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STEVEN WILSON – Ancienne Belgique, Bruxelles - 09/03/2018Je ne peux pas prétendre m'être isolé des informations qui ont filtré sur le début de la tournée, mais j'ai essayé tout de même de m'en détacher un tant soit peu pour préserver une part de mystère. Je connaissais ainsi à peu près la teneur du programme et la satisfaction de mes amis, mais je n'ai pas visionné de vidéos que la Surveillance de Steven aurait pu laisser sur YouTube.


Mon impatience d'assister à ce concert est encore accrue par sa situation géographique et temporelle ; ce rendez vous est hors de nos frontières et avant la date prévue pour l'Olympia !

Ravi de retrouver l'Ancienne Belgique, belle salle que je venais de découvrir le samedi précédent à l'occasion du concert de Machiavel. Les deux mille tickets ont été vendus, la soirée s'annonce bien ! Je m'ajoute aux deux seules personnes présente à l'entrée vers 16h15.

Ouverture ponctuelle de la salle à 18:30 ; je me précipite vers l'intérieur afin de garantir ma place au premier rang au centre légèrement sur la gauche, au pied du Maître. Ici, la fosse accueille un public debout ce qui me permettra une autre appréciation de celle qui sera perçue à l'Olympia. Seuls les 184 fauteuils de la mezzanine sont au fond de la salle.

Première observation, les emplacements sont installés en profondeur, la batterie, les claviers et les micros sur pieds sont éloignés du bord. En fait, il s'avérera que ce dispositif favorise le confort de vue des premiers rangs, surtout pour visionner les images diffusées sur le rideau semi-transparent qui s'intercalera par intermittence à deux mètres de l'auditoire.

Deuxième observation, je ne suis pas spécialiste mais j'observe que les ampli utilisés par Steven me paraissent avoir changé ; les Badcat noirs sont toujours là mais un bloc orange qui ne pouvait être ignoré dans le dispositif a disparu.

 

Troisième observation, le nouveau logo-signature de Steven est dessiné en tapis devant son micro.

La salle s'obscurcit comme prévu à 19:40 pour laisser cours au mini-film d'introduction diffusé sur le rideau. Des images de personnages publics et de scènes de vie défilent, commentées chacune d'un mot sensé les qualifier. Puis ce diaporama revient dans le même ordre mais avec les commentaires décalés ; une manière de démontrer la subjectivité et la relativité de l'information par les seules images.

Les musiciens pénètrent alors sur la scène sous les ovations. Le premier titre diffère selon les dates, à l'AB, nous aurons "Nowhere now". A ce stade, il est encore permis d'espérer entendre aussi le titre éponyme de l'album qu'il vient promouvoir (ce sera vain). Le concert débute ainsi de manière assez calme, jusqu'à la cinquantième seconde où le son et les couleurs explosent à la perception de l'auditoire, qui comprend à ce moment-là que la sonorisation sera quasi parfaite ! L'éclairage est très réussi également avec beaucoup de couleurs chaudes, des rouges et des verts puissants, qui ne sont pas sans rappeler la campagne de promotion dans laquelle on voit Steven arrosé de pigments.

Parmi les compagnons de route sur cette tournée nous retrouvons les deux fidèles lieutenants Nick Beggs (basse), Adam Holzmann (claviers). Craig Blundell (batterie) semble avoir gagné la confiance de Steven. Le guitariste Dave Kilminster ayant réintégré la troupe de Roger Waters, c'est Alex Hutchings qui a la lourde charge de suppléer Steven aux parties de guitares.

Quant à Ninet Tayeb, comme prévu, elle respecte ses préceptes religieux en s'abstenant de participer à cette soirée de vendredi. Steven semble cependant tenir à interpréter "Pariah" qui sera le deuxième titre de la soirée ; le public doit donc se contenter de l'enregistrement de son image et de sa voix. Cela ne me gâche que partiellement mon plaisir, tant il est vrai que ce titre est l'un des phares de l'album. Surtout vers 3'15" où, là aussi, c'est une explosion de couleurs et de sons qui sautent sur nos visages émerveillés par tant de sensations !

Steven est devenu bavard au fil des tournées.

Il l'a encore récemment reconnu ; il a dû apprendre à se produire sur scène, car ce n’est pas quelque chose d’inné chez lui. Ce caractère relativement introverti je l'ai découvert (trop tardivement) en 2005. Ensuite, j'ai pu constater une réelle évolution de son assurance et sa communication avec son public. Certes, il reste encore parfois un peu maladroit et ce soir il aura crispé quelques oreilles sensibles en critiquant la relative passivité de telle ou telle partie du public anglo-saxon et scandinave de sa tournée. Mais apparemment, nous pouvons nous flatter en tant que public latin de recueillir son agrément, puisque ce soir il ne cessera pas de nous remercier pour notre vif engouement !

Passons sur ces flatteries réciproques, le titre suivant nous ramène à l'opus précédent "HCE" et constitue ma première source de surexcitation car "Home Invasion" représente l'aspect que je préfère chez Wilson ; il me rappelle Porcupine Tree et sa période metal. Je sais bien que mon attrait n'est pas forcément partagé par l'auditoire éclectique du Monsieur, mais c'est le mien. Ces ruptures tantôt jazzy (3'05"), tantôt floydienne (5'50"), tantôt metal m'enivrent au plus haut point ! A l'instar de la précédente tournée, au début de ce titre Nick est au clavier et Steven à la basse, avant que chacun reprenne vite sa place. Ce titre nous permet de savourer un premier duo étourdissant entre les claviers d'Adam et le chant mélancolique de la guitare d'Alex ! En fond d'écran, on retrouve la dame mystérieuse de la précédente tournée qui nous confie ses pensées imagées du fond de sa pupille. Mon délire s'accroit encore avec l'enchaînement de "Regret #9" dont, là aussi, la conjugaison des atmosphères jazzy et metal est particulièrement réjouissante. Les rythmes syncopés de la batterie de Craig sont irrésistibles, même s'il ne parvient pas complètement à me faire oublier la finesse et subtilité de Marco Minnemann.

Steven a choisi d'enfoncer le clou énergétique à ce stade de la soirée car c'est le très énervé "The Creator has a Mastertape" qui secoue les nuques déjà bien chauffées ! L'exercice est audacieux tant la technique me semble redoutable ; notamment à la basse mais Nick maitrise parfaitement sa partition. Premier bel hommage à Porcupine Tree sur le programme qui en comportera bien d'autres, pour mon plus grand bonheur !

L'introduction de "Refuge" vient rassurer nos neurones. Une invitation au recueillement à l'égard de ce douloureux sujet d'actualité. Les images, sans doute filmées par Lasse Hoile sur les plages du Sud de l'Europe, illustrent cette chanson poignante et mélancolique qui, à défaut d'apporter une solution, suggère la compassion et la réflexion.

Steven nous parle ensuite longuement de la nouvelle guitare qu'il déclare adorer pour le son particulier qu'elle émet. Je n'ai pas tout capté de ses explications mais en tout état de cause, cet instrument, au corps déjà bien usé, me parait en effet bien adapté au titre suivant "People who eat Darkness", très énergique.

Troisième et dernier regard sur "HCE", c'est avec "Ancestral" que le groupe choisit de clôturer magistralement le premier acte. Cette plainte déchirante (3'30") reste un des summums d'émotions comme Steven sait nous faire partager. Le solo de guitare qui suit est une merveille d'expression sentimentale. Le son produit par la guitare d'Alex ne me semble toutefois pas parfait à ce moment-là; je ne parviens pas à percevoir les subtilités crées par Guthrie Govan. Est-ce la faute au musicien ou à celle de la sonorisation, ou encore la faute subjective de mon regret inconsolable du départ de Guthrie ? Bref, le tourbillon des délirantes ambiances qui s'en suivent estompent vite mes états d'âmes ! Titre jouissif et étourdissant à souhait !

Autant avouer que la pause est bienvenue.

A peine quelques minutes d'entracte nous préparent à une dantesque et mémorable reprise d'un autre titre de Porcupine Tree. L'introduction au son des maracas, qui était interprété initialement au clavier (Barbieri) est inédite : Craig secoue un instrument, puis arrive et Nick en secoue un deuxième et c'est enfin au tour de Steven qui en secoue un troisième "Arriving Somewhere but not here" est ainsi sublimé dès le départ. Quel bonheur de réécouter ce titre que je n'avais plus entendu sur scène depuis le Royal Albert Hall ce 14 octobre 2010 ! Rythmes successivement chaloupés, jazzy ou metal, chaque sensibilité musicale est abordée dans ce titre d'un petit quart d'heure ! Une pépite du répertoire de Porcupine Tree.

Après une longue ovation méritée, Steven profite de l'enthousiasme général pour présenter "Permanating" un titre polémique depuis sa parution le dernier opus. Il explique tout son intérêt pour la musique pop, et rappelle que ce terme vient de "populaire", qui a vocation à plaire au plus grand nombre sans que cela ne soit grossier. Il fait rappeler au public que le plus grand groupe du genre reste The Beatles, suivi également d'autres grands comme ABBA, Tear For Fears, ou encore "Kajogoogoo" (mention qui suscite l'ovation en direction de Nick bien sûr) ! Mes oreilles d'admirateur d'ABBA (et oui !) sont particulièrement réceptives à ce message. Il prêche un convaincu. Il invite donc son public à faire la fête sans scrupule. Durant la chanson, chacun se regardera du coin de l'œil mais disons qu'il y avait de la bonne volonté ! Pour agrémenter la prestation je déplore qu'il n'ait pas diffusé la vidéo officielle en fond de scène ; je considère que les danseuses indiennes auraient pu nous aider à se décoincer ! A la fin, Steven dit se réjouir d'avoir vu des t-shirt Opeth se dandiner allègrement, il y a donc de l'espoir !

Dans la série titres atypiques et perturbants, il enchaine avec "Song of I", une chanson qui me rappelle à la fois Prince et The Cure. Sur le rideau se dessinent des ombres d'abord sobres en noir et blanc puis des ombres multicolores qui dansent aux rythmes chaloupés. Dans l'ombre, les musiciens s'appliquent à créer une atmosphère bien lugubre ; notons particulièrement pour ce faire l'usage d'un archet par Alex sur sa guitare. Je dois reconnaître que j'avais eu du mal avec ce titre lors des premières écoutes mais maintenant je l'adore et sur scène il est encore transcendé.

Nouvelle introspection dans le monde Porcupine Tree, c'est au tour du magnifiquement mélodique "Lazarus" d'animer des sentiments nostalgiques pour les plus anciens admirateurs.

La promotion du dernier opus revient avec "Detonation", encore un régal d'atmosphères fortes en émotions diverses et variées. La fausse douceur de la voix est pulvérisée avec une puissance surprenante à 2'20" ; excellent pour une ambiance de concert !

Ensuite, Steven décidément très loquace nous parle de son très grand respect pour Prince qui l'a inspiré notamment pour composer "The Same Asylum as before". Il énumère tous les multiples talents de l'artiste récemment disparu. Avec une fausse arrogance, il annonce relever le défi de tenter un chant en voix de tête à la manière de Prince. Le résultat n'est ma foi pas si mal. Le public ovationne à la fois la performance vocale et la tonalité pop de la chanson.

Quatrième retour sur la faste période de Porcupine Tree, "Heartattack in a Layby" nous plonge dans une ambiance délicieusement mélancolique. Steven est assis sans guitare sur un tabouret ; à 2'40" Nick et Alex et Steven se font écho dans une polyphonie absolument merveilleuse ! Excellent exercice vocal délicatement accompagné par un clavier et une batterie tout en retenue.

Repos de courte durée, puisque Steven a décidé de nous asséner une très violente montée d'adrénaline avec l'enchaînement de "Vermillioncore" et de "Sleep Together" qui, personnellement, m'a juste explosé les neurones, débridé les dernières retenues et désaxé la nuque. Comme disait tonton Zézé, je secouais la boite à poussières. Je dois confesser que ce genre de titre me transcende au-delà du raisonnable. Faudra bien que je me calme avec l'âge mais pour l'instant Steven ne m'y aide pas.

La fin de soirée approche et c'est déjà l'heure d'un rappel. Surprenant retour de Steven avec un ampli et sa guitare dans les mains. Il a décidé de nous interpréter "Even Less", une cinquième reprise de son ancien groupe, mais seul. Personnellement, j'ai trouvé cette idée malheureuse. J'adore ce titre que je connais dans plusieurs versions, mais celle-ci n'est pas la plus probante à mon humble avis.

Pour clore le concert, cela devient une habitude (depuis 2013 il clôt tous ces concerts avec ce titre), il a choisi "The Raven that refused to sing". J'aime beaucoup ce titre magnifiquement mélancolique, mais tant qu'à reprendre cet opus j'aurais préféré "Holy Drinker" ou encore n'importe quel autre titre, histoire de changer un peu mais bon je ne bouderai pas ces huit dernières délicieuses minutes…

La promotion de "To the Bone" s'est ainsi limité à huit titres, en omettant les trois autres dont le pourtant superbe "Song of Unborn" et "To the Bone". Le groupe a interprété par ailleurs trois titres de "Hand. Cannot. Erase.", un titre de "4 ½" et un de "The Raven That Refused to Sing (and Other Stories)", écartant ainsi malheureusement le pourtant très remarquable "Grace for Drawning".

Une nouvelle fois, Monsieur Steven WILSON a prouvé son immense talent d'artiste en parvenant à nous emmener dans son univers toujours plus éclectique et merveilleux. Un noyau dur de musiciens (Nick et Adam) semble s'être aggloméré à lui et ceux qui s'intègrent ont toutes les raisons de s'enorgueillir de cet accès qui doit leur apporter beaucoup de plaisir… Je revois le groupe lundi prochain mais déjà j'ai hâte de le revoir encore et encore …

PROGRAMME

Introduction mini-film "Truth"

ACTE 1: (20:50)

Nowhere now (To the Bone)
Pariah (To the Bone)
Home Invasion (Hand. Cannot. Erase)
Regret #9 (Hand. Cannot. Erase)
The Creator has a Mastertape (Reprise de Porcupine Tree)
Refuge (To the Bone)
People who eat Darkness (To the Bone)
Ancestral (Hand. Cannot. Erase).
(pause : 21:05)

ACTE 2:

Arriving Somewhere but not here (Reprise de Porcupine Tree)
Permanating (To the Bone)
Song of I (To the Bone)
Lazarus (Reprise de Porcupine Tree)
Detonation (To the Bone)
The Same Asylum as before (To the Bone)
Heartattack in a Layby (Reprise de Porcupine Tree)
Vermillioncore (4 ½)
Sleep Together (Reprise de Porcupine Tree).

RAPPEL:

Even Less (Steven seul, reprise de Porcupine Tree)
The Raven that refused to sing.
(fin : 22:30)

L'échoppe ne répond pas totalement à mon espoir, je comptais bien trouver le t-shirt du concert en rouge mais il n'existait qu'en noir ou en gris. Je ne pouvais pas revenir sans un souvenir donc je me suis contenté du gris (pour 30 €). Je ne parviens pas à m'abstenir d'arroser cette acquisition d'une modeste petite Jupiler à la pression (2€70) ; je sais que ce n'est pas raisonnable avant de conduire mais tant pis.

Adam était disponible pour signer son opus solo. Mais il était temps pour moi de repartir vers un trajet d'une heure et quart dans la nuit humide pour traverser les Flandres, mais avec la tête plein d'étoiles une nouvelle fois !

STEVEN WILSON – Olympia, Paris - 12/03/2018

En tous points identiques au spectacle bruxellois, il ne me semble pas nécessaire de refaire un nouveau récit. Juste quelques nuances … La sonorisation d'Alex lui a été davantage favorable à Paris. Steven un peu moins bavard s'est abstenu de commentaires sur la parenté de "The Same Asylum as before" avec l'œuvre de Prince. Le public de l'Olympia étant assis (à l'étroit, d'ailleurs !), s'est volontiers levé sur l'invitation de Steven durant "Permanating".

Bref, si je suis toujours ravi d'assister à un concert de Steven Wilson, en revanche je suis un tantinet déçu par la similarité des deux programmes. Paris, pas davantage que Bruxelles, n'aura pas eu droit à "to the bone" et encore moins "Song of Unborn". De surcroit, Ninet Tayeb n'a pas daigné participer à la soirée, les informés nous suggèrent que la "diva" serait occupée sous d'autres cieux. Je comprends qu'elle ne se sente pas motivée pour répondre au duo de Steven sur une seule chanson, mais alors que son absence soit affirmée, point final.

Ces légers motifs d'amertume s'estomperont très rapidement avec le temps, seul l'enchantement des concerts de SWB demeurera !

Patrice Du Houblon

 

 

 

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