Le succès de Rammstein a suscité bien des vocations. Même si en dehors de Oomph! (qui, rappelons-le, existait avant leurs célèbres compatriotes), la renommée des groupes de « neue deutsche Härte » (terme inventé par la presse allemande après le style de l’album « Herzeleid » pour mettre une étiquette à ce style à mi-chemin entre gothic metal et indus martial) n’a pas trop franchi le Rhin, il y en a un certain nombre qui arrivent à faire leur truc de leur côté et à bien s’en sortir.
Parmi eux, Lord Of The Lost, originaires de Hambourg ! Ils en sont à huit albums maintenant et marchent bien en Germanie, remplissant des salles de 1 500 personnes et jouant assez haut placés à des festivals goth tels que le M’era Luna, mais également de gros festivals purement metal comme Wacken et le Summer Breeze. Leur précédent album, « Empyrean », a en prime été classé dans les charts allemands.
Par contre, ce succès n’est valable que dans les pays germanophones. En France, leur renommée est inexistante. Aussi j’ai été un peu surpris lorsqu’ils ont été annoncés à Toulouse. A titre personnel, ça m’a en tout cas fait bien plaisir car j’apprécie bien ce style et j’aime bien ce groupe. Eux ont leur propre style et ne sonnent absolument pas comme un clone de Rammstein, contrairement à une palanquée d’autres groupes sans personnalité de ce genre. Je trouve leurs albums intéressants et avec un potentiel live certain. Le fait qu’ils chantent en anglais permet déjà d’éviter la comparaison avec leurs célèbres compatriotes, et leur musique est également bien plus variée et beaucoup plus marquée gothique.
Si le Rex semblait être une salle adaptée pour ce groupe, elle était peut-être en fait trop grande… Alors que sa capacité est de 400 personnes, il n’y avait qu’une soixantaine de fans présents en cette soirée du 1er novembre 2018. Cela peut s’expliquer par le fait que cela tombe un jeudi férié, qui plus est au milieu des vacances de la Toussaint, et qu’une grande partie du public potentiel pouvait avoir fait le pont. Plus une promo quasi-inexistante (beaucoup ayant appris quelques jours avant que ce concert aurait lieu) pour un groupe somme toute confidentiel en France, ça fait que la salle est bien vide ce soir. Et malgré ça, il y fait quand même chaud !
C’est un groupe français qui officie dans un style assez similaire qui ouvre le bal. Il s’agit des Lyonnais de PORN. Ce groupe existe quand même depuis 1999 et compte cinq albums à son actif. Leur style est très influencé par Nine Inch Nails avec un petit côté synth pop pas désagréable.
Le groupe est expérimenté et très carré, avec également une jolie mise en scène question light show. Par contre, l’accueil du public est plutôt poli pour ne pas dire indifférent. Pourtant ils jouent une excellente reprise de « Call me » de Blondie en version indus qui pulse bien, et qui a d’ailleurs fait bouger quelques popotins. Mais dans l’ensemble, le public n’est pas à fond. D’ailleurs, au moment de quitter la scène, c’est un au revoir très bref. Malgré tout, Porn n’a pas démérité en produisant une prestation de qualité, avec une interprétation carrée et un visuel sympa. Si j’ai d’autres occasions de les voir, ce sera avec plaisir.
Changement d’ambiance radical avec LORD OF THE LOST ! Le style du groupe de première partie a beau être assez proche, c’est clairement pour les Allemands que la poignée de fans présents s’est déplacée. Peu nombreux, le public va cependant bien se faire entendre. J’étais d’ailleurs loin de penser que ce groupe avait des fans aussi dévoués dans le sud de la France. Il arrivent sur « On this rock I will build my church », morceau d’ouverture puissant à souhait de leur dernier album « Thornstar » qui met le public de suite en condition. Et ça va enchaîner sans temps mort. Le bon accueil est amplement mérité au vu de l’excellente prestation du groupe. Chris Harms, le chanteur, est extrêmement communicatif et de manière générale tous les membres du groupe affichent un gros plaisir de jouer qui est très communicatif.
La playlist est bien dosée entre des morceaux puissants et martiaux, d’autres plus mélancoliques ou à l’inverse carrément dansants (« Doomsday disco » et « La Bomba » pour finir étaient à ce titre d’une efficacité redoutable). Ils bénéficient d’un excellent son et d’un gros light show qui font prendre en live une autre dimension à une musique déjà bien sympa sur album.
Certains groupes auraient pu être déçus de jouer dans une salle aussi peu remplie et auraient rechigné à le faire. Ce n’est pas le cas de Lord Of The Lost. Le chanteur l’a d’ailleurs expressément dit au public, en expliquant que le groupe a l’habitude de jouer dans de grosses salles bien remplies en Allemagne mais qu’ils n’ont pas eu beaucoup d’occasions de jouer à l’étranger. Ce n’est donc pour eux qu’un début. Il annonce aussi que le groupe sera disponible pour les fans à la fin du show, chose qui serait impossible en Allemagne dans des salles de 1500 personnes. C’est tout à leur honneur d’avoir cet état d’esprit en plus de bien jouer. Une telle humilité fait vraiment plaisir alors que bien d’autres auraient fait la gueule et/ou auraient abrégé le set. Au contraire, Lord Of The Lost a joué plus d’une heure et demie avec une bonne humeur communicative spécialement pour la soixantaine de personnes présentes. Bravo à eux et j’espère qu’à leur prochaine tournée, ils auront en France le succès que leur attitude (et leur musique aussi quand même !) mérite.
Setlist de LORD OF THE LOST :
On This Rock I Will Build My Church
Loreley
Morgana
Full Metal Whore
Sex On Legs
Naxxar
Black Halo
Drag Me to Hell
Prison
Under The Sun
Haythor
Dry the Rain
Six Feet Underground
Bad Romance
Blood for Blood
Doomsday Disco
Die Tomorrow
La Bomba
Voilà en tout cas une excellente soirée de Toussaint avec un groupe encore trop peu connu en France mais qui s’avère vraiment fantastique sur scène. J’espère en tout cas que le peu de gens présents ne va pas inciter les tourneurs à les faire rester en Germanie parce que c’est sûr que Lord Of The Lost va savoir fidéliser ses fans et s’en gagner d’autres.
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