Treize et dix, ces deux chiffres résument à eux seuls le grand retour de TRUST, dix, car il leur a fallu seulement dix jours de studio pour mettre en boite cette nouvelle galette, et treize parce que le résultat consiste en treize titres, d'où le titre de l'album.
Pas de superstition là dessous, mais un retour d’inspiration, dopé par l’arrivée en 2006 de Deck, DJ chargé d’introduire dans l’univers de Trust quelques boucles et autres scratches, Vivi ayant délaissé la guitare au profit de la basse, et Iso secondant Nono sur le deuxième poste guitare. Cela s’était traduit par le Soulagez-Vous Dans Les Urnes, un album live qui présentait trois nouveaux titres studios, symboliques de la nouvelle orientation du groupe, à savoir un hard rock ponctué de quelques boucles électro, et de chant par moments parlé façon rap. Pas de quoi à dénaturer le hard rock au son typique, mais de quoi à bousculer les habitudes de quelques anciens fans de l’époque Anti Social. Bien entendu, ce nouvel opus s’inscrit dans la même logique, et tout naturellement la polémique enfle, entre fans séduits par cette évolution, et ceux qui crient à la trahison. Une polémique qui est venue entacher le déroulement de la tournée de support à cet album. Le concert du 11 octobre à Toulouse en fut emblématique, et a marqué les esprits, lorsque, lors de l’intro de Deck dans « Le Mitard », une petite frange conservatrice du public conspua copieusement le groupe. Ceci étant, une large partie des fans a adhéré à cette évolution, qui n’est quand même pas une révolution, et il faut bien dire que les groupes qui choisissent de ne pas se renouveler, à l’instar d’AC/DC, et leur nouvel album, se font taxer d’immobilisme, démontrant une fois de plus que l’unanimité ne se situe pas dans ce monde ! Evolution donc, mais sur la base de l’identité du groupe, sur les textes d’abord, si le propos est moins agressif que dans les années 80 sur la forme, sur le fond, Bernie n’a rien perdu de sa verve. Constat critique sur la société actuelle, la religion, le monde du show biz, personne n’est épargné, avec un réel plaisir et talent pour les formules chocs, comme au hasard : « les stars de cinéma…blindées de collagène, en surcharge pondérale … ». Sur le plan musical, le mid tempo prédomine, sans pour autant tomber dans la léthargie. Nono reste au premier plan, mais de manière plus subtile, avec, en gros, moins de soli, mais une utilisation omniprésente de la guitare sur plusieurs pistes. Les insertions DJ de Deck sont à la fois fréquentes et discrètes, et toujours bien intégrées par rapport aux lignes de guitare et la rythmique. Côté composition, le pire côtoie le meilleur, le pire étant limité à Black Blanc Beur, dont le propos est louable, mais dont la structure mélodique, trop axée sur le rap, s’avère franchement pénible, même sur scène. Pour le reste, l’excellence s’impose, avec bien entendu quelques titres phares, comme le très mélodique et dynamique Vae Victis, qui retrouve la magie des années 80, Là Où Je Vis, Tout Est A Tuer, ou Toujours Parmi Nous, sans oublier un beau passage acoustique avec En Apparence, qui n’affaiblit pas pour autant le discours.
Un album qui n’est pas comparable à ceux du début donc en terme de force de frappe, mais un très bon album, de la part d’artistes bien intégrés dans leur époque, qui ont su faire évoluer leur hard rock si caractéristique. Cette évolution ne sera toutefois pas du goût des plus conservateurs, un minimum d’ouverture aux styles musicaux actuels s’impose, à bon entendeur salut !
Highlights : Vae Victis , Là Où Je Vis, Tout Est A Tuer, Toujours Parmi Nous, En Apparence
Label : | Mercury |
Sortie : | 08/09/2008 |
Production : | n/a |
Discographie : |
Trust (1979) |
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