La chronique, ou la kro pour les adeptes d'un style moderne concis type SMS, participe de l'ambition narcissique de son auteur d'exister au travers de ses goûts musicaux à défaut de ses capacités à générer lui-même un travail artistique classique musical ou autre.
Elle révèle ainsi les orientations générales de la pensée du chroniqueur et peut lui permettre d'exprimer ses idées afin de tenter de les faire partager ou discuter avec les lecteurs si ceux-ci daignent lui poster un petit commentaire...
Mais si la critique est (globalement) aisée, le renouvellement de sa prose en vue de l'exprimer par écrit n'en reste pas moins difficile. Existe ainsi un risque évident de lasser le lecteur par l'utilisation de formules répétitives et de tournures de phrase surfaites, ou en se cantonnant à un style musical monomorphe lui aussi inducteur d'une certaine lassitude des 2 côtés de l'écran...
Afin de briser cette monotonie, je vais donc essayer ici de vous entraîner dans l'écoute d'un style musical rarement abordé sur ce site en vous proposant le 2ème LP d'ANTIVERSE, quatuor US originaire de Minneapolis, Minnesota, qui officie dans un style thrash mélodique percutant et pour le moins excitant. Carl Skildum, guitare et vocaux, Mathew Kirkwold, guitare, Jason Bauer, basse et Mike Paradise, batterie nous balancent une petite galette de 9 titres dont le seul objectif est de vous retourner les cellules auditives dont chacun sait quelles présentent des sortes de poils à leur surface, pour les brosser clairement dans un sens anti- conformiste afin d'en extraire les poussières et autres saletés qui s'y seraient accumulées imperceptiblement au fil d'écoutes d'albums trop formatés, poussifs, répétitifs ou trop mollassons (d'où ma petite intro pseudo-littéraire- lol-). Après quelques passages en boucle le résultat est clairement positif puisqu'il permet à l'auditeur d'appréhender différemment son milieu et de s'y sentir plus à l'aise, décontracté, en portant ostensiblement une banane en guise de rictus facial transversal.
Et quoi de mieux qu'une entrée en matière speed-metal ("Hallucigenia") pour débuter cette cure de jouvence musicale. Ne vous arrêtez surtout pas au chant guttural du hurleur en chef, car vous serez à coup sûr scotché par le potentiel mélodique et inspiré des parties de guitares tout simplement virevoltantes et en parfait contraste avec les vocaux. Notez aussi dès les premières notes que la production est impeccable et le rendu stylistique d'une absolue beauté. Enchaînement sur "Crimson codex", plus rugueux et moins rapide que le premier morceau mais qui n'en contient pas moins d'excellents soli.
Sur "Ghostwinds" on retrouve un rythme envoutant et rapide comme une invitation à rentrer dans une tr(d)anse, certes macabre et un tantinet déstabilisante, mais très entraînante et qui vous amènera calmement en fin de titre vers le brutal "Black waves of sorcery" dont le hurlement initial pourra heurter les adeptes d'un AOR classique j'en conviens. Mais quels déferlements de riffs, my God! Morceau puissant et dévastateur dont on se plait à envisager le rendu en live lors d'une future tournée si toutefois ces américains se hasardent dans la vieille Europe..."Subject six" démarre ensuite plutôt calmement, même si cela reste relatif avec ce type de zike, avant lui aussi de partir dans de multiples explorations death-speed du meilleur acabit.
Ne rechignant pas à enrichir mélodiquement ses compositions de quelques passages calmes ("Derelicts", le court instrumental "Diaspora" ou le solennel "Shunned house" qui referme magistralement cette galette) au milieu de ce tumultueux amoncellement de murs de guitares, ANTIVERSE réussit clairement à nous embarquer dans son univers musical. Un univers de musique extrême, que leur label Seeing Red Records sait exploiter positivement à travers son catalogue afin de le proposer à un auditoire pas forcément adepte de ce type d'expérience...Alors essayez un peu, et j'attends vos commentaires!
1. Hallucigenia
2. Crimson Codex
3. Ghostwinds
4. Black Waves of Sorcery
5. Subject Six
6. Under the Regolith
7. Diaspora
8. Derelicts
9. Shunned House.
Line Up :
Jason Bauer Basse
Mike Paradise Batterie
Carl Skildum Guitares, Chant
Matthew Kirkwold Guitares, Chant, Claviers
Label : Seeing Red Records
Sortie : 19/10/18
Discographie :
Cosmic Horror (2014)
Under the Regolith (2018)
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Comments:
Commentaires
Si certains webzines imposent un cahier des charges pointu demandant par exemple de situer un nouvel album par rapport à la discographie passée, rien de tel à RM depuis le départ, forme libre pourvu que ce soit en bon français et sans injures ! Est ce que les formules répétitives peuvent lasser le lecteur ? La performance de la Kro de Trust par John Markus, grand adepte des chroniques structurées, semble démontrer le contraire, la Kro reste la plus lue depuis quelques mois avec près de 10 000 lectures ! Par contre cette recherche de renouvellement et d'efforts stylistique est évidemment un plus, la cerise sur le gâteau en quelque sorte, et une chro comme celle-ci sur Antiverse m'a encouragé a écouter un album d'un style éloigné de mes préférences. Et a l'heure des bilans, merci pour cet apport tant en style de kro, qu'en genre musical, avec notamment le Stoner qui n'était pas représenté à un bon niveau, faute de spécialistes.
Quant à l'album, j'avoue que les parties vocales m'ont un peu rebuté, mais pour le reste, au niveau instrumental, c'est vrai que l'on sort des sentiers battus et du formatage.
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