tyr légèrement tronquée, mais les groupes de première partie méritent un minimum de respect, le public metal (et pas que metal, d'ailleurs, car je suppose que cette tendance doit se retrouver dans les autres styles) n'étant pas composé que d'étudiants et de chômeurs... En tout cas, des étudiants, il y en a quelques uns quand même ce soir car il y a pas mal de jeunes. Bien sûr Sabaton et le folk metal ont du succès auprès des metalleux les plus jeunes, mais il y a aussi le fait qu'on soit jeudi. Et à Toulouse le jeudi, c'est traditionnellement la journée où les étudiants font la fête le soir avant le week-end (beaucoup repartant chez leurs parents le vendredi). C'est donc le meilleur jour pour qu'il y ait une affluence importante et jeune pour un concert ici. Il n'y a en tout cas pas que des étudiants ce soir, puisqu'on trouve un peu toutes les tranches d'âge, et surtout en nombre. Il y a énormément de concerts, encore et toujours, en cette fin 2014 et pourtant le public répond toujours présent. Il y avait des rumeurs comme quoi c'était sold out comme à Strasbourg. Ca n'a finalement pas été le cas, mais le Bikini a une capacité supérieure à celle de la Laiterie et il y avait au final plus de 1200 personnes présentes, qui vont mettre le feu à la salle.
Playlist de TYR :
Blood of Heroes
Hold the Heathen Hammer High
Grindavísan
Tróndur Í Gøtu
Mare of My Night
By the Sword in My Hand
Sinklars Vísa
Lady of the Slain
Shadow of the Swastika
KORPIKLAANI, par contre, ça n'est toujours pas pour moi. Après une overdose faite en 2010 quand ils avaient fait du co-headlining avec Eluveitie et où leur prestation d'une heure et demie m'avait été fatale, je n'ai plus pu en écouter une note. J'étais disposé à leur redonner une petite chance en allant voir ce que ça donne dans une meilleure salle (en 2010, c'était aussi à Toulouse mais au Phare, salle à l'acoustique pas terrible). Sans que ce soit vraiment désagréable, je n'accroche pas et plutôt que de me forcer, je commande une bière au bar... que je vais boire dehors ! Désolé pour les fans de Korpiklaani qui me liront, je n'ai pas grand chose de plus à dire sur leur prestation, à part qu'il y avait une super ambiance dans la salle. Nul doute qu'ils repasseront à Toulouse, comme à chaque tournée... et que je n'irai pas sauf s'ils passent avec un bon groupe !
Brodén plaisante énormément avec le public, affiche en permanence un sourire jusqu'aux oreilles, sort quelques speeches démago de temps en temps parce qu'il en faut bien... Mais pas seulement démago: quand il nous a dit que l'accueil lui filait la chair de poule (en nous demandant comment ça se disait en français), ce n'était pas du pipeau, j'étais assez près de la scène pour voir qu'il l'avait vraiment. Et il nous a fait scander plusieurs fois "chair de poule" :D Il jouait aussi la carte de la démocratie en faisant choisir entre tel ou tel morceau ou entre la version anglaise ou suédoise de "Gott mit uns" (la version dans leur langue maternelle a remporté tous les suffrages). L'enchainement des morceaux est fait toujours dans le sens de l'efficacité. Quelques hits comme "Uprising" ou "Cliffs of Gallipoli" sont mis de côté mais les extraits de "Heroes" joués tels que "To Hell and back" ou "Resist and bite" sont au niveau. C'est simple, pas original, mais ça fait mouche à tous les coups. Impossible de ne pas
Avec un groupe au taquet comme ça, le public est au niveau : pogos, slams (ça faisait longtemps que je n'en avais pas vus autant), circle pit, walls of death, jumping, farandoles, ça bouge et ça chante de partout, des premiers rangs jusqu'au balcon.
Bien sûr, Piggy a tenté de monter sur scène pour rouler une galoche à Brodén mais elle a été prise par la patrouille, les videurs l'en empêchant gentiment ! Je l'ai quand même portée sur mes épaules sur trois chansons mid tempo (ça aurait été dangereux sur des morceaux speed, vu comment ça bougeait). Sur "The art of war", elle a pu s'approcher suffisamment pour envoyer sa peluche Kermit au groupe. Action Man l'a ramassée et l'a mise sur le tank. Et à une autre reprise où Piggy s'était bien approchée de la scène, on a vu Joakim la montrer au guitariste avec un grand sourire en disant qu'il la reconnaissait (suite à ses exploits de groupie dans les salles parisiennes) 8-) Mais elle s'est fait voler la vedette par Romain Reaper, un autre incontournable des concerts toulousains. Il est très grand, tout maigre, arborant un bonnet du père Noël et il nous refait le coup du human surfboarding, qu'il avait expérimenté un mois plus tôt au concert de Machine Head (Rob Flynn avait d'ailleurs été littéralement scotché) et qu'il avait renouvelé entretemps pour Kreator. Et qu'est-ce donc que le human surfboarding ? C'est une variante du slam qui se pratique à deux. L'un se fait porter allongé, comme un slammeur ordinaire, et l'autre lui monte dessus debout comme sur une planche de surf. Pour moi qui ait un vertige pas possible, c'est juste inconcevable :D Les mecs de Sabaton n'avaient en tout cas jamais vu ça ! Joakim Brodén a fait braquer les projecteurs sur Romain, qu'il a appelé Santa Claus et lui a dit que s'il plongeait, il aurait droit à ses lunettes de soleil et à la chanson de son choix. Romain a donc plongé dans la foule et, après avoir réitéré la séance de surf humain avant les rappels, il aura donc "Screaming eagles" à sa demande et les lunettes du chanteur en prime !Entre ça et le reste du public chaud patate, pas étonnant que Brodén ait parlé de chair de poule tout en disant, de manière un peu démago, que c'était la première fois qu'ils jouaient à Toulouse, qu'ils ne s'attendaient pas à une telle ambiance et à autant de monde et que de tous les nouveaux endroits où Sabaton a joué sur cette tournée, c'est Toulouse qui remporte la palme. Il doit quand même y avoir un fond de vrai là dedans, car même si le public toulousain a appris à mettre de l'ambiance depuis quelque temps, je n'avais jamais vu ça à ce point ici. Et le concert se conclura sur un wall of death final après "Metal Crüe" avant que le groupe se retire sur "Masters of the world" en play back dans la liesse et le bonheur.
Ghost Division
To Hell And Back
Carolus Rex
40:1
Gott Mit Uns
Smoking Snakes
The Art Of War
7734
A Lifetime Of War
Attero Dominatus
Resist And Bite
Screaming Eagles
Night Witches
Swedish Pagans
Primo Victoria
Metal Crüe
Voilà donc un concert d'anthologie qui conclut de la plus belle des manières une année 2014 très riche en concerts. Sans Korpiklaani en première partie, la soirée était parfaite ! Je m'attendais à un excellent concert, ça a été encore au delà de mes attentes. Sabaton sur scène, c'est tout simplement énorme, qu'on aime la musique ou pas. A la fin du concert quand on s'est retrouvés pour la dernière bière et les photos dans les chiottes, on avait tous le sourire. Les Suédois ont distribué du bonheur et on vraiment fait l'unanimité. Même les gens venus en touristes et pas forcément portés sur la musique du groupe ont été convaincus. Moi en tout cas j'en redemande !
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