"The Astonishing", le treizième album studio de Dream Theater, paru le 29 janvier 2016 est présenté comme un opéra-rock en deux actes, composé par John Petrucci.
A son écoute, je suis passé par différentes phases. Si bien qu'avant d'aller à cette soirée, j'ai un sentiment un peu partagé. Très enthousiaste sur la plupart des titres avec ces belles mélodies énergiques, j'ai cependant pour l'instant un peu de mal à être emporté totalement à cause d'effets que je trouve parfois emphatiques.
Mais l'envie et la confiance l'emporte pour ce qui sera ma onzième participation à leur prestation et j'entends bien remettre en jeu mon intérêt pour ces immenses musiciens !
Quatre semaines après maître Wilson, je retourne avec plaisir dans cet auditorium que j'apprécie beaucoup pour ses qualité acoustiques.
Il semble cependant que DT ait été quelque peu ambitieux en proposant deux dates : il y a quelques sièges vides. En tous cas, mon placement sur le côté gauche (côté Myung) m'aura permis d'assister à une superbe soirée dans d'excellentes conditions ; la sonorisation m'a semblé impeccable, la scène était à la fois sobre et très colorée par un éclairage somptueux. En fond, des écrans disjoints diffusaient des images illustrant les thèmes de l'opus.
Dans ce cadre, j'ai très vite été emporté par la magie du Théâtre de Rêve ; mes réserves sur le double opus se sont assez facilement dissipées durant ce concert. Cette œuvre passe manifestement mieux en concert à mes oreilles. Les quelques emphases de l'œuvre m'ont parue estompées, impression aidée sans doute par le son à la fois puissant et limpide.
John Petrucci ferait bien de prendre garde à son aspect car il ressemble de plus en plus à un sauvage-des-bois. Néanmoins, cette relative désinvolture esthétique n'altère heureusement pas son impressionnante maîtrise technique et sa sensibilité qui n'en finit pas de m'émouvoir. Il alterne judicieusement déferlements de notes et lignes plaintives pour parvenir à exprimer toute la finesse et l'émotion de ses compositions.
John Myung, cet excellent bassiste, me sidère une fois de plus par sa rigueur d'exécution. Le duo qu'il forme avec Petrucci est assez atypique ; la basse n'est pas cantonnée à soutenir la rythmique, avec lui la basse accentue la partition de la guitare. En dépit de la différence de cordes, il parvient à suivre la tempête de notes imposée par son compère. Mon regard est ainsi le plus souvent resté rivé sur le jeu de basse, un pur régal ! Lorsque sa partie se distingue je me réjouis pour lui car il mériterait davantage de liberté, mais peut-être n'en veut-il même pas tant l'homme semble introverti et totalement impliqué dans son rôle.
Autre source de pur bonheur, la voix de James-Kevin Labrie qui fut d'une justesse remarquable. J'ignore son degré d'implication dans l'opus mais on le sent très investi. Pendant plus de deux heures sa voix n'a pas faibli, juste parfois couverte par ses camarades et soutenue par les chœurs de Petrucci, puisque Portnoy n'est plus là pour le faire. Notons que Labrie fut le seul à adresser quelques mots aux publics qui aurait sans doute apprécié davantage de dialogue. Mais bon …
Mike Mangini doit vaille que vaille assumer son rôle de métronome et tenter de faire oublier les facéties de Mike Portnoy. Son efficacité à ce poste lui confère cependant toute la légitimité requise, alors savourons son jeu.
Jordan Rudess, a pris le pli depuis quelque temps de se montrer moins exubérant et cela me permet de l'apprécier davantage. Certes, il ne se prive pas de sa petite coquetterie que constitue ce clavier particulièrement mobile, mais dans la mesure où il s'en sert à très bon escient je ne lui reprocherai pas.
Ses lignes mélodiques sont indissociables des compositions du groupe. Toutefois, je m'agace du choix de jouer ou pas certains passages que le clavier peut pourtant toujours assurer. Je déplore entendre trop de bandes sons ; en particulier les sons de chœurs, de violons et violoncelles qui rendent un bel effet sur le disque mais dont je considère la persistance dans les enceintes parfaitement dispensables. Pour leur concert de clôture de la tournée, on peut imaginer aisément magnifier cela avec un orchestre et un chœur, mais en attendant c'est inutile.
Par ailleurs, je n'ai pas encore eu le temps de "décortiquer" le site internet consacré (qui semble cependant bien fait). Du coup, je n'ai pas su apprécier les interludes musicaux et/ou visuels qui ne m'ont pas paru toujours du meilleur goût. Peut-être est-ce dû à ma relative inculture, mon niveau d'anglais ne m'aura pas probablement pas permis de tout comprendre à ce jour de cet opus…
Cette impression était en tous cas accentuée par des silences malheureux entre quelques titres, le public attendant sagement la suite alors qu'aucun membre du groupe ne cherche à communiquer. Dommage.
Quelques imperfections que je suis enclin à oublier tant ces gars-là m'inspirent respect et admiration. Certains choix artistiques qui, par définition, appartiennent à l'artiste, peuvent laisser perplexes mais globalement j'estime que DT est un des plus fiers étendards actuels du rock progressifs, dignes de l'intérêt que leur porte des milliers d'admirateurs dans le monde. Je ne peux m'empêcher d'espérer le retour de Mike Portnoy pour parfaire mon plaisir !
Une telle somme de talents mériterait davantage de succès en France, mais le désintérêt médiatique franchouillard s'ajoute à la jalousie des aigris, à l'apathie des blasés. Peu importe, pourvu qu'ils continuent à passer nous prodiguer leurs bienfaits à chacune de leur tournée.
Quelle superbe soirée !
PROGRAMME :
18h15 : Descent of the Nomacs
Dystopian Overture
The Gift of Music
The Answer
A Better Life
Lord Nafaryus
A Savior in the Square
When Your Time Has Come
Act of Faythe
Three Days
The Hovering Sojourn
Brother, Can You Hear Me?
A Life Left Behind
Ravenskill
Chosen
A Tempting Offer
Digital Discord
The X Aspect
A New Beginning
The Road to Revolution
19h40 : Pause de 20 minutes
Acte II
20h00 : 2285 Entr'acte
Moment of Betrayal
Heaven's Cove
Begin Again
The Path That Divides
Machine Chatter
The Walking Shadow
My Last Farewell
Losing Faythe
Whispers on the Wind
Hymn of a Thousand Voices
Our New World
20h45 : Power Down
Astonishing
20h50 fin.
Patrice du Houblon
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