Comment parler de Geoff Tate sans parler de QUEENSRYCHE, dans lequel il a chanté jusqu'en 2012, et il tourne d'ailleurs depuis plusieurs années en jouant 100% de titres de son ancien groupe.
Depuis 40 ans, très peu de groupes ont réussi ce qu'a fait QUEENSYCHE dans les années 80 : publier 4 chefs d’œuvre à la suite. IRON MAIDEN entre 80 et 84, CANDLEMASS entre 1986 et 1989, MARILLION entre 1983 et 1987, METALLICA entre 1983 et 1988 composent ma liste. Ratent la liste de peu ACCEPT et SLAYER. Tout ça est bien sûr subjectif, mais QUEENSRYCHE faut l'unanimité sur cette période, avec un groupe incroyablement talentueux et un vocaliste exceptionnel, que je range aux côtés de Rob Halford et Ronnie James Dio en tant que meilleurs chanteurs de l'histoire de notre musique préférée.
Je ne l'avais vu en concert, j'avais donc noté la date depuis un moment, le déplacement à Bilbao est toujours plaisant dans ces conditions. Tate, en ce printemps 2023 alterne curieusement, selon les pays, avec soit la reprise l'intégralité d'Operation:Mindcrime, soit avec celle de Rage For Order + Empire. Il était venu il y a 5 ans en reprenant l'album Operation:Mindcrime, et c'est donc en présentant les albums Rage For Order et Empire qu'il vient pour quelques dates en Espagne. Sur son site internet, ces dates sont présentées comme la tournée du 30ème anniversaire d'Empire, paru en ... 1990. Bon, le Covid a un peu faussé le calendrier.
Pour cette tournée ibérique, aucune info sur une première partie éventuelle, on a des infos contradictoires sur internet, un coup oui, un coup non. On aura la surprise (et on en aura des surprises !). En entrant dans la salle, au stand de merch il y un CD de IVORY LAKE. OK, donc il y aura bien une première partie finalement. Jamais entendu parler de ce groupe, on verra.
Première surprise, arrive sur scène un gars tout seul avec sa gratte électro-acoustique, il se présente en tant qu'IVORY LAKE (un projet solo de Josh Watts), en disant en rigolant que le reste du groupe n'a pas pu venir. Le gars – beau gosse - joue 3 chansons, du bon pop-rock, avec une superbe voix, plein d'énergie et de bonne humeur, et dit au revoir ... Bon, c'était inattendu et très court ! Après une petite recherche, c'est vraiment un one man band, et le gars a été batteur de Geoff Tate.
Deuxième surprise, à peine 2 minutes d'attente, d'autres musiciens arrivent sur scène, avec un chanteur inconnu (en fait Leksi, un groupe dirigé par Alex « Leksi » Hart, qui était le guitariste d'Operation : Mindcrime, le groupe de Geoff Tate). Bon, en fait il y a 2 premières parties ! Ils se présentent, le chanteur dit le nom du groupe (qu'on ne comprend pas) et disent venir de Boston, Massachussets. Ce groupe n'a donc aucun stand de merch, n'est annoncé nulle part et ne se présente pas clairement ... Ils jouent une sorte de rock couillu, ça me fait penser à du NICKELBACK, rien de bien folichon. Au bout de 4 ou 5 morceaux, c'est déjà fini, là aussi donc très court !
Et nouvelle surprise, les gars n'enlèvent pas leur matos sur scène. On commence à deviner ce qui va suivre ...
3ème surprise, les mêmes musiciens reviennent, ce groupe est donc aussi le groupe qui accompagne Geoff Tate ! Avec juste un autre guitariste, le précédent devenant roadie. Rien ne se perd, tout se transforme. Les 300 ou 400 personnes acclament l'arrivée de Geoff, élégant, décontracté et souriant. Le son n'est pas très puissant, mais clair, et le groupe fait le job reprenant respectueusement les titres, mais sans aucun génie (faut avouer que c'est difficile de rivaliser avec la classe folle des musiciens d'origine). Tate, dès les premières secondes de Walk In The Shadows, affiche une forme éblouissante, un poil moins dans les aigus que la version album de 1986, mais à 64 ans, et 37 ans après l'original, impossible d'atteindre les mêmes notes. Rage For Order était un album surprenant et ultra moderne à sa sortie, et pendant que certains de leurs collègues sortaient les guitares synthés et foutaient de la réverb partout, eux sortaient un album inclassable, avec des titres fabuleux (à part la reprise de Gonna Ge Close To You, dispensable) et une production moderne mais qui ne sonnera jamais datée, même plus de 35 ans après (seules les coupes de cheveux sur les photos promos sont clairement datées). Les titres de l'album sont joués dans l'ordre, et sur le sublime début de I Dream In Infrared, Tate est encore imparable, et prouve qu'il reste encore un des meilleurs vocalistes actuels. La basse est très présente, et les 2 guitaristes assurent bien tout leurs solos. Le public espagnol chante tous les refrains avec passion, et Tate apprécie et le fait savoir. Les classiques s'enchainent (mentions spéciales pour The Whisper, The Killing Words, Screaming In Digital et la ballade I Will Remember, hyper exigeante vocalement, et que Tate sort parfaitement). Les moments d'émotion sont légions, et ce n'est pas fini, le groupe sort de scène quelques minutes pour un court entracte avant de revenir.
Retour sur scène, et c'est au tour donc de l'album Empire de 1990 d'être interprété en intégralité lui aussi. QUEENSRYCHE est un des très rares groupes où chaque fois que j'écoute un de leurs chefs d’œuvre, The Warning, Rage For Order, Operation:Mindcrime ou Empire, je me dit que c'est vraiment mon album préféré du groupe, jusqu'à ce j'en mette un des 3 autres sur la platine. Et c'est presque pareil pour déterminer le meilleur morceau de chaque album, le niveau est tellement exceptionnel, sans titre faible, que chaque morceau est mon préféré !
Les titres d'Empire sont les plus commerciaux que le groupe a sorti à l'époque, mais le talent du groupe et de leur producteur est de ne jamais être tombé dans les travers de l'époque, et de maintenir un niveau d'exigence incroyable dans les compositions. Et Tate ce soir assure parfaitement ce deuxième set.
Les tubes s'enchainent (je ne les liste pas, tous les titres auraient pu sortir en single), les musiciens me semblent plus à l'aise sur ce répertoire, avec notamment un superbe duo de solos de guitares sur Della Brown, beaucoup plus d'interactions entre les musiciens, et la basse bien en avant sur Jet City Woman ou Della Brown par exemple. Seul bémol, les chœurs me semblent un peu trop parfaits, et il me semble parfois y reconnaître la voix de Tate.. Mais pas de bande en support de Tate, c'est bien lui qui chante, et il se régale, parle un peu entre certains titres, semble ravi et touché de l'accueil du public, qui chante tous les refrains.
L'émotion m'étreint à certains moments du concert devant les sublimes chansons et les parties vocales de Tate. Après Anybody Listening?, 2ème sortie de scène pour le groupe, qui revient rapidement pour le seul rappel de la soirée, l'ultra heavy Queen of the Reich, qui rend dingue les premiers rangs.
Deux heures et quart de concert, avec 2 albums de génie joués en entier, interprétés fidèlement, et chantés divinement par Tate, qui malgré ses 64 ans, est toujours aussi impérial. Soirée dont je me souviendrai longtemps. Vivement la tournée The Warning/Operation : Mindcrime !
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