La reprise des concerts est poussive depuis la fin (que l'on espère définitive) de la crise du Covid. Le retour à la normale se fait mais le public a du mal à suivre.
Trop de concerts en même temps (entre ceux reportés depuis deux ans plus de nouvelles annonces) à des prix parfois scandaleux, l'inflation globale qui risque de faire passer les dépenses de loisir en second plan, les incertitudes des gens par rapport à la tenue de l'événement, les habitudes prises également pendant deux ans de ne plus sortir qui ont laissé des traces sur le plan mental... Tout ça fait que les salles ont bien du mal à se remplir. Ce concert de VOLBEAT, qui vient jouer pour la première fois à Toulouse, en est un bon contre-exemple puisque les Danois arrivent à faire un Bikini quasiment rempli. Quelque part, on peut toutefois se dire que dans d'autres circonstances, la salle aurait affiché sold out longtemps à l'avance au vu du statut de Volbeat (ils sont certes moins importants en France qu'en Allemagne ou en Scandinavie où ils remplissent des salles de la taille d'un Zénith, mais ce sont quand même les têtes d'affiche contemporaines au même titre que Ghost ou Sabaton).
En même temps il y avait aussi quelques autres dates metal sur la période : Combichrist au Rex et Destinity à l'usine à Musique l'avant-veille, et le festival Hall Of Death aurait dû se tenir avec quelques bons noms du metal extrême hexagonal. Certes ce n'est pas forcément le même public mais la situation économique actuelle peut aussi conduire à privilégier des concerts plus petits et moins chers. Enfin ça tombait en plein week-end de l'Ascension, où les gens ne sont pas forcément les plus disponibles non plus. Quoiqu'il en soit, Volbeat s'en est quand même bien tiré.
Le groupe chargé d'ouvrir les hostilités est THE RAVEN AGE, groupe anglais de metal moderne dont la caractéristique principale est de compter dans ses rangs un fils de Steve Harris. Je les avais vus en 2014 à Toulouse, au Métronum, en première partie du groupe de papa, et ça ne m'avait pas laissé une impression grandiose. J'avoue également ne pas être fan du style. Bref, on prend notre temps pour arriver et on arrive pile quand les Anglais terminent leur show.
En tout cas, ça fait plaisir de voir un Bikini bien rempli et de profiter de la terrasse. C'était d'ailleurs la toute première fois que j'y retournais depuis le 2 mars 2020, concert de Lordi qui a eu lieu une semaine avant que l'ensemble des activités culturelles ne s'enfoncent dans un long tunnel de plus de deux ans dont on a tous cru qu'on n'en verrait jamais la fin. Contrairement à d'autres, la salle n'a pas trop abusé sur l'augmentation du prix de la bière et la terrasse est toujours aussi agréable. Et l'intérieur aussi !
Sur le coup de 20h30 pile, VOLBEAT vient investir la scène. C'est d'ailleurs la première fois que je les vois en salle et en France. Jusque là, je ne les avais vus qu'à Wacken, en 2009 (en fin d'après-midi), 2012 et 2017 (en tête d'affiche). A chaque fois, c'était très bon et très pro. Je me disais donc qu'avec une atmosphère plus intime et une plus grande proximité avec le public, ce serait énorme. En fait, je n'ai pas vu trop de différence de la part du groupe en terme d'attitude et de communication par rapport à la configuration festival. Les Danois ont un gros light show avec écrans géants et animations au top qui mettent bien en valeur la musique. Mais ils sont très statiques et pas particulièrement communicatifs (même si on sent quand même leur plaisir d'être là sur scène devant une salle bien remplie). Par contre, musicalement, ça envoie sévère ! Il n’y a pas une fausse note et un plaisir de jouer qui se transmet bien au public malgré, donc, le déficit de communication des Danois. Et au-delà des poses (ou de l’absence de poses), la musique de Volbeat prend une autre dimension en live. Les morceaux sont à la base très accrocheurs, et leur impact est décuplé sur scène. Pour preuve : l’ambiance au Bikini est terrible ! Cela faisait une éternité que je n’avais pas vu un public aussi à fond. Morceaux repris en choeur, toute la fosse qui danse, avec pogos, circle pits et même un wall of death en option. Ce n’est pas le genre de pratique qu’on peut attendre sur du Volbeat mais on ne va certainement pas s’en plaindre : après presque trois ans, ça fait un bien fou. Comme ça fait un bien fou de voir un public aux anges. Et la climatisation du Bikini était particulièrement bienvenue ce soir-là !
Musicalement parlant, la set-list fait la part belle aux quatre derniers albums de Volbeat, notamment six titres du dernier et excellent « Servant of the mind », et trois de chaque album précédent, qui vont se révéler très impressionnants en live alors même que je ne suis pas un gros fan de “Seal the deal and let’s boogie” et que je n’ai même pas écouté en entier “Rewind, play, rebound” tellement je ne le trouvais pas passionnant (et pourtant ce soir, “Pelvis on fire” m’a donné envie de redonner une chance à l’album). En fait, je trouvais que le groupe avait une forte tendance à se répéter et à perdre en inspiration, jusqu’à ce qu’ils fassent ce “Servant of the mind” long mais varié et très inspiré. Des nouveaux titres comme “Temple of Ekur” et "Shotgun blues” et “Wait a minute my girl” sont d’une grande efficacité pour mettre de l’huile sur le feu de la fosse. Volbeat n’oublie pas ses hits avec l’incontournable "Lola Montez" et les medleys "Ring Of Fire/Sad Man's Tongue", couplé avec "A Warrior's Call/I Only Wanna Be With You". A titre personnel, je regrette juste l’absence de “Heaven nor Hell” et de “For evig”, qui sont pour moi des hymnes incontournables. Certes, le groupe n’en manque pas non plus…
Un seul reproche à faire à Volbeat ce soir : ils ont joué une heure et demie pile, et pas une minute de plus. On aurait bien pris un quart d’heure de plus. D’autant qu’avec l’augmentation scandaleuse des tarifs, la moindre des choses pour les artistes serait de proposer des prestations un peu plus longues. Ca n’enlève pas la qualité du concert (gros show, bonne attitude, bonne setlist, super son), mais en avoir un peu plus ne serait pas du luxe.
set-list de VOLBEAT :
Même si on en aurait bien repris un peu plus, voilà en tout cas un super concert pour un retour au Bikini après plus de deux ans de pause forcée. Et ça fait énormément plaisir !
Pierre
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