Mastodon a atteint un tel degré de maturité que ses musiciens en viennent à participer à une foultitude de 'side-projects',
comme en sont la preuve les néo-combos Gone Is Gone (pour Troy Sanders) ou encore Giraffe Tongue Orchestra (pour Brent Hinds). D'aucuns pourraient se dire qu'à ainsi éparpiller leur verve créatrice, ces musicos risquent de manquer leurs futurs albums estampillés Mastodon.
Je vous rassure tout de suite il n'en est rien ici. Dans la droite lignée des 2 albums précédents "Once more 'round the sun" (2014) et "The Hunter" (2011), les américains poursuivent un style qui a fait leur renommée, tout en incorporant à leur album quelques relents musicaux nouveaux.
Avec le retour de Brendan O'Brian (Pearl Jam) aux mannettes, le quatuor d'Atlanta semble renouer avec le style concept-album puisque l'ensemble des titres si on se réfère à leur site web nous invite à faire un voyage initiatique dans de vastes contrées dominées par le sable et les vents tourbillonnants. L'histoire en filigrane est celle d'un être humain condamné à mort par le jugement d'un sultan et voué à trouver sa survie dans une errance échappatoire à travers des contrées arides et désertiques. Ce faisant les auteurs ont voulu évoquer une métaphore artistique de la maladie avec toutes ses vicissitudes. Ils semblent n'avoir guère été épargnés par les affres du cancer au cours des dernières années puisque la femme de Troy Sanders a souffert d'une néoplasie du sein, la mère du batteur Brann Dailor est atteinte d'un cancer depuis de nombreuses années, celle du guitariste Bill Kelliher étant récemment décédée d'une tumeur cérébrale.
On se souvient que déjà leur album-concept "Crack the Skye" paru en 2009 leur avait été inspiré par une précédente tragédie à savoir le suicide de Skye la soeur de Dailor. Y-a-t-il un lien de cause à effet mais toujours est-il que déjà à l'époque les musiciens avaient fait appel à Brendan O'Brian pour produire un LP dont le résultat fut assez phénoménal, puisque leur ouvrant véritablement les portes du panthéon Metal.
"Emperor of sand" s'ouvre avec fracas sur "Sultan's curse" qui met l'auditeur bien au parfum de ce qui va l'attendre tout du long des 11 pistes avec des riffs de guitares monstrueusement inspirés, celles-ci évoquant donc la fuite du condamné vers le désert. Plus avenant et moins rentre-dedans "Show yourself" lui emboîte le pas sur un tempo et une mélodie qui ne sont pas sans rappeler un peu, beaucoup, passionnément le QOTSA des grandes heures 2000 surtout dans la manière de chanter...Ce chant assez complexe chez Mastodon puisqu'il est partagé entre Sanders, Hinds et surtout Dailor, permettant l'obtention d'une vaste palette mélodique même si c'est véritablement le batteur qui s'en tire le mieux au final (cf. sa performance sur "Steambreather").
En 3e position "Precious stone" est un titre purement 'mastodonien' avec ses boucles de grattes mélodiques répétitives entêtantes..pour une grandiose mélodie metal-prog.
"Steambreather" et sa rythmique heavy fait référence aux bases 70ies pour un morceau résolument roots...
Ce qui nous amène à ... "Roots remain" et son introduction psyché à l'aide de claviers semblant totalement dys/anachroniques sur un album de Mastodon, claviers qui après quelques secondes sont totalement explosés par un son bien gras et saturé dans un déluge heavy-prog qui va tel un maelstrom se déchaîner sur "Word to the wise" puis "Ancient kingdom" sur lesquels les 2 guitaristes font preuve d'une homogeneité et d'une complicité parfaite.
Vient ensuite une sorte de parenthèse musicale avec le très post-floydien "Clandestiny" qui recèle aussi une surprise transitoire avec des synthés en son sein associés à une voix passée au vocoder...et quel solo en fin de titre avant l'enchaînement sur "Andromeda" qui voit l'apparition d'un premier guest avec le lead -singer de Brutal Truth, Kevin Sharp, alors que sur "Scorpion breath" c'est une figure ayant déjà participé aux albums antérieurs de Mastodon, à savoir Scott Kelly frontman de Neurosis...Autant vous dire tout de suite que ces 2 titres sont parmi les plus thrash du LP, sans toutefois tomber dans un rock bruitiste dépourvu de mélodie. Ca reste du Mastodon au final.
"Jaguar god" clôt ce magnifique album en démarrant comme une petite ballade gentillette grâce à des effets bluesy mais aussi la voix (splendide) d'un Brent Hinds dont on perçoit l'émotion contrastant avec son look de guerrier poly-tatoué. En déroulant ensuite lentement, sereinement tout un tas d'accords mélodiques ce titre va se transformer architecturalement en un extraordinaire diamant heavy-prog aux multiples facettes musicales. Placé en fin d'album il évoque les territoires contrastés que le héro de l'oeuvre a dû traverser, comme les multiples phases d'un combat contre la maladie qu'ont dû endurer les membres du groupe.
Album-concept certes, mais surtout nouvelle pierre angulaire incontournable dans la discographie d'un groupe dont le potentiel de progression semble insoupçonnable et illimité.
Label : | Reprise Records |
Sortie : | 31 Mars 2017 |
Production : | Brendan O'Brien |
Discographie : |
Demo (Demo – 2000) |
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