Cher lecteur,
à moins de faire partie d’un sous-ordre ontologique te classant hors la norme comme une sorte de vulgaire homo anencephalicus dépourvu d’émotions, tu es plus ou moins enclin à souffrir d’un néo-bovarysme largement induit et entretenu par un monde moderne intrusif et oppressant.
Cette déconcertante autant qu’avilissante situation finira par te rendre un tantinet fragile, ta seule obsession étant de te réfugier dans un environnement protecteur ou pourquoi pas familier. D’où ton surf récurrent t’amenant régulièrement sur ce site à la recherche de nouvelles pépites musicales faisant office de tranquillisants (au moins sans effets secondaires, sauf pour tes voisins de paliers si tu pousses un peu trop le volume de ton ampli).
Bref. Voilà-t-y pas que fin 2020 le trio allemand SAMSARA BLUES EXPERIMENT te propose une ambiance feutrée, psychédélique et rock pour son 5ème effort studio : le genre d’album qui rassérène le chroniqueur adepte du style (myself) ! Ouf ! Quoi de mieux pour terminer cette pénible année 2020 et pour démarrer du bon pied (et de la bonne oreille) 2021 malgré les affres d’un contexte sanitaire politiquement stressant…Car depuis 2017 et leur fantastique « One with the universe » paru chez Electric Magic records, le label allemand auquel ils sont restés fidèles à partir de 2013, on avait peu ou pas entendu parler d’eux. Las ! Cet enthousiasme béat se voit transformer rapidement en abyssale déception puisque « End of forever » semble également être leur chant du cygne si on en croit leur site Bandcamp où les 3 musiciens signalent qu’ils arrêtent la formation… pour une durée indéterminée. Désolant !
Alors ami lecteur tu devras résister aux assauts d’anhédonie induits par cette cruelle désillusion de voir s’évanouir un groupe dont tu avais pu supputer qu’il pourrait longtemps encore faire planer une apaisante autant que stimulante atmosphère musicale dans les bars branchés rock de ton quartier ! T’aurais-je en partie convaincu via cette chronique proto-dithyrambique que tu t’apprêtes à lire goulument en te délectant de ma prose comme un tamanoir affamé faisant irruption dans une fourmilière géante. Voluptueux !
Venons-en maintenant à la zike après ces longs préliminaires. Six titres composent « End of forever », agrémentés d’un bonus track sur certaines versions (« Jumbo, mumbo, jumbo »). Le décor est planté avec « Second birth » : rythmique bluesy introductive, synthés envoutants tendance prog-rock psychédélique. Chant parcimonieux rappelant à l’intonation Oskar Logi Agustsson (The VINTAGE CARAVAN) ou dans ses moments incantatoires le grand Jim Morrison (The DOORS). Breaks multiples et fuzz de guitares rappellent que les bases de ce rock germanique sont à chercher du côté du désert californien (le stoner historique version Sky Valley).
Après cette première piste de plus de 10 minutes, SAMSARA BLUES EXPERIMENT envoie « Massive passive » qui te maintiendras littéralement en apesanteur, planant au milieu d’un véritable bain musical de jouvence. Gratte rugueuse, dont on sent qu’elle est enveloppée de poussière, relais rythmique galopante et toujours ce tiraillement entre rock progressif, blues et parfois même heavy-metal (bien que l’ambiance générale du CD en soit très éloignée j’en conviens). La 3ème piste « Southern sunset » va quant à elle pousser l’expérience SAMSARA vers des rythmes tribaux (intro vrombissante sur une association batterie-basse à bloc) pour l’exploration de contrées exotiques avec l’intervention de claviers langoureux et de riffs orientalisants. Sur ce titre les percussions sont savamment disposées et vont progressivement s’articuler avec guitare et claviers. Cet amoncellement d’instruments et l’ambiance parfois légère, parfois pachydermique ne doit pas te faire oublier que les musiciens ici présents ne sont que trois. Et puisqu’il s’agit là de leur dernière offrande à nos oreilles alanguies par les frimas de l’hivers il est encore temps de les nommer. Christian Peters (chant, guitares et claviers), Hans Eiselt (basse) et Thomas Vedder (Drums) sont les protagonistes de ce voyage aux fins fonds d’une galaxie musicale rock bigarrée et aux influences sensorielles multiples.
« Lovage leaves » qui vient ensuite débute calmement comme un mélodrame de la Warner. Si tu es sensible prépare les mouchoirs. Snif. Mais heureusement, le rythme s’accélère un peu ensuite déroulant une splendide mélodie pour un morceau exclusivement instrumental d’un peu plus de 4 minutes. Enchaînement sur « End of forever » : titre de l’album expiatoire revenant aux sources doom/stoner auxquelles le trio doit énormément même s’il faut bien l’admettre la tonalité de l’ensemble de leur œuvre s’en éloigne au final.
Sixième et dernière piste de la galette « Orchid Annie » est un magnifique blues aux effluves mélancoliques (magnifique intro à la gratte et claviers vintage). Complainte excellement exécutée qui pourra te filer le bourdon cher lecteur/auditeur, surtout si tu es quelque peu dépressif. Mais heureusement pour toi le déroulé du morceau va progressivement délaisser sa langoureuse propension dépressive pour se terminer en rock progressif fougueux jouissif avec l’aide de claviers et de synthés pulsatiles lorgnant vers le dancefloor ! Démoniaque.
Malgré la présence de seulement 6 morceaux, un conseil cependant cher lecteur : écouter en boucles cet opus trop longtemps tu éviteras ! Car tu risquerais de développer une assuétude potentiellement délétère sur ton cerveau insuffisamment aguerri... Ce qui dépendant te rendrait… Au moins tu ne pourras pas dire que tu n’as pas été prévenu !
Up the irons !
Tracklist :
1. Second Birth (10:58)
2. Massive Passive (6:00)
3. Southern Sunset (6:46)
4. Lovage Leaves (4:17)
5. End of Forever (7:55)
6. Orchid Annie (8:24)
7. Jumbo Mumbo Jumbo (6:47) *
* bonus track
Line Up :
Christian Peters / chant, guitares, claviers
Thomas Vedder / batterie, percussions
Hans Eiselt / basse, choeurs
Label : Electric Magic
Sortie : 07/12/2020
Discographie :
2008: s/t Demo / 2009 Release US-Demo / 2011 US-Demo (Electric Magic Records)
2010: Long Distance Trip (World In Sound/Rough Trade)
2011: Revelation & Mystery (World In Sound/Rough Trade)
2012: Center of the Sun / Midnight Boogie - 12" EP (World In Sound/Rough Trade)
2013: Live at Rockpalast (Electric Magic Records)
2013: Waiting for the Flood (Electric Magic Records)
2017: One with the Universe (Electric Magic Records)
2020: End of Forever (Electric Magic Records)
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