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r e m new adventures in hi fi chronique

2021 aura mis du temps à venir ! M’enfin ! Comme dirait Gaston, 2020 est derrière nous. Cela laisse donc l’opportunité à chacun de rêver à une potentielle reprise des concerts et autres réjouissances festives enivrantes que les gouvernements de nos démocraties modernes nous ont simplement chapardé depuis plusieurs mois !

A défaut, ou en attendant ces hypothétiques reprises d’activité socio-culturelles, je vous propose de nous remémorer quelques perles du siècle passé en fêtant (le triste) anniversaire des 10 ans de la séparation de R.E.M.

Fabuleux quatuor US (encore un !) originaire d’Athens, Georgia, R.E.M. fut formé dès l’origine en 1979 par le ténébreux chanteur Michael Stipe, le guitariste multi-instrumentiste Peter Buck, le bassiste poly-instrumentiste Mike Mills et le batteur Bill Berry. Ce dernier fut victime d’une rupture d’anévrisme cérébral sur scène à Lausanne lors de la tournée ‘Monster 95-96’ un soir de mars 1995, dont il se remit mais qui lui fit reconsidérer son mode de vie et le conduisit à quitter le groupe en 1997. Par la force des choses R.E.M. dès lors resta trio en intégrant au fil du temps des musiciens additionnels sur scène pour le seconder. Cela dura jusqu’en 2011, quand les musiciens décidèrent d’arrêter l’aventure las des tournées et considérant être arrivés au bout de leur chemin créatif. Voilà donc un groupe qui aura su s’arrêter au sommet de sa gloire, calmement et sans exciter les tabloïds, paparazzis et autres médias pipoles, et bien avant de s’auto-plagier en albums surannés ou de sombrer lamentablement dans d’ultimes tournées à rebondissements (suivez mon regard…).

De ce groupe il ne sera pas question ici de ressasser les aspects les plus commerciaux représentés en priorité par les albums « Out of time » (Warner Bross, 1991) ou « Automatic for the people » (Warner Bross, 1992). Tout le monde connaît le hit interstellaire « Losing my religion » issu du premier, alors même que le disque renferme aussi un de leur pire single avec « Shinny Happy People », et personne n’a oublié la mielleuse ballade « Everybody hurts » parue sur le deuxième. Je ne vous parlerai pas non plus de leur album le plus rugueux « Monster » (Warner Bross, 1994) sorti en pleine vague grunge et dédié à la mémoire de Kurt Cobain. Nous n’aborderons pas plus leurs débuts de carrière et les cinq LPs parus entre 1981 et 1987 sur le label IRS en particulier le formidable « Document N°5 » (IRS, 1987) qui leur permit de signer ensuite chez la major Warner Bross. On passera sous silence le scintillant « Green » (Warner Bross, 1988) malgré la présence des perles « World leader pretend » ou « Pop song ‘89 » et on occultera également la fin de carrière riche en galettes de haute volée méritant toutes qu’on s’y intéresse à l’exception peut-être du dernier « Collapse into now » (Warner Bross, 2011) et cela malgré la présence de Patti Smith et Eddie Vedder en guests.

Non. Je me contenterai simplement ici de vous rappeler qu’en 1996 ce quatuor eut l’audace de proposer 14 titres ciselés pop-rock comme de purs diamants compacts nés de la compression intense de molécules de carbones basiques. Quatorze morceaux d’anthologie regroupés sur une petite rondelle de plastique intitulée « New Adventures In Hi-fi » (Warner Bross, 1996) ! Car c’est ce sommet de la carrière des 4 fantastiques d’Athens qui fêtera ses 25 ans en 2021. Certains diront que j’exagère et que mon statut d’ultimate fan me floute quelque peu l’esprit en m’empêchant de rester maître de mes émotions. Que nenni ! J’écoute encore et toujours ce pur joyau musical dont l’existence même reste une énigme pour moi : tant d’années après il reste d’une modernité si évidente que bon nombre d’artistes s’y réfèrent encore tandis que Michael Stipe le considère comme son préféré de la discographie de son groupe !

Ce disque alterne de splendides ballades mélodiques (le calme et introductif « How the west was won and where it got us », le langoureux « New test leper », ou « Electrolite » qui clôt le CD) et quelques pépites rock bien balancées (le bien nommé « The wake-up bomb » par exemple ou les pulsatiles et expérimentaux « Undertow » et « Leave »). En guest, l’amie Patti Smith vient chanter sur « E-Bow the letter » et accompagnera également le groupe en tournée (cf. première partie de R.E.M. à Bercy le 5 juillet 1999 – j’y étais ! [avant un concert de Mercyful Fate le lendemain au Café de la Danse, et un autre le surlendemain 7 juillet de Metallica toujours à Bercy ! Argh ! C’était le bon temps !]). Mais revenons à nos moutons. Outre des compositions hyper-léchées, des mélodies simples et poignantes (« Be mine » en est le meilleur exemple avec le déchirant « Leave » ou la compo instrumentale « Zither ») et l’apport classieux de synthés et d’effets reverbs à la gratte, cet album étonne par l’uniformité de ses compositions dont aucune ne semble pouvoir s’extraire du lot tant le niveau est élevé. Stipe n’est pas en reste et délivre un travail vocal varié en y associant des textes allant de l’introspection dépressive solennelle (« E-bow the letter ») au délire complètement opaque (« Binky, the doormat »).

Anyway comme disent les anglo-saxons, cette œuvre musicale majeure se doit de figurer en bonne place dans toute CD-thèque qui se respecte. Elle marque aussi un tournant crucial dans la carrière de R.E.M. puisque c’est le dernier album sur lequel Bill Berry apparaît derrière les fûts, et que c’est également le dernier produit par Scott Litt qui les avait accompagnés jusque-là (il joue aussi du piano sur les morceaux « Undertow », « Leave », « Bitterweet me », « Binky the doormat », « Zither », et « So fast, so numb » !). Notons également que c’est un de leurs artworks les moins ratés (à défaut d’être réussi !) toujours dans un style brumeux et volontairement plein de mystères...

En conclusion, « New adventures in hi-fi » est très certainement le sommet musical de R.E.M.. L’album à conseiller pour qui voudrait aborder l’œuvre de ce groupe pop-rock majeur des trente dernières années. Celui à acquérir les yeux fermés ou à offrir pour (se) faire plaisir. Intemporel et définitif. Amen.

Tracklist :
How the West Was Won and Where It Got Us – 4:31 Seattle Studio
The Wake-Up Bomb– 5:08 Charleston
New Test Leper – 5:26 Seattle Studio
Undertow– 5:09 Boston
E-Bow the Letter – 5:23 Seattle Studio
Leave– 7:18 Atlanta Soundcheck
Departure – 3:28 Detroit
Bittersweet Me – 4:06 Memphis Soundcheck
Be Mine– 5:32 Seattle Studio
Binky the Doormat – 5:01 Phoenix
Zither – 2:33 Dressing Room, Philadelphie
So Fast, So Numb– 4:12 Orlando Soundcheck
Low Desert – 3:30 Atlanta Soundcheck
Electrolite– 4:05 Phoenix Soundcheck



Line Up : 
Bill Berry – batterie, percussion, chœurs sur 10, guitare acoustique sur 6, basse sur 11, synthétiseur on 6, Ennio sifflement sur 1

Peter Buck – guitare, basse sur 1 & 9, banjo on 14, sitar électrique sur 5, mandoline sur 1, bouzouki sur 1
Mike Mills – basse, chœurs sur 1, 2, 3, 4, 7, 9, 10 & 12, guitare sur 9, fuzz basse sur 7 & 10, piano sur 1 & 14, orgue sur 2, 3, 5, 8, 11, 12 & 13, mellotron sur 5 & 8, farfisa sur 7, claviers sur 6, 9 & 10, synthétiseur sur 1, Moog synthetiseur sur 5
Michael Stipe – chant, synthétiseur sur 1

Personnel additionnel
Patti Smith – chant sur 5
Scott McCaughey – autoharpe sur 11, piano sur 8, 12, 13, farfisa sur 10, ARP odyssey sur 6
Nathan December – guitare sur 2, 4, 6, 7, 10, guitare slide sur 13, tambourine sur 11, guiro on 14
Andy Carlson – violon sur 14

Label : Warner Bros. Records
Sortie : 09/09/1996
Production : Scott Litt, R.E.M.

Discographie :
Murmur (1983)
Reckoning (1984)
Fables of the Reconstruction (1985)
Lifes Rich Pageant (1986)
Document (1987)
Green (1988)
Out of Time (1991)
Automatic for the People (1992)
Monster (1994)
New Adventures in Hi-Fi (1996)
Up (1998)
Reveal (2001)
Around the Sun (2004)
Accelerate (2008)
Collapse into Now (2011)


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Comments:

Commentaires   

#1 MetalDen 22-01-2021 13:30
Déjà 10 ans que le groupe est séparé, et 25 ans pour cet album, merci pour ce rappel bien argumenté, du coup je me suis ré écouté tout l'album, qui, manifestement, n'a pas pris une ride ! :-)

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