Yann Armellino, j'en avais entendu parler suite à la publication de ses trois albums instrumentaux que j'avoue n'avoir jamais écouté, un genre d'albums dont je n'ai jamais été fan. Le voici de retour donc via un album de classic rock 70's intitulé Heritage Blend tourné également vers un heavy blues d'excellente facture.
Entouré pour l'occasion de musiciens ô combien talentueux comme Vincent Martinez à la guitare (que Yann connaissait depuis quelques années) et au chant (ex-vocaliste de Carousel Vertigo), Alban Armellino à la batterie et Jacques Mehard Baudot à la basse (ex-guitariste de Jesus Volt), nous sentons d'entrée de jeu via le premier titre Almost Scored Me, dégoulinant de sueur, l'envie d'en découdre. Titre au tempo saccadé quasi hendrixien limite addictif à son écoute, accompagné d'un clavier omniprésent et envoûtant porté par Fabien Saussaye, cet Almost Scored Me permet à Vincent de s'illustrer par un chant agressif et maîtrisé à la fois, une voix qui sied parfaitement à l'atmosphère 70's de cet opus.
Attendez, ce n'est que le hors d'oeuvre, voici venir le trépidant I'm Only Me. Sur fond de boogie rock savamment dosé et doté d'un refrain particulièrement accrocheur, chapeauté par la prestation de Vincent et de Yann. Le groupe, emmené par un Yann aux dents longues, s'acquitte de brillantes parties de guitare et fait ainsi preuve d'une osmose impressionnante. Nos deux gaillards se connaissent manifestement déjà très bien pour une première sortie commune.
Deuxième salve puisque nous voilà confrontés à un Got Yourself A Loser qui, après une intro tranquille, on va dire, débouche sur une trame particulièrement percutante et binaire, trame sur laquelle, le combo, une nouvelle fois, se fend d'une formidable performance via notamment des "battles guitaristiques" de haute volée et nous n'en sommes qu'au début, je vous avertis. et puis, il y a cette voix limite "Bon Scottienne" de Vincent à la limite de l'écorché qui vient nous envoûter.
Non seulement le groupe se permet des envolées gorgées de riffs incendiaires mais de temps à autre, nos compères osent s'aventurer dans un registre plus soul avec le très balancé Slice Of My Pie. On hoche d'ailleurs la tête sur le refrain qui s'avère être particulièrement entêtant. Quand on sort ses griffes, ça groove grave. Notez l'allitération.....
Grand moment que ce Fire de la divine Etta James revisité de façon également groovy. A son écoute, on se prend à même à dodeliner gentiment de la tête. La voix épileptique de Jessie Lee Houllier, ayant quitté le temps de cet album, son groupe The Alchemists, nous emporte littéralement dans son sillage infernal comme si c'étaient en quelque sorte les derniers instants de son existence de rockeuse envoûtée. Outre cet aspect des choses, la jeune femme, nous gratifie aussi de phrasés guitaristiques de haute volée.....
Après une intro somme toute pachydermique, le titre suivant Hardly Yours repart sur des bases bien plus binaires. Le rythme carré mâtiné d'un harmonica enjôleur permet à Little Magic Sam en grande forme d'exceller dans ses fonctions d'expert-harmoniciste. Quant aux deux artilleurs-métronomes que sont Yann et Vincent, leur duel n'a pas encore pris fin puisqu'ils n'ont de cesse encore et toujours de se renvoyer tour à tour des banderilles bien aiguisés. Derrière, ça ne bronche pas mais ça joue efficacement. Les bassiste et batteur que sont Jacques et Alban alors concentrés et impassibles, observent avec attention cette scène "d'un autre âge" tout en assurant avec précision le rôle qui leur alloué. Un rôle qui, pour ce qui les concerne, consiste d'une part à faire tonner sa basse pour l'un et d'autre part à martyriser de façon épileptique son kit de batterie pour l'autre, ce qu'ils savent faire avec maestria.
Le titre suivant, Come Sing viendra ensuite sans détour vous clouer sur place et ce, grâce à un riff lourd et saccadé et ce, sans aucune espèce de concession. Pas sûr que vous vous en remettiez de sitôt après son écoute. Je vous l'ai dit, nous baignons là dans une atmosphère 70's omniprésente matinée d'un Heavy Blues puissant et d'excellente facture. Ce qui frappe une nouvelle fois, c'est, chez nos deux compères, cette appétence à dénicher le refrain qui va immédiatement retenir votre attention.
C'est aussi d'ailleurs le cas avec ce These Bones basé entre autres sur une cavalcade de riffs assassins en boucle qui, assurément, feront leur office à n'en point douter auprès de leur auditeur.
Le rythme se ralentit quelque peu avec Bad Enough, mid-tempo agréable et sympa où nos deux amis, une nouvelle fois, se livrent une bataille acharnée sans partage. Au départ, l'auditeur est fermement convaincu qu'une accalmie va se produire. Eh bien non, le groupe n'est pas venu pour faire dans un sentimentalisme exagéré. Feu sur tout ce qui bouge !!!!!!!!!!!!!!!!!
Puis vient la cover de Lizzy, Dancing In The Moonlight. Par le passé, certains s'y sont cassés les dents mais là, par le biais de cette version acoustique bien calibrée qui balance bien, on obtient ici une superbe interprétation chantée de concert par Vincent et Jessie. La grande classe. Le grand Phil aurait été content.
L'album se termine sur un épais et puissant Trouble In The Making. Avant de rentrer dans leur étui, les guitares font, une ultime fois, parler la poudre, tout ceci dans une générosité sans failles, inhérente à un groupe qui n'a qu'une seule préoccupation : se faire plaisir bien évidemment mais surtout ravir les auditeurs qui y prêteront une oreille attentive. Il ne pouvait y avoir de meilleure conclusion.
Alors, à propos de conclusion, puisqu'il faut bien refermer le livre de ce groupe ô combien prometteur, je vais vous l'écrire tout de go, cet album à la pochette qui n'est pas sans rappeler celle du 1er album de Fleetwood Mac, jetez-y une oreille voire deux car en ce qui me concerne, je suis d'avis pour prétendre que cet effort est sans doute l'album de cette rentrée 2024 et faisons là un peu de chauvinisme exacerbé : il est français !!!!!!
PHIL93 LIZZY Plus d'infos à propos de l'auteur ici |
Après les J.O vous pensiez peut-être que la France, cette belle endormie à la traine d’un certain revival Classic-Rock mondial était encore incapable de rivaliser avec les champions actuels du Rock Hard ? Et bien vous pouvez dès maintenant remballer vos idées noires car en cette rentrée 2024 le plus beau pays du monde vient d’accoucher d’une merveille rock’n’roll basée sur une association aussi explosive qu’inédite: Celle de deux talents individuels qui croient durs comme fer à la puissance de leurs forces conjointes et à l’incarnation d’hymnes ravageurs qui hantent toujours nos souvenirs adolescents…
Yann Armellino ( masterclass guitares ) et Vincent Martinez ( ex-Carrousel Vertigo ) puisque c’est bien d’eux dont il s’agit ont décidé d’assumer ensemble l’ambition et l’héritage d’un nouveau Supergroup de Hard-Rock fédérateur à la puissance d’incarnation mondiale ! Ils vous proposent ici de rêver en cinémascope rock une fois encore, quitte à que ce soit ( peut-être…) la dernière. Car autant vous le dire tout de suite avec ARMELLINO le groupe, vous serez plongés dans les heures chaudes d’un son directement hérité du Heavy Blues glorieux des années 70/80. Une période bénite où les groupes avaient pour ambition de rayonner large et de vivre grand, de toucher le plus grand nombre sans forcément renier leurs inspirations ni leurs styles de prédilection ( allez, disons jusqu’en 1984…). Soit bien avant la réorganisation du genre en sous chapelle cryptiques et standardisées.
Ici, les passes d’armes guitaristiques de ces artificiers à la générosité joviale et toujours communicative sont servies dans un écrin musical prestigieux. L’envie de renouer avec cette attitude est palpable sur chaque plage de leur “Mélange d’Héritage”. D’accords sur l’essentiel, Yann Armellino et Vincent Martinez vous procurent le plaisir décuplé d’un son hérité de Bad Co, Whitesnake voir Winery Dogs tant la technicité de l’ensemble se tient sans avoir à rougir des Anglo-Saxons. Almost Scored Me plante le décor d’un groove poisseux où chaque élément du puzzle prend miraculeusement place. I’m Only Me est totalement à l’image de Vincent Martinez: Chaleureux et d’une bonhomie irrésistible compte tenu du niveau de jeu déployé ( quelque part entre Foghat et ZZ Top ).
Les meilleurs titres de l’album ( Got yourself a Loser, Slice Of My Pie, Come Sing, These Bones ou encore Bad Enough ) monteront haut, très haut au firmament des étoiles de notre Hard-Rock préférées. Orgues Hammond, saxophones et harmonicas viennent parfois agrémenter une texture musicale déjà riche et généreuse. En plus de croiser le fer à hauteur d’ARMELLINO, Vince Martinez réussit le tour de force d’incarner à la perfection les meilleurs frontmen vocaux du Hard-Rock ( rien que ça ! ).
En 9 titres originaux et 2 reprises ( dont le Fire d’Etta James featuring la formidable Jessie Lee Houllier et ce Dancing in the Moonlight de Thin Lizzy plutôt casse-gueule mais au final très réussi dans un nouvel écrin acoustique ), ARMELLINO prouve qu’un Supergroup Made in France est bel et bien né. Il est temps de le célébrer en lui offrant la rampe de lancement qu’il mérite au nom du rock’n’roll glorieux et éternel. Et puisque vous êtes prévenus, à vous maintenant de faire en sorte que ce ne soit pas seulement un baroud d’honneur…
Emmanuel Ascher Plus d'infos à propos de l'auteur ici |
Tracklist :
1 Almost Scored Me
2 I'm Only Me
3 Got Yourself a Loser
4 Slice of My Pie
5 Fire
6 Hardly Yours
7 Come Sing
8 These Bones
9 Bad Enough
10 Dancing in The Moonlight
11 Trouble in The Making
Line Up :
Vincent Martinez (Carousel Vertigo) : chant/guitare
Yann Armellino : guitare
Jacques Mehard Baudot (Jesus Volt) : basse
Alban Armellino : batterie
Label : May I Records
Sortie : 20/09/2024
Comments:
Commentaires
S’abonner au flux RSS pour les commentaires de cet article.