''Arrête de déconner, Jorn !'' Ce sont ces mots qui conclurent la chronique de son dernier album de covers controversé.
Alors, est-ce la fin de la récré ? Et si, Jorn + Frontiers + la bande à Sinner = qualité minimale assurée ! quid alors de la note artistique ?
J'avoue mon scepticisme, (lassitude ?) sur une telle équipe. Entre un Jorn se laissant aller à une certaine facilité (covers albums), une certaine usure dans l'inspiration (un Dracula décevant et un dernier album solo datant de 2013), puis une orientation vocale de plus en plus accès sur son côté agressif, un Frontiers au formatage connu, et un Sinner and co, à la rigueur teutonne, certes efficace, mais manquant d'un zest de finesse, c'est un peu en mode renard que je posai une oreille sur ce corbeau motard.
Et il fut clair qu'à la première écoute en ces chaleurs d'été, j'eus trouvé le goudron bien trop brûlant pour refaire un tour de moto immédiat, craignant qu'il se transforme en corbillard.
Puis, à ma grande surprise, après avoir fait ronronner le moteur, le corbillard redouté s'est plutôt mué en corbeau hilare. (ok oui je sais j'ai tendance parfois à me prendre pour (une) Corneille, pas le contemporain, le vrai ; ok je sors, mais je finis la chro avant).
En effet, ce disque serait même devenu inespéré. En un mot, on a là le meilleur album solo de Jorn depuis Out to every nation, même si derrière, il y eu du très bon. Le norvégien fait même une pause dans son trip à la Dio et à la Black Sabbath qui dominait sur ses dernières œuvres solo. On revient même aux bases mélodiques d'un Millenium, beaucoup ; de Masterplan, un peu ; avec un zest de Saxon et de Whitesnake, sur respectivement les probables futurs classiques Insoluble maze et Fire to the sun ; le tout auréolé de quelques murmures des Ark et Beyond Twilight (les effets sur Insoluble maze). Ô ! ne vous enthousiasmez pas sur ces deux derniers groupes, ce ne sont que des clins d'oeil, de simples chuchotements. La dominante se situe bien vers Millenium et Masterplan, voire Worldchanger et Out to every nation. Je pousserai même à dire qu'il se rapprocherait de Starfire, l'album, dans sa sonorité générale, notamment avec Life on the death road et Hammered to the cross.
Déjà, vocalement, Jorn chante ici avec légèreté au bon sens du terme, ne forçant pas toujours sa voix, et c'est rafraîchissant. La maturité ? Surtout il revient à davantage d'alternance, et redéploie enfin sa voix de velours, trop rare depuis un moment, et qui pourtant avait fait une grande partie de sa gloire : ce fameux côté grave si unique et séducteur à la David Coverdale. Et comble du plaisir, il rouvre la boite à frissons sur d'excellentes compo : les très prenantes power ballades Dreamwalker et I walked away, le pernicieux, mais si doux alcoolisé, Devil you can drive, ou encore l'exquise ballade The Optimist, qui nous régale par la vague sensuelle de sa basse, ses souffles de piano dans les cheveux, de cette guitare limite hispanique, ou encore de ce solo plein phare dans cette nuit si noire. Magnifique ! Et que dire de Blackbirds, dont le début nous fait espérer à du Ark, pour au final nous conduire vers un brûlot de hard épique, classique certes, mais épique tout de même.
On a aussi quelques choeurs, certes furtifs, mais précieux pour habiller l'album d'ambiances diverses, qui enrichissent l'album. Vous me direz : ''c'est le rôle des choeurs'' Certes, mais ya choeurs et à cris ;) … Quelques claviers ici et là aussi qui, mine de rien, amènent le petit plus. Ces choeurs et claviers, bien que dosés avec parcimonie apportent dans l'ensemble cette valeur ajoutée que les albums précédents n'avaient pas. Bref, un vrai travail d'artistes. Chapeau ou plutôt ''V'', à Alexandro Del Vecchio.
Les compositeurs ''maison Frontiers'' m'ont ici bluffé. Notamment avec des titres à variables. Et ya pas à dire, l'équipe à Sinner a bien balisé la piste. Seul Man of the 80's sera la plaque d'huile à éviter, avec son refrain (trop?) léger typé glam-aor.
Ce disque se révèle telle une belle route regorgeant de beaux paysages, même si avec les allemands, on démarre pied au plancher, sans tour de chauffe, cabrant l'engin et montrant ses grosses roues, enchaînant les solo, … heu les lacets, genoux au sol. Car tel les fameux duels Rossi-Marquez, Alex Beyrodt se fait un trip carrément monstrueux sur ce premier titre éponyme ; et le guitariste va s'envoyer à fond les manettes tout le long du parcours, rappelant sur quelques virages, le jeu des brillants Ronnie le Tekro (TNT) et John Sykes (Thin Lizzy, WS). Le guitariste des très Whitesnakien, Voodoo Circle, délivre ici un travail dingue. Ce qui en fait aussi le grand copilote de cette œuvre. Comme quoi quand on passe de David Readman à Jorn Lande, c'est comme si on passait des 250c au 500c. Une équipe qui gagne en somme. Et c'est peut-être ce qui manquait au guitariste pour passer au niveau dessus, que garantit un Jorn Lande dominateur. Qui au passage, à la vue des dernières vidéos live avec Avantasia, a maigri et semble affûté comme jamais. De quoi se préparer pour nous offrir une revanche sur sa défection au Hellfest ?
Je n'attendais plus rien de Jorn, et encore moins de cette association. Ils ont pris mon autoroute de ''l'idée reçue'' à contresens, (ils ont du me prendre pour les très chers péagistes basques ou ceux de la Pau-Bordeaux à fuir) et je dis banco ! J'en redemande. De là à ce qu'ils poussent l'ambition à prendre la route des territoires d'Ark et/ou Beyond Twilight, non pas dans le clonage, mais dans la dimension artistique, je n'oserai y croire. Mais qui sait ? La surprise, avec ce Life on the death road est bien là, même si davantage accessible. Et ma foi, il y a longtemps que Jorn ne m'avait plus autant embarqué sur son side-car, avec un album, paradoxalement plus léger que ces prédécesseurs, et pourtant plus profond.
Bref, une fois passé le drapeau à damier, une seule envie : redémarrer. Mettez vos casques (d'écoute) et en route ! Mais en ce chaud été, je referai bien un tour en moto en nocturne, moi ! Pas vous ? … Reste plus qu'à ce beau monde à nous donner une suite digne de ce voyage sur cette route, qui sera probablement une de mes routes préférées 2017.
PS : roulez cool ! 3 mn de gagnées ne rentabiliseront jamais un séjour, au mieux, à l'hosto. Et faites gaffe aux cyclistes ! Même s'ils seraient en tort, leur corps n'est pas protégé d'une carrosserie et d'un airbag.
Label : | Frontiers Records |
Sortie : | 02/06/2017 |
Prod : | Alessandro Del Vecchio |
Artwork | Stan W Decker. |
Discographie : |
Starfire (2000) |
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