Quand il s'agit de parler d'un groupe mythique, mieux vaut tourner sept fois sa langue dans sa bouche comme aurait dit ma grand-mère qui du reste n'était pas très branchée metal...
Si Satan m'était familié à une époque lointaine où chaque matin je me badigeonnais la gueule de crème contre l'acné juvénile (alors que maintenant ce serait plutôt de la lotion anti-rides -lol-), c'est qu'il était un éminent représentant de ce que d'aucuns appelaient à l'époque la NWOBHM (New Wave Of British Heavy Metal) et que celle-ci nous aidait à nous émanciper, nous extraire d'une période adolescente maladive et maladroite, et peut-être aussi parce que nous le valions bien...avant l'heure. lol. En tous cas, leur premier LP "Court in the act" paru en 1983 chez Roadrunner aura su bigrement me satisfaire dans un registre classique, sobre et efficace.
Mais en 2018 je dois reconnaître que cela fait bien longtemps que je n'avais pas écouté la musique à Satan. Non que celle-ci me soit devenue acoustiquement indigeste, mais les foultitudes de remaniements au sein du groupe auront eu raison à la longue de ma mansuétude à l'égard de ces britanniques quelques peu retors à garder ne serait-ce qu'un brin de line-up stable, et je ne vous parle pas du patronyme...
Et pourtant! Quelle heureuse surprise ne fut pas la mienne de tomber sur cette galette absolument gouleyante musicalement parlant. Tel un vin qui se serait lentement bonifié, le metal de Satan vous enveloppe le système limbique d'un plaisir simple et d'une sensualité vintage remarquable. Dès les premières notes de l'introductif "Into the mouth of Eternity" le proto-hard-rock du quintette de Newcastle vous mitonne une mélodie remarquable basée sur une science aiguisée du riff (guitares en symbiose par Steve Ramsey et Russ Tippins). La rythmique (Graeme English à la basse et Sean Taylor aux baguettes) sans filet est mortelle (ce son de batterie est jouissif) quant à Brian Ross au micro il assure une prestation sobre et efficace. Mais c'est surtout la production très roots qui plaira au hardos de base, proposant des sonorités brutes et en prises live complètement dénuées d'artifices superflus ou autres overdubs.
En dehors du son, les morceaux sont distillés à la perfection dénotant d'une métronomique propension à écrire de bons titres accrocheurs et furieusement heavy. Les adeptes de tempos rapides se prendront à sautiller sur "The doomsday clock", "Legions hellbound" ou "My prophetic soul". Les mordus de sonorités lourdes et visqueuses pourront se délecter de titres comme "Mortality" ou "Ophidian". N'omettant pas d'incorporer de nombreux breaks et de subtiles et volubiles parties de grattes en symbiose l'auditeur se prendra au jeu des comparaisons avec d'autres entités rock anglosaxonnes qui eurent également des pics majeurs de popularité il y a une trentaine d'années...
Du bon. Du très bon Satan dans le style avec une mention spéciale au titre "Who among us" qui en 6 minutes propose un résumé optimisé du metal contenu dans cet album avec un solo dantesque. Je vous recommande donc chaudement l'écoute de cette galette très représentative d'une entité musicale que certains pensaient moribonde. Satan prouve ici qu'il a encore de beaux restes et un potentiel intact malgré cette fichue clepsydre qui ne cesse de vider irrémédiablement son contenu...
Tracklist :
01. Into The Mouth Of Eternity
02. Cruel Magic
03. The Doomsday Clock
04. Legions Hellbound
05. Ophidian
06. My Prophetic Soul
07. Death Knell For A King
08. Who Among Us
09. Ghosts Of Monongah
10. Mortality.
Line Up :
Brian Ross - Chant
Russ Tippins - Guitares
Steve Ramsey - Guitares
Graeme Anglais - Basse
Sean Taylor - Batterie
Label : Metal Blade Records
Sortie : 07/09/2018
Discographie :
Court in the Act (1983)
Suspended Sentence (1987)
Life Sentence (2013)
Atom by Atom (2015)
Cruel Magic (2018)
Earth Infernal (2022)
Songs in Crimson (2024)
Info Replica Promo
Comments:
Commentaires
S’abonner au flux RSS pour les commentaires de cet article.