Voila un évènement qui devient rare, la sortie d’un nouvel album d’Ozzy, le précédent, Down To Earth (si l’on oublie l’album de reprises Under Cover), remonte à 2001, il avait laissé un goût d’inachevé, tant et si bien qu’il faut remonter à 1995 et Ozzmosis pour retrouver le Madman en grande forme.
Le hasard du calendrier des sorties fait que l’on ne peut s’empêcher de comparer ce retour avec celui d’un autre dinosaure des années 70, celui des Scorpions, qui ont connu également un gros passage à vide. Mais là où les Scorpions ont comblé le vide avec des productions moyennes, le Madman lui a mis le métal entre parenthèses pour occuper le devant de la scène médiatique avec sa famille, avec luxe de pitreries par TV interposée. Et cette agitation médiatique avait finit par nous faire oublier qu’Ozzy était l’un des fondateurs du doom métal avec BLACK SABBATH, et avait aussi signé quelques albums majeurs durant sa carrière solo. Black Rain vient juste à point pour nous le rappeler, il marque le retour, et même l’entrée dans la modernité du Madman, à l’instar des Scorpions, pour continuer la comparaison. Lui aussi a fait appel à un producteur qualifié, Kevin Churko, qui ne s’est pas limité à la production, mais a aussi co-écrit tous les titres. L’autre influence majeure et source de modernité provient bien sûr du guitariste Zakk Wylde, qui imprime le style BLACK LABEL SOCIETY sur une bonne partie de l’opus, dont huit titres qu’il a co-écrit. L’analogie avec les Allemands se poursuit avec une entrée en matière fracassante, au travers de Not Going Away, une rythmique en forme de chape de plomb, un premier superbe solo de Zakk, et des textes qui ne laissent aucun doute sur la volonté d’Ozzy de réoccuper le terrain, en accord avec le titre et sans ambiguïté : je ne suis pas en train de partir ! Et I Don't Wanna Stop en remet une couche, au cas où des élèves récalcitrants n’auraient pas compris : « je ne veux pas arrêter », un effet « mégaphone » sur la voix accentue le discours et le solo de Zakk vient à nouveau sublimer le propos, et avec un tel discours si mélodiquement appuyé, nous ne pouvons que l’encourager à continuer ! La chappe de plomb appuie un manifeste anti guerrier sur le mid Black Rain, qui intègre dans le métal un harmonica, des bruits de bottes et à la fin une rafale de tirs. Autre élément à rapprocher du nouvel opus des Scorpions, c’est la présence de ballades, en nombre plus faible ici, et le partage entre modernité, sur Lay Your World On Me, particulièrement belle, peut être ma ballade préférée depuis début 2007, et Here For You, beaucoup plus classique, avec une intro au piano et violons, et tout aussi touchante, d’autant plus quand on sait qu’il a écrit ces titres pour son épouse Sharon, en soutien à sa lutte contre le cancer. Autres moments très forts avec les mids The Almighty Dollar et Countdown's Begun, dont l’intro aurait pu être signée par Angus Young.
Ozzy a déclaré récemment qu’en quarante ans de carrière, Black Rain est le premier album écrit dans la plus totale sobriété, sans l’aide d’aucune substance que ce soit, et bien voila une cure qui a été bénéfique et qui aboutit à un excellent album, qui sans être un classique du niveau de Blizzard of Oz ou No More Tears, restera dans les annales de 2007. Il permet à Ozzy de gonfler les rangs de tous ces groupes des seventies en pleine forme et pleinement en phase avec leur époque.
Highlights : I Don't Wanna Stop, Lay Your World On Me, The Almighty Dollar, Countdown's Begun.
Label : | Epic |
Sortie : | 22/05/2007 |
Production : | Kevin Churko |
Discographie : |
Blizzard Of Ozz (1980) |
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