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DREAM THEATER  The Astonishing

Je ne suis pas un grand fan de Dream Theater.

Cela étant dit, c'est avec une oreille un peu distraite que j'ai écouté pour la première fois leur nouvel opus, un peu sur la défensive vu qu'il s'agit d'une œuvre comportant 34 pistes pour une longueur de 130 minutes! Avouez qu'il faut s'armer d'une bonne dose de volonté absconse pour se lancer dans une telle entreprise à mon âge!

Et bien mes amis figurez-vous que ma surprise fut immense et mon plaisir aussi marqué. Je ne vais pas rentrer dans une envolée de qualificatifs dithyrambiques car on pourrait me le reprocher. Tout enthousiasme emphatique à l'égard d'un album sur ce site peut être suspect, et l'exagération en matière de critique (à fortiori 'Rock') est sujette à caution car elle peut être sous-tendue pour le moins en partie par un contexte ponctuel. La sortie de ce LP dans le courant d'un mois de janvier rarement excitant et à la morosité ambiante marquée (tant sur un plan météorologique que socio-culturel) peut certainement avoir quelque peu altéré ma capacité de jugement. Vous êtes prévenus!

"The astonishing" est le 13e LP du groupe. Après 30 années de carrière, les américains (Boston, Massachusetts) nous pondent ici un opéra-rock en 2 actes et produit par John Petrucci himself, le guitariste du groupe. Pour ceux qui ne le connaissent pas, rappelons que le bougre a fait parti du cercle fermé des guitar-héros invités par le passé au G3 par Joe Satriani. Le côté technique du monsieur et du groupe Dream Theater dans sa globalité ne fera ici l'objet d'aucune remise en question. C'est peut-être même ce côté un peu trop parfait qui par le passé m'a un peu refroidi à l'écoute de ce groupe...

"The astonishing" est une oeuvre complexe, et je dirai même en m'inspirant d'une célèbre femme politique que la 'complexitude' de cet album n'a d'égal que le plaisir que j'en retire à le ré-écouter en boucle ces derniers temps. Il faut prendre cet album dans son intégralité et comprendre qu'il raconte une histoire dans laquelle je me suis plongé aisément. Tous les morceaux forment un tout homogène et une continuité logique accompagne l'égrénage des pistes.

Cette histoire quelle est-elle? -Pour le savoir il faut se rendre sur le site du groupe. "The astonishing" (littéralement 'L'étonnant', 'Le surprenant') raconte une fable se déroulant en l'an de grâce 2285, dans un monde où la musique n'existe plus en dehors de bruits électroniques générés par des robots, les NOMACS. Cela nous conduit directement au premier titre "Descent of the NOMACS", instru un peu torturé rendant compte de cette zike électronique hyper-méga-formatée. Bien sûr dans l'histoire, il y a une dichotomie classique entre d'un côté 'les méchants' (le tyran Nafaryus et sa famille) et de l'autre 'les gentils' représentés par 2 frères dont le héros Gabriel, un hors-la loi qui chante, et Arhys, un guerrier, ces deux-là habitant un village nommé Ravenskill. Le gentil héro Gabriel tombera amoureux de Faythe la fille du tyran, alors que ce dernier veut l'éliminer puisqu'il a enfrain la loi sur le chant et la musique. Là-dessus le frère de la-dite Faythe (Daryus) kidnappe le fils (Xander) de Arhys et propose un pacte à ce dernier: échanger son fils contre son frère sans quoi il tuera Xander. Fin du premier acte. Vous suivez?
Au début du 2e acte, alors qu'Arhys va livrer son frère au lieu-dit Heaven's Cove, il change d'avis et se bat avec le méchant Daryus: ce dernier le tue et malencontreusement occit également sa soeur qui passait par là. Gabriel arrive ensuite et constate les dégats: il pousse alors un cri d'effroi qui va rendre sourd Daryus (un gros cri donc), puis se met à chanter langoureusement ce qui aura pour effet de faire revenir à la vie sa promise. La suite vous l'aurez deviné: il épouse Faythe, adopte son neveu, tandis que le tyran Nafaryus se range et réhabilite la musique en excommuniant les vilains NOMACS. Fin du 2e acte et du LP.

Bon, rien de transcendant pour l'histoire qui reprend des thèmes classiques. Mais cela dit, les histoires des grands opéras ont une trame souvent simple voire simpliste,et ne parlons pas des opéra-rocks qui on marqué la musique, que ce soit "The Wall" ou "Tommy" par exemple. Quand est-il de la zike?

"Descent of the NOMACS"
Ambiance futuriste avec bruits électroniques; les machines sont omniprésentes. On pense à une ambiance à la Terminator, à un film d'héroic-fantasy.

"Dystopian Overture"
Le morceau suivant est aussi un instrumental qui introduit l'instrument phare qui va éclairer l'oeuvre tout du long, le piano. Ambiance nous confirmant que l'on va naviguer vers des contrées futuristes. Ce titre allie légèreté et parfois grandiloquence, surtout avec l'apport de choeurs en fond...

"The gift of music"
Ce titre débute à la guitare sèche avant qu'il ne soit lacéré d'un bon riff rythmé peu avant l'arrivée du chant. D'emblée on notera le côté mélodique sympatoche qui jamais ne sera en reste jusqu'au bout du LP. Rythme, mélodie, inspiration: que demander de plus, à ce stade on se dit qu'après une telle entrée en matière, si le cap est maintenu, ça va donner! Premières incursions de Petrucci également: la six cordes est légère, pour des soli jamais trop long. Notons également en fond un orchestre symphonique (celui de Prague, excusez du peu).

"The answer"
Toujours ce piano, léger, entêtant qui donne un côté aérien...et cette voix, qui saura vous envouter plage après plage. Une performance haute en couleurs de James Labrie.

"A better life"
Avec son côté mélo-dramatique opposant cuivres et guitare rythmique lourde, ce morceau est un peu en deça des précédents, mais le niveau jusque là était tellement élevé, qu'il faut bien que cela retombe un peu. Comme dans un film, se déroulant dans vos écouteurs, vous devrez vous attendre à des rebondissements musicaux! Notons un très bon solo de gratte quand même...

"Lord Nafaryus"
Voilà que nous est présenté le méchant tyran qui n'aime pas la zike. Pour moi qui ne connaît pas bien Dream Theater, ce titre m'a dès la première écoute fait penser à Queen: cette faculté aux breaks, aux enchaînements légers/lourds, associés à une performance vocale exceptionnelle du lead singer, digne du grand Mercury.

"A savior in the square"
Magnifique ballade agrémentée de trompettes pour signifier l'arrivée des armées du tyran. Toute la panoplie des décors de films sonores est utilisée pour nous compter l'histoire.

"When your time has come"
Enchaînement mixé 'live' avec un public applaudissant l'arrivée de Gabriel. Musique dite progressive avec un orgue qui (pour moi) évoque dès la première note Marillion. Encore un morceau parfait de bout en bout avec un déroulé à la sensibilité magique. C'est bien écrit, bien joué, sans trop de fioritures, juste ce qu'il faut pour garder le cap, le bon, celui qui va nous mener au terme d'un album dont on pressent déjà qu'il restera longtemps dans les mémoires, parmi les pépites du genre. Mais je m'avance un peu vite, et je ne voudrais pas déflorer ma conclusion de façon trop anticipée!

"Act of Faythe"
Le morceau le plus mélo. C'est l'orchestre symphonique qui prend la main sur ce titre. Il n'en pouvait pas être autrement puisqu'il nous raconte l'histoire d'amoOUurr qui va débuter entre nos 2 tourtereaux! Ce côté mélo va vous évoquer une ambiance de film à la Disney, à coup sûr, et dans les interviews que j'ai pu lire de Petrucci sur le net, c'est un peu l'effet voulu! Gageons que si l'album marche sur un plan économique, nous soit servis par la suite tout un panel de produits dérivés: série-tv, film, jeu vidéo? Nous verrons bien.

"Three days"
Le tyran donne 3 jours aux villageois pour lui livrer Gabriel sinon ça va chier (en racourci). A la légèreté du début, le morceau s'emballe ensuite, avec une batterie qui est mise en exergue (cet instrument qui est au final très en retrait sur l'ensemble de l'album). Intéressante partie 'piano bar' évoquant un cabaret enfumé...

"The hovering sojourn"
Petit interlude de zike électronique rappelant la présence des NOMACS.

"Brother, can you hear me?
Le titre n'est pas sans rappeler le 'Tommy can you hear me' des Who, probablement un petit clin d'oeil. Ici on évoquera sans peine un arrangement à la Pink Floyd. Ce morceaux sous-tendu par des trompettes et les cordes de l'orchestre symphonique raconte le soutien entre les 2 frères. Un passage avec un piano léger et des vocaux très 'Mercuriens' avant un final 'allegro'.

"A life behind"
Rythmé avec un orgue hammond très Purple-like, l'enchaînement sur des grattes enlevées sonne très vintage. Ballade très old-school du meilleur effet, dans laquelle la mère de Faythe demande à son fils Daryus de la suivre car elle suspecte sa liaison avec Gabriel. La fourbe!

"Ravenskill"
Nous voilà maintenant dans le village des 2 frérots. Ambiance décontractée, très 'nature' (on entend même des gazouillis d'oiseaux au début du titre), avec un chant léger (notons encore une fois la réelle performance de James Labrie qui arrive à moduler sa voix pour chacun des personnages du récit, là où par exemple d'autres auraient fait intervenir des guests (dans les albums concept d'Avantasia p.ex.). C'est sur ce titre que les 2 futurs amants se rencontrent grace à Arhys et son fils.

"Chosen"
Piano (encore) délicat introduisant cette ballade dans laquelle nous est comptée la romance débutante de Faythe et Gabriel. (sortez les mouchoirs bandes de MFKs, vous ne pourrez pas rester insensibles à cette mélopée enchanteresse!).

"A tempting offer"
Introduction heavy, bien qu'elle comporte aussi du piano. Ce morceau raconte de façon brutale l'enlèvement de Xander par Daryus. Un des meilleurs titres, les 2 actes confondus. Final lent et majestueux (on attend la suite...)

"Digital discord"
Encore une incursion des NOMACS, brève mais donnant un côté un peu flippant...

"The X-aspect"
Toujours ce piano entêtant et machiavéliquement séduisant il faut bien le reconnaître. Morceau évoquant un Arhys torturé entre son désir de récupérer son fils et de ne pas trahir son frère...Orgue Hammond magnifique. Et que dire encore du chanteur? Performance digne des plus grands assurément. Le final avec une cornemuse plaintive rajoute au côté mélodramatique une touche exotique du meilleur effet.

"A new beginning"
Titre heavy approchant les 8 minutes (!) est un chef d'oeuvre de rock progressif à lui tout seul. Dans ce morceau à l'histoire complexe, Faythe essaie de convaincre son père se laisser Gabriel et sa musique, mais on sent que l'empereur va essayer d'utiliser sa fille pour servir ses propres desseins. Notons sur le plan musical que Petrucci place ici le plus long solo de gratte de l'EP et qu'il vaut le détour!

"The road to revolution"
Gabriel et Faythe décide de rencontrer l'empereur à l'amphithéâtre Heaven's Cove, car dans cet endroit Gabriel pourra faire état de son art musical en complète harmonie avec l'univers. Faythe accepte de participer avec lui dans le but de convaincre sa famille. Ce morceau est assez complexe dans sa trame mais assez addictif après quelques écoutes attentives.

"2285 Entr'acte"
Ce titre instrumental 'festif' introduit le 2e acte. Un des morceaux les moins excitants à mon goût. Heureusement assez bref.

"Moment of betrayal"
Morceau un peu en décallage par rapport au reste du LP. Je dirai même qu'il est Dream Theateresque au sens le plus mauvais du terme, emphatique, lourd et assez pénible au final. Trop technique peut-être (cf. la gratte qui s'emballe en 2e partie de morceau). Bref vous l'aurez compris, un titre utile pour la trame de l'histoire, mais à la suffisance un peu pompeuse.

"Heaven's cove"
Nous voilà sur le lieu choisi par Gabriel. Ambiance un tantinet lugubre au début (on entend des spectres, ou des esprits de la nuit selon votre imagination). Guitare sèche en filigrane, puis apparition de choeurs et de cuivre. La légèreté ainsi mise en place (on se dit que l'on est au clair de lune, sous un ciel étoilé) va rapidement être lacérée de riffs distordus.

"Begin again"
Faythe comprend qu'avec Gabriel, c'est une nouvelle vie qui va démarrer. Ballade légère et sensuelle, cette ode mélodique à la candeur désuète est assez touchante, avec un chant sirupeux, relayé par des sons de cloches (on pense à Disney) en fin de morceau...

"The path that divides"
Retour au côté sombre de l'histoire avec una ambiance 'Hitchcockienne" introductive...C'est ici que Arhys qui voulait livrer son frère Gabriel change d'avis et décide de combattre Daryus pour récupérer son fils. Titre rapide, on sent les coups portés, les esquives, les assauts répétés entre les 2 protagonistes. Les épées s'entrechoquent en 2e partie de morceau, jusqu'au final tragique pour Arhys qui est tué par son adversaire.

"Machine chatter"
Encore un petit 'bridge' électronique des NOMACS, toujours présents en arrière fond musical.

"The walking shadow"
Xander arrive sur les lieux du crime et voit son père sans vie. Puis alors que Daryus veut tuer Xander, il est distrait par une ombre qui marche dans la nuit. Se disant qu'il s'agit probablement de Gabriel, il se cache, se jette sur lui et le tue. Il réalise trop tard sa méprise car ce n'est pas Gabriel qu'il vient de tuer, mais sa soeur Faythe. Oups la bourde!

"My last farewell"
Arrivée de Gabriel. Le rythme de la zike s'emballe, jusqu'au cri d'effroi final de Gabriel qui clôt le morceau.

"Losing Faythe"
Des sanglots sont entendus, et la voix plaintive de James raconte la détresse de Gabriel. Encore une ballade un peu mélo me direz-vous, mais faut bien suivre l'histoire les mecs! On peut pas jouer du thrash ou du death en pareille circonstance ou alors c'est que le metteur en scène a pété une durite! Sur ces entrefaits, l'empereur arrive sur la scène du crime, avec sa garde et constate les dégats...

"Whispers on the wind"
Nafaryus demande à Gabriel de chanter, car s'il est 'l'élu' sa voix pourra peut-être faire revenir sa fille à la vie. Mais Gabriel ne peut plus chanter car son cri, qui a rendu sourd son futur gendre, lui a aussi déchiré les cordes vocales...

"Hymn of a thousand voices"
Violon léger tout au long de ce titre. Choeurs et ambiance quasi religieuse, qui au final vont faire s'éveiller Faythe (miracle!). C'est donc bien lui Gabriel "The Astonishing"!

"Our new world"
Cela faisait un petit moment qu'au avait oublié la gratte électrique, et celle-ci (celle de Petrucci) revient donc en force sur ce morceau qui nous compte un avenir meilleur! Mais reste Xander qui a perdu son père. Qu'à cela ne tienne, Faythe et Gabriel vont l'adopter dans ce 'new world'. Ambiance très rock-prog bien sûr. On approche de la fin...

"Power down"
Et les NOMACS? On les avait oubliés ceux-là! Les revoici donc, et ils semblent un peu moins fringants. Ils s'éteignent en fin de titre, sur ordre de Nafaryus.

"Astonishing"
L'orchestre symphonique prend la main sur ce dernier morceau pour une intro grandiloquente à souhait. Reprenant certains airs entendus tout au long du LP, ce morceau final nous explique que Nafaryus sera désormais gentil et que l'art, la musique et toutes les bonnes choses de la vie sont désormais réhabilitées dans son royaume. Les tambours résonnent, les flutes légères se font entendre, pour une apothéose terminale qui pourra irriter les vieux rockers s'ils n'ont pas adhéré à cette oeuvre magistrale. Car au final, je dois l'avouer, "The Astonishing" m'aura totalement conquis.
Un album remarquable en touts points.

 

Tracklist : Line Up :  
Act I

01. Descent Of The NOMACS
02. Dystopian Overture
03. The Gift Of Music
04. The Answer
05. A Better Life
06. Lord Nafaryus
07. A Savior In The Square
08. When Your Time Has Come
09. Act Of Faythe
10. Three Days
11. The Hovering Sojourn
12. Brother, Can You Hear Me?
13. A Life Left Behind
14. Ravenskill
15. Chosen
16. A Tempting Offer
17. Digital Discord
18. The X Aspect
19. A New Beginning
20. The Road To Revolution

Act II

01. 2285 Entr'acte
02. Moment Of Betrayal
03. Heaven’s Cove
04. Begin Again
05. The Path That Divides
06. Machine Chatter
07. The Walking Shadow
08. My Last Farewell
09. Losing Faythe
10. Whispers In The Wind
11. Hymn Of A Thousand Voices
12. Our New World
13. Power Down
14. Astonishing

James Labrie (chant)
John Petrucci (guitare)
Jordan Rudess (clavier)
John Myung (basse)
Mike Mangini (batterie)

am
Label : Roadrunner Records
Sortie :

29/01/2016

Production : John Petrucci et Richard Chycki
Discographie :

When Dream And Day Unite (1989)
Image And Words (1992)
Live At The Marquee - EP (1993)
Awake (1994)
A Change Of Seasons - EP (1995)
Falling Into Infinity (1997)
Once In A LIVEtime (1998)
Scenes From A Memory (1999)
Live Scenes From New York (2002)
Six Degrees Of Inner Turbulence (2002)
Train Of Thought (2003)
Live at Budokan (2004)
Octavarium (2005)
Score - live (2006)
Systematic Chaos (2007)   
Clouds & Silver Linings (2009)
A Dramatic Turn Of Events (2011)
Dream Theater (2013)
Live At Luna Park (2013 - DVD-Blu-ray)
The Astonishing (2016)

Liens multimédia - videos SITE OFFICIEL MYSPACE

 

 

Comments:

Commentaires   

#1 FranckAndFurious 12-11-2016 11:38
DREAM THEATER  The Astonishingla longue chro (super boulot merci) de notre nouveau m'a motivé pour réecouter cet opus, car j'avoue que je n'avais plus de pates pour me farcir ce gros plat musical ! effectivement, ce disque mérite qu on s'y penche serieusement : chose que je ferai donc ! par contre à chaud, le titre "a life left behind" me fait davantage penser à Yes qu'à Deep Purple ... bon appétit les ogres.

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