Pendant longtemps sa voix m'a dérangé. Mais la musique qui l'accompagnait était tellement belle que j'ai fini par m'y faire et je me suis aperçu que la voix et la musique ne faisaient qu'un.
On ressent les émotions, les déchirures, la fragilité, le trop plein de coups durs et d'intelligence. Et finalement, pour moi cette voix fait partie intégrante des écorchures de la vie de l'israélien Asaf Avidan. Anagnorisis est son septième album solo.
Ana quoi ? Mais qu'est-ce donc que ce titre bizarre ? Une anagnorisis est l'action de reconnaitre ou la "reconnaissance". C'est la découverte tardive d'une identité que l'on n'a pas su percevoir de prime abord. C'est l'action de reconnaitre en remontant les sources de l'erreur. Aristote en parle déjà dans son oeuvre La Poétique. Je vous laisse vous reporter à ce que Wikipédia en dit car moi je continue sur l'album Anagnorisis d'Asaf Avidan.
L'artiste israélien a voulu ici puiser de nouvelles sources d'inspirations en composant dix titres teintés de hip hop, de pop, de musique moderne. Mais ses idoles, Cohen, Dylan, Neil Young, Tom Waits, Bowie ne sont jamais loin. Il est parti enregistrer à Tel Aviv et dans la campagne italienne, au milieu de nulle part. Il en ressort un album profond, mature, une sorte de bilan de mi-vie car Asaf Avidan a aujourd'hui 40 ans.
Dès Lost Horse on sait que l'album est une réussite. Rythme moderne, voix reconnaissable entre un million, musique presque éthérée pour laisser place à la souffrance de la voix. Lost Horse c'est une histoire de pertes. Et c'est déjà déchirant.
900 Days est légèrement plus enjouée. Le son et la composition sont d'actualité. Sans nulle doute pour ne pas se laisser distancer par la nouvelle vague de jeunes artistes. Les choeurs sont magnifiques, les claviers transpercent le son des programmations. Earth Odyssey c'est l'ombre de David Bowie, dans la voix, les choeurs, les guitares, le rythme, les programmations des claviers. Ce n'est pas Space Oddity c'est Earth Odyssey. "Oh no, you're not that strong". Un titre d'une splendeur dorée. L'ambiance de No Words est lourde, le piano est lent comme une marche funèbre. Arrive la batterie, la basse et plusieurs guitares dont une qui accompagne la voix. Une voix en rupture mais vivante.
Anagnorisis (la chanson) est faite de piano, de programmations. Elle est lente aussi. Comme un retour en arrière jusqu'à la découverte de la vérité. Revenir en arrière pour trouver la "reconnaissance". Rock of Lazarus est un rythme hip hop, presque lugubre, jusqu'à l'explosion d'un "Wake Up ! Rock of Lazarus". Beaucoup d'instruments électroniques et de programmations font de ce morceau un titre étrange mais tellement vibrant et humain.
Grosse basse et choeurs rhythm'n'blues pour ce Wildfire aux influences Bowie une fois de plus. Beaucoup de guitares, une batterie, une basse pour un titre épuré. La ligne de basse ne vous quittera pas. Même sentiment d'étrangeté pour Indifferent Skies, au refrain splendide, une composition toujours épurée et aux choeurs d'une remarquable pureté. Epurée oui, mais le son et l'espace sont divinement conquis.
Comme l'indique son nom, Darkness Song, est une chanson sombre, d'une beauté éthérée, fragile, si délicate et à la légereté impalpable car n'est-ce pas dans l'obscurité que l'on voit le mieux la lumière ? Mon titre préféré de l'album. La voix, les choeurs le piano sont renversants d'élégance et d'esthétisme. Changement de style sur I See Her, Don't Be Afraid accompagné de claviers au son d'accordéon, qui bientôt s'arrête pour faire place à un silence assourdissant puisque l'album se termine ici. Et on ne demande qu'à revenir au début pour recommencer car on a compris. Anagnorisis.
Tracklist :
Lost Horse
900 Days
Earth Odyssey
No Words
Anagnorisis
Rock of Lazarus
WildFire
Indifferent Skies
Darkness Song
I See Her, Don’t Be Afraid
Notes des visiteurs : |
Comments:
Lire la suite...